L épargne des ménages de 1984 à 1995 : disparité et diversité
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L'épargne des ménages de 1984 à 1995 : disparité et diversité

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Pour étudier les comportements d'épargne des ménages, il est nécessaire de disposer de données individuelles. Il n'existe pas d'enquête spécifique sur l'épargne des ménages mais l'enquête Budget de Famille, qui recueille des données sur les dépenses et les ressources des ménages, permet des rapprochements avec les concepts de revenu et de consommation de la Comptabilité nationale. L'épargne totale, reconstituée d'après les réponses des ménages enquêtés représente en 1995, près de 12 % des revenus (14,5 % selon les données de la Comptabilité nationale). L'épargne s'avère être très inégalement répartie : importante chez les chefs d'entreprise ainsi que les professions libérales, elle est beaucoup plus modeste chez les ouvriers, les employés et les inactifs autres que retraités. Elle présente du plus fortes disparités que les revenus des ménages. L'étude présentée ici, s'appuie sur les résultats des enquêtes portant sur 1984 et 1995. Elle permet de distinguer une épargne longue (investissement immobilier, assurance vie et retraite) et une épargne financière à moyen et court terme - cette dernière faisant l'objet d'une estimation indirecte à partir des déclarations des ménages enquêtés. Les ménages consacrent à l'épargne longue une part de leur revenu plus importante en 1995 qu'en 1984 (9 % contre 5 %). Cette évolution recouvre une désaffection relative pour l'immobilier au profit de l'épargne financière sous forme d'assurance-vie, et elle est plus marquée dans le cas des ménages âgés. L'épargne financière à moyen et court terme est particulièrement attractive pour les travailleurs indépendants, car elle leur permet de se prémunir contre les aléas de leurs revenus. Les disparités en matière d'épargne financière de moyen et court terme sont nettement plus marquées que celles en matière d'épargne immobilière, ce qui confirme que ce type d'épargne demeure l'apanage de ménages.

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Langue Français

Extrait

ÉPARGNE
L’épargne des ménages
de 1984 à 1995 : disparité et diversité
Christian Pour étudier les comportements d’épargne des ménages, il est nécessaire
Loisy* de disposer de données individuelles. Il n’existe pas d’enquête spécifique
sur l’épargne des ménages, mais l’enquête Budget de Famille, qui recueille
des données sur les dépenses et les ressources des ménages, permet des rapprochements
avec les concepts de revenu et de consommation de la Comptabilité nationale.
L’épargne totale, reconstituée d’après les réponses des ménages enquêtés,
représente en 1995, près de 12 % des revenus (14,5 % selon les données
de la Comptabilité nationale). L’épargne s’avère être très inégalement répartie :
importante chez les chefs d’entreprise ainsi que les professions libérales, elle est
beaucoup plus modeste chez les ouvriers, les employés et les inactifs autres que
retraités. Elle présente de plus fortes disparités que les revenus des ménages.
L’étude présentée ici s’appuie sur les résultats des enquêtes portant sur 1984 et 1995. Elle
permet de distinguer une épargne longue (investissement immobilier, assurance-vie et
retraite) et une épargne financière à moyen et court terme – cette dernière faisant l’objet
d’une estimation indirecte à partir des déclarations des ménages enquêtés.
Les ménages consacrent à l’épargne longue une part de leur revenu plus
importante en 1995 qu’en 1984 (9 % contre 5 %). Cette évolution recouvre une
désaffection relative pour l’immobilier au profit de l’épargne financière sous
forme d’assurance-vie, et elle est plus marquée dans le cas des ménages âgés.
L’épargne financière à moyen et court terme est particulièrement attractive pour
les travailleurs indépendants, car elle leur permet de se prémunir contre les aléas
de leurs revenus. Les disparités en matière d’épargne financière de moyen et court
terme sont nettement plus marquées que celles en matière d’épargne immobilière,
ce qui confirme que ce type d’épargne demeure l’apanage de ménages aisés.
n France, la Comptabilité nationale est la s’est de nouveau accru pour atteindre 14,5 % du
* Christian Loisy appar- E source principale permettant de mesurer revenu disponible brut en 1995 et 14,6 % entient à la division
Conditions de vie des le taux d’épargne des ménages. Ces données 1997 (cf. graphique I). La Comptabilité natio-
ménages de l’Insee. macroéconomiques permettent notamment de nale distingue l’épargne financière, dont l’objet
distinguer plusieurs périodes dans l’évolution
du taux d’épargne global des ménages. Ainsi,
1. Les taux d’épargne donnés ici sont issus des comptes
entre 1959 et 1978, il s’est élevé, passant de 15 nationaux en ancienne base, seuls disponibles lors de la
Les noms et dates entre à 20 % du revenu disponible brut (1). Il s’est par rédaction de cet article. Dans la nouvelle base (base 95), la
parenthèses renvoient à définition de l’épargne est inchangée mais celle du revenu estla suite replié, atteignant 14,5 % en 1984 et un
la bibliographie en fin modifiée, ce qui entraîne une hausse du taux d’épargne (16,3 %
plancher d’environ 11 % en 1987. Depuis, ild’article. en 1995, au lieu de 14,5 %) (cf. Madelin, 1999, Insee).
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5 113est d’alimenter le patrimoine financier des vrir », autrement dit, comme l’ensemble des
ménages, et une composante immobilière ressources permettant de financer la consom-
correspondant aux flux d’investissements en mation sans diminution du patrimoine. Il est
logement (acquisition ou amélioration du loge- clair que l’ensemble des ressources d’un mé-
ment). Les mouvements de taux d’épargne aux nage ne constitue pas un revenu au sens de
cours des dix dernières années sont imputables Hicks. Ainsi, la liquidation d’un actif (ventes
en grande partie à la composante financière des d’actions, d’un logement, d’un bien durable),
flux d’épargne qui se développe depuis le mi- bien que procurant une ressource au ménage,
lieu des années 80 et représente aujourd’hui n’est pas un revenu économique puisqu’elle est en-
plus de la moitié de l’épargne totale des ména- gendréeparunepertedepatrimoine.Delamême
ges. Les données macroéconomiques présentent manière, la perception d’une indemnité d’assu-
l’avantage de l’exhaustivité sur la consomma- rance-vie sous forme de rente ou de capital à
tion et l’épargne et permettent de retracer leurs l’échéance d’un contrat est considérée comme une
évolutions de long terme. En revanche, elles ne modification du patrimoine. En effet, la souscrip-
sont pas utilisables pour mettre en évidence tion d’un contrat d’assurance-vie octroie au mé-
d’éventuelles disparités liées aux caractéristi- nage une créance sur la société d’assurance qui est
ques des ménages (catégorie sociale, âge, com- comptabilisée dans le patrimoine du ménage. La
position du ménage, niveau de vie, etc.). Ce transformation en liquidités d’une telle créance est
type d’analyse requiert en effet des données mi- donc une transformation du patrimoine et non un
croéconomiques sur les revenus et les dépen- revenu au sens économique. Mesurer un revenu
ses : une enquête recueillant de telles données économique impliquerait une connaissance pré-
apparaît doncapriori mieux adaptée. cise du stock de patrimoine (financier et immobi-
lier) et du stock de biens durables possédés par le
Quelques précautions s’imposent cependant ménage pour être en mesure de déduire du revenu
dans leur utilisation : elles sont susceptibles de toutes les dépréciations qui affectent ces stocks.
comporter des erreurs de mesure liées au mode Les notions de revenu retenues par la Comptabili-
de collecte de l’information. Les ménages in- té nationale et par l’enquête Budget de Famille
terrogés risquent en effet de surestimer ou de ne répondent pas parfaitement aux critères de
sous-estimer les montants en cause. Enfin, l’en- Hicks, notamment parce qu’elles ne prennent pas
quête utilisée (enquête Budget de Famille)uti- en compte la dépréciation des biens durables. En
lise des concepts de ressources et de dépenses qui Comptabilité nationale la notion de revenu cou-
ne coïncident pas avec ceux de la Comptabilité ramment utilisée est le revenu disponible brut
nationale : ses résultats doivent être harmonisés (RDB). Il s’agit de la somme des revenus du tra-
avec les données issues de cette dernière. vail, du patrimoine et des transferts augmentée
des loyers fictifs (que les ménages propriétaires
de leur logement « se versent » à eux mêmes,
Revenu économique, revenu disponible cf. encadré 1), et déduction faite des impôts et
et revenu mesuré dans l’enquête Budget des charges d’intérêts supportées par les ménages.
de Famille
Utiliser une enquête sur les budgets des ména- Graphique I
ges pour étudier l’épargne exige de définir ce Taux d’épargne des ménages
que l’on entend par dépense et revenu et de re-
dresser les données d’enquête nécessaires au
calcul des taux d’épargne. Ces redressements
sont motivés par le souci d’harmoniser lorsque
cela est possible les données d’enquête avec les
conventions utilisées par la Comptabilité natio-
nale (cf. encadré 1). Ils se réfèrent toujours aux
concepts de l’ancienne base en matière de dé-
penses et de revenu. L’enquête Budget de
Famille a pour but de retracer la totalité des flux
de ressources et de dépenses des ménages au
cours d’une période de douze mois. Cependant,
définir des contours stricts aux notions de revenu
et de dépenses ne va pas forcément de soi. John
Hicks définit le revenu économique d’une période
comme « ce que l’on peut dépenser sans s’appau- Source : Comptabilité nationale, Insee.
114 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5Encadré 1
DÉPENSES, CONSOMMATION ET ÉPARGNE DES MÉNAGES
L’harmonisation des dépenses mesurées par l’en- caractéristiques du logement (taille, ancienneté,
quête avec les concepts de la Comptabilité nationale confort, localisation géographique, etc.). La consom-
est un préalable à un éventuel redressement des mation de logement inclut donc les loyers fictifs qui
valeurs globales de l’enquête sur celles de la Compta- trouvent leur contrepartie en revenu des ménages.

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