Les fouilles de Suse et de Susiane 1968-1969 - article ; n°4 ; vol.113, pg 551-562
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les fouilles de Suse et de Susiane 1968-1969 - article ; n°4 ; vol.113, pg 551-562

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1969 - Volume 113 - Numéro 4 - Pages 551-562
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Perrot
Les fouilles de Suse et de Susiane 1968-1969
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 113e année, N. 4, 1969. pp. 551-
562.
Citer ce document / Cite this document :
Perrot Jean. Les fouilles de Suse et de Susiane 1968-1969. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 113e année, N. 4, 1969. pp. 551-562.
doi : 10.3406/crai.1969.12442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1969_num_113_4_12442DE SUSE ET DE SUSIANE 551 FOUILLES
pareraient leurs colonies de Rusicade, Chullu et Milev de surnoms
religieux rappelant à leur nostalgie le souvenir de Pompéi, de Sor-
rente et du Sarno1 : ils fondaient une Nouvelle Campanie, comme
dans les temps modernes les pèlerins du Mayflower fonderaient la
Nouvelle Angleterre et Jacques Cartier la Nouvelle France. Ainsi les
proscrits étrusques qui suivaient Carbo reprenaient courage en se
donnant à croire qu'ils imitaient la tradition des Ënéades ; chassés
de leur ville natale, ils établiraient en Afrique, dans un site qui
ressemblait à leur patrie, une nouvelle Chiusi.
Il n'est pas douteux que cette fondation ne dura que très peu de
temps, juste le temps pour Pompée d'arriver en Afrique, en 81,
et de la rayer de la carte. Il n'en subsiste que les cippes de bornage
renversés. Je conclurai brièvement : les inscriptions de ces cippes
sont incontestablement étrusques, à l'exception d'un mot latin
transcrit en étrusque. Elles ne sont pas difficiles à interpréter, si
l'on tient compte de certaines innovations graphiques imputables
sans doute en partie aux haruspices qui ont dicté le modèle ; et
certes ces innovations intéressent au plus haut point les historiens
de l'écriture. Enfin ces inscriptions — mais ceci n'est plus qu'une
hypothèse que je crois probable — datent de la guerre civile entre
syllaniens et marianistes, émanent de réfugiés de Chiusi qui avaient
fui leur patrie avec Cn. Papirius Carbo en 82, expriment un recours
émouvant à la légende troyenne des origines de Rome.
LES FOUILLES DE SUSE ET DE SUSIANE 1968-1969,
PAR M. JEAN PERROT, CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE.
Les recherches entreprises l'hiver dernier à Suse et en Susiane
relèvent d'un programme dont la réalisation demandera quatre
années et qui a pour but d'orienter clairement les recherches à venir.
Nous sommes à Suse en présence d'un site de 400 hectares, formé
de plusieurs collines (Apadana, Ville royale, Acropole, Ville des
artisans) qui, sur 10 mètres, 15 mètres, et même 25 mètres d'épais
seur, représentent cinq mille ans d'occupation à peu près ininte
rrompue depuis la première moitié du ive millénaire av. J.-C. jus
qu'au xie siècle de notre ère : toute l'histoire de l'Êlam et, en bonne
partie, celle de l'Iran ancien.
De gigantesques excavations éventrent le site. De 1897 à la seconde
guerre mondiale, la colline de l'Acropole tout entière a été abaissée
de 14 mètres ; elle n'est plus formée aujourd'hui que des dépôts
antérieurs à 2500 av. J.-C. entamés eux-mêmes jusqu'au sol vierge
1. J. Heurgon, Les Origines campaniennes de la confédération eirtéenne, Libyea, V,
1057, 7 sq. 552 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
par de très grandes tranchées où ont travaillé à la fois jusqu'à mille
ouvriers. Les musées se sont remplis d'objets qui ont fait la gloire
de Suse, objets recueillis le plus souvent en dehors de tout contexte
stratigraphique et qui par là même se trouvent privés d'une bonne
part de leur intérêt scientifique. L'effort de reconstitution histo
rique s'enlise dans les incertitudes de la stratigraphie.
A partir de 1946, les fouilles méthodiques conduites par M. Ghirsh-
man, notamment dans les niveaux du 11e millénaire, ont montré
avec la mise au jour, au tell dit de la Ville royale, des aspects suc
cessifs d'un quartier résidentiel de la période dite des Sukkalmahu,
ce que l'on pouvait attendre d'une exploration systématique du
site de la vieille capitale élamite. Il est donc raisonnable d'espérer
que la poursuite des recherches dans d'autres niveaux permettra
de combler les lacunes qui subsistent encore et les insuffisances de
notre connaissance. Les essais de synthèse présentés récemment
par M. R. Ghirshman et par M. P. Amiet permettent déjà de cerner
les problèmes. Il reste à envisager les moyens de les résoudre de la
manière la plus efficace.
Nous avons entrepris l'an dernier, à Suse même une exploration
extensive du site qui met à profit la topographie actuelle ; au
moyen d'opérations de contrôle stratigraphique d'une suffisante éten
due, nous établirons la continuité de la séquence archéologique et
culturelle. Simultanément, hors de Suse, nous avons commencé
une prospection aussi complète que possible des très nombreux sites
archéologiques de la Susiane et de l'ensemble du Khuzistan. Cette
recherche de longue haleine est complétée par une étude détaillée
de l'environnement actuel et ancien, réalisée avec l'aide du c.n.r.s.,
en étroite et amicale collaboration avec les chercheurs iraniens et
étrangers opérant dans cette province. La connaissance du terrain
et des ressources archéologiques offertes permettra plus tard de faire
pour nos chantiers les meilleurs choix. Des problèmes posés à Suse
trouveront peut-être hors de Suse une solution plus rapide et plus
économique. Dans le cadre de cette exploration s'inscrit la fouille
exhaustive du petit hameau de Djaffarabad, près de Suse, commencée
l'hiver dernier et qui durera trois ans.
Ainsi espérons-nous être à même de présenter, dans quelques
années, un programme cohérent correspondant aux questions les
plus urgentes. La réalisation de ce programme sera fonction bien sûr
de nos moyens financiers, mais aussi de la présence de chercheurs
spécialisés dans chaque grande période. Il n'est plus guère possible
aujourd'hui à un archéologue ou à un épigraphiste de couvrir
5.000 ans d'histoire ; nous nous sommes proposés dans l'immédiat
d'accélérer la formation pratique sur le terrain de jeunes chercheurs
qui, parallèlement, poursuivent leur spécialisation. FOUILLES DE SUSE ET DE SUSIANE 553
Notre action s'exerce aujourd'hui en Iran dans un climat qui
change rapidement au rythme du développement économique et
social de ce pays. Suse n'est plus une ruine romantique sur les rives
désolées du Chaour mais une bourgade de 5.000 habitants ;
2.000 élèves fréquentent ses écoles. Par milliers les visiteurs affluent
les jours de fête à la recherche des vestiges de la cité de Darius. Notre
longue implantation en Iran nous vaut encore quelques privilèges.
Elle nous impose aussi des devoirs, comme celui de prolongçr notre
effort dans le domaine de la restauration et de la conservation des
monuments. Le musée de Suse, créé sur l'initiative de M. Ghirsh-
man, connaît un grand succès. Cependant, notre premier souci doit
être de contribuer à la formation de chercheurs iraniens et de veiller
à ce que s'établisse une confiante collaboration avec les meilleurs
spécialistes de ce pays.
A la campagne de 1968-1969 ont participé activement M. I. Nafici,
représentant du Service des Antiquités de l'Iran, et pour des stages,
plusieurs étudiants de l'Université de Téhéran. Mlles G. Dollfus et
M. Lechevallier, attachés de recherche au c.n.r.s., ont dirigé la fouille
du village préhistorique de Djaffarabad. M. A. Le Brun, attaché de
recherche au c.n.r.s., m'a assisté sur le chantier de l'Acropole.
M. F. Vallat, épigraphiste, élève de M. le Professeur R. Labat,
a copié de nombreux documents et a participé aux fouilles. Nous
avons accueilli pour des périodes de diverse durée plusieurs collègues
étrangers et notamment ceux de nos collègues américains de Chicago,
de Michigan et de Houston engagés avec nous dans la prospection
archéologique du Khuzistan.
Djaffarabad.
C'est, tout d'abord, afin de préciser la séquence archéologique
de la période qui a précédé le premier établissement de Suse que
fut décidée la reprise de la fouil

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents