La commission Stiglitz ou comment mesurer la performance économique et le progrès social ?
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Le 14 septembre 2009, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, étaient présentées les grandes lignes du rapport Stiglitz devant plus de 900 personnalités du monde économique et politique. Créée sur l'initiative du Président de la République française, dirigée par deux prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz (président) et Amartya Sen (conseiller du président) et coordonnée par Jean-Paul Fitoussi, président de l'Office français des conjonctures économiques (OFCE), la commission était chargée d'examiner les limites du produit intérieur brut (PIB) en tant qu'indicateur des performances économiques et du progrès social. Trois thèmes de réflexion structurent le rapport : les problèmes classiques liés au PIB ; la mesure de la qualité de vie ; le développement durable et l'environnement. Un an et demi après sa présentation publique, cet article propose de revenir sur le déroulement des travaux de la commission et sur les premières mises en œuvre de ses recommandations.

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Langue Français

Extrait

La commission Stiglitz
ou comment mesurer la performance
économique et le progrès social ?
Jean-Étienne Chapron, rapporteur général de la commission Stiglitz,
Claire Plateau, coordinatrice de la mise en œuvre des recommandations de lassion Stiglitz
Le 14 septembre 2009, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, étaient présentées les
grandes lignes du rapport Stiglitz devant plus de 900 personnalités du monde économique et
politique. Créée sur l’initiative du Président de la République française, dirigée par deux prix
Nobel d’économie, Joseph Stiglitz (président) et Amartya Sen (conseiller du président) et
coordonnée par Jean-Paul Fitoussi, président de l’Office français des conjonctures économi-
ques (OFCE), la commission était chargée d’examiner les limites du produit intérieur brut
(PIB)en tant qu’indicateur des performances économiques et du progrès social. Trois thèmes
de réflexion structurent le rapport : les problèmes classiques liés au PIB ; la mesure de la
qualité de vie ;le développement durable et l’environnement. Un an et demi après sa présen-
tation publique, cet article propose de revenir sur le déroulement des travaux de la commis-
sion et sur les premières mises en œuvre de ses recommandations.
es statisticiens publics, en non marchande) de biens et de servi- Politiques de Paris et président de
France comme dans nombre de ces que comme un indicateur de la l’Observatoire français des conjonc-Lpays, sont habitués à la critique croissance du niveau de vie voire du tures économiques (OFCE), le cabinet
de leurs chiffres par des médias, des bien-être de la population, plusieurs de l’Élysée prit contact avec deux
groupes formels ou informels de ci- auteurs ont critiqué le PIB et proposé éminents économistes pour leur
toyens ou des membres des assem- des indicateurs alternatifs. Les travaux proposer de piloter cette commis-
blées nationales, régionales ou de Nordhaus et Tobin (1973) et de la sion : Joseph Stiglitz, prix Nobel
locales au motif que ces chiffres ne re- commission Bruntland (proposant un d’économie 2001 et Amartya Sen,
flètent pas ce qui est ressenti par les « PIB vert ») peuvent être cités, tout en prix Nobel d’économie 1998. Tous
particuliers dans « la vie de tous les signalant que la littérature sur ce deux acceptèrent de diriger les
jours ». Ces critiques sont toujours thème est particulièrement abondante travaux, J. Stiglitz comme président et
1
prises au sérieux car si les messages depuis les trente dernières années . A. Sen comme conseiller du prési-
émis par le service statistique public dent. J.-P. Fitoussi fut nommé coordi-
ne paraissent pas crédibles à une C’est dans ce contexte que le Président nateur de la commission.
partie plus ou moins importante de la de la République, Nicolas Sarkozy, a
population, le service public d’infor- décidé en janvier 2008 de créer une Il restait à recruter les membres de la
mation statistique n’est pas assuré. Ce commission internationale d’experts commission. Ce fut la tâche du trio
constat ne date pas d’hier : les polé- pour déterminer les limites du PIB en Stiglitz-Sen-Fitoussi. Une lettre fut
miques sur la mesure de l’inflation, du tant qu’indicateur des performances envoyée à une liste d’économistes et
chômage, de la croissance écono- économiques et du progrès social et de spécialistes des sciences sociales
mique ont existé sur toute la seconde identifier les informations complé- dont les travaux font autorité, au
moitié du vingtième siècle, avec une mentaires qui pourraient être néces- niveau mondial, dans les domaines
virulence variable. Et il semble bien saires pour aboutir à des indicateurs couverts par la commission. En quel-
qu’elles existent et existeront encore plus pertinents du progrès social. ques semaines, plus d’une vingtaine
en ce début du troisième millénaire. de réponses positives arrivèrent. La
Parmi les débats, l’un s’est focalisé sur composition de la commission s’éta-
Formation de la commission
la signification réelle de l’agrégat blit ainsi : voir tableau ci-après.
vedette tiré des comptes nationaux : Assisté par le professeur Jean-Paul
le produit intérieur brut, ou PIB. Cons- Fitoussi, professeur à l’Institut d’Études Deux points méritent d’être souli-
tatant que parfois le taux de crois- gnés. En premier lieu, la commission
sance du PIB était utilisé aussi bien était réellement internationale : sur1. Prophétique ou simplement humoristique, un des
slogans de mai 1968 : « on ne tombe pas amoureuxcomme un indicateur de la crois- ses vingt-sept membres, on compte
d’un taux de croissance » avait déjà révélé qu’il y avait
sance de la production (marchande et huit américains, huit français, quatreun problème de ce côté-là.
Courrier des statistiques n° 130, mai 2011 1La commission Stiglitz ou comment mesurer la performance économique et le progrès social ?
2
Les membres de la commission : La commission étant internationale,
l’anglais était sa langue de travail et
Joseph STIGLITZ Columbia University, New York, USA - Président de la Commission son rapport fut d’abord rédigé et
Amartya SEN Harvard University, USA, - Conseiller du Président de la Commission discuté en anglais. Pour sa publica-
Jean-Paul FITOUSSI Institut d'Études Politiques de Paris,
tion et sa remise à son commanditaire
France - Coordinateur de la Commission
initial, le rapport final a été traduit enBina AGARWAL University of Delhi, India
français.Kenneth ARROW University of Stanford, USA
Anthony B. ATKINSON Nuffield College, United Kingdom
François L’équipe des rapporteurs a été fournie
BOURGUIGNON École d'Économie de Paris, Paris, France par trois institutions : l’Insee, puisque
Jean-Philippe COTIS Insee, Paris, France
la France est à l’origine de l’opéra-
Angus DEATON University of Princeton, USA
tion, l’OFCE dont le présidentKemal DERVIS Programme des Nations Unies pour le Développement
Jean-Paul Fitoussi est aussi le coordi-(PNUD), New York
Heiner FLASSBECK Conférence des Nations Unies sur le Commerce nateur de la commission, et l’OCDE
et le Développement (CNUCED), Genève qui a lancé depuis 2004 une série de
Marc FLEURBAEY Université Paris 5, France symposiums internationaux sur le
Nancy FOLBRE University of Massachussets, USA
thèmedelamesureduprogrès des
Jean GADREY Université de Lille, France
sociétés. On a ainsi abouti à uneEnrico GIOVANNINI OCDE, Paris
équipe de sept rapporteurs, bientôtRoger GUESNERIE Collège de France, Paris, France
Geoffrey HEAL Columbia University, New York, USA renforcée à neuf pour faire face au
James HECKMAN University of Chicago, USA volume de travail et respecter
Claude HENRY Institut d'Études Politiques de Paris, l’échéance fixée dès le départ à un an.
France/Columbia University, New York, USA
L’organisation du travail fut discutée
Daniel KAHNEMAN Princeton University, USA
avant la première réunion de laAlan B. KRUEGER
commission et confirmée par laJustin LIN Banque Mondiale, Washington D.C.
Andrew J. OSWALD University of Warwick, United Kingdom première réunion plénière, les 22 et 23
Robert D. PUTNAM Harvard University, USA avril 2008 à Paris. Trois thèmes de
Nick STERN London School of Economics, United Kingdom réflexion ont été arrêtés : les problè-
Cass SUNSTEIN University of Chicago, USA
mes classiques liés au PIB ; le dévelop-
Philippe WEIL Institut d'Études Politiques de Paris, France
pement et l’environnement ; la mesure
de la qualité de la vie. Chaque thème a
Les rapporteurs :
été confié à un groupe de travail. Tous
Jean-Étienne Chapron Insee, Rapporteur général de la Commission les membres de la commission ont été
Jacques Le Cacheux Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) priés de choisir l’un des groupes de
Xavier Timbeau OFCE
travail. Les rapporteurs ont été égale-
Paul Schreyer OCDE
ment répartis entre les groupes deMarco Mira d’Ercole
travail, les trois responsables de laDidier Blanchet Insee
Laurence Rioux Insee - Centre de recherche en économie et statistique (Crest) commission et le rapporteur général
Pierre-Alain Pionnier Insee suivant les travaux des trois groupes.
Vincent Marcus

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