La demande de produits agricoles et des IAA stimulée par les exportations : le rôle majeur de la PAC
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La France est devenue, au plan mondial, un grand exportateur de produits de l'agriculture et des industries agro-alimentaires (IAA), en grande partie en raison du rôle joué par la Politique agricole commune (PAC) : une proportion importante de la production agricole française a bénéficié alors d'une protection extérieure et d'un soutien des prix permanents. Au cours des 20 dernières années, les exportations françaises de produits de l'agriculture et des produits dérivés des IAA ont augmenté beaucoup plus vite que la demande intérieure. Elles ont, en outre, profité d'une demande mondiale et communautaire en expansion. Certains produits des IAA (viande, sucre) ont bénéficié d'une aide directe de la PAC (soutien des prix, stocks d'intervention, etc.). Le développement des productions agricoles (céréales, oléagineux, protéagineux, gros bovins et veaux, lait) a aussi stimulé les IAA situées en aval. Par ailleurs, le secteur des IAA a été dynamisé par une importante demande des pays du Sud-Est asiatique et des pays de l'Est, du début des années 90 jusqu'à la crise asiatique. À la différence de la demande extérieure, la demande intérieure en produits agricoles et agro-alimentaires s'est progressivement ralentie. La demande finale des ménages a quantitativement peu augmenté. Quant à la demande « intermédiaire » des autres branches, en particulier des IAA, elle a profité des baisses des prix des produits agricoles.

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Extrait

AGRICULTURE
La demande de produits
agricoles et des IAA stimulée
par les exportations :
le rôle majeur de la PAC
Christine
La France est devenue, au plan mondial, un grand exportateur de produits
Monceau*
de l’agriculture et des industries agro-alimentaires (IAA), en grande partie
en raison du rôle joué par la Politique agricole commune (PAC) : une proportion
importante de la production agricole française a bénéficié alors d’une protection
extérieure et d’un soutien des prix permanents.
Au cours des 20 dernières années, les exportations françaises de produits
de l’agriculture et des produits dérivés des IAA ont augmenté beaucoup plus vite
que la demande intérieure. Elles ont, en outre, profité d’une demande mondiale
et communautaire en expansion. Certains produits des IAA (viande, sucre) ont
bénéficié d’une aide directe de la PAC (soutien des prix, stocks d’intervention,
etc.). Le développement des productions agricoles (céréales, oléagineux,
protéagineux, gros bovins et veaux, lait) a aussi stimulé les IAA situées en aval.
Par ailleurs, le secteur des IAA a été dynamisé par une importante demande
des pays du Sud-Est asiatique et des pays de l’Est, du début des années 90
jusqu’à la crise asiatique.
À la différence de la demande extérieure, la demande intérieure en produits
agricoles et agro-alimentaires s’est progressivement ralentie. La demande finale
des ménages a quantitativement peu augmenté. Quant à la demande
« intermédiaire » des autres branches, en particulier des IAA, elle a profité
des baisses des prix des produits agricoles.
es échanges commerciaux se sont considéra En réalité, cette analyse ne vaut que pour les pro- -* Christine Monceau
appartenait à la division Lblement développés dans le monde pendant duits manufacturés. Jusqu’au milieu des années 90,
Agriculture de l’Insee au ces 50 dernières années. Le GATT (General les produits de l’agriculture et ceux des industries
moment de la rédaction
Agreement on Tariffs and Trade), créé agro-alimentaires (IAA) ont échappé à cettede cet article.
après-guerre, y a largement contribué, notamment logique et ne s’échangeaient pas librement sur le
par la réduction des tarifs douaniers. L’essor du marché. Les exportations de l’Union européenne
Les noms et dates entre commerce mondial, et notamment celui de la (UE), et en particulier celles de la France, ont béné-
parenthèses renvoient à France (cf. graphique I), se serait donc inscrit dans ficié du soutien de la Politique agricole commune
la bibliographie en fin
une logique de libéralisation des échanges. (PAC). L’instauration de barrières douanièresd’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 329-330, 1999-9/10 107vis-à-vis des pays tiers à l’UE, la mise en place de Limiter la dépendance agro-alimentaire
prix d’intervention assurant des prix minima, les de la Communauté européenne
subventions pour les produits exportés hors de
l’UE ont stimulé les exportations des pays mem Il n’en a pas toujours été ainsi. À l’aube de la créa- -
bres. Dans ce contexte, la France est devenue, au tion du marché agricole européen, à la fin des
plan mondial, un grand exportateur de produits de années 50, les pays d’Europe occidentale, en parti-
l’agriculture et des IAA. La réforme de la PAC de culier l’Allemagne, la France et l’Italie, étaient très
1992 a toutefois eu, entre autres objectifs, de fortement déficitaires dans le secteur agro-alimen-
réduire le soutien à l’exportation des États mem taire. La PAC, instituée dans le cadre du traité de-
bres de l’UE mais elle n’a pas remis en cause glo Rome, devait permettre de limiter la dépendance-
balement les bons résultats français à l’exportation. des pays membres de la Communauté européenne
Très performante, comme les Pays-Bas, sur le vis-à-vis du reste du monde, et de parvenir à l’auto-
commerce de produits « transformés », la France suffisance des besoins communautaires pour la
est également très bien placée pour les produits plupart des produits. Elle encouragea les agricul-
« bruts » derrière les États-Unis (cf. encadré 1). teurs européens à produire davantage en moderni-
sant leurs techniques de production, dans les
La France a donc largement contribué à la réduc meilleures conditions financières possibles. Des-
tion du déficit de l’UE, depuis la fin des années 70. Organisations communes de marché (OCM) furent
Entre 1977 et 1996, ses autres partenaires ont, eux alors mises en place pour chaque grande branche
aussi, accumulé de bons résultats commerciaux. de l’agriculture (céréales, bovins, lait, etc.), les
Ainsi, l’Union affiche un excédent croissant pour modalités d’application pouvant varier d’un pro-
les « produits transformés » depuis le milieu des duit à l’autre. Certains produits des IAA étaient
années 70. Elle est aujourd’hui la deuxième grande également directement aidés par la PAC (le sucre,
puissance exportatrice de biens agro-alimentaires les viandes notamment). Les OCM reposaient alors
derrière les États-Unis. sur la fixation d’un prix que la Communauté sou-
haitait assurer chaque année aux producteurs. Elles
Graphique I prévoyaient de stocker une partie de l’offre excé-
dentaire en cas de surproduction par le mécanismeÉvolution des emplois des produits manufacturés
de l’intervention. De plus, le cours communautaire(volumes aux prix de 1980)
étant en général supérieur au cours mondial, pour
Indices base 100 en 1977
certains produits les exportations des pays mem-
300 bres de la Communauté européenne vers les paysDemande intérieure Exportations
tiers étaient aidées et la Communauté versait alorsTotal des emplois
une restitution à l’exportateur couvrant le différen-250
tiel de prix.
200 Ainsi, jusqu’à la dernière réforme de la PAC mise
en application à partir de 1992, une proportion
importante de la production agricole communau-
150
taire bénéficiait-elle d’une protection extérieure et
d’un soutien des prix permanent.
100
1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
Dans ce contexte, les exportations françaises de pro-
duits de l’agriculture et des produits dérivés des* Pour les définitions, se reporter à l'encadré 2.
Source : comptabilité nationale, base 1980. industries agro-alimentaires ont augmenté beaucoup
Tableau 1
Part dans le volume des emplois de la demande intérieure et des exportations*
En %
Produits manufacturés «1978» «1987» «1995»
75,4 74,1 67,9Demande intérieure
Exportations 24,6 25,9 32,1
Produits de l’agriculture et des IAA «1978» «1987» «1995»
89,6 85,4 81,9Demande intérieure
Exportations 10,4 14,6 18,1
* Pour les définitions, se reporter à l’annexe.
Lecture : « 1978 » = moyenne (1977, 1978, 1979) ; « 1987 » = moyenne (1986, 1987, 1988) ; « 1995 »= moyenne (1994, 1995, 1996).
Source : comptabilité nationale, base 1980.
108 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 329-330, 1999-9/10plus vite que la demande intérieure (cf. tableau 1) ; d’une demande mondiale et communautaire en
la demande finale des ménages, dont l’évolution expansion. La croissance des volumes exportés a
dépend essentiellement de facteurs démographi atteint 5,9 % en moyenne annuelle de « 1978 » à-
ques, a progressé modérément ; la demande de « 1987 » et 4,3 % de « 1987 » à « 1995 » (1). Ainsi,
biens agricoles par les autres branches de au cours des deux dernières décennies, la part des
l’industrie (principalement les IAA) n’a pas aug exportations dans les emplois (au sens de la-
menté proportionnellement à l’essor de l’offre.
1. Les dates entre guillemets représentent des moyennes calcu-Stimulées par la PAC pour certains produits, les lées sur trois ans ; par exemple, « 1978 » représente la moyenne
exportations françaises ont, en outre, bénéficié des années 1977, 1978 et 1979.
Encadré 1
LES CATÉGORIES DE PRODUITS DE l’AGRICULTURE
ET DES IAA RETENUS
Pour les produits agricoles, six catégories de biens ont été Une classification empirique
définies : pour le commerce extérieur
- les « produit

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