La pluralité des rapports au marché dans les très petites entreprises : une approche typologique
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La capacité des très petites entreprises (TPE) à dynamiser le tissu économique fait aujourd'hui l'objet d'un certain nombre d'attentes. Les chercheurs, tout comme les pouvoirs publics, mettent l'accent sur le rôle que peuvent jouer des petites structures, dans une économie qui repose de plus en plus sur la flexibilité et exige une adaptation permanente aux évolutions fluctuantes des marchés. Les TPE déploient des formes de rapport au marché relativement diversifiées, à l'image de ce qu'elles sont. Une enquête statistique réalisée auprès de 818 entreprises et indépendants permet de mettre en évidence huit classes. Celles-ci se caractérisent par l'inscription de l'activité dans des territoires géographiques, la forme de la relation au client, les modalités de création et l'entretien des liens marchands ainsi que la perception du rôle de la concurrence. Ainsi, les deux premières classes se rejoignent sur le fait de recevoir leurs clients dans un espace ouvert sur l'extérieur alors que les deux suivantes s'appuient sur le bouche à oreille et les réseaux informels. Les deux suivantes opèrent sur une clientèle plus large (nationale ou internationale) tandis que les deux dernières classes semblent en retrait du marché, l'une en raison d'un nombre très restreint de clients et l'autre par une sorte d'absence de réflexion sur ces sujets. Cette typologie est utilisée pour distinguer les usages d'internet mis en oeuvre par les TPE (du point de vue de la communication, du développement des sites et de la recherche de partenaires), ainsi que les formes de proximité qu'elles peuvent mobiliser dans l'action économique.

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Langue Français

Extrait

ENTREPRISES
La pluralité des rapports au marché
dans les très petites entreprises :
une approche typologique
Ale xandr e Mallar d *
La capacité des très petites entreprises (TPE) à dynamiser le tissu économique fait
aujourd’hui l’objet d’un certain nombre d’attentes. Les chercheurs, tout comme les pou-
voirs publics, mettent l’accent sur le rôle que peuvent jouer des petites structures, dans
une économie qui repose de plus en plus sur la fl exibilité et exige une adaptation perma-
nente aux évolutions fl uctuantes des marchés. Les TPE déploient des formes de rapport
au marché relativement diversifi ées, à l’image de ce qu’elles sont. Une enquête statis-
tique réalisée auprès de 818 entreprises et indépendants permet de mettre en évidence
huit classes. Celles-ci se caractérisent par l’inscription de l’activité dans des territoires
géographiques, la forme de la relation au client, les modalités de création et l’entre-
tien des liens marchands ainsi que la perception du rôle de la concurrence. Ainsi, les
deux premières classes se rejoignent sur le fait de recevoir leurs clients dans un espace
ouvert sur l’extérieur alors que les deux suivantes s’appuient sur le bouche à oreille et
les réseaux informels. Les deux suivantes opèrent sur une clientèle plus large (nationale
ou internationale) tandis que les deux dernières classes semblent en retrait du marché,
l’une en raison d’un nombre très restreint de clients et l’autre par une sorte d’absence de
réfl exion sur ces sujets. Cette typologie est utilisée pour distinguer les usages d’internet
mis en œuvre par les TPE (du point de vue de la communication, du développement des
sites et de la recherche de partenaires), ainsi que les formes de proximité qu’elles peu-
vent mobiliser dans l’action économique.

* Laboratoire SENSE (Sociology and Economics of Networks and Services), France Télécom, Division R&D.
Certains résultats de cette étude ont fait l’objet d’une communication au congrès du CIFPME en 2006. Les résultats présentés ici pro-
viennent d’une nouvelle analyse des données brutes suite aux suggestions des rapporteurs d’Économie et Statistique. Qu’ils en soient
remerciés. Nous tenons également à remercier Thomas de Bailliencourt, Laurence Dhaleine, Fabienne Gire et Cezary Ziemlicki, qui ont
contribué à cette recherche dans ses différentes phases.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 407, 2007 51ans la période récente, les très petites entre- et où la compétition est généralisée, le constat Dprises (TPE) ont attiré l’attention de spé- selon lequel les TPE modèlent activement leur
cialistes d’économie et de gestion. Les recher- environnement et construisent elles-mêmes la
ches effectuées apportent une série d’éléments position d’où il leur est possible de prospérer
123pour apprécier la pertinence et le caractère devient fi nalement banal.
général d’une thèse du « small is beautiful » qui
a été largement discutée à propos des petites et Ainsi, alors que les petites str uctures ont été
moyennes entreprises (PME) (1) . Ainsi, comme usuellement envisagées sous l’angle des métiers
cela a été montré pour les PME, la contribution et des savoirs et savoir-faire techniques, les
apparemment importante des très petites entre- recherches actuelles s’intéressent également à
prises à la croissance de l’emploi dans l’éco- leur propension à s’allier (Jaouen, 2007) et à
nomie globale résulte sans doute moins de leur façonner leur environnement marchand. Pacitto
dynamisme intrinsèque que des variations de et Julien (2007) ont bien montré que l’attitude
structure qu’a connues le tissu industriel depuis des chefs de petites entreprises par rapport à la
le début des années 1980 : désintégration ver- commercialisation reste encore peu compatible
ticale des grandes entreprises (Boccara, 1998) avec la mise en œuvre d’une démarche marke-
et montée progressive d’une structuration en ting. Les TPE tendent à confondre leur marché
groupes dont les effets se manifestent inégale- et leur clientèle, et n’identifi ent pas toujours
ment dans les différents secteurs économiques correctement leur concurrence – les concurrents
(Picart, 2004). étant d’ailleurs parfois considérés comme de
simples collègues. Néanmoins, les auteurs rela-
La capacité à innover des très petites entrepri- tivisent la portée de leur constat, indiquant qu’il
ses est, tout comme pour les PME, très variable. existe dans les TPE des formes effi caces d’in-
Les « start-up » qui ont émergé du secteur de formation et d’action sur le marché : elles enga-
la communication et de l’internet, ou même les gent des processus intuitifs et subjectifs, basés
entreprises créées par des chercheurs (Mustar, sur l’expérience de l’entrepreneur et ses propres
2003) constituent bien des cas de petites struc- « sensations », sur des formes de proximité par-
tures situées à l’avant-garde de l’innovation, et ticulières avec les clients et, à l’occasion, sur
vouées par là-même à des trajectoires de forte une forte mobilisation de réseaux personnels.
croissance. Mais de tels exemples ne peuvent Au travers de pratiques très ordinaires et très
être généralisés et on doit pouvoir appliquer à empiriques, les TPE élaborent une connaissance
une bonne partie de la population des TPE la effective de leur marché et le construisent acti-
thèse schumpetérienne selon laquelle, par rap- vement, comme le montre l’étude qualitative
port aux grandes entreprises, les petites orga- réalisée par Dubuisson-Quellier (2003).
nisations accusent des diffi cultés inhérentes à
leur taille vis-à-vis de l’innovation : un faible P arado xalement, les TPE dév elopperaient donc
pouvoir de marché, des ressources limitées pour un rapport au marché parfois assez proche de
investir en R&D et une gestion problématique certaines tendances actuelles du marketing rela-
des risques fi nanciers associés. tionnel. Pour autant, elles peuvent témoigner
d’un degré variable de volontarisme et d’ef-
La capacité des très petites entreprises à « col-
ler à leur marché » constitue une autre caracté-
1. Ce n’est que récemment que les spécialistes des PME ont ristique que le discours public sur la vitalité de
pointé la TPE comme objet d’étude spécifi que. Au sein des ces acteurs économiques met traditionnellement
recherches francophones, nombre de contributions dans ce sens
en exergue. Dans ces entreprises où ils sont en sont issues du champ d’étude de la PME et de l’entrepreneuriat
(actes du congrès du CIFPME de 2004 à Montpellier : http ://www.contact direct avec les clients, où ils peuvent
erfi-management.net/cifepme/pages/appelcommunication.
intégrer à leur offre une relation commerciale html ; Laferrère, 1998 ; Rosenwald, 1998 ; Ferrier, 2002).
2. L’extrait de l’allocution de R. Dutreil à l’APCM en 2003, cité en et de service au plus proche de la demande, les
entrée de l’article de Pacitto et Richomme-Huet (2004) est parfai-
entrepreneurs disposeraient d’atouts spécifi ques tement emblématique de cet argumentaire. On le retrouve éga-
lement dans les discussions récentes en France sur le Contrat pour rester en prise avec l’environnement écono-
Nouvelle Embauche, où s’est cristallisée toute une polémique sur
mique et anticiper ses évolutions (2) . Certaines les liens existant entre croissance de l’emploi et fl exibilité dans
les petites structures.recherches proposent d’aller plus avant et
3. L ’approche classique, telle qu’elle a été formulée par Penrose remettent en cause l’idée que les petites structu- (1959) au travers de la « théorie des interstices », indique que les
petites structures ont vocation à s’investir de façon spécifi que res se limiteraient à exploiter les « interstices »
sur des espaces de marchés eux-mêmes très petits, soit parce d’une économie globale qui les dominerait
que les économi

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