Les crises sanitaires dans la filière viande
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Impact fort à court terme, plus limité à long terme Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en 1996 et 2000, fièvre aphteuse en 2001, grippe aviaire fin 2005 Les filières de la viande ont été à plusieurs reprises perturbées par des crises sanitaires de nature économiquement différente : crise de confiance du consommateur liée à l’ESB faisant s’effondrer la demande, ou insuffisance de l’offre lors de la crise ovine, le choc est brutal sur la consommation de la viande concernée. Les chutes peuvent atteindre 20 à 30 % sur deux ou trois mois. En revanche, l’impact de ces chocs sur les habitudes alimentaires dure peu. Les consommations de chaque type de viande retrouvent, la plupart du temps au bout d’un an environ, un niveau proche de celui d’avant la crise. Le poids de la viande dans les dépenses alimentaires des Français a baissé ces 25 dernières années Des impacts forts sur la consommation à court terme Première crise ESB en 1996 : défiance vis-à-vis de la viande bovine Deuxième crise ESB en octobre 2000 : la France au cœur d’une crise plus profonde Fièvre aphteuse du mouton en 2001 : insuffisance de l’offre La crise aviaire : une menace toujours actuelle dans une filière intégrée

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Langue Français

Extrait

N° 1166 - NOVEMBRE 2007
PRIX : 2,30€
Les crises sanitaires
dans la filière viande
Impact fort à court terme, plus limité à long terme
Claire Lesdos-Cauhapé, division Agriculture,
Danielle Besson, division Synthèse des biens et services, Insee
ncéphalopathie spongiforme modifiée. Après être resté stable autour de
31 % entre 1965 et 1980, son poids dans lesbovine (ESB) en 1996 et 2000,
dépenses alimentaires à domicile a diminuéEfièvre aphteuse en 2001, grippe
depuis pour atteindre 26 % en 2006. Jusqu’au
aviaire fin 2005… Les filières de la viande
début des années 1990, cette évolution résultait
ont été à plusieurs reprises perturbées de la baisse du prix relatif des viandes plus
par des crises sanitaires de nature forte que l’augmentation de la consommation
économiquement différente : crise de en volume. Mais depuis, elle résulte d’une
moindre consommation de viande qui coïncideconfiance du consommateur liée à l’ESB
avec la stabilisation du prix relatif et la survenuefaisant s’effondrer la demande, ou in-
des premières inquiétudes sanitaires de la
suffisance de l’offre lors de la crise
filière.
ovine, le choc est brutal sur la consom- Depuis 1965, la nature des viandes consom-
mation de la viande concernée. Les chu- mées s’est aussi profondément modifiée. Les
tespeuventatteindre20à30%surdeux contraintes de la vie moderne ont conduit les
ménages à privilégier les viandes préparées auou trois mois. En revanche, l’impact de
détriment des viandes de boucherie. La placeces chocs sur les habitudes alimentaires
des plats préparés a doublé entre 1960 et 2006
dure peu. Les consommations de chaque
pour atteindre 40 % de leurs achats de viande
type de viande retrouvent, la plupart du et rattraper celle de la viande de boucherie qui
temps au bout d’un an environ, un niveau a perdu pendant le même temps 20 points
proche de celui d’avant la crise. (graphique 1) ; le veau entre 1960 et 1980, puis
le bœuf à partir des années 1980 ont contribué
largement à cette baisse, alors que la part des
En 40 ans, la place de la viande dans la viandes de porc s’est maintenue. Il en est de
consommation alimentaire des Français s’est même de la viande de volaille, réputée moins
Coefficients budgétaires* des différentes viandes dans la consommation annuelle
totale de viande
en %
45
40
Plats cuisinés
35
Bœuf
30
25
20
Volaille
15
Veau
10 Porc
5
Mouton
0
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
* Un coefficent budgétaire mesure le poids de chaque viande dans la dépense totale de viande des ménages pour leur consommation à domicile.
Les plats cuisinés correspondent aux préparations, conserves et charcuteries à base de viande (y compris préparations surgelées à base de viande).
Ce graphique ne permet pas de déduire les évolutions de la consommation de viande en kilogrammes.
Champ : France entière.
Source : Insee, comptes nationaux.
INSEE
PREMIEREgrasse et d’un prix abordable, qui repré- des ménages. Elle est le point d’orgue ans, avec la baisse programmée des
sente en 2006 16,5 % des achats de d’une forte hausse de défiance, depuis cours de la viande bovine, dans le cadre
viande. Ces évolutions tendancielles la révélation concernant le rôle des fari- de la politique agricole commune. Pour
sont fortes et à peine perturbées par les nes animales dans l’ESB et leur interdic- soutenir les prix, de 1996 à 1998, des
crises sanitaires comme l’encéphalo- tion en juillet 1990 dans l’alimentation stocks européens de viande de jeunes
pathie spongiforme bovine (ESB) en des bovins. L’annonce est immédiate- bovins sont constitués ; ils seront écou-
1996 et en 2000, la fièvre aphteuse du ment suivie par un embargo français lés en 1998 et 1999 quand la situation
mouton en 2001 ou encore la grippe puis européen sur les bovins vivants et redeviendra normale. Les prix à la pro-
aviaire fin 2005. Tout au plus perçoit-on, les viandes bovines d’origine britan- duction augmentent à nouveau en 1997
en 1996 et en 2001, une légère inflexion nique. En juin 1996, certains produits de et retrouvent en juillet puis dépassent
des achats de bœuf avec un report triperie sont même interdits à la vente leur niveau d’avant crise.
ponctuel vers la viande de volaille et, en quelle que soit leur provenance. Malgré la baisse des prix à la production,
2001, vers le porc. Toutefois, la part de Immédiatement, la consommation « inté- les prix à la consommation de viande
la viande de mouton, qui ne représente rieure » de viande bovine chute en bovine restent stables pendant toute la
que 5 % des achats de viande des France. En juin 1996, elle est inférieure de crise. En revanche, ils augmentent à
ménages, baisse en 2001 pour se stabi- 20 % à son niveau de mars (graphique 2). partir de 1997, entraînés par la hausse
liser ensuite à un niveau plus bas. Six mois seront nécessaires pour retrou- des prix à la production et des prix de
ver l’évolution tendancielle. sortie des abattoirs. Cette dernière aug-
Du fait de l’embargo sur les viandes mentation compense la moins bonne
Des impacts forts sur britanniques, les flux d’échanges sont valorisation du « cinquième quartier »
fortement affectés et atténuent les effets (cuir, abats, déchets), la réglementationla consommation à court terme
de la baisse de la consommation sur la instaurée en 1996 limitant la commercia-
Lors de la première crise de l’ESB, la filière productrice française, ce qui béné- lisation des déchets bovins.
consommation « intérieure » de viande ficie au marché intérieur. Sur l’ensemble
bovine (définition) chute de 20 % sur de l’année, la consommation « inté-
trois mois ; les consommateurs sont rieure » diminue de 10 %, les exporta- Deuxième crise ESB en octobre
inquiets face aux incertitudes qui tions de 14 %, les importations de 34 %. 2000 : la France au cœur
entourent la maladie. Mais la consom- Face à la forte baisse de la demande, d’une crise plus profonde
mation retrouve six mois plus tard son l’activité d’abattage chute alors ; en avril
niveau d’avant la crise (graphique 2). Le 1996, elle est de 10 % inférieure à son
choc sera plus violent (baisse de 30 % niveau de février. Des animaux sur pied En novembre 2000, la consommation
sur un mois) et plus durable pour la sont gardés dans les exploitations plus « intérieure » de viande bovine s’ef-
deuxième crise de l’ESB, mais là encore longtemps que prévu. fondre à nouveau brutalement, après
les effets s’estompent au bout d’un an Le déséquilibre entre l’offre et la l’annonce de la mise sur le marché de
environ. Le scénario sera en revanche demande s’accompagne d’une baisse viande provenant de bêtes ayant côtoyé
un peu différent pour la fièvre aphteuse brutale des prix à la production (baisse une vache atteinte d’ESB en France.
du mouton. La consommation baisse de 11% sur un an de mars 1995 à mars Les prix, les flux commerciaux et les
immédiatement de 23 % entre février et 1996 et même 17 % d’août 1995 à août abattages chutent alors encore plus for-
mars 2001, se maintient à un niveau bas 1996) (graphique 3). Cette baisse des tement que lors de la crise de 1996. La
pendant toute la durée de l’embargo, et prix à la production vient en fait renforcer France est cette fois au cœur d’une crise
ne se rétablit que partiellement ensuite, une tendance déjà à l’œuvre depuis trois qui devient européenne.
restant 10 % environ en dessous de son
niveau tendanciel (source). Les effets à Bilan d’approvisionnement mensuel en viande bovine (série CVS)
court terme de la grippe aviaire ont été milliers de tonnes
180plus modérés, avec une baisse de 7,5 % ère eAbattages totaux1 ESB 2 ESB
de la consommation des ménages. Mais 160
il est encore trop tôt pour en apprécier 140
les conséquences sur le long terme.
120
Consommation « intérieure »
100
80Première crise ESB en 1996 :
60défiance vis-à-vis Exportations de viande
40de la viande bovine
20 Importations de viande
0L’annonce, en mars 1996, par les autori-
Variation de stocks publics et privés de viande
– 20tés britanniques, de la possible trans-
janv-96 janv-97 janv-98 janv-99 janv-00 janv-01 janv-02 janv-03
mission à l’homme

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