Les sites gallo-romains du lac de Paladru (Isère), par Jean-François DECLE et Eric VERDEL
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Les sites gallo-romains du lac de Paladru (Isère) par Jean-François DÈCLE et Éric VERDEL ( Octobre 2012) « Quid igitur (…) est illa villa, si nec urbana habet ornamenta neque rustica membra ? « Qu'est-ce donc cette villa (…), si elle n'a ni les ornements de la ville ni les installations d'une maison de campagne ? ». VARRON, De re rustica, III, 2, 9. * Après la désertion du village néolithique des Baigneurs à Charavines (2600 av. J.-C.), les sédiments lacustres suggèrent le retour d'une présence humaine autour du lac au Bronze final (v.1000 av. J.- C.). Bien qu'aucun vestige archéologique ne l'atteste formellement, un lit de bois et de charbons flottés sur des carottages peut en effet être interprété comme la trace de défrichements ponctuels. Associé à des niveaux lacustres relativement bas, cet épisode confirme la relation observée entre la baisse des eaux et l'occupation du bassin versant. Faute de témoignages archéologiques intermédiaires, la période antique s'ouvre, à la fin de La Tène finale, dans le dernier quart du IIe avant notre ère, au moment où s'achève l'installation généralisée des Allobroges sur le territoire qu'ils occupent depuis au moins trois siècles.

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Publié le 01 décembre 2012
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Les sites gallo-romains du lac de Paladru (Isère) rapJean-François DÈCLE et Éric VERDEL( Octobre 2012)« Quid igitur (…) est illa villa, si nec urbana habet ornamenta neque rustica membra ?« Qu'est-ce donc cette villa (…), si elle n'a ni les ornements de la ville ni les installations d'une maison de campagne ? ».VARRON, De re rustica, III, 2, 9. *Après la désertion du village néolithique des Baigneurs à Charavines (2600 av. J.-C.), les sédiments lacustres suggèrent le retour d'une présence humaine autour du lac au Bronze final (v.1000 av. J.-C.). Bien qu'aucun vestige archéologique ne l'atteste formellement, un lit de bois et de charbons flottés sur des carottages peut en effet être interprété comme la trace de défrichements ponctuels. Associé à des niveaux lacustres relativement bas, cet épisode confirme la relation observée entre la baisse des eaux et l'occupation du bassin versant.Faute de témoignages archéologiques intermédiaires, la période antique s'ouvre, à la fin de La Tène finale, dans le dernier quart du IIe avant notre ère, au moment où s'achève l'installation généralisée des Allobroges sur le territoire qu'ils occupent depuis au moins trois siècles. La région du lac de Paladru d'alors, à en juger par la quasi absence de vestiges allobroges, semble être restée à l'écart de ce mouvement d'occupation (1) (BOCQUET 2012) et nous ne savons rien de la population autochtone qui y vivait peut-être encore ni de son degré de « celtisation » ou de « romanisation » précoce (BARRUOL 1999.p.147-165).Historiquement datée en 121 av. J.-C. par les victoires sur les Allobroges de Domitius Ahenobarbus , puis de Fabius Quintus Maximus au confluent du Rhône et de l'Isère (2) (TARPIN 2002 ; PELLETIER 2001), la conquête romaine et la création de la Transalpine, puis de la Narbonnaise, laisseront dans un premier temps la zone du lac à l'écart, malgré la proximité (moins d'une journée de marche) des deux grandes voies très fréquentées, qui, de Vienne et de Lyon, traversent le pays allobroge et les Alpes vers l'Italie et Rome, drainant dans les deux sens commerce international et circulation militaire (BARRUOL 1999.p.60-71).Traces de peuplementIl faut attendre le Haut-Empire pour percevoir l'amorce d'un peuplement significatif et durable, clairement identifié (tegulae et céramiques, notamment), à la faveur d'un nouvel abaissement de la nappe phréatique. Pour cette période en effet une douzaine de sites sont archéologiquement connus sur la frange littorale du lac. Leur cadre chronologique ne semble pas dépasser le IVème siècle, malgré la présence sur le plateau de Sonnière (commune de Paladru) de deux sépultures sous tuiles en bâtière (Ve–VIIe siècles) aperçues autrefois. Les monnaies récoltées à Colletière (en dépôt secondaire ) révèlent un même étalement chronologique depuis un as de Claude Ier (41-54 ap. J.-C.) à notamment un aes daté de 387-388 ap. J.-C. (DHENIN 1993. p.305).Seul l’un des deux sites d' Ourcière présente des éléments permettant d'évaluer la longévité de l'occupation antique, grâce à un fragment de panse brossée et un haut de panse marqués par un épaulement caractéristique de La Tène finale (entre 100 et 20 av. J.-C.) et à un bord de récipient en céramique grise à décor de rinceaux (Ve siècle ap. J.-C.).
Malheureusement, les carottages sédimentaires (sur lesquels les dépôts antiques sont absents ou tronqués) ne permettent pas d'évaluer l'ampleur des défrichements opérés durant cette période. En revanche, il semble que le début de l’occupation soit synchrone de bas niveaux lacustres, eux-mêmes corrélés à un épisode climatique relativement sec. Le lac connaît en effet des phases de régression prolongées puisque l'habitat gallo-romain de La Bourgealière occupe une portion de rive aujourd'hui immergée. La cote lacustre moyenne n'excède alors pas 490-491 mètres NGF, soit 1 à 2 mètres de moins qu'actuellement. Des épisodes régressifs se reflètent d’ailleurs dans les teneurs en carbone 13, mesurées dans les cernes de croissance d'un pieu de chêne provenant du site gallo-romain d'Ourcière, en rive droite du lac (3). Les dosages effectués sur les cernes de croissance indiquent un relatif assèchement entre -41 et -21, une phase plus humide de -21 à +7, puis une régression qui se prolonge jusqu'à la date d'abattage, en 39 ap. J.-C. Ces oscillations doivent être mises en perspective avec les résultats d'autres travaux régionaux, prouvant par exemple qu'à Saint-Romain-en-Gal (Rhône) et à Vienne (Isère), le Rhône incise assez profondément son lit entre le Ier siècle av. J.-C. et la fin du Ier siècle ap. J.-C., rendant alors son cours propice à la navigation et permettant un franchissement aisé. Le bas niveau des établissements urbains de l'époque et le celui des égouts confirment la réduction du débit fluvial (LEVEAU 2007, § 12-16, très nuancé sur la question ; BERGER et BRAVARD 2012 ; COLARDELLE et VERDEL 2005-2007).Plus tard, une tourbière du haut Moyen Age vient à Colletière recouvrir un cordon d'épierrement de champs cultivés à l'époque romaine, écho du regain d'activité des nappes perchées qui fluent au pied des collines. Parallèlement, d'autres débris végétaux d'origine terrestre présents dans les varves lacustres évoquent des écobuages. Par ailleurs, sous la couche d'occupation des Grands Roseaux (Montferrat, XIe s.), des pollens suggèrent la culture, voire le rouissage du chanvre sur place. Enfin, quelques essartages semblent intervenir dans la seconde moitié du premier millénaire.Quant à l'abandon des sites gallo-romains, partiel ou total, progressif ou brutal, mais postérieur à la fin de la période antique, on ignore dans quelle mesure il peut être relié à la recrudescence des précipitations. Sans vouloir privilégier le déterminisme climatique, le colmatage d'un réseau hydraulique antique à Bourgoin-Jallieu (Isère) vers 350 AD (BERGER 2007, 2012) et les épisodes pluvieux affectant le sud-est de la France au tournant des Ve-VIIe siècles en sont des indices (DURAND A., 2004). Mais il faut aussi naturellement envisager d’autres facteurs, par exemple administratifs (comme la réorganisation foncière de la fin du IIIe) ou économiques (comme le resserrement de l'aire de production autour des centres domaniaux plus éloignés). Toponymie antiqueQuelques traces des occupations antiques ou antérieures sont perceptibles dans la toponymie locale, quoiqu’il faille les considérer avec prudence (BARRUOL 1999) (4) . On peut ainsi relever des noms géographiques sur des substrats celtiques et pré-celtiques (partiellement latinisés), comme Charavines (5) et les hydronymes, comme La Fure (Furans) (6). Bilieu pourrait être de formation celtique sur anthroponyme (*Belios), et, de formation gallo-romaine sur anthroponymes également, une petite série de noms comme Virieu (de Virius), Chélieu (de Catullius), Chassignieu (de Cassenius ou Cassanius), Massieu (Macius) (7). Mais il faut noter que le suffixe celtique de formation de toponymes -aco, relayé ultérieurement en -acum sur anthroponyme italique, qui a servi à désigner des domaines, a aussi été utilisé avec des noms communs géographiques pas toujours décelables (8) et qu'il est resté productif assez longtemps, par imitation, très au-delà de la période antique.En terme chronologique, les formations toponymiques gallo-romaines en -acum se sont développées vers le IIe siècle et surtout le IIIe siècle, et leur pérennisation (perceptible malgré les évolutions phonétiques ultérieures) a commencé vers la fin du IIIe siècle, liée à la réorganisation administrative et fiscale inaugurée par Dioclétien (BAYLON et FABRE 1982 ; DAUZAT 1960).
Enfin, on retiendra également Colonges, dont la forme originelle de Colonica est attestée au VIIIe siècle (9). On a pu supposer dans ce hameau l'emplacement d'une petite colonie, mais hormis la découverte d’une tegula isolée aucun vestige n'est encore venu étayer cette hypothèse.On peut ainsi noter que si, d'une manière générale pour la Narbonnaise, les toponymes celtiques sont très nombreux, quelquefois en composition avec des substrats linguistiques antérieurs (BARRUOL 1999, pp.143-144), ils ne sont assurés ici que pour l' hydronyme La Fure et le toponyme Charavines, nom de localité située « dans un défilé à la sortie du lac de Paladru » (DAUZAT et ROSTAING 1963) et donc à forte connotation géographique. Les noms de domaines décelables reposent pour leur part sur des anthroponymes gallo-romains, peut-être à l'exception de Bilieu, possiblement d'origine patronymique celtique.La question se pose alors de savoir s'il est possible de lire dans ce constat les traces de l'histoire antique de l'occupation humaine autour du lac, qui rejoindraient celles livrées par l'archéologie : un terroir dont la présence celtique ténue est attestée par des noms géographiques, suivie d'une phase gallo-romaine d'emprise territoriale et économique, modeste mais plus consistante, de quelques siècles d'amplitude, et avérée par une toponymie de domaines à base d'anthroponymes italiques. L'origine plus récente des toponymes relevés sur la frange littorale pourrait être l'indice sinon d'une rupture, au moins d'une rétractation de l'occupation humaine, entre la fin de la période antique et le haut Moyen Âge.Les sites et leur localisationLa majeure partie des artefacts recueillis provient d’une longue série de prospections terrestres et subaquatiques, dont celle de 1983 (COLARDELLE 1983), complétées par la surveillance de travaux, de sondages préalables au lotissement de parcelles et de trouvailles fortuites. Aucun site antique n'a donc fait l'objet de fouilles.De ce fait, le terme « site » désigne ici une localisation d'artefacts recueillis ou observés. Il ne préjuge ni de la nature du bâti (habitat ou installation artisanale) ni même de la présence d’une construction.En effet, les cas sont très divers. Par exemple, si La Bourgealière est incontestablement un habitat (matériel tégulaire, céramiques variées, statuette en bronze de Sucellus), le « site » pointé à Colletière est un tas d'épierrement, preuve d'une activité agricole scellé par un horizon tourbeux dont l’extension débute au haut Moyen Age. Inversement, l’habitat médiéval de Colletière, qui a livré tuiles, bijoux, verrerie et monnayage, n’est pas identifié comme un site gallo-romain parce que la fouille n'a montré aucune trace d’une présence antique. Il est certain que le matériel gallo-romain se trouve là en position secondaire, introduit par les médiévaux à partir des gisements qu’ils fréquentaient (probablement celui de La Bourgealière, à la fois le plus proche et le plus riche en vestiges), peut-être d’ailleurs pour y récupérer des objets jugés précieux (on pense par exemple à une intaille en verre bleu et à une paire de boucles d’oreille en argent, qui n’ont guère pu se transmettre par héritage à sept siècles de distance). La localisation aussi précise que possible des récoltes, le dépouillement des précédents rapports, dont celui de 1983, qui faisait état de prospections menées par les préhistoriens dans les années 1970, le recours au Document d'Archéologie Française consacré au site médiéval de Colletière (COLARDELLE et VERDEL 1993) et aux deux volumes de la Carte Archéologique de la Gaule consacrés à l'Isère (PELLETIER et al. 1994), dont le plus récent (BERTRANDY et al. 2011) concerne la zone du lac, ont permis de dresser une nouvelle carte de la fréquentation à l'époque gallo-romaine.
Celle-ci met en évidence le fait que, dans un réseau de hautes collines morainiques, les cours d'eau et les vallées constituent des zones plus attractives que les versants et les sommets. Il ne s’agit en effet pas d'une occupation militaire mais productive, qui exploite l'ager, le saltus et la silva ainsi que les ressources offertes par la proximité de l'eau (pêche, roseaux, chanvre) dans une économie facilitée par l’existence de voies de communication praticables. Elle résulte d'une volonté avant tout économique d'exploiter et d'occuper les plaines alluviales (BERGER et BRAVARD 2012, p.279).Néanmoins, le secteur privilégié demeure la frange littorale et son pourtour immédiat (une quinzaine de sites). Comme toujours, il faut également tenir compte de la disparition des constructions de bois et de terre, très forte dans les zones humides et plus encore sur le rivage, où aux effets habituels des variations de niveau et du batillage s'ajoutent ceux du colluvionnement en bas de pente et les grands effondrements du plateau littoral en 1870 (conséquence de la pose de vannes régulatrices à l’exutoire du lac et de la baisse du niveau moyen qui en a résulté) qui ont provoqué la disparition de berges en une quinzaine d'endroits sur une superficie totale de douze hectares. C'est alors que le site médiéval d'Ars, l’ancienne berge de Bilieu et une partie des vestiges antiques du David (10) ont été engloutis (SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE 1875).On observe d’autre part une répartition irrégulière des stations sur le pourtour littoral du lac. Sans doute certaines zones s'avèrent peu favorables à une installation permanente, comme le pied des pentes abruptes qui plongent directement dans le lac, tant en rive droite qu'en rive gauche. Curieusement, c'est le secteur nord-est, encore marécageux jusque dans les années 1970, qui révèle la plus grande concentration de sites alors que d’autres, a priori plus propices, n’en montrent aucun. Ainsi, l’emplacement du village néolithique des Baigneurs à Charavines, au Sud-Ouest du lac, dont la plage était pourtant exondée (le niveau d'eau antique se situant à 1m /2.5m sous la cote actuelle) n’a jamais été réoccupé.Une lecture « sociologique » de la répartition des constructions sur les deux rives est aussi possible par l'observation du mobilier (DECLE et LAURENT 2010 ; DECLE et VERDEL 2011). Certes, les berges n’accueillaient pas de grandes villae comme celles de Chélieu ou de Sermorens. Mais on constate que la rive droite, mieux exposée et protégée des vents du nord et d'ouest comme des effets érosifs de la dynamique lacustre, recelait des habitats plus riches (La Bourgealière, Calatrin) que la rive gauche (La Véronnière) (11).De fait, presque toute la céramique culinaire provient de la rive droite ( Calatrin et Ourcière-CH13), de même que la vaisselle de service en sigillée (La Bourgealière). C’est aussi cette rive qui a livré des fragments de tegulae revêtues d'enduit ocre rouge (Calatrin), une tuile de rive (Calatrin) et une tegula entière de très belle facture (La Bourgealière) (figure 1). Enfin, les sites de Calatrin et de La Bourgealière sont les plus importants fournisseurs de tegulae possédant leur rebord (15 et 12). Ce détail a son importance dans la mesure où il témoigne d’une couverture assurément tégulaire, alors que beaucoup de bâtiments plus modestes devaient être couverts de matières végétales (tuiles de bois, chaume, roseau) (BUSCHENSCHÜTZ 2004, p.359).Même si elle ne se devine qu’à travers des installations qualitativement inégales (et de toute façon subjective), l'attractivité du lac est réelle si l’on en juge d’après le nombre de sites identifiés. En termes de ressources, à la pratique agricole révélée par l'épierrement de Colletière, la récolte et le rouissage du chanvre, il faut ajouter la pêche (pirogue, poids de filet) et sans doute l'exploitation des roselières. En outre, des éléments de confort ou de « luxe », on l'a vu, sont parfois présents en rive droite, ce qui suggère la prise en compte d'une amoenitas vicinitatis aquae, sinon d’une véritable villégiature.
Remarques sur le bâtiLes traces de la fréquentation gallo-romaine sont essentiellement perceptibles à travers la présence de matériel tégulaire : tegulae en fragments (une seule entière, par reconstitution, à La Bourgealière) et d' imbrices (trois entiers, par reconstitution, à La Véronnière). Or les prospections n'ont encore jamais abouti à la collecte d’autres matériaux associés à l’architecture : pieux porteurs, piquets de clayonnage, torchis, briques, pierres. Les masses de galets répandus sur les hauts fonds de manière plus ou moins dispersée sont attribuées, à juste titre, au rouissage, à l'épierrement (encore pratiqué à la fin du XIXe siècle) ou à la pose de frayères lestées, toujours en usage (12).L'absence de matériaux constructifs associés à la présence de tuiles avait amené l'hypothèse d'une architecture de terre et de bois. Dans cette logique, compte tenu de la masse que représente une couverture tégulaire, on a pensé à des bâtiments à structure modulaire de poteaux, bien attestés archéologiquement (13) (BRUNAUX 2005 ; LE BECHENNEC et al. 2009 ; MAGUER 2011 ; CLEMENT 2012), qui ont pu disparaître à la suite de récupérations ultérieures, du pourrissement consécutif à l’alternance de hautes et de basses eaux et dans certains cas à l’affaissement de la beine. Certains fragments de tegulae révèlent des particularités techniques (stries dorsales, rebords à bourrelet rentrant) et, très majoritairement, une morphologie trapézoïdale, qui peut évoquer des pentes de toits plus marquées que les 15 % traditionnellement admis pour les couvertures tégulaires (14), faibles pentes des toitures italiques qui nécessitent davantage de poids et inadaptées au climat transalpin plus humide, aux vents forts et au poids de la neige accumulée (15) (GUT 1998. DECLE et VERDEL 2007, 2011, 2012).Cette adaptation suppose par ailleurs une répartition des masses de la couverture différente : avec une pente plus importante, au lieu de porter en flexion sur les poutres de la charpente, la masse tégulaire se répartit sur les poteaux porteurs via des sablières et des entraits pour déborder largement des murs gouttereaux (16) (PHALIP 2004). Pour équilibrer les forces, une telle structure implique des toitures à deux (17) (ADAM 1984) voire à quatre pans (18).Quelques tuiles confirment ce point de vue : un imbrex de fortes dimensions à La Véronnière, interprétable comme tuile faîtière (ce qui suggère une double pente); un imbrex plié longitudinalement en angle droit et à extrémité taillée sur un côté en demi angle droit (figure 2), identifiée comme une tuile de rive; au moins deux imbrices taillés symétriquement en pointe dans leur extrémité resserrée (Grands Roseaux et Calatrin) (figure 3), utilisables en tuiles d'arêtier sommitales pour une couverture à trois (en croupe) ou à quatre pans. Les angles des découpes de ces dernières semblent indiquer des pentes de l'ordre de 40° à 50°, valeurs approchant celles des toitures gauloises à couverture végétale et de celles observées pour des couvertures tégulaires médiévales. Ces bâtiments à plusieurs pentes auraient pu avoir conservé visuellement leur forme globale traditionnelle en Gaule , telle que l'évoque VITRUVE ( De Architectura, II, 1, 3 et 4 ) ( DECLE et VERDEL 2011). Sans doute, aucun bâtiment n'a été identifié. Mais la technologie de la couverture tégulaire est là, avec ses éléments de céramique architecturale spécialisés (tuile d'arêtier, tuile de rive, tuile faîtière). On ajoutera que les savoir-faire et les recherches d'amélioration technique ne concernent pas uniquement les charpentes et les couvertures, mais aussi la fabrication des tuiles qu'atteste la présence de chamotte dans la pâte de deux fragments de tegulae du Guillermet . Enfin cinq fragments de tegulae trouvés à Calatrin portent encore les traces d'un enduit ocre-rouge qui indique que le souci esthétique n'était pas absent des préoccupations des bâtisseurs antiques et qu'ils avaient les moyens de le satisfaire (19).  
Le mobilierLe mobilier est constitué de quelques monnaies et perles de verre (trouvées en contexte médiéval), de quelques fragments épars d'amphores, de verre, de céramique commune claire ou sombre, parfois même de sigillée, mais peu abondante et souvent très fragmentée (MOYNE 1993, p.187-188). Ces objets sont couramment rencontrés sur les sites de cette période en pays allobroge. Moins banals, dans ce contexte faiblement documenté, on prêtera une attention particulière, pour leur valeur informative, à l'intaille épigraphe en verre bleu récolté sur l'habitat médiéval de Colletière, à une statuette du dieu Sucellus découverte en 1942 à La Bourgealière et à l'inscription de Longpra.L'intaille de ColletièreTrouvée à Colletière comme objet de récupération gallo-romain, parmi d'autres, et donc hors contexte (cf. supra), cette intaille en verre bleu, ovale, sans ornementation au revers, provient d'un anneau sigillaire. Comme un très grand nombre de pâtes de verre romaines, l'exemplaire imite le nicolo (20), et sujet et inscription, réalisés en creux, se détachent, bleu foncé, sur la couche superficielle, bleu clair (GUIRAUD 1974). Le décor représente une Victoire ailée, traitée debout sur un globe, de profil et en mouvement, tenant dans sa main droite une palme et brandissant de sa main gauche une couronne de laurier. On peut lire une inscription rétrograde SAB.M.VP, qui livre le nom du propriétaire et sa filiation (21) : Sabinus, fils de Marcus, et la formule Victoria Perpetua. L'objet est daté du IIe-IIIe siècles (MOYNE 1993, p.188 pour la description).Il s'agit d'un objet personnel, à la fois de prestige et fonctionnel, dans une version en verre nettement moins prestigieuse que la pierre qu’elle imite (22) (GUIRAUD 1974). Fixé en chaton sur un anneau, il servait de sceau et atteste clairement d'un privilège lié à des actes d'écriture, peut-être à des responsabilités, probablement à une reconnaissance sociale.La figuration de Victoria Perpetua (VP) ailée, empruntée au répertoire iconographique du monnayage, est banale dans la glyptique romaine et dans cette composition stylistique, pour toute la période impériale, particulièrement sous les Flaviens (dernier quart du Ier siècle) et de nouveau aux IIIe et IVe siècles (CADOUX 1979, pp.244-246). En outre, les intailles de ce type sont souvent trouvées sur des sites militaires, particulièrement en Germanie et dans les régions rhénanes de la Gaule (GUIRAUD 1995, p.382, notes 108 et 109).L'idionyme abrégé, SAB pour Sabinus (ou Sabinius) est un gentilice tiré d'un surnom d'origine italienne, épigraphiquement très courant en Narbonnaise et attesté neuf fois en Viennoise où il désigne notamment un potier du vicus d’Aoste tout proche et un soldat. Chronologiquement, ces Sabinus sont dans une fourchette centrée sur le IIe siècle (REMY 2001, p.164). Inventés à partir d'un cognomen individuel promu au rang de patronyme, ces gentilices concernent majoritairement des militaires en Lyonnaise voisine.De plus, on sait que le système de dénomination indigène consistait en un nom unique (d'origine gauloise) suivi d'un génitif ou plus rarement d'un adjectif de filiation, mais il s'est trouvé modifié par la vogue du cognomen latin qui l'aurait emporté très tôt sur le surnom celtique (CHRISTOL 2010, p.222-224). L'analyse onomastique induit ainsi l'hypothèse d'une personne d'origine gauloise, au passé militaire, ayant pu vivre au IIème siècle (voir pour l’ensemble LE GLAY 1977, p.271 et 273) .Enfin, la nomination par les duo nomina désigne son statut juridique de pérégrin, dont relevaient les hommes libres mais non citoyens, dans une cité de droit latin, où ils étaient considérés comme étrangers tout en y habitant et en en étant originaires (CHASTAGNOL 1990, p.576 et 583-584;
CHASTAGNOL 1995, p.125 ; REMY 2001, p.99). La moitié des documents relatifs aux pérégrins date de la première moitié du premier siècle, probablement même de la période qui a précédé Claude, où Vienne avait seulement le statut de colonie de droit latin (REMY 2001, p.99). Mais ce statut personnel a pu perdurer, à travers les descendants (LE GLAY 1977, p.275), jusqu'à l'Édit de Caracalla (en 212) étendant la citoyenneté romaine à tout homme libre de l'Empire.La présence d'un tel personnage, pérégrin peut-être d'origine indigène et au passé militaire, en tout cas détenteur d'une autorité ou d'un pouvoir décisionnaire, mais de rang politique subalterne (il n'est pas citoyen romain) et socialement modeste (son sceau est en pâte de verre), relèverait d'un statut cohérent avec les vestiges et le mobilier de l'habitat de la Bourgealière. En outre elle témoignerait, autour du lac de Paladru, d'une hiérarchie économique et sociale déjà envisageable par les divers vestiges de bâtis, leur emplacement, la différence quantitative et qualitative de leur mobilier céramique. SucellusTrouvée en 1942 sur le site de La Bourgealière, cette statuette de bronze (hauteur : 7.5 cm) des IIe – IIIe siècles est le seul artefact religieux disponible pour tout le littoral du lac de Paladru. Malgré l'absence de ses attributs traditionnels, le maillet et l'olla disparus mais perceptibles par la position des deux bras, sa posture, ses vêtements à la gauloise (une sorte de blouse courte, ajustée et serrée à la taille par une ceinture , braies collantes, bottines), son visage barbu et moustachu, l'ont incontestablement identifié comme une représentation du dieu Sucellus (23) (TOUTAIN 1967.p.225 et 236 ; LAVAGNE 1993.p.313). Typiquement gaulois mais marqué de syncrétisme romain et connu dans la période gallo-romaine seule, il a été totalement assimilé au Silvain de l'Italie et de la Narbonnaise méridionale. Son importance en Gaule dans ses deux figurations confondues, mesurée en nombre d'artefacts divers (LAVAGNE 1979, p.179 ; BOUCHER 1976, p.67), lui fait occuper la troisième place en Narbonnaise après les dieux majeurs. Cette popularité s'explique sans doute par le caractère polymorphe de ses représentations, de ses attributs et la polyvalence de ses fonctions, variables suivant les régions et les époques, et déterminées par la demande religieuse des fidèles (HATT 2005, p.16) (24). Sa présence, qui pourrait donc passer pour banale à La Bourgealière comme sur tout site rural transalpin, apporte quelques possibles éléments d'information d'ordre religieux et sociologique sur ses habitants.Parmi toutes les figurations, les assimilations et les attributions proposées par la littérature archéologique et quelquefois difficiles à discerner, il semble que le Sucellus de La Bourgealière, pourvu de ses seuls attributs traditionnels, l'olla et le maillet,  occupe ici la place pour y remplir sa fonction originelle. Divinité sylvestre et agraire au sens large, il assure auprès d'une population agricole en zone campagnarde écartée, dans un environnement forestier et une ambiance lacustre, la double fonction de nourricier et de protecteur.C'est très vraisemblablement du culte laraire, familial et domestique dont relève la statuette de Sucellus, sollicité comme génie tutélaire. C'est ce que semble induire la petite taille de l'objet et sa facture évoquant une production de grande série. Placés, comme il s'en est trouvé à Pompéi, dans une petite niche ou un édicule à l'intérieur ou l'extérieur de l'habitation, les Lares familiares et les génies domestiques qui les entourent protègent la familia, l'ensemble de la maisonnée, esclaves compris, dont ils assurent la pérennité (DUBOURDIEU 2005, p.1230 ; VAN ANDRINGA 2009. p. .)652La statuette révèle ainsi à la fois la fonction permanente d'habitat du site et l'enracinement local d'un
groupe humain. Par ailleurs, le dieu Sucellus, fondamentalement gaulois, et la pratique cultuelle laraire, liée à « la sacralisation de la maison comme univers de la famille » (BRUNAUX 2000, p.121) , d'origine italique et inconnue dans le monde celtique avant la conquête, témoignent dans un territoire rural pourtant peu peuplé, du caractère fortement syncrétique des représentations et des pratiques religieuses domestiques. Enfin, on notera que dans son aire de diffusion, qui s'étend jusqu'en Rhénanie (CHASSAING 1986, p.15), le dieu était particulièrement honoré par les militaires (TOUTAIN 1967, p. 262-263). Le rapprochement avec la Victoria Perpetua figurée sur l'intaille sigillaire conforte l'hypothèse selon laquelle La Bourgealière serait la source du mobilier gallo-romain trouvé à Colletière et identifierait Sabinus, son propriétaire, comme un personnage assurant une fonction liée cet habitat.L'inscription de LongpraOutre la statuette de Sucellus, un autre aspect de la vie religieuse rurale (publique cette fois) est révélé par l'inscription lapidaire de Longpra (Saint-Geoire-en-Valdaine). Située hors contexte dans une vallée adjacente au lac, elle commémore la chute de la foudre. Elle comporte trois mots : Divum/fulgur/conditum : [lieu où] la foudre divine [de Jupiter] est passée (BUISSON, 1990) (Ier-IIe siècle). Elle révèle la pratique d'un rituel accompli sur le lieu précis où la foudre a frappé, ici la foudre diurne. Les traces de son passage étaient enfouies sous un petit tertre déclaré sacré et recouvertes par la pierre (25). Pratiqué aussi en Italie (Pompéi, Rome) de manière très semblable, étrangement, il n'est connu en Gaule qu'en Narbonnaise principalement, et particulièrement dans la cité de Vienne (REMY et BUISSON, 1992, pp.83-104). L’existence locale d'un tel rite pourrait donc être liée à un apport de population italique.Un terroir ouvertCes sites, dont certains étaient assurément des habitats (La Bourgealière, Calatrin), d'autres sans doute des installations fonctionnelles (La Véronnière), participent nécessairement à une organisation de l'espace et de l'échange, à la fois entre eux, qui partagent un espace singulier (une frange littorale lacustre au pied de hautes collines) et par rapport à un espace économique plus large dont ils sont peut-être une émanation.C’est ce dont témoignent la pirogue 3 de Paladru, avec ses caractéristiques hydrostatiques répondant à une double fonction de pêche et de transport (RIETH 2005), l'existence d'une hiérarchie des sites pressentie par leur « richesse » en céramique et leur emplacement) ainsi que l'interprétation (plus conjecturale, il est vrai) de l’existence d'un personnage détenteur d'une autorité (Sabinus).Par ailleurs, ce territoire écarté s’inscrit dans le monde économique comme le montrent les quelques monnaies, les pâtes de verre, les céramiques (diverses dans leurs types et leurs emplois, notamment celle d'importation orangée du Guillermet), des fragments d'amphores comme récipients de transport et les savoir-faire impliqués par les couvertures tégulaires. Plus précisément, on relèvera les circulations de proximité inférées par les fragments de céramique commune sombre, dite allobroge, portant les marque de Noster (en provenance d'Aoste) ou de Vallo (d'Aoste ou de Bourgoin) (DANGREAUX 2001 ; CANTIN et al.2009.p.303) (26). Dans le domaine religieux, on notera aussi les marqueurs culturels exogènes fonctionnant en prolongement de données économiques et sociales dont on ne sait rien, le culte laraire et le rite d'enfouissement de la foudre.On voit donc que dans ce territoire, les sites révèlent l'existence d'échanges et de circulation de biens et de traits culturels comme cela peut être constaté à des échelles plus importantes sur l'ensemble de la Gaule romanisée. Leur modestie doit être mise en rapport avec un faible peuplement, non à un isolement géographique.
Un réseau « polarisé » ?Certes, il est aléatoire d'identifier l'usage des constructions non dévolues à l'habitat et d'évaluer l'importance territoriale de sites uniquement connus par leur matériel tégulaire et un peu de céramique. De même, il est très délicat de mesurer l'impact environnemental de l'exploitation sur le pourtour du lac, dont on ne repère que les traces ténues (cf. supra). Mais une telle situation, qui concerne bien d'autres terroirs pour l'époque considérée (FERDIERE 2006), ne dispense pas de proposer une estimation de l'importance du peuplement (27) selon un schéma de réseau polarisé (28) (LEVEAU repris par VARENNES 2012). Dans cette optique, on pourrait considérer les sites les plus pauvres en matériel (ceux de la rive gauche du lac en général, La Véronnière ou Le Guillermet) comme faisant partie de la pars rustica des habitats mieux pourvus de La Bourgealière et peut-être de Calatrin. Ces derniers, à leur tour, se trouveraient dans un même rapport de dépendance, mais pour d’autres fonctions (gestion, surveillance des premiers, par exemple), avec des villae distantes d’une dizaine de kilomètres : Sermorens près de Voiron, Chélieu dans la vallée de la Bourbre et, dans une moindre mesure, Massieu dans le val d’Ainan, qui seraient alors les centres de décision (29). La permanence de l’occupation des villae de Sermorens et de Chélieu, qui dure jusqu’au IXe siècle, plaide en faveur de leur caractère « éminent ».Encore faut-il tenir compte d'une évolution chronologique de ces habitats et de leur fonctionnement en réseau. L'ensemble des matériels ou des traits culturels pour lesquels une datation peut être proposée (monnaies, pirogue, tas d'épierrement, céramique commune sombre, céramique sigillée, fragment de lèvre d'amphore Dressel IA de La Bourgealière, intaille, statuette de Sucellus, tegula complète de La Bourgealière, onomastique), se superposent à l'intérieur des limites des IIe et IIIe siècles, période climatiquement « favorable » au cours de laquelle pourrait se situer le pic d'occupation.Localement, une déprise démographique (sinon un abandon total) paraît s'amorcer vers la fin de l’Antiquité. Elle fait écho à la péjoration climatique identifiée dans certaines régions de la Narbonnaise par l’augmentation des phénomènes érosifs affectant les versants et produisant « des matières en suspension dans les cours d'eau » (BERGER et BRAVARD, 2012, p. 285). Mais ce retrait est aussi la conséquence « d'une gestion productiviste et incontrôlée de l'espace agraire »  et d’une réorganisation de la production agricole résultant d'une crise du modèle socio-économique né de la conquête et du modèle colonial. Ces rétractations « peuvent être interprétées comme le résultat d'un processus de concentration foncière autour de grands domaines, par exemple, ou au sein même d'un domaine rural, d'une restructuration du fundus liée à l'évolution des modes culturales. » (VARENNES 2010, p.17). ConclusionLe peuplement gallo-romain autour du lac de Paladru prend place entre la citation de Strabon (Géographie, IV, 1, 11.) (30) sur les Allobroges, passant des activités de prédation (la guerre, les tributs) à des activités de production (agriculture), dont la réalisation a fini par s'étendre aux recoins écartés du territoire , et la lettre de Sidoine Apollinaire (Ep. I, V, 2.) (31), qui évoque vers 470 ses nombreux amis l'hébergeant dans leurs demeures, sans doute luxueuses, entre Rhône et Alpes, où semblent s'être alors concentrées la production et la richesse (Domaine du Vernai, à Saint-Romain-de-Jalionas, par exemple).A en juger par les sites et leur matériel, ce qui caractériserait la période antique dans le terroir de Paladru, c'est la banalité. Banalité gallo-romaine, pourrait-on dire, car on y a découvert ce que livrent partout ailleurs les prospections et les fouilles pour la même période. La particularité de ce
terroir tient donc davantage à sa situation de zone circumlacustre, à la fois proche des grandes voies de communication internationales mais à l’écart, dans un pays allobroge précocement sous influence romaine et conquis.Il porte également la trace de son insertion (différée dans le temps par rapport aux centres urbains) dans les grands mouvements économiques de l’époque, confirmant, pour le Haut-Empire, le caractère général de l'exploitation des terres conquises, y compris dans les campagnes peu habitées (OUZOULIAS 2010, p.210). Il atteste d’autre part la baisse démographique des zones écartées, consécutive à la réorganisation de la production et du foncier amorcée en fin du Haut-Empire. Enfin il témoigne du syncrétisme culturel et religieux et de la capacité d'assimilation qui ont accompagné l'expansion territoriale de l'Empire romain.setoN  * VARRON, De re rustica / Économie rurale. Livre III, 2, 9. Texte établi, traduit et commenté par Charles GUIRAUD. Les Belles Lettres, Paris, 1997.1- La fouille du site néolithique des Baigneurs dirigée par A. Bocquet n'a montré aucune trace de constructions postérieures à la Préhistoire. « Il faut attendre l'époque gallo-romaine pour voir une implantation permanente autour de Charavines avec divers objets dont une statuette et une pirogue cassée trouvée au large du site des Baigneurs. » BOCQUET A. - Les oubliés du lac de Paladru. DVD . Ed. Fontaine de Siloé, Montmélian, vol.9, p.14.  2- A la lecture des auteurs antiques, la géographie, la chronologie et les circonstances des batailles qui, dans le dernier quart du IIe siècle av. J.-C., ont abouti à la soumission des Allobroges sont parfois confuses. Voir à ce sujet l'article de M. TARPIN - Les Allobroges dans l'histoire, dans Les Allobroges Gaulois et Romains du Rhône aux Alpes, In folio 2002, pp. 88-98. Pour la reconstitution de la chaîne événementielle, voir notamment BARRUOL 1999 (pp. 167-171) et PELLETIER A. 2001 (p. 11-12).  3- On désignera par droite et gauche, les rives ouest et est du lac, compte-tenu du sens de son écoulement en direction de l’exutoire au-delà duquel l'eau qui en sort devient la Fure. Ce faisant, on reprend la terminologie adoptée par l'un des frères Tercinet, propriétaires de la moitié du lac en 1870, dans une lettre de cette même année où il est question de l'effondrement des berges : « (…) Quand les pluies sont devenues abondantes fin Octobre et courant Novembre les nombreux effondrements ont eu lieu sur la rive gauche emportant etc (...) ». Pour les effets du courant, voir BOCQUET : « Les pollens recueillis dans les carottes extraites des sédiments lacustres, sous le site, résultent des apports des eaux de tous les affluents du bassin versant, soit principalement deux ruisseaux : le Chantabot du côté ouest et le Courbon du côté de Montferrat, qui draine une petite plaine fertile. Ces eaux apporteront les pollens jusqu'à Charavines avec l'aide du vent du nord, fort et fréquent. In : BOCQUET 2012. BOCQUET A. - Les oubliés du lac de Paladru. Livre et DVD. Ed. Fontaine de Siloé, Montmélian, 2012. Vol.4, p.18.4- Pour tout ce développement on reprend la démarche suivie par G.BARRUOL et préconisée par DAUZAT que cite BARRUOL 1999 : « Prêtant main forte à la géographie humaine, a écrit A. Dauzat [Toponymie française, 1939, p.39], la toponymie doit aider à reconstituer l'histoire du peuplement et de la mise en valeur du sol : en face de l'absence ou de la pénurie de témoignages historiques, les noms de lieux constituent , lorsqu'on sait les faire parler, des témoins authentiques et irrécusables qui permettent, sinon de dater, du moins de jalonner dans le temps la fondation des établissements humains. » (p.135). Intérêt et limites : « Les noms de peuplades, de lieux, de
rivières, de montagnes et d'hommes se sont transformés, ont évolué, ont pu s'altérer, mais ils demeurent. Les linguistes eux-mêmes connaissent les limites de leur science et savent qu'elle exige une grande prudence : elle est cependant un moyen de prospection parmi d'autres, qui pourrait confirmer les hypothèses vérifiées par d'autres voies. » ( p.145-146) ( BARRUOL G.- Les peuples préromains du Sud-Est de la Gaule. Étude de géographie historique. Revue archéologique de Narbonnaise, Supplément 1. Éd. De Boccard. Paris, 1999).5- Le nom de Charavines est attesté au XVe  ( parrochia Charavinarum). De formation composite à partir du thème gallo-ligure car-av- (de la base *car-, pierre, et suffixe gaulois -avum) et suffixe latin -inum ( DAUZAT ROSTAING 1963 p.174). Les auteurs précisent que « la localité est dans un défilé à la sortie du lac de Paladru. » 6- La Fure ( Fura 976 ; au cas régime : Furans 1290 / Furand 1388 ), à rapprocher de Foron, est issu d'un type pré-celtique For- , le gaulois ignorant le f  initial. Il s'agit d'un nom générique de cours d'eau ( DAUZAT DESLANDES ROSTAING 1978).7- Pour tous ces aspects toponymiques, on s'est référé principalement à DAUZAT 1960, DAUZAT et ROSTAING 1963 ; accessoirement à BILLY 1981 , BAYLON et FABRE 1982 ; à DAUZAT DESLANDES ROSTAING 1978 pour les hydronymes .  8- Intérêt et limites chez BARRUOL : « Les noms de peuplades, de lieux, de rivières, de montagnes et d'hommes se sont transformés, ont évolué, ont pu s'altérer, mais ils demeurent. Les linguistes eux-mêmes connaissent les limites de leur science et savent qu'elle exige une grande prudence : elle est cependant un moyen de prospection parmi d'autres, qui pourrait confirmer les hypothèses vérifiées par d'autres voies. » ( BARRUOL 1999. p.145-146). Mise au point de ST. GENDRON, Les noms de domaines gallo-romains. In : L’Archéologue n° 122, octobre-novembre 2012, p.68-69.9- « Colonica in Glisione prope Arcia », dans le Testament d'Abbon en 739.10- « On a trouvé dans l'importante corrosion n° 3 [Le David], six grandes et fortes tuiles anciennes, dont quelques-unes étaient encore entières, avant l'éboulement, elles étaient enfouies sous plus de 3 m de hauteur de terre, et se trouvaient engagés dans le talus, au-dessus d'un sol non remué , un peu en contrehaut des basses eaux d'alors (cote 498 m environ). » SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE, Rapport d'experts [sur les éboulements du lac de Paladru].Carton n° 5, dossier n° 2, liasse n° 3, pièce n ° 7, 1875. p. 31-32.11- Si l'on ne considère que l'emplacement et le mobilier, La Bourgealière pourrait s'approcher de la classe B3 de la typologie de DOUSTEYSSIER et al. : habitat révélant un mode de vie à la romaine bien intégré, mais qui ne peut être identifié à une villa, faute d'hypocauste et de mosaïque notamment ; Le Guillermet, de la classe C, comme bâtiment sans trace de confort, de luxe ou de souci esthétique ; La Véronnière, de la classe F, comme site peu documenté, bien renseigné au point de vue géographique, mais non caractérisé du point de vue de la surface, de la chronologie ni de la fonction. Voir DOUSTEYSSIER B., SEGARD M.et TREMENT F. - Les villae gallo-romaines dans le territoire proche d'Augustonometum-Clermont-Ferrand. Approche critique de la documentation archéologique. Revue Archéologique du Centre de la France, Tome 43, 2004, p. 123 .qs12- Attestés historiquement. Voir SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE 1875. SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE Rapport d'experts [sur les éboulements du lac de Paladru].Carton n° 5, dossier n° 2, liasse n° 3, pièce n ° 7, 1875.
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