Marché unique et développement des échanges
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Marché unique et développement des échanges

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Contrairement à la théorie classique du commerce international, la première vague d'intégration européenne ne s'est pas traduite par un développement du commerce inter-branche reflétant une spécialisation accrue des pays membres dans des produits pour lesquels ils détenaient un avantage comparatif. En revanche, le développement du commerce intra-branche reflète davantage une spécialisation des producteurs eux-mêmes que des différents pays. Il a concerné davantage le commerce croisé de produits différenciés par leur qualité que le commerce croisé de produits similaires. Ainsi les échanges intra-européens se caractérisent-ils par l'importance d'un commerce croisé faisant une large place aux échanges de qualité. Ces mécanismes se sont accompagnés d'une spécialisation des pays membres dans telle ou telle gamme de qualité (bas de gamme, gamme moyenne, haut de gamme), cela pour chaque produit concerné par les échanges. Dans la perspective de cette nouvelle division du travail au sein du Marché unique, l'Espagne et dans une moindre mesure le Portugal, semblent avoir réussi leur intégration aux échanges intra-communautaires, au contraire de la Grèce. L'intégration plus marquée des pays membres du noyau dur (membres originels) repose sur des échanges bilatéraux intra-branche intenses. Les pays du Nord se caractérisent par la place importante des produits haut de gamme dans leurs exportations, et contrastent ainsi avec les pays du Sud spécialisés au contraire dans le bas de gamme. Si dans sa globalité, l'Union européenne est spécialisée dans le haut de gamme, elle ne doit cette performance qu'à quelques-uns de ses membres au premier rang desquels l'Allemagne et la France dont les profils de spécialisation déterminent celui de l'ensemble européen.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

ÉCHANGES EXTÉRIEURS
Marché unique et
développement des échanges
Lionel
Contrairement à la théorie classique du commerce international, la premièreFontagné
vague d’intégration européenne ne s’est pas traduite par un développementet Michael
du commerce inter-branche reflétant une spécialisation accrue des pays membresFreudenberg*
dans des produits pour lesquels ils détenaient un avantage comparatif.
En revanche, le développement du commerce intra-branche reflète davantage
une spécialisation des producteurs eux-mêmes que des différents pays. Il a
concerné davantage le commerce croisé de produits différenciés par leur qualité
que le commerce croisé de produits similaires.
Ainsi les échanges intra-européens se caractérisent-ils par l’importance d’un
commerce croisé faisant une large place aux échanges de qualité. Ces mécanismes
se sont accompagnés d’une spécialisation des pays membres dans telle ou telle
gamme de qualité (bas de gamme, gamme moyenne, haut de gamme), cela pour
chaque produit concerné par les échanges. Dans la perspective de cette nouvelle
division du travail au sein du Marché unique, l’Espagne et dans une moindre
mesure le Portugal, semblent avoir réussi leur intégration aux échanges
intra-communautaires, au contraire de la Grèce. L’intégration plus marquée
des pays membres du noyau dur (membres originels) repose sur des échanges
bilatéraux intra-branche intenses.
Les pays du Nord se caractérisent par la place importante des produits haut
de gamme dans leurs exportations, et contrastent ainsi avec les pays du Sud
spécialisés au contraire dans le bas de gamme.
Si, dans sa globalité, l’Union européenne est spécialisée dans le haut de gamme,
elle ne doit cette performance qu’à quelques-uns de ses membres au premier rang
desquels l’Allemagne et la France, dont les profils de spécialisation déterminent
celui de l’ensemble européen.
*Lionel Fontagné est
professeur à l’Université
près avoir mis en place le marché unique qu’une telle intégration risque de creuser lesParis 1 (TEAM-CNRS)
et conseiller scientifique Aeuropéen, l’Union européenne franchit disparités entre pays membres. En particulier,
au Cepii ; avec la monnaie unique une nouvelle étape de
Michael Freudenberg est
erson intégration. De nouveau, comme dans leséconomiste à l’OCDE. 1. L’Acte unique européen, entré en vigueur le 1 juillet 1987,
années 50 lors de la mise en place du marché contient les premières modifications du Traité de Rome depuis
Les noms et dates entre son adoption en 1957. Portant notamment sur des dispositionscommun, ou comme dans les années 80 lors des
parenthèses renvoient à institutionnelles (vote majoritaire pour certaines décisions
discussions de l’Acte unique européen (1), cer-la bibliographie en fin relatives au marché intérieur), l’Acte unique a constitué à la fois
d’article. taines voix se font entendre pour souligner le cadre juridique et l’impulsion politique du marché unique.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 326-327 1999 - 6/7 31d’éventuels chocs asymétriques, liés à des dif- échanges à partir duquel on considère qu’il
férences de spécialisation des pays, ne pourront s’agit de flux croisés, ici 10 %.
plus être résorbés par une variation du change
au sein de la zone euro. Dans ce contexte, il
La spécialisation par gamme de qualitén’est sans doute pas inutile de s’interroger
sur la nature des échanges entre les pays mem- risque d’accroître la divergence
bres de l’Union européenne et sur leur spéciali- des économies
sation selon les produits et leur gamme de
qualité. La première vague d’intégration européenne,
qui a suivi la création du marché commun à la
Les statistiques d’échanges bilatéraux de 1980 fin des années 50, a pris en défaut les théories
à 1996 pour quelque 10 000 produits, compilées classiques du commerce international. Même si
par Eurostat, fournissent l’information nécessaire cette ouverture des marchés s’est accompagnée
moyennant quelques ajustements statistiques. comme prévu d’une forte croissance des échanges
Les échanges peuvent être décomposés en trois intra-communautaires, elle n’a pas pour autant
types de commerce : commerce croisé de produits entraîné une spécialisation renforcée des
similaires (échanges de variétés), commerce pays membres. Au contraire, dès les années 60,
croisé de produits différenciés verticalement des études empiriques ont mis en évidence
(échanges de qualités) et commerce univoque (2) l’émergence et l’importance du commerce intra-
(cf. encadré 1). Par ailleurs, la spécialisation par branche (exportations et importations simultanées
gamme de qualité des pays membres et de à l’intérieur d’une branche donnée) au sein de
l’Union peut être identifiée à partir des écarts à la Communauté européenne.
une valeur unitaire moyenne pour chacun de ces
10 000 produits. Le travail empirique présenté
ici repose sur l’analyse de plusieurs dizaines
de millions de flux bilatéraux. Il repose sur le 2. Un commerce univoque se définit par le non-croisement des
flux d’exportation et d’importation pour un produit donné. Lechoix arbitraire de deux seuils : l’écart des prix
flux minoritaireestnulounégligeable.Lepaysconsidéréexported’importation et d’exportation en deçà duquel
vers un partenaire donné, pour une position donnée de la
on considère que deux produits sont similaires nomenclature, sans importer de ce partenaire, ou
réciproquement.(fixé ici à 15 %), et le seuil de recouvrement des
Encadré 1
LES TROIS TYPES D’ÉCHANGE
Il convient de définir ce qui constitue empiriquement duits sont différenciés verticalement surleplande
un produit, ce que représente la similarité des pro- leur qualité.Afinderemédier à certains problèmes
duits et de fixer un critère de croisement des flux. liés aux déclarations des pays, et susceptibles d’affec-
ter le calcul des valeurs unitaires, une harmonisation
Le produit : un degréélevé de décomposition de la des données est faite au préalable (cf. annexe I).
nomenclature est le meilleur garant d’un travail empirique
à l’abri de l’effet d’agrégation sectoriel (cf. encadré 4). Le croisement des échanges : les échanges rela-
Les données publiées par Eurostat pour les pays tifs à un produit sont croisés lorsque la valeur du
membres de l’Union européenne dans la classifica- flux minoritaire (c’est-à-dire le minimum entre les ex-
tion de la nomenclature combinée (NC) à 8 chiffres portations ou les importations) représente au moins
(et jusqu’à 1987 dans la nomenclature des marchandises 10 % du flux majoritaire. En dessous de ce seuil on
pour les statistiques du commerce extérieur de la parlera de commerce univoque, y compris pour le
communauté et du commerce entre ses états membres flux minoritaire – lorsqu’il existe.
NIMEXE à 6 chiffres) représentent quelque 10 000
postes suffisamment détaillés pour distinguer les produits Les trois typesdecommerce: à chaque transac-
par leurs caractéristiques techniques principales. tion élémentaire (pays, partenaire, produit,
exportations ou importations, année) sont appliqués
La similarité des produits : même au niveau le plus les deux critères de similarité des produits et de croi-
détaillé de la nomenclature, les produits peuvent se sement des échanges. Il convient évidemment de
distinguer nettement par leur qualité. Les produits fixer un seuil minimal de prise en compte de ces
échangés sont considérés comme similaires si les échanges (cf. annexe II). Cette méthode permet ain-
valeurs unitaires à l’exportation et à l’importation dif- si de décomposer l’ensemble du commerce en
fèrent de moins de 15 %. Dans cette hypothèse, les différents types, exportations et importations faisant
seules différences sont des différences de variétés toujours partie du même type : commerce univoque,
(différenciation horizontale). Dans le cas contraire, commerce croisé de produits similaires ou com-
et pour une même variété, on considère que les pro- merce croisé de produits différenciésverticalement.
32 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 326-327, 1999 - 6/7Apparue à la fin des années 70, la nouvelle d’ajustement liés au déplacement des res-
théorie du commerce international a remis en sources entre branches à l’intérieur de ces

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents