Mieux appréhender le climat conjoncturel de la zone euro
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mieux appréhender le climat conjoncturel de la zone euro

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le climat des affaires de la zone euro est caractérisé par l'existence de chocs asymétriques et de décalages conjoncturels qui viennent perturber la lecture de la conjoncture commune. Le modèle présenté ici tient compte explicitement de cette contrainte. Il produit de façon cohérente et simultanée un indicateur synthétique de la conjoncture commune et un jeu d'indicateurs de décalage conjoncturel pour les principaux pays de la zone euro. Du second choc pétrolier au ralentissement américain de 2001, ce modèle offre donc une grille de lecture rétrospective du cycle européen sur les vingt dernières années. Se greffant sur cette conjoncture commune de la zone euro, considérée comme une entité économique à part entière, l'analyse des conjonctures nationales spécifiques vient alors enrichir le diagnostic. Le caractère plus laborieux de la désinflation des années 1980 dans les pays « latins », puis les conflits d'intérêts et les divergences qui accompagnent les crises du SME dans les années 1990 sont ainsi nettement illustrés par les indicateurs de décalage conjoncturel. La lecture de ces indicateurs en temps réels permet enfin, sur la période récente, d'apprécier les positions cycliques relatives des différents pays au sein de la zone euro.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

13
CONJONCTURE
Mieux appréhender le climat
conjoncturel de la zone euro
Fabrice Lenglart et Fabien Toutlemonde*
Le climat des affaires de la zone euro est caractérisé par l’existence de chocs
asymétriques et de décalages conjoncturels qui viennent perturber la lecture de la
conjoncture commune. Le modèle présenté ici tient compte explicitement de cette
contrainte. Il produit de façon cohérente et simultanée un indicateur synthétique de la
conjoncture commune et un jeu d’indicateurs de décalage conjoncturel pour les
principaux pays de la zone euro.
Du second choc pétrolier au ralentissement américain de 2001, ce modèle offre donc une
grille de lecture rétrospective du cycle européen sur les vingt dernières années. Se
greffant sur cette conjoncture commune de la zone euro, considérée comme une entité
économique à part entière, l’analyse des conjonctures nationales spécifiques vient alors
enrichir le diagnostic. Le caractère plus laborieux de la désinflation des années 1980
dans les pays « latins », puis les conflits d’intérêts et les divergences qui accompagnent
les crises du SME dans les années 1990 sont ainsi nettement illustrés par les indicateurs
de décalage conjoncturel. La lecture de ces indicateurs en temps réels permet enfin, sur
la période récente, d’apprécier les positions cycliques relatives des différents pays au
sein de la zone euro.
* Au moment de la rédaction de cet article, Fabrice Lenglart et Fabien Toutlemonde appartenaient à la division Synthèse conjoncturelle
de l’Insee.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 359-360, 2002 69e suivi conjoncturel de la zone euro est par- des enquêtes européennes de conjoncture. La
fois rendu difficile par la multiplicité et la Commission européenne fait porter cette ana-L
superposition d’indicateurs nationaux. Pourtant, lyse sur des soldes agrégés au niveau européen,
depuis la fin des années 1980 semble se dessiner dégageant ainsi une conjoncture agrégée.
une conjoncture commune à l’ensemble des Celle-ci tient implicitement compte des mou-
pays de la zone euro, sans doute du fait de la plus vements spécifiques à chaque pays qui sont
grande synchronisation des politiques économi- suffisamment importants pour affecter les chif-
ques et de la mise en place du marché unique. Ce fres macro-économiques de la zone. À
constat empirique conduit à construire des indi- l’inverse, l’Insee s’intéresse à la conjoncture
cateurs synthétiques d’activité directement pour commune et cherche à utiliser au mieux toute
l’ensemble de la zone, destinés à capter les fluc- l’information nationale pour décrire le cycle
tuations du climat conjoncturel commun. commun, en travaillant directement sur tous
les soldes d’opinion de tous les pays sans agré-
L’Insee a ainsi retenu une méthodologie, l’ana- gation préalable.
lyse factorielle (1), qui cherche à identifier la
tendance commune à tous les soldes d’opinion
des enquêtes de conjoncture des principaux pays Conjoncture commune et conjoncture
de la zone. La Commission européenne publie agrégée (1)
un indicateur similaire, mais fondé sur des sol-
des d’opinion préalablement agrégés pour la
Dans la perspective d’effectuer un diagnostic
zone euro. Des divergences entre ces deux indi-
conjoncturel pour la zone euro considérée direc-
cateurs ressortent de leur confrontation. Ces
tement dans son ensemble, les services de la
divergences révèlent en fait que le modèle statis-
Commission européenne construisent chaque
tique sous-jacent, commun à la construction des
mois par agrégation une « enquête zone euro » à
deux indicateurs, est trop simplifié : celui-ci
l’aide des enquêtes de conjoncture nationales
consiste à décomposer chaque solde d’opinion
harmonisées, en utilisant pour pondération la
en une composante commune (le facteur com-
part dans la valeur ajoutée industrielle de cha-
mun zone euro) et une composante spécifique,
que pays considéré : cinq soldes d’opinion sont
indépendante de la première ainsi que des com-
ainsi construits. Cette façon de procéder vise àposantes spécifiques des autres soldes.
s’approcher de la logique d’agrégation, à l’inté-
rieur d’un même pays, des données individuel-L’existence d’écarts de conjoncture entre pays
les. De ces cinq soldes est alors extrait par ana-peut en effet conduire, lors de l’estimation du
lyse factorielle un facteur commun, identifiéclimat conjoncturel de la zone euro, à des résul-
comme l’indicateur de climat des affaires de latats différents suivant que l’on travaille sur des
zone euro dans l’industrie (Business Climatesoldes d’opinion agrégés ou que l’on conserve
Indicator for the Euro Area (BCI)) (2). La logi-l’ensemble des soldes d’opinion des enquêtes
que qui sous-tend la construction de cet indica-des principaux pays. Pour remédier à ce pro-
teur est celle qui consiste à identifier une con-blème, on a recours dans cet article à un modèle
joncture agrégée.dont la spécification, plus complexe, tient
compte explicitement de l’existence de chocs
La méthode retenue par la Commission euro-spécifiques à chacun des pays. Ce modèle per-
péenne pour construire les données soulève unemet d’enrichir la grille de lecture des enquêtes
objection : elle conduit de fait à négliger unede conjoncture européenne en fournissant à la
part d’information provenant des « petits pays »fois un indicateur global du climat des affaires
(dont le poids est négligeable par rapport auxeuropéen et un jeu d’indicateurs d’écarts de
« grands » en termes de richesse produite),conjoncture pour les principaux pays de la zone
information sans doute précieuse lorsqu’il s’agiteuro. Il autorise de ce fait une analyse plus fine
d’analyser le cycle de la zone euro dans sondes situations nationales.
ensemble (les soldes d’opinion belges sont ainsi
Mesurer le climat des affaires 1. Cette technique ne doit pas être confondue avec l’analyse en
composantes principales, méthode d’analyse des données dontdans la zone euro le principe semble intuitivement proche, dans la mesure où elle
nécessite le recours à une maximisation de log-vraisemblance.
On trouvera en annexe le détail de la méthode utilisée dans cet
usqu’ici prévalent deux méthodes sensible- article. Voir Hamilton (1994) pour une description plus générale
de l’analyse factorielle.ment distinctes visant à extraire une ten-J 2. Cet indicateur est disponible sur le site Internet de la DG
dance commune à partir des soldes d’opinion Ecfin :http://europa.eu.int/comm/economy_finance/indicators.
70 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 359-360, 2002considérés comme des indicateurs avancés (3) gence entre les deux indicateurs surviennent
pendant les périodes de synchronisation impar-de l’activité européenne).
faite des cycles nationaux au sein de la zone
Pour pallier ce défaut, l’Insee a retenu dans ses euro. (3) (4)
publications conjoncturelles (Informations rapi-
des) une approche différente visant à prendre en En effet, les périodes où s’observent des diffé-
compte de façon plus « égalitaire » les informa- rences entre les deux méthodes de calcul coïnci-
tions nationales. À la notion de conjoncture dent avec celles où apparaissent des écarts de
agrégée de la Commission européenne répond conjoncture entre les principaux pays de la zone
ainsi celle de conjoncture commune. Extraire un (cf. graphique I). Cela suggère que le modèle
facteur commun directement à partir des soldes factoriel sous-jacent retenu par l’Insee est trop
d’opinion nationaux consiste en effet à capter les fruste, car il ne permet pas de traiter explicite-
mouvements d’activité communs à tous les pays ment l’existence de chocs idiosyncratiques
de la zone euro en utilisant au mieux l’ensemble nationaux, c’est-à-dire touchant simultanément
de l’information disponible. En revanche, par tous les soldes d’opinion d’un seul pays.
construction, cette méthode néglige l’existence
éventuelle de mouvements spécifiques à un Comme les mouvements spécifiques de chaque
pays. De tels mouvemen

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents