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11 janv. 2005 – 1. Pour un modèle français de destruction créatrice. Frédérique Sachwald. Responsable des études économiques à l'Ifri. Article paru dans Les ...

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Pour un modèle français de destruction créatrice
Frédérique Sachwald Responsable des études économiques à l'Ifri
Article paru dansLes Echosdu Mardi 11 janvier 2005
Les exemples de délocalisations largement médiatisés comme le dynamisme des exportations de certains pays émergents font craindre que l'ouverture aux échanges internationaux devienne moins favorable à la France. Les économistes qui expliquent que le progrès technique et la mondialisation ont des effets positifs sur le niveau de vie négligeraient les coûts induits par l'évolution du système productif. Ces coûts peuvent être importants pour certains salariés ou certaines régions et les politiques publiques doivent effectivement chercher à améliorer les processus d'ajustement. Or, dans un pays comme la France, déjà très développé, les coûts et les délais d'ajustement dépendent de la qualité du processus de destruction créatrice. En effet, si des activités déclinantes peuvent survivre, les acteurs économiques sont moins incités à investir dans la création de nouvelles capacités et à conquérir de nouveaux marchés. Les entreprises peu compétitives limitent les progrès de la productivité et donc le potentiel de croissance de l'économie, qui est aussi rendue plus fragile face aux évolutions de l'environnement international.
Le dynamisme du processus de destruction créatrice dépend de l'intensité de la concurrence, sur les marchés des biens et des services pour inciter les entreprises à modifier leur stratégie et à investir en conséquence, mais aussi sur le marché du travail pour rendre ces évolutions possibles et inciter les travailleurs à chercher de nouvelles opportunités. La concurrence limitée sur différents marchés en France et dans certains pays européens explique ainsi partiellement leur moindre capacité d'innovation et le développement plus faible des secteurs d'avenir qu'aux EtatsUnis. Mais fautil adopter le « modèle américain » pour stimuler la destruction créatrice ? L'exemple des pays scandinaves, qui ont à la fois réduit leur taux de chômage et accru leur capacité d'innovation au cours des années 1990, suggère que la France pourrait forger un modèle de croissance par l'innovation intégrant sa préférence collective pour la sécurité et l'égalité. L'adoption d'une stratégie d'évolution du modèle économique et social hérité de la période de rattrapage des Trente Glorieuses permettrait de ne pas simplement réagir aux urgences des finances publiques ou aux crises sectorielles. Il s'agit pour la France de changer de perspective pour envisager le processus de destruction créatrice de façon positive plutôt que de toujours compter sur les mêmes activités ou les mêmes entreprises pour assurer la croissance et l'emploi.
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La première orientation consiste à acquérir une meilleure connaissance des évolutions de l'économie mondiale et à la diffuser auprès de l'ensemble des citoyens. La France dispose de capacités d'analyse et de prospective qui pourraient être mieux utilisées pour convaincre les Français que le système productif national peut tirer parti de nouvelles opportunités. Il s'agit de croiser l'observation des évolutions technologiques qui génèrent le développement de nouveaux produits et de nouveaux services avec l'analyse de l'économie mondiale pour anticiper le déplacement des marchés dynamiques et l'évolution de la localisation des capacités de production et de R&D. Du fait de la fragmentation des chaînes de valeur, il faut aller audelà du suivi des secteurs pour analyser l'évolution des activités à un niveau fin. Il faut aussi reconnaître la complexité des choix de localisation, qui dépendent d'un ensemble évolutif de facteurs, comme l'illustre la baisse de l'attractivité de la France pour les essais cliniques dans l'industrie pharmaceutique.
Une meilleure appréhension des dynamiques économiques aura un impact d'autant plus grand sur la confiance et l'esprit d'entreprise que la France améliorera son processus de destruction créatrice. Dans cette perspective, différentes analyses ont souligné l'importance du passage de la protection de l'emploi à la sécurisation des parcours professionnels pour améliorer la mobilité sans léser les salariés. Du côté de l'innovation, les débats menés au cours de l'année 2004 ont montré qu'il ne s'agit pas uniquement d'accroître les investissements publics dans la recherche, mais surtout les investissements privés. La formation de « pôles de compétitivité » paraît prometteuse, mais il n'est pas sûr que les incitations financières à s'implanter dans ces futurs pôles suffiront à accroître l'accès des entreprises à la recherche publique et à stimuler la création d'activités hightech si elles ne s'accompagnent pas d'une rénovation du système d'enseignement supérieur et de recherche. De même, un renforcement du soutien à la R&D de nos grands groupes pourrait ne pas suffire à accroître la part d'activités industrielles et de services innovante dans la production française. L'accroissement de la rentabilité de l'innovation doit aussi concerner les nouvelles entreprises porteuses d'idées. D'où l'importance à la fois de la qualité de la recherche et de la réduction des barrières à l'entrée pour de nouveaux concurrents.
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