Espoirs Déchus
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Espoirs Déchus

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Description

2 Espoirs Déchus Roman Noufel bouzeboudja Edition Yehwa-yi 2008 3 Première Partie 4 5 ⵣ ‘Toi, tournée vers l’avenir, tu marches à reculons. La hardiesse ne te manque pas. Ton cœur en est rempli. Mais tu es prisonnière. Ta prison n’est pas faite de murs, ni de barreaux. Ta prison s’appelle: Passé. Le passé te tourmente. Il condamne ton présent, ton futur. Tu le vois ton futur ? Il est là! Là! Il arrive à grande enjambées. Tu ne peux pas le voir ? Car le passé domine encore tes esprits. Et pourtant, ‘demain est un nouveau jour’, m’avais-tu dit?’ Certes. Mais es-tu prête pour ce nouveau jour ? Es-tu prête pour ce ‘demain’ ?’ Des années passèrent, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Lui, l’être doux, délicat. Elle se rappelait de sa poitrine chaleureuse, accueillante. A elle, il réserva un amour sans conditions. Elle se souvenait des jeux qu’elle jouait avec lui. Elle se souvenait de ses yeux verts. Vert, la couleur de ses rêves. Tilelli avait toujours refusé la mort de son père. -Dieu l’a rappelé auprès de lui, lui disait Nanna Aysha. Mais cette excuse, incomprise en somme, lui était inconcevable. ‘Comment est-ce que Dieu l’aurait rappelé auprès de lui?

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Publié le 20 novembre 2014
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait


2









Espoirs Déchus

Roman

Noufel bouzeboudja



Edition Yehwa-yi
2008



3

















Première Partie


















4




































5







‘Toi, tournée vers l’avenir, tu marches à reculons. La
hardiesse ne te manque pas. Ton cœur en est rempli. Mais tu
es prisonnière. Ta prison n’est pas faite de murs, ni de
barreaux. Ta prison s’appelle: Passé. Le passé te tourmente. Il
condamne ton présent, ton futur. Tu le vois ton futur ? Il est là!
Là! Il arrive à grande enjambées. Tu ne peux pas le voir ? Car
le passé domine encore tes esprits. Et pourtant, ‘demain est un
nouveau jour’, m’avais-tu dit?’ Certes. Mais es-tu prête pour
ce nouveau jour ? Es-tu prête pour ce ‘demain’ ?’

Des années passèrent, mais elle ne pouvait s’empêcher
de penser à lui. Lui, l’être doux, délicat. Elle se rappelait de sa
poitrine chaleureuse, accueillante. A elle, il réserva un amour
sans conditions. Elle se souvenait des jeux qu’elle jouait avec
lui. Elle se souvenait de ses yeux verts. Vert, la couleur de ses
rêves.
Tilelli avait toujours refusé la mort de son père.
-Dieu l’a rappelé auprès de lui, lui disait Nanna Aysha.
Mais cette excuse, incomprise en somme, lui était
inconcevable.
‘Comment est-ce que Dieu l’aurait rappelé auprès de lui?
Ressassait-elle dans sa tête de petite fille à la recherche de son
père, de vérité, de réconfort. ‘Que ferait un Dieu d’un être
humain auprès de lui? Et pourquoi ? Pourquoi l’avait-on
enveloppé dans ce tissu blanc ? Pourquoi l’avait-on mis sous
la terre?’
Dans ses rêves innocents, patiemment, elle attendait le retour
de son père. La nuit, naïvement, elle s’adressait à Dieu et le
priait de faire vite revenir son père.
6
Il était son unique appui. Son exemple de vie. Il l’emmenait
partout avec lui. Il lui apportait du chocolat, des friandises, des
jouets.
Contrairement aux autres filles de Taddart, quand le moment
de sa naissance survint, une fois qu’il sut que c’était une fille,
son père obligea les femmes, présentes lors de
l’accouchement, à faire entendre leurs youyous à tout le
village.
-Fille ou garçon, c’est le bon Dieu qui choisit! Disait-il. Et s’il
n’y avait pas de femmes ? Dites-moi, hein ? S’écriait l’homme
à chaque commentaire ou médisance. Au temps des vrais
amazighs, les vrais amazighs! Les femmes gouvernaient et
avaient un pouvoir sur les hommes. Dihya, Lalla Khedija,
Fatma n Sumer…
-Cette créature est ma fille, exposait-il. Elle est venue de mon
sang, je dois la chérir, l’aimer, l’éduquer, et je serai fier d’elle.

Tilelli trouvait en son père la joie. Et lui, il voyait en elle
l’avenir. Son avenir à lui. Son avenir à elle.
-Pourquoi s’était-il tué ? Pourquoi ? Demandait la Tilelli à sa
mère.
Hjila, sa mère, désarçonnée, ne faisait qu’observer les larmes
de sa fille. Elle en versait aussi. Elle pleurait des larmes de
regret. Elle pleurait l’épouvantable perte de celui qui était son
mari. Elle pleurait une erreur qui l’avait suivie durant toute sa
vie. Elle pleurait ce que Taddart ne lui avait jamais pardonné.










7




Ce fut un jour de grande chaleur. Le soleil était au
zénith, quand Mezyan rentrait chez lui. Contrairement à ses
habitudes, ce jour-là, il rentra plutôt que prévu. Etant un
employé en ville, il partait très tôt le matin et ne rentrait
qu’une fois le soleil se préparait à aller illuminer d’autres
parties de la planète laissant Taddart dans le noir.
Ce jour-là était une journée de grève. Une grève à laquelle le
syndicat avait fait appel le jour même.
‘Ne pouvait-il pas prévenir à l’avance ?’ S’indigna Mezyan
devant le portail de l’usine. ‘Se réveiller à l’aube, marcher
plus de cinq kilomètres pour me dire grève ?’
Il préféra alors retourner à Taddart, auprès de sa famille.

Taddart, comme de coutume, était d’un accueil chaleureux.
Des bonjours et des sourires fusaient de partout pour alléger
les esprits en peine. Pour Mezyan, vivre dans une ville était
impensable. Il aimait la terre, la verdure. Il aimait ses oliviers,
ses figuiers, l’air frais et les balades dans la nature. A Taddart,
un lien viscéral l’unissait. C’était sa vie, la vie de ses ancêtres.
Il pouvait voir leurs silhouettes rôder sur les montagnes et les
plaines. Il pouvait entendre le chuchotement de leurs sagesses.
Il pouvait sentir leur présence. Et la terre ne se quitte pas d’un
coup de tête. A ces terres, l’honneur des hommes est collé.
Dans ces terres, l’honneur des hommes est planté à coup de
sueur, de sang et de pleurs. Et cet honneur devrait être
préservé à coups de sueur et de sang, s’il le faut.
Quitter la terre de ses ancêtres était conçu comme une trahison
suprême.

Tilelli n’avait que cinq petites années. Elle avait, comme
toujours, les cheveux bien coiffés et la robe pleine de couleurs.
Elle était gracieuse. Belle et sage. On l’enviait. On enviait à sa
8
mère avoir enfanté une telle créature. De peur du mauvais œil,
sa mère, Hjila, l'emmenait souvent au derviche de Taddart,
Bokhous, qui lui formulait des talismans et des amulettes
qu’elle mettait autour de son cou.
































9



A même le sol, elle avait construit tout un domaine à sa
petite poupée. Des cailloux, des bouts de tissu, une table
minuscule et beaucoup de fleurs qu’elle lui avait cueilli des
champs voisins. Toute gaie, elle jouait et se faisait sa petite
joie. Elle mettait sa poupée dans des mises en scène, rêvait,
parlait à ses joujoux, les embrassait quelques fois et les battait
d'autres. Dans son petit domaine, il y avait une petite famille:
un père, une mère et une fille. Tout comme la sienne, en fait.
Chaque membre avait un rôle à jouer, tout comme dans la vie,
en fait.
Subitement, Tilelli se retourna et vit une silhouette
s’approcher. C’était Mezyan qui montait le sentier menant
chez lui, chez eux. Elle se leva et, en sourire, courut à
tired’aile à sa rencontre. Elle bondit entre ses bras. Mezyan la
souleva et l’embrassa, puis la remit sur pieds.
-Regarde ce que je t’ai ramené, lui dit-il en lui tendant un
paquet de chocolat.
Aussitôt, Mezyan, prenant la main de sa fille, continua son
chemin. Tilelli ne marcha que quelques à ses côtés puisqu’elle
décida de retourner à ses jouets.
-Où est ta mère? Demanda Mezyan en se retournant.
-Elle est à la maison avec oncle Omar, répondit-elle. Elle m'a
renvoyée. Elle m’a dit d’aller jouer dehors.
‘Omar? S’étonna Mezyan. Qu'est-ce qu'il fait chez moi à cette
heure-ci ? Se demanda l’homme intrigué.
Le doute et le souci s'entremêlèrent. La confusion gagna
l’esprit de Mezyan. Qu'est-ce que son frère faisait chez-lui à
cette heure-là ? Vint-il seul ou avec sa femme ?
‘Non...Non...ce n'est pas vrai ! Mais pourquoi Tilelli
joue-telle dehors ?’
Des soupçons et de mauvaises pensées s’érigèrent dans l’esprit
de l’homme qui essuya son front. Il essaya de les chasser.
Elles surgirent de nouveau.
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