Extrait de "L unité" - Ninni Holmqvist
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Extrait de "L'unité" - Ninni Holmqvist

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Publié le 21 mai 2014
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

NINNI HoLmqvIST
L’Unité
TRADUIT DU SUÉDoIS PAR CARINE BRUY
ÉDITIoNS SW TÉLÉmAqUE
1
Le lOgeMent était plus cOnfOrtable Que je ne M’y attendais. StudiO indiViduel aVec salle de bains, Ou plus exacteMent apparteMent, puisQu’il y aVait en réalité deux pièces: une chaMbre et un séjOur flan-Qué d’une kitchenette. C’était luMineux et spacieux, le MObilier MOderne, la décOratiOn de bOn gOût dans des teintes sObres. Le MOindre espace était éVideM-Ment sOus surVeillance VidéO et je ne tarderais pas à cOMprendre Que des MicrOs étaient dissiMulés çà et là. Les caMéras, elles, étaient placées bien en éVidence. Il y en aVait une – petite Mais parfaiteMent Visible – en hauteur, à chaQue cOin ainsi Que dans le MOindre recOin iMpOssible à surVeiller depuis le plafOnd : par exeMple, dans la penderie, derrière les pOrtes et les étagères Qui faisaient saillie. mêMe sOus le lit et dans le placard sOus l’éVier de la cuisine. Une caMéra était ins-tallée partOut Où une persOnne était susceptible de se faufiler. ParfOis, lOrsQu’On se déplaçait dans une pièce, elles VOus suiVaient de leur regard bOrgne. Un léger bOurdOnneMent VOus réVélait alOrs Que, pOur une 9
raisOn Ou une autre, un MeMbre de l’éQuipe de sur-Veillance s’intéressait tOut particulièreMent à VOs faits et gestes. mêMe la salle de bains était sOus cOntrôle. Ce petit espace recelait pas MOins de trOis caMéras : deux au plafOnd et une sOus le laVabO. Cette surVeillance Minutieuse ne cOncernait pas uniQueMent les appar-teMents Mais égaleMent les espaces cOMMuns. II ne fallait éVideMMent pas s’attendre à autre chOse car il n’était pas QuestiOn Que QuelQu’un puisse se suicider Ou se Mutiler d’une QuelcOnQue Manière. Pas ici. Pas une fOis Qu’On était là. on aurait dû passer à l’acte aVant si, tOutefOis, On aVait de telles Velléités. À un MOMent, j’y ai pensé. J’ai sOngé à Me pendre, à Me jeter sOus un train Ou à faire deMi-tOur sur l’autO-rOute et à fOncer à cOntresens. ou tOut siMpleMent à Quitter la rOute. mais je n’en ai pas eu le cOurage. J’ai préféré Me laisser eMMener sans OppOser de résis-tance, le MOMent Venu, deVant Ma MaisOn. Les preMiers perce-neige Venaient de sOrtir de terre dans Mes plates-bandes Que des hellébOres d’hiVer teintaient de jaune depuis plusieurs seMaines. C’était un saMedi. Au cOurs de la Matinée, j’aVais alluMé un feu dans le pOêle. Une fuMée transparente et treM-blOtante s’échappait encOre de la cheMinée tandis Que j’attendais sur le bas-côté, deVant la grille. Il n’y aVait aucun Vent et le teMps était frOid et clair. Le 4×4 bOrdeaux Métallisé brillait telleMent Qu’il prOjetait des reflets de sOleil en descendant lente-Ment la côte Qui traVerse le Village aVant de s’arrêter deVant MOi. Les Vitres arrière étaient teintées. HOr-Mis ce détail, la VOiture ne se distinguait en rien des 10
autres : aucun lOgO ne réVélait d’Où elle Venait ni Où elle se rendait. Le chauffeur, une feMMe Vêtue d’une dOudOune nOire, descendit et Me salua d’un signe de tête accOMpagné d’un sOurire aMical, aVant de Mettre Ma grande Valise dans le cOffre et de M’inViter à MOn-ter à l’arrière. Je bOuclai Ma ceinture de sécurité et plaçai MOn sac à bandOulière sur Mes genOux, les bras pOsés dessus. Le chauffeur passa la preMière, desserra le frein à Main et nOus nOus MîMes en rOute. NOus étiOns seules dans la VOiture. NOus n’échangeâMes pas un MOt. Après un VOyage d’à peine deux heures derrière ces Vitres dOnt la teinte était si fOncée Que, MêMe si j’aVais essayé, j’aurais eu du Mal à suiVre le trajet Que nOus eMpruntiOns Ou MêMe à déterMiner dans Quelle directiOn On M’eMMenait, nOus nOus MîMes sOudain à descendre une pente escarpée tandis Que le bruit du MOteur et des pneus changeait. Il était étOuffé Mais résOnnait cOMMe si nOus nOus étiOns engagées dans un tunnel. Dans un preMier teMps, il fit encOre plus sOMbre puis la clarté reVint de l’autre côté des Vitres et c’est alOrs Que la VOiture s’arrêta. quelQu’un OuVrit la pOrtière arrière. Je Vis le Visage d’un hOMMe puis celui d’une feMMe. Elle M’adressa un large sOurire, et Me lança : — BOnjOur DOrrit! vOus êtes arriVée à présent. Je sOrtis de la VOiture et Vis Que je Me trOuVais dans un garage, sOuterrain pOur autant Que je puisse en juger. L’hOMMe et la feMMe étaient tOus les deux Vêtus d’une cheMise Vert tilleul Ornée du sigle de l’Unité en blanc sur la pOitrine – je le recOnnus pOur l’aVOir déjà Vu sur la brOchure d’infOrMatiOn Qui M’aVait été expé-11
diée QuelQues MOis auparaVant. L’hOMMe et la feMMe se présentèrent: Dick et Henrietta. Cette dernière ajOuta : — NOus sOMMes les agents en charge de VOtre sec-tiOn. Elle OuVrit le cOffre, en sOrtit Ma Valise puis se dirigea Vers une rangée d’ascenseurs à une extréMité du parking Où se trOuVaient une cinQuantaine de Véhicules, la plu-part des VOitures de tOurisMe, des 4×4 et des Minibus, Mais je Vis égaleMent QuelQues aMbulances. Dick se sai-sit de MOn bagage à Main Que j’aVais pOsé au sOl pOur les saluer. J’aurais préféré M’en charger MOi-MêMe étant dOnné Qu’il cOntenait Mes effets les plus intiMes, Mais il insista et je ne VOulus pas faire de scène; je Me cOntentai dOnc de hausser les épaules et le laissai faire. Il M’indiQua les ascenseurs d’un geste et je suiVis Henrietta, les Mains Vides, tandis Que Dick se plaçait juste derrière MOi. La cabine ne MOnta Que d’un étage. Au MOMent de sOrtir, Dick M’expliQua : — À présent, nOus nOus trOuVOns au niVeau K1. C’est la partie supérieure du sOus-sOl. NOus eMpruntâMes un large passage dOnt les Murs, le plafOnd et le sOl étaient peints en rOuge jusQu’à ce Que nOus parVeniOns à d’autres ascenseurs. NOus entrâMes dans l’un d’eux Qui nOus Mena QuelQues étages plus haut. NOus débOuchâMes dans ce Qui res-seMblait à une banale cage d’escalier dOtée de deux pOrtes seMblables à des pOrtes d’apparteMents, une à chaQue extréMité. Dick, celui des deux agents Qui était le MOins chargé, passa deVant, OuVrit la pOrte sur laQuelle était inscrit « SectiOn H3 » et Me laissa pas-ser. Je Me retrOuVai dans une Vaste salle cOMMune, de 12
celles Qu’On trOuVe habituelleMent dans les hôpitaux Ou dans les résidences étudiantes, un fOyer, tOut siM-pleMent. Une feMMe aux cheVeux rOux en bataille Qui Viraient au gris pâle était assise dans un canapé d’angle, plOngée dans la lecture d’un Magazine. Une tasse de thé fuMante était pOsée sur la table deVant elle. À en juger par l’Odeur Qui régnait dans la pièce, il s’agissait de thé à la Menthe pOiVrée. La feMMe leVa les yeux et Me sOurit. — vOici majken, dit Henrietta. Et VOici DOrrit. Je crOassai QuelQue chOse Qui se VOulait un bOnjOur Mais Ma bOuche était cOMplèteMent sèche. — mOn apparteMent se situe deux pOrtes après le Vôtre, dit majken. Si VOus VOus pOsez des QuestiOns à un sujet Ou un autre, si VOus aVez juste enVie de parler, Ou MêMe si VOus VOulez siMpleMent rester silencieuse en cOMpagnie de QuelQu’un – je suis là Ou chez MOi dans les heures Qui Viennent. mOn nOM est écrit sur la pOrte : majken ohlssOn. — D’accOrd, parVins-je à répOndre. SOn regard ne cherchait pas à se dérOber. Dans ses yeux MirOitaient différentes nuances de Vert. — N’hésitez pas, ajOuta-t-elle. Inutile de penser Que VOus allez Me déranger. Ici, nOus aVOns tOujOurs du teMps les uns pOur les autres. — D’accOrd, répétai-je aVant de réaliser Qu’il serait OppOrtun Que j’ajOute QuelQue chOse et d’Opter pOur « merci ». Du fOyer partait un cOulOir percé de cinQ pOrtes sur l’un de ses Murs. mOn nOM était inscrit sur la deuxièMe. Dick appuya sur la pOignée, pOussa la pOrte et nOus entrâMes directeMent dans le séjOur. 13
Henrietta pOsa la Valise sur le sOl. Dick plaça MOn bagage à Main au-dessus, puis il se retOurna Vers MOi : — SOuhaitez-VOus Que nOus restiOns un MOMent? deManda-t-il aVec gentillesse. — NOn, rétOrQuai-je sur un tOn sensibleMent MOins aiMable. — Dans ce cas, nOus allOns VOus laisser tranQuille. SiMpleMent, n’Oubliez pas la réuniOn d’infOrMatiOn à QuatOrze heures. Il Me fixa d’un air inQuisiteur, cOMMe pOur s’assurer Que j’allais VraiMent M’en sOrtir tOute seule jusQue-là. Je ne pus M’eMpêcher de faire une griMace. Ils Quit-tèrent la pièce sans bruit. J’étais dOnc là. Il faisait chaud, un bOn Vingt-trOis, Vingt-Quatre degrés. Je n’étais pas habituée à une teMpérature inté-rieure aussi éleVée, surtOut pas à cette périOde de l’année. J’enleVai MOn duffle-cOat, délaçai Mes bOttillOns d’hiVer, retirai MOn gilet et, pOur finir, Mes chaussettes. Je lais-sai le tOut en tas sur le sOl pOur le MOMent et deMeurai à côté, pieds nus, cOnsidérant le MObilier du séjOur en hêtre à la fOis siMple et beau : un grand canapé et deux fauteuils aux hOusses cOuleur cOQuille d’œuf et, tOut au fOnd de la pièce, une alcôVe Où se trOuVait un bureau. Sur Ma gauche : la penderie; sur Ma drOite : la salle de bains, à côté, la chaMbre. À Ma surprise je Vis Que le lit était dOuble. Je n’en aVais jaMais eu de Ma Vie. J’écla-tai de rire et pOur la preMière fOis j’entendis le léger bOurdOnneMent de la caMéra lOrsQu’elle tOurna sOn petit œil Vers MOi et –M’iMaginai-je – zOOMa sur MOn Visage. Je détOurnai instinctiVeMent le regard.
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