Friendstitute

Hugues Mazouaud

Description

Petite nouvelle poétique basé sur un parallele amitié-prostitution.
Un poëme sur le besoin d'autrui pour être (théorie du miroir de Lacan)et donc du besoin de se livrer à autrui, de se vendre à autrui. Sujet repris dans l'histoire d'une jeune fille en plein doute métaphysique se suicidant.
Les inspirations sont les textes d'Indochine, Nietzsche, Heidegger, Lacan, Edgar Allan Poe.

Sujets

• Nouvelle
• Amitié
• Temps
• Mort
• Suicide
• Détermination
• Destinées

Informations

• Publié par: Hugo_MZD
• Publié le: 31 décembre 2011
• Nombre de lectures: 113
• Langue: Français

Extrait

Friendstitute

A quoi bon ? Pourquoi donc ?

Vers quelle fin ? Tout est si absurde ici-

bas. Pourquoi se donner tant de mal?

L’homme ne serait-il finalement pas si

raisonnable que cela? Ou bien la raison

de

sa

raison

de

vivre

serait-elle

-déraisonnablement

dans

ce

monde

déraisonné? A quoi bon ? Pourquoi

donc? Vers quelle fin ? Tout est si

absurde ici-bas.

Le vide est en-dessous de moi. Le

vide est au-dessus de moi. Le vide est en

moi. Je marche, je me promène, je

déambule tel le somnambule. Je ne sais

quel est le sens de ma fin. En a-t-elle

réellement une ? Je marche. Non ! Je

cours à la recherche de celle-ci, or elle

ne fait que me fuir. Où es-tu, Destinée ?

Pourquoi ne te livres-tu pas à moi ?

Pourquoi ne veux-tu pas m'appartenir ?

Je te poursuis comme le ferait un homme

dépossédé de ses effets en quête de les

1

récupérer, tel un vieillard à la recherche

de sa jeunesse perdue. Je te suis

dépendante, Destinée, maitresse de ma

vie. Je cours derrière toi, derrière moi. Je

ne puis être sans toi, je ne puis être sans

moi. Je ne suis pas. Mon moi n'est pas. Il

n’y a que toi. Le vide est au-dessus de

moi. Le vide est au-dessous de moi. Le

vide est en moi.

Je pensais être. Vous étiez, j'étais.

Ma marche, ma course vers cette fin qui

n'est

qu'un

commencement,

une

naissance. Mon moi. Je voulais. Mais je

n'étais. Le temps suit son cours sans qu'il

ne nous en laisse le choix. L'ecktase ne

nait que d'une éternité temporelle. Une

erreur, une tromperie. Je pensais profiter

d'un étant. Je n'étais qu'un fut. Tout

présent est déjà passé. Je pensais être.

Vous étiez, j'étais.

Nous étions 2. Nous étions 4.

Nous étions 100. J'étais seule. Je pensais

être grâce à vous. J'espérais que vous

étiez grâce à moi. Finalement vous étiez

car vous saviez que j'étais vôtre. Pour un

temps, nous nous aimions. Pour un autre

nous nous détestions. Un temps nous

nous rencontrâmes. Un temps vous me

2

quittâmes. Des relations ne restent que

des instants de passions. Des relations ne

restent que des relations. Nous étions 2.

Nous étions 4. Nous étions 100. J'étais

seule.

Habeas corpus. Habeas mentem.

Le visage d'autrui est le miroir de soi-

même. Je suis car l’on me dit que je suis.

J'étais car l’on me disait que j'étais. De

l'amour, de l'amitié, de la haine, de la

mort. Les vies sont multiples mais liées à

autrui. La vie des morts subsiste à

travers les souvenirs des vivants. La vie

des vivants subsiste à travers la mort des

souvenirs. Je m'étais livré pour vivre. Je

me suis livré pour mourir. Habeas

corpus. Habeas mentem.

La vie vous m'avez donnée. La

vie j'ai cru la saisir. Vous étiez ma fin.

De l'amitié, de l'amour, la vie est

l’enfant. Par vos yeux, je me suis vu

vivre. Par vos sourires, j'ai respiré la vie.

Par vos mains j'ai cru saisir la vie. Grâce

à vous j'ai eu l'espoir d'avoir fini ma

course. Grâce à vous j'ai cru à l'éternité.

Grâce à vous j'ai découvert que la vie ne

m’avait rien donné. Que c'était la vie qui

m'avait saisie. Que vous aviez été ma fin.

3

Coule petit ruisseau, coule. Le

temps défile même contre vents et

marais. C'est un torrent inépuisable. Mon

radeau de fortune ne fut pas aussi solide

que je l'espérais. Je coule dans des

larmes de rubis. Je vous vois, requins de

mon

chagrin.

J'ai

cru

survivre.

Maintenant je veux en finir. Coule petit

ruisseau, coule.

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