Sainte-Marie-des-Fleurs
169 pages
Français

Sainte-Marie-des-Fleurs

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Description

René Tardiveau, dit René Boylesve, est un écrivain français, né le 14 avril 1867 et mort à Paris le 14 janvier 1926. Extrait : Elle me donna un petit coup si voluptueux et si amer que je sentis les larmes me suffoquer. Je me contins par un brusque effort, mais je dus rester quelques instants sans répondre. Mon ravissement vis-à-vis d'elle était dans la nuance des paroles. Je vis si clair et si proche l'instant où cette douce intimité minutieuse allait être rompue, que j'eus la tentation de briser tout à coup, pour en demeurer sur le pur parfum. Paris et la pensée de l'homme de Chicago, pensai-je, vont me corrompre et m'empoisonner tout cela. Tournons sur nos talons, emportons le baume encore si délicat ! Puis, je réfléchis qu'il y avait quelques minutes à peine qu'elle m'avait annoncé ses fiançailles -- il me semblait déjà que j'en avais souffert depuis plusieurs jours

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782824712789
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

REN É BO Y LESV E
SAI N T E-MARI
E-DESF LEU RS
BI BEBO O KREN É BO Y LESV E
SAI N T E-MARI
E-DESF LEU RS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1278-9
BI BEBO OK
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.M  B
En témoignage du profond plaisir que j’ai eu à connaître sa belleA sensibilité.
R. B.
Il faut avertir le lecteur que c’est ici un livre où le cœur se donne,
franchement, absolument.
e ceux qui n’apprécient les romans contemporains que dans la mesure
où ils contiennent ce que l’on est convenu d’appeler la « rosserie » ou la
« veulerie » parisiennes, s’abstiennent de feuilleter plus loin.
Grâce à Dieu, il y a encore, à côté ou au-dessous même de ces mœurs de
polichinelles – plus à la mode, d’ailleurs, que réelles, – une aptitude française
à sentir, à aimer, à jouir et à souffrir en hommes.
Cee heureuse disposition n’est pas si banale ! Rassurons les délicats qui
pourraient craindre qu’en s’en inspirant l’écrivain se condamnât à la
peinture de la vie commune ou médiocre.
Ce n’est pas en feignant de n’être plus des hommes, que l’on se
singularise et s’élève, mais en accentuant en soi le caractère d’humanité. Seule,
1Sainte-Marie-des-F leur s Chapitr e
l’excessive passion a la vertu de nous rendre exceptionnels sans nous
ridiculiser ; elle fait de nous des héros, non des monstres. Les créations
romanesques peuvent se passer de la marque de généralité qui est le propre de
certains types moyens, pourvu qu’elles restent scrupuleusement soumises à
la marque de vérité qui fait le Roman.
R. B.
« Je t’aime tant aujourd’hui, je suis tellement dé v oué que j’ai b esoin
de l’é crir e , ne p ouvant le dir e à p er sonne . . . »
Stendahl.
« Je me fais quelquefois un rê v e d’Ély sé e ; chacun de nous va r ejoindr e
son gr oup e chéri auquel il se raache , et r etr ouv er ceux à qui il r essemble :
mon gr oup e à moi, mon gr oup e se cr et est celui de ceux qui sont tristes,
my stérieux et rê v eur s jusqu’au sein du plaisir , et pâles à jamais sous une
v olupté aendrie . »
Sainte-Beuv e .
« Hertzblut ist dab ei. » ( Le sang du cœur est là .)
Ler es de Schumann.
n
2CHAP I T RE I
   la plag e du Lido , à V enise , que je r encontrai p our la
tr oisième fois la jeune fille que le destin, é videmment, s’ entê-C tait à placer sous mes p as. Elle avait fait une viv e impr ession sur
moi, quelques semaines aup aravant, à F lor ence , de vant la p orte de l’église
Sainte-Marie-des-F leur s, où je l’avais entendue env o y er pr omener d’une
v oix nee et dé cidé e les guides innombrables qui imp ortunent les
étrang er s de leur s b ons offices. Elle leur avait jeté un « allez-v ous-en ! » si
imp atienté et si colèr e que je n’avais pu m’ empê cher de sourir e , en p assant
près d’ elle à ce moment. Elle s’ en était ap er çue et avait r ougi. Je l’avais
r e v ue dans un mag asin de photographies. Elle feuilletait des Boicelli et
soule vait de l’ ongle les planches qui lui plaisaient en disant : « J’aime
ça. . . j’aime ça. . . » Elle n’avait p as p ar u me r e connaîtr e . Mais depuis lor s,
je p ensais souv ent à elle et j’avais l’ esp oir de la r etr ouv er . À p art moi, je
l’app elais « ma p etite Sainte-Marie-des-F leur s. »
Il y avait une grande heur e qu’ elle mar chait toute seule sur les longs
3Sainte-Marie-des-F leur s Chapitr e I
sables de la plag e de V enise . À chaque tour , elle s’ar rêtait un instant à
p arler à sa famille réunie en gr oup e , sur des pliants ; puis elle r epr enait
sa pr omenade . J’étais assis contr e la p ente de la digue qui long e ce rivag e
sans fin, et je ne me lassais p as de la v oir aller et v enir en imprimant
sur le sol humide la mar que de ses pie ds finement chaussés et le b out
de son ombr elle . Elle p ortait une r ob e é cossaise qui ne me plaisait p oint.
Je r emar quai qu’ elle avait le nez un p eu fort, et ses y eux, d’une teinte
grise , me p ar ur ent tr op grands. Je ne me r endais p as compte de ce qui me
sé duisait en elle . J’étais plutôt p orté à ne la p as tr ouv er bien, d’autant plus
que , m’ayant cr oisé à dix r eprises, elle n’avait p as une seule fois le vé les
y eux sur moi.
Elle p ar ut s’intér esser un moment au soleil couchant et à la mer que
le soir comblait de tons har monieux ; puis, subitement, elle se rappr o cha
de sa famille et dit : « Allons-nous-en ! » On se le va et p artit.
Je p ensais r ester là quelque temps encor e , à cause de l’indolence et de
la mélancolie que ce lieu est unique à rép andr e . Mais je me le vai aussitôt
et mar chai sur les traces de ces dames que j’appr o chai plusieur s fois, à
l’ endr oit de l’ embar quement.
Le sp e ctacle , sur ce rivag e du Lido , était le plus b e au qu’ on imagine . Le
r emuement des g ondoles noir es contr e la grande surface de la lagune et
le ciel incendiés, for mait un mir oitement d’ ombr e et d’ or que l’ on ne v oit
qu’aux p ay s de soleil et de vie ardente et tragique . Be aucoup de g ens
demeuraient là , au b ord de l’ e au, sans p ouv oir s’ en aller ; et la chair des
batelier s immobiles étincelait d’un feu sombr e . A ccoutumés à cee scène
journalièr e , ces hommes aendaient que le disque tombât, comme ils eussent
aendu la fin d’une cérémonie .
En effet, quand la p our pr e du soleil se fut affaissé e v er s Chioggia,
chacun sauta dans les g ondoles et se dirig e a sur V enise . La jeune fille ayant
laissé se placer tout son monde , s’assit la der nièr e et au b out, en sens
inv er se de la mar che . D e sorte que , seul en ma g ondole que je faisais tenir un
p eu en ar rièr e , je p ouvais distinguer son visag e emb ob eliné des foulards
qu’ on lui mit, et en même temps ap er ce v oir au loin V enise .
La v ue de ces camp aniles, de ces dômes, et de cee lar g e ville couleur
bleu de lait, que nous g agnions dans le silence du soir me donnait une
singulièr e émotion. Chaque p oussé e forte et régulièr e de la rame sur la
4Sainte-Marie-des-F leur s Chapitr e I
lagune v erdissante et dans la confusion à toute minute plus complète des
imag es, avait en moi un r etentissement pr olong é , et j’ eus, très ré ellement,
la sensation d’êtr e emp orté v er s un av enir nouv e au.
J’avais je ne sais quel plaisir , au hasard des ombr es et de l’avancé e des
g ondoles, à dé couv rir la figur e enfouie sous les foulards.
Ces heur es sont adorables à cause de la susp ension même des lignes
et des contour s de la p ensé e .
D e grandes dé chir ur es sanguinolentes balafraient le ciel ; et l’ e au,
autour des bar ques, était d’un ép ais v ert oliv e . D ans la tomb&#

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