Les troubles musculo-squelettiques, la détresse psychologique et les conditions de travail au Québec : relations complexes dans un monde du travail en mutation - article ; n°2 ; vol.5, pg 45-58
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Santé, Société et Solidarité - Année 2006 - Volume 5 - Numéro 2 - Pages 45-58
Globalization of economic markets has led to important changes in working conditions in many countries, often associated with an intensification of work. The authors describe epidemiological and ergonomic studies that highlight the complex relationships between work demands – physical, psychological and social –, psychological distress and musculoskeletal disorders in the context of economic and organizational changes affecting Quebec workplaces. Both studies allow for a better understanding of how macroeconomic changes influence work organization and can lead to an intensification of work demands. The authors also propose an explanatory model of these complex relationships.
La mondialisation des marchés amène des transformations importantes des conditions du travail dans plusieurs pays, souvent associées à une intensification du travail. Les auteures décrivent des études épidémiologiques et ergonomiques portant sur les relations complexes entre des contraintes — physiques, psychologiques et sociales — du travail, la détresse psychologique et les troubles musculo-squelettiques (TMS) dans le contexte des changements économiques et organisationnels qui touchent les milieux de travail québécois. Ces études permettent de mieux comprendre comment les changements macro-économiques peuvent amener à une intensification des contraintes du travail. Les auteures présentent également un modèle explicatif de ces interrelations complexes.
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Publié le 01 janvier 2006
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Abstract mGilcobamliazrakteitosnhoafselecdontoo-important changes in working conditions in many countries, often associated with an intensification of work. The authors describe epidemiological and ergonomic studies that highlight the complex relationships between work demands – physical, psychological and social –, psychological distress and muscu-loskeletal disorders in the context of econo-mic and organizational changes affecting Quebec workplaces. Both studies allow for a better understanding of how macroeconomic changes influence work organization and can lead to an intensification of work demands. The authors also propose an explanatory model of these complex relationships.
Résumé La mondialisation des marchés amène des transformations importantes des conditions du travail dans plusieurs pays, souvent associées à une intensification du travail. Les auteures décrivent des études épidé-miologiques et ergonomiques portant sur les relations complexes entre des contraintes – physiques, psychologiques et sociales – du travail, la détresse psychologique et les troubles musculo-squelettiques (TMS) dans le contexte des changements écono-miques et organisationnels qui touchent les milieux de travail québécois. Ces études permettent de mieux comprendre com-ment les changements macro-économiques peuvent amener à une intensification des contraintes du travail. Les auteures pré-sentent également un modèle explicatif de ces interrelations complexes.
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Susan Stock QUÉBEC France Tissot QUÉBEC Médecin spécialiste à la Direction des risques Agente de recherche au Centre de recherche biologiques, environnementaux et occupationnels, interdisciplinaire sur la biologie, la santé, Institut national de santé publique du Québec, la société et l’environnement (CINBIOSE), et professeure au Département de médecine Université du Québec à Montréal sociale et préventive, Université de Montréal Karen Messing QUÉBEC Nicole Vézina QUÉBEC Professeure au Département des sciences Professeure au Département de kinanthropologie biologiques et chercheure au Centre de recherche et chercheure au Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE), la société et l’environnement (CINBIOSE), Université du Québec à Montréal Université du Québec à Montréal Ana María Seifert QUÉBEC Chercheure associée au Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE), Université du Québec à Montréal
Les troubles musculo-squelettiques, la détresse psychologique et les conditions de travail au Québec : relations complexes dans un monde du travail en mutation
dossier Santé et travail L PEHSYSCIQOUNESSÉQEUTENPSCYECSHOSOCIALES DES TRANSFORMATIONS DU MONDE DU TRAVAIL
et article e des données de C qépuiidpéemrimoleotg,idqéàuclriétchuenlleepaonpaluylsae-l’ Enquête sociale et de santé 1998 tionnelle, d’identifier des contraintes pro-fessionnelles psychologiques, sociales et physiques associées aux divers troubles musculo-squelettiques (TMS), en tenant compte de plusieurs facteurs personnels. Il présente également deux études ergo-nomiques, dont l’une se combine à une étude épidémiologique, qui permettent une meilleure compréhension de la façon dont certains facteurs psycho et socio-organisationnels interagissent avec des fac-teurs physiques associés aux divers TMS et à la détresse psychologique. Les deux études ergonomiques montrent comment le con-texte économique de la globalisation des marchés influence les conditions de travail dans deux types d’entreprises québécoises : l’une manufacturière et l’autre de services. Les résultats de ces études amènent les auteures à élaborer un modèle explicatif de ces interrelations complexes. LEnquêtesocialeetdesanté1998 L’ Enquête sociale et de santé 1998 est une enquête populationnelle qui a été effectuée auprès d’environ 15 000 ménages privés des régions sociosanitaires du Québec. Elle nous fournit un portrait de l’état de santé de la population ainsi que de plusieurs des con-ditions du travail d’alors et permet une approche populationnelle de la probléma-tique des TMS. L’enquête comportait deux parties : une entrevue auprès d’un représen-tant de chaque ménage participant (taux de réponse de 82,1 % pour 30 386 répondants) et un questionnaire auto-administré pour toutes les personnes de 15 ans et plus dans chacun de ces ménages (taux de réponse de 84 % pour 20 773 répondants, dont 59 % avaient un emploi rémunéré). Le question-naire comprenait un volet sur la santé au travail ; entre autres, la fréquence des conditions du travail suivantes a été mesu-rée : travail répétitif des mains et des bras, manipulation de charges lourdes, efforts en utilisant des outils, des machines ou de l’équipement, vibrations provenant d’outils à mains, vibrations provenant de grosses
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machines, de véhicules ou du sol (vibrations de tout le corps), position debout et assise, postures fixes, bruit intense (obligeant à crier), latitude décisionnelle, demande psy-chologique du travail, tensions avec le public, violence physique, intimidation et paroles et gestes à caractère sexuel non désirés. Le questionnaire intégrait un indice de détresse psychologique : l’Ilfeld-14 (Boyer et al. , 1993 ; Ilfeld, 1978). Ce questionnaire com-prenait également un schéma corporel avec des questions sur la fréquence des douleurs importantes (à onze parties du corps) ayant dérangé le répondant dans ses activités au cours des douze derniers mois avant l’enquête, questions adaptées du Questionnaire nor-dique (Kuorinka, 1987). L’échelle de réponse incluait les choix suivants : jamais, de temps en temps, assez souvent, tout le temps. Pour les analyses des facteurs associés aux TMS au cou et aux membres supérieurs qui suivent, la définition de cas a retenu les douleurs ayant dérangé la personne dans ses activi-tés et ressenties « assez souvent ou tout le temps ». L’une des forces de l’enquête est l’inclusion de plusieurs variables personnelles qui peuvent être intégrées dans les analyses sur les TMS pour tenir compte des facteurs confondants ou qui modifient l’effet : âge, sexe, indice de masse corporelle, état civil, fréquence des activités physiques au loisir, scolarité, tabagisme, soutien social, nombre d’enfants et âge de ceux-ci, suffisance du revenu familial et, enfin, accidents de trans-port au cours des douze derniers mois. (Arcand et al. , 2000) Nous présentons les résultats de deux séries d’analyses de régression logistique multiple des facteurs associés aux TMS au cou et aux membres supérieurs chez les per-sonnes qui travaillaient au moins 25 heures par semaine au moment de l’enquête (n 9 392 répondants, soit : 5 405 hommes et 3 987 femmes). Chaque série d’analyses est effectuée selon le sexe. D’abord, des analyses bivariées des variables sociodémo-graphiques, personnelles et de celles qui se rapportent aux contraintes physiques et psy-chosociales du travail ont permis le calcul des rapports de cotes ( odds ratios ) non ajus-tés et des intervalles de confiance de 99 % pour chaque variable. Les variables ayant une valeur de probabilité de signification statis-tique de moins de 0,25 dans les analyses
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bivariées ont été retenues pour les analyses multivariées. Dans les analyses de régres-sion logistique multiple, les variables ayant un niveau de signification statistique supé-rieur à 0,01 ont été éliminées du modèle, une variable à la fois, si cette élimination ne modifiait pas de plus de 10 % l’estimation du rapport des cotes des autres variables ni le test d’ajustement statistique ( goodness of fit , de Hosmer Lemshow) du modèle. La prévalence des douleurs au cou, selon la définition de cas donnée plus haut, était beaucoup plus élevée chez les femmes que chez les hommes (18,4 % vs 10,9 %, p 0,001). Le tableau 1 présente les résul-tats des trois modèles de régression logistique multiple pour les TMS au cou, selon le sexe et pour la population totale. Dans les trois modèles, les TMS au cou ont des associa-tions statistiquement significatives (p 0,01) avec la détresse psychologique et avec les contraintes professionnelles suivantes : le travail répétitif, la position assise, l’intimida-tion au travail et la demande psychologique au travail élevée. Généralement, l’impor-tance des rapports des cotes des mesures d’exposition professionnelle était similaire pour les deux sexes. Chez les hommes, la douleur au cou a également été associée avec l’absence d’activités physiques de loi-sir, l’utilisation d’outils vibrants à main, les vibrations du corps entier ainsi que les situations de tension avec le public et, dans une relation inverse, avec le niveau de scolarité et la manutention de charges lour-des. Chez les travailleuses, la douleur au cou a été associée avec l’exposition à des paroles ou à des gestes à caractère sexuel non dési-rés ainsi que l’âge supérieur à 40 ans et le fait d’être ex-fumeuse. Toutes les variables significatives dans le modèle de l’un ou l’autre sexe ont été significatives dans le modèle établi pour la population totale, à l exception de l’âge et du niveau de scola-rité. Ce dernier modèle souligne le risque de TMS au cou plus élevé pour les femmes et l’importance de l’association entre les TMS au cou et le travail répétitif, les vibrations, la demande psychologique du travail, le harcèlement sexuel au travail et la détresse psychologique. Le tableau 2 présente les résultats des modèles de régression logistique multiple
selon le sexe pour les TMS des membres supérieurs. Encore une fois, l’importance d’une combinaison des contraintes profession-nelles physiques et psycho-organisationnelles ressort. Le travail répétitif, la manutention de charges lourdes, l’exposition au bruit intense, l’intimidation au travail, la demande psy-chologique au travail ainsi que la détresse psychologique et l’âge sont les facteurs asso-ciés aux TMS des membres supérieurs, tant chez les hommes que chez les femmes. Chez les premiers, deux autres facteurs ressortent : les vibrations venant des outils à main et le tabagisme. La condition de travail la plus fortement associée aux TMS chez les femmes est le travail répétitif alors que chez les hommes ce sont les vibrations aux mains. La détresse psychologique est également très fortement associée aux TMS chez les hommes et chez les femmes. Les deux analyses de l’ Enquête sociale et de santé 1998 soulignent l’importance des relations entre des TMS aucou et aux membres supérieurs et des contraintes professionnelles physiques, psy-chologiques et sociales. De plus, la détresse psychologique émerge comme une variable très fortement associée aux TMS, même si son rôle exact dans les interactions entou-rant la douleur reste à préciser. Étude dans une usine de fabrication de bottes Au cours des années 1980 et 1990, la plu-part des usines de fabrication de chaussures et de bottes au Québec ont fermé leurs portes en raison de la compétition des usines d’Asie, où les coûts de production sont nettement inférieurs à ceux du Québec. Ces effets de la globalisation des marchés ont fortement influencé les conditions de travail dans les usines qui demeuraient en fonction. Nous présentons ici quelques résultats d’une étude longitudinale, sur trois ans, menée pendant les années 1990 dans une usine de fabrication de bottes d’hiver où le travail est saisonnier. Pendant la saison précédant le moment où débute l’étude, tous les postes de travail avaient été réorganisés pour fonctionner de façon modulaire. Afin de survivre, l’entreprise s’était complètement restructurée en implantant un système de production « juste-à-temps », ou de flux tendu
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téant  eavtrlLaissodSreiLDUTRAVAIHCSOPTYSEUESSYQIESPHUENCNSÉQESCOEDNOMUDSNOITAMROSFANTRESSDLEIAOC
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0,58 0,97**
1,0 0,75
0,43 0,85***
1,0 1,01 1,74** 1,32 1,0 1,14 2,08*** 1,56
1,43 2,05*** 0,94 1,34 0,69 1,07
1,0 1,72 1,0 1,02 1,64** 1,13 1,0 0,86
1,0 1,04 1,67** 1,33 1,0 1,18 2,07*** 1,53
1,0 1,08 1,28 1,0 1,06 1,90** 1,27 0,83 1,50 1,14
1,11 1,61*** 1,24 1,90***
0,87 1,34 1,05 1,57*** 1,01 1,58** 0,91 1,41
Sexe Hommes — Femmes — Âge 15-39 ans 40 ans Scolarité Ayant un diplôme 1,0 secondaire Sans diplôme 0,70 secondaire Activités physiques au loisir Une fois ou plus 1,0 par semaine Une à trois fois 1,22 par mois Jamais 1,45 Tabagisme Non-fumeur Ex-fumeur Fumeur Posture générale de travail Debout 1,0 Assis 1,33 Travail répétitif Jamais ou de 1,0 temps en temps Souvent ou 1,54 tout le temps Manutention de charges lourdes Jamais ou de 1,0 temps en temps Souvent ou tout 0,60 le temps
t a b l e a u 1 Les facteurs de risque associés aux troubles musculo-squelettiques (TMS) du cou 1 chez les travailleuses et les travailleurs québécois : modèle final de régression logistique multiple, population de 15 ans et plus occupant un emploi rémunéré et travaillant 25 heures et plus par semaine, 1998 Hommes 2 Femmes 2 Population totale 2 Rapport Intervalles Rapport Intervalles Rapport Intervalles FACTEURS des cotes de confiance des cotes de confiance des cotes de confiance DE RISQUE (oddsratio)de99%(oddsratio)de99%(oddsratio)de99%
0,52 0,94**
1,0 1,29
1,0 1,42 1,12
0,90 1,66 1 10 1,92*** ,
1,0 1,55
0,88 1,38 1 29 1,98*** ,
1,0 0,83 1,54 1,10 1,39 2,48*** 1,59
1,04 1,58**
1,26
1,0
1,10 2,24***
1,04 2,32** 1,0 1,57
1,16 2,65*** 1,03 2,80** 1,26 3,42***
Vibrations du corps entier (VC) et/ou vibrations des mains ou des bras (VMB) Jamais ou de 1,0 temps en temps Souvent ou tout 1,75 le temps VMB Souvent ou tout 1,70 le temps VC Souvent ou tout 2,07 le temps aux deux types de vibrations Intimidation au travail Jamais 1,0 De temps en 1,37 temps, souvent ou tout le temps Paroles ou gestes sexuels non désirés Jamais De temps en temps, souvent ou très souvent Tension avec le public Jamais, de temps 1,0 en temps ou aucun contact avec le public Souvent ou 1,35 très souvent Demande psychologique au travail Faible 1,0 Moyenne 1,09 Élevée 1,36 Indice de détresse psychologique Bas à moyen 1,0 1,0 1,0 Élevé 1,97 1,48 2,61*** 1,85 1,43 2,40*** 1,89 1,55 2,29*** 1. Il s’agit de douleurs ressenties « assez souvent ou tout le temps » ayant dérangé les activités de la personne au cours d’une période de douze mois. 2.HosmerandLemeshowgoodnessoffittest(p= 0,140 pour le modèle chez les hommes ; p = 0,450 pour le modèle chez les femmes ; p = 0,135 pour le modèle de la population totale). * : p 0,05 ; ** : p 0,01 ; *** : p 0,001.
Hommes 2 Femmes 2 Population totale 2 Rapport Intervalles Rapport Intervalles Rapport Intervalles FACTEURS des cotes de confiance des cotes de confiance des cotes de confiance DE RISQUE (oddsratio)de99%(oddsratio)de99%(oddsratio)de99%
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1,0 1,00 1,77* 1,28
1,0 0,80 1,49 1,13 1,00 1,85** 1,86
1,03 1,76**
1,0 1,02 1,84** 1,33
1,10 2,27*** 1,16 2,93*** 1,05 2,76**
1,04 1,52**
1,0 1,58 1,84 1,70
UDEDVARTDSNONOMUORSFTIMAESSDANTRAILSNOCSELliavart t etéanrSiessdoAIELSOCOYSHCESPTIQUEPHYSNCESÉQUE
rSiessdoCOAIELDSSERTNAFSYSIQUESETPSYCHOSOCSEQÉSNCNEUHPSEtéant  eavtrlLaiIAVARTUDLONTIMAORDEONUMSD
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0,49 1,11 1,12 1,85*** 1,39 2,54***
2,04 3,36*** 1,09 2,09***
FACTEURS DE RISQUE
Âge 25-39 ans 1,0 15-24 ans 1,04 40-49 ans 1,31 50 ans 1,73 Tabagisme Non-fumeur 1,0 Ex-fumeur 1,20 Fumeur occasionnel ou régulier 1,36 Travail répétitif des mains et des bras Jamais ou de temps en temps 1,0 Souvent ou très souvent 1,67 Manipulation de charges lourdes Jamais ou de temps en temps 1,0 Souvent ou très souvent 1,66 Vibrations provenant d’outils à main (vibrations des mains ou des bras) Jamais ou de temps en temps 1,0 Souvent ou très souvent 2,44 Vibrations des mains ou des bras manipulation 0,36 de charges lourdes Bruit intense (obligeant à crier) Jamais ou de temps en temps 1,0 Souvent ou très souvent 1,58 Intimidation au travail Jamais 1,0 De temps en temps, souvent ou très souvent 1,52 Demande psychologique au travail Faible 1,0 Moyenne 1,26 Élevée 1,33 Indice de détresse psychologique Bas à moyen 1,0 Élevé 2,08
t a b l e a u 2 Les facteurs de risques associés aux troubles musculo-squelettiques (TMS) des membres supérieurs 1 chez les travailleuses et les travailleurs québécois : modèle final de régression logistique multiple, population de 15 ans et plus occupant un emploi rémunéré et travaillant 25 heures et plus par semaine, 1998 Hommes 2 Femmes 2 Rapport Intervalles Rapport Intervalles des cotes de confiance des cotes de confiance (oddsratio)de99%(oddsratio)de99%
1,0 0,73 1,47 0,74 1,04 1,65** 1,44 1,33 2,25*** 1,88 n/s 0,93 1,55 1,06 1,73*** 1,0 1,33 2,08*** 2,62 1,0 1,28 2,14*** 1,51 n/s 1,74 3,44*** 0,22 0,59*** —
1,02 2,59** 1,02 1,72** 0,75 1,30 1,23 2,10*** 1,64 2,65***
1. Il s’agit de douleurs ressenties « assez souvent ou tout le temps » ayant dérangé les activités de la personne au cours d’une période de douze mois. 2.HosmerandLemeshowgoodnessoffittest(p0,147 pour le modèle chez les hommes ; p 0,093 pour le modèle chez les femmes). * : p 0,05 ; ** : p 0,01 ; *** : p 0,001.
1,0 1,24 2,01*** 1,62 1,0 1,20 1,93*** 1,33 1,0 0,98 1,60* 0,99 1,04 1,70** 1,61 1,0 1,65 2,62*** 2,09
dDUMONDEDUTRAVAILTSARSNOFMRTAOISNilLEravaSÉQUSCONreaSsoistet tn éSOHOYCPSDEESALCIYHPSECNETESEUQIS
soit le système de couture Toyota. Cette réor-ganisation du travail s’est révélée bénéfique pour l entreprise puisque sa plus grande flexibilité lui a permis de répondre aux exi-gences du marché : on a constaté une amé-lioration marquée de la qualité des produits et une augmentation du volume de produc-tion. Par contre, le nombre de jours perdus en accidents et maladies professionnelles a doublé en une année chez les couturières travaillant en modules, en particulier les absences pour TMS. De plus, une grande ten-sion existe : crises, dépressions et démissions sont en augmentation chez les couturières. L’étude s’organise à la suite d’une demande d’intervention provenant de la direction et des travailleuses de cette usine non-syndiquée. L’étude comprend deux phases : la phase 1 a pour objectif de déterminer quels élé-ments de la nouvelle situation de travail peuvent contribuer à l’augmentation des TMS et à la détresse des couturières (Vézina et al. , 1998, 1999) ; la phase 2 permet d’étu-dier l’implantation des recommandations des ergonomes et d’évaluer les effets des changements apportés ainsi que de divers facteurs environnementaux sur les TMS et la détresse psychologique (Vézina et al. , 2003). Ne seront présentés ici que les résul-tats de la phase 1 qui comporte un volet ergonomique et un volet épidémiologique. Les ergonomes ont mené des entretiens semi-dirigés avec 23 opératrices dans trois modules, chacun étant représentatif des trois principaux départements de production de l’usine. L’observation de chacun des postes de travail de ces modules a permis de faire la description de l’activité de travail et de ses risques ainsi que celle de la réparti-tion des tâches entre les travailleuses. La recherche des déterminants des situations à risque et, en particulier, des déterminants des situations goulots 1 a été facilitée par l’ana-lyse des bilans quotidiens (symptômes et conditions de travail) faits par les coutu-rières pendant 21 jours et par celle des propos recueillis pendant les rencontres d’auto-confrontation avec ces 23 opératrices. Des recommandations ont été formulées au cours de rencontres collectives avec les
travailleuses de chacun des trois modules, en collaboration avec le comité de projet. Les résultats montrent que chacun des postes de travail comporte plusieurs fac-teurs de risque : cycles de travail très courts (en moyenne de 21 secondes), sollicitation des épaules et des poignets très élevée à cause de mouvements répétitifs et postures à risque pour ces articulations – telles que flexions et déviations extrêmes des poignets ou flexions et abductions importantes des épaules alors qu un effort doit être fourni afin de faire coïncider les pièces à coudre (mouvements pour tirer et pousser le matériel). Par ailleurs, avec la nouvelle organisation du travail, les travailleuses sont passées de la position assise à la station debout et elles doivent circuler d’une machine à une autre, à l’intérieur du module où les huit personnes forment en quelque sorte une micro-usine, en effectuant toutes les étapes de fabrication de la botte. Cependant, malgré la formation reçue, les opératrices ne travaillent pas de cette façon. Afin de respecter les standards de production, chacune continue à travailler sur la machine où elle est plus rapide que les autres. Elles doivent donc se coordonner entre elles et s’entraider, en cas de besoin, pour maintenir le rythme de production. Selon les résultats des analyses, le faible nombre de machines versus le nombre de personnes, l’indétermination de la réparti-tion des tâches entre la couture des parties interne et externe de la botte, le fait que ce soit le rythme de la couturière la plus rapide qui établisse la cadence de tout le groupe, les difficultés de communication ainsi que la méconnaissance des contraintes à chacun des postes rendent cette coordination impossible et des situations goulots se pro-duisent. On assiste alors à une intensifica-tion du travail physique à ces postes : temps intercycles inexistants, répétitivité des gestes augmentée, cadence plus élevée, temps de maintien statique des postures prolongé. Les conditions de la nouvelle organisation du travail ont entraîné une diminution des marges de manœuvre et une augmentation
1. Les situations goulots se produisent aux postes où l’on n’utilise qu’une seule machine, où il peut y avoir une accumulation des morceaux et où le travail peut devenir très intense.
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de l’exposition à certains facteurs de risque Pour ce qui est du volet épidémiologique biomécaniques. de la phase 1 (Vézina et al ., 1998, 1999), il De plus, le travail en position debout con- a permis de dresser un portrait complémen- taire des facteurs associés aux TMS. L’admi-Itlrisbaugeitàldienltaecnsoinfidciatitioonnladupltursavsaoiulvpehnytsiaqssuoe-.nistrationdunquestionnaireàlensemble ciée à la fatigue, selon les bilans quotidiens. des employés de l’usine affectés à la produc-Cette intensification du travail physique est tion au moment de l’étude (taux de réponse aussi accompagnée d’une intensification du de 98,8 % pour 367 répondants) a servi à travail mental et social, tel que décrit dans recueillir de l’information sur plusieurs fac-teurs personnels qui peuvent influencer les Vézina et al. (2006). Par exemple, il est mani-feste que les travailleuses n’ont ni le temps, TMS ainsi que sur les perceptions des tra-vailleurs concernant plusieurs demandes ni la formation, ni les outils pour trouver des solutions à tous les problèmes d’organi- physiques, psychologiques ou sociales liées au du trav l de tâches travail ; le questionnaire incluait entre autres sation ai , coordination des les indices de Karasek de demande psycholo-teetndsieognsesteinotnreinlteesrnceo.uCtuerciièrcreésedduengrmanêdmeesgiquequimesurelaperceptiondesexigences lus e telle que travailler très vite, très fort, de module,ddaeutnadntpqueletravaildfaçonconcentréeouavoiràrépondreàdes chacuneépcontinueultlreems.enLtetdirecs-demandescontradictoires,etdelatitude tgeomuleontstednutrtarîanveainltduenseaaugmenteastiopnostdeudécisionnelle,ainsiquedesindicesdetsdoeu-nombre d’opérations par unité de temps, tien de la direction, des superviseurs e s mais aussi une réduction de la variabilité des collègues de travail. D’abord, les analyses tâches à ces postes. Cette intensification du épidémiologiques ont permis de constater travail s’est trouvée intimement liée à la dif- l’importance des TMS puisque 55 % des ficulté d’équilibrer la répartition des tâches répondants ont ressenti des symptômes de dans les modules et à la sous-estimation de douleur dans au moins une région du corps, l’apprentissage nécessaire. lesquels ont duré au moins dix jours et ont
t a b l e a u 3 Modèle de régression logistique multiple des variables associées aux troubles musculo-squelettiques (TMS) selon la région du corps chez l’ensemble des travailleurs d’une usine de bottes (N 367) VARIABLES DÉPENDANTES Cou/Épaule Mains/Poignets/Avant-bras Rapport Intervalles de Rapport Intervalles de VARIABLES INDÉPENDANTES des cotes confiance de 99 % des cotes confiance de 99 %
Âge 40 ans 21 heures de ménage/semaine 2,4** 1,4 4,4 2,0* 1,1 3,4 Sans diplôme d’études secondaires Accidents antérieurs Pédale 60 % de la journée de travail 1,9* 1,0 3,7 2,2* 1,2 3,9 Posture fixe Charge physique du travail 1 2,1** 1,4 3,1 Soutien de la direction 1 Satisfaction par rapport au travail 1 0,5** 0,4 0,8 Détresse psychologique 1 1,6* 1,1 2,1 1,6* 1,2 2,1
1. Pour les variables continues, le rapport des cotes compare les personnes à un niveau donné de la variable avec celles qui sont à un écart-type au-dessus ou au-dessous de ce niveau. * : p 0,05 ; ** : p 0,01 ; *** : p 0,001.
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ylessusggrènetl(0,11).Cesanaelpmesexertnselsdelareonticoscyohespuqeolig,laTMSressdétqisyhpspteseucosleetteinrantlapropo(0,13),rtvaialgèeusedaiavutlenétrdealruojoitrednla)et0,11le(épadnuenatlisiaiavtrualeelnnoisicédétir-otus:teaslisatctfanoirapppartroautravail(bétatsnaaddrsié,093chal),sypgearqigolohcartudeu(0,vaille28),einostuoclledsossaséictcafsrueestrpselàdéaqieuamyshclogoue42%don-tréqseecnairavaleesrlpauéiqplextgiinsesailbvraivanssutivefica-argalsedétivsceàeàetSTMemtnroetcoéiasslogiychoestfquemeritluelpsedreégiosslinainéuenaanylesdreTMS.Néanmoins,flat)e180,(téiralocseduaevilen3),(0,1ionertcaliddeitnessrepseLa.étd0(r)51,ledisiohysiquesivitéspdseatcéruqneec),l0,19tisfasanoapcaitpprorarndieutsoègllcoestedseu(liavarysiquedutravail0(1,)6,elsuoautratilva0,(,)81alrahchpegsisbaelavirelsssutiveficagni-eecnairavaledrpaéqulixpestatsnaaduqeb(té29),lerdisé0,alrtédnavi:setolchgio-seessypsateedanriitnoquesunparurée%83euqértnoma)elnnioctontftutcuesraeledsafemultiplinéairSMTsem(étivsedlaàragocsssiée(plâgde4luséfirsnietuesrréedseonsiesgrU.)sna0ylanaendeladirection,nafbielsuoitneieéraurmeuxrembnuiccatnedtnaaiavtredesstpopessertédal,le,lgiquholosy-cduitnocrpeaepeaixocsstuosfredueopeeéipuaéderotssibilitatuerstaoianxupenudepeladépltannd60edusaljd%eeéduonravaietrnepl,uuasMTxedSmemsesbrnfiieérsurocrrseopdnianetàluti-lisationssaéicotcafsrue.essLei-amallieustefodemtsqitâchesaineauxmesrapserueh12edusplrreacnseoctideafeulnsiqlaiavaiutrponrarpoapartlbiaasefsititcagique,uneplusftéerssespcyoholvaraetddla,ilegrahceuqisyhpeptipercelaondarv-edtlaia,lusde60ndantplojruéne%edlaisilioat:tsutladépepeldnenuressmembdesetvinasuseirupurélesanSdTMxausuocudsnoigérserocnnîarteelsfacteursassociépitl(ellbatuaeo3)pntmierdesedrelsssoigéergis-nloemutiquoitseuqE.eriann,teuinsdèmosleCESPHYSIQUESETPSavliELCSNOÉSUQNEersintSaeté ra tsodDETUOMDNLIARAVRMFONSRADUNSIOATICOSOHCYTSEDSELAtécionfinepaca(el-memoitclennarnîénuetntautheouce,ulgér;%53:sodudurs:érieinfbreséapigno;ér3%812:b;%dsaodu2s:;c0%deou9%:oinamni,spiongetsetavant-brasojeltnaliùorurétonsauundpocuo)uasetsrdmoiroisécédspr
5,3*** 2,0 14,4 2,9** 1,4 6,0 3,2** 1,4 7,5 0,6** 0,4 0,8 0,6** 0,4 0,9 2,0*** 1,6 2,7
2,3* 1,2 4,4
0,7* 0,5 0,96 1,8*** 1,3 2,4
Bas du dos Rapport Intervalles de des cotes confiance de 99 %
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Membres inférieurs Rapport Intervalles de des cotes confiance de 99 %
2,1* 1,1 3,8
l.aiavtrcosohcysudselai
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