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Langue Français

Extrait

Jacques LIZE – Président de SOS Homophobie
SOS homophobie a créé sa ligne d’écoute il y a quinze ans et depuis, l'association a développé
d'autres activités, de prévention ou d'édition et s'engage aussi dans des procès, en tant que
partie civile.
La ligne d’écoute reçoit en moyenne 1 300 appels par an. Elle est ouverte aux personnes qui
sont ou se sentent victimes d’agression ou de discrimination en raison de leur orientation
sexuelle, et sans doute de leur identité de genre.
Sans doute, car il est difficile pour nos écoutants de savoir précisément identité de la personne
qui appelle. Nous notons, avec le plus de détails possible, le récit des appels afin de les
consigner dans notre rapport annuel, mais nous ne pouvons pas imposer aux appelants un
questionnaire, comme on le fait dans une étude, du type de celles qui vous ont été présentées
auparavant.
Chaque année, les femmes ou les personnes qui se définissant en tant que telles nous
appellent, représentent seulement 20 % des appels. Pour suppléer à ce manque d'information,
nous avons lancé, il y a quelques années, une étude, plus traditionnelle, sur la lesbophobie et
qui reprend les classifications de notre rapport annuel.
Sans doute, avec l’aide de personnes ici présentes, nous lanceront un jour une étude du même
type sur la transphobie.
Pour un militant, le mot discrimination n’a pas tout à fait le même sens que pour un juriste. En
contact avec le terrain, nous pouvons parler du ressenti discriminatoire mais ce vécu n’est pas
forcément une discrimination au regard des lois en cours.
Depuis 4 ans, nous avons traité environ 5000 appels. J'ai choisi cette période de temps,
puisque puisqu'il y 4 ans, la France a non seulement créé la Halde, mais complété son arsenal
juridique qui encadre, et relativement bien, les discriminations et les agressions verbales ou
physiques en raison de l'orientation sexuelle réelle ou supposée.
Ces 5000 appels, qui ne sont très certainement que la partie émergeante de l'iceberg de
l'homophobie se répartissent à peu près également entre agressions et discriminations.
Et en ce qui concerne les discriminations dans les biens et services, sujet que l'on me demande
de traiter, nous avons reçu environ 800 cas qui se répartissent à peu près également entre les
thématiques "commerces", "services", "santé", "justice", "police" et éducation.
Nous avons reçu environ 250 appels nous signalant des discriminations dans des commerces,
soit plus d’un cas par semaine.
Le logement arrive en première place dans ce type de cas.
Les récits que l'on nous fait se ressemblent. Afin d'acquérir ou de louer un bien, un couple ou
un individu homosexuel s’adresse à une agence et constitue un dossier. L’agence considère la
candidature comme solide et puis, après une étude approfondie du dossier, l’agence ou le
propriétaire découvrent l’homosexualité et soudain, le discours change : "le bien est pris".
Certaines victimes vérifient les faits en faisant appeler l’agence ou le propriétaire par un
couple d'amis hétérosexuels et, de nouveau : le bien est libre…
Évidemment, la loi interdit ce type de pratique mais lorsque les victimes arrivent à demander
des comptes aux propriétaires, ceux ci semblent ignorer la loi ou expriment clairement que la
loi ne les effraie pas et tiennent des propos du type : "le marché est comme ça", "on cherche
des gens bien ici", "au niveau de la sécurité et de l’intégrité, vous savez, la copropriété ne
comprendrait pas", "le propriétaire souhaite que l’immeuble reste homogène dans sa
composition".
Par ailleurs, malgré le fait que notre association informe les victimes des procédures
possibles, peu d'entre elles s’y engagent. Elles expliquent que leur priorité reste de trouver un
logement, plus que de faire valoir leurs droits, et elles expriment un certain fatalisme vis à vis
des faits. Nous connaissons bien ce fatalisme à SOS homophobie, car, en général, les
victimes, d'agression ou discrimination nous avouent souvent leur manque total de confiance
dans la justice.
Pour élargir cette problématique du logement, je me dois aussi de citer les nombreux et sans
cesse croissants cas où l’homosexualité des résidant est révélée après la location ou
l'acquisition du bien. Harcèlement et agressions par le voisinage ou même le propriétaire font
de plus en plus l'objet de prise de contact avec notre association.
Là où nous retrouvons de la discrimination, c'est dans la façon dont les bailleurs ou les
syndics traitent ces cas : le plus souvent une total indifférence. Je pense notamment au
bailleurs de logement sociaux que nous contactons pourtant pour les mettre en face de leurs
responsabilités mais qui ne donnent rarement suite à ce type de demande.
Près de la moitié des cas signalés dans l'univers du commerce ensuite concernent les CHR -
Cafés, Hôtels, Restaurants et autres activités de loisirs.
La phrase qui caractérise ces discriminations et qui revient dans pratiquement tous les appels
c'est : « pas de ça chez moi ». Le "ça", c'est souvent un geste tendre, un baiser, deux
personnes du même sexe qui se tiennent la main. Et ces gestes, relativement anodins pour un
couple hétérosexuel semble vécu comme de la provocation ou de l'exhibition et déclenchent
l'expression du dégoût, du refus, de la haine ou de la violence.
Ces réactions donnent souvent suite à des pratiques discriminatoires : la personne est exclue
de l'établissement, la location d'une chambre annulée, ou le service du repas refusé.
À ces refus de vente s’ajoutent parfois des escroqueries et des violences verbales ou
physiques.
En ce qui concerne les services, les cas que de discrimination que l'on nous signale concernent
essentiellement les banques, les assurances, et à un niveau moindre les administrations.
Tracasserie, prêts refusés, demandes de garanties bien plus importantes que pour des
hétérosexuels sont les types de pratiques que l'on nous signale.
Et je voudrais donner une mention spéciale aux taxis parisiens, biens connus sur la ligne
d'écoute de SOS homophobie. Un conseil : si vous aimez les personnes du même sexe que
vous, ne rendez pas visible cette orientation dans un taxi, car qu’il s'y passe des choses parfois
assez désagréables.
Dans le domaine de la santé, nous avons enregistré environ 130 cas depuis 4 ans.
60 cas relatent des maltraitances de la part de médecins ou de praticiens de santé que cela soit
en cabinet, dans la médecine du travail ou lors d'hospitalisations.
Victimes de jeux sadiques à base d'humiliation souvent sexuelles ou d'abus de pouvoir, les
appelants nous disent s'être senti comme" un jouet" entre les mains de ces praticiens.
Évidemment, ces faits se passent toujours sans témoins et l'humiliation ou le découragement
des victimes nous conduit à penser que le nombre de cas sur notre ligne doit être certainement
réévalué.
On nous relate aussi des "diagnostics fantaisistes", fondés sur les amalgames, fort peu
scientifique au demeurant "homosexualité / pédophilie, ou homosexualité / HIV. Pour ne citer
qu'un seul exemple, ce médecin qui enfilait des gants en latex pour serrer la main des patients
dont il connaissait l'homosexualité.
Cet amalgame homosexualité / HIV me conduit naturellement à aborder ce qui fait l'objet
de37 % des appels traitant de santé : le refus du don du sang pour homosexuels masculins.
En France, comme dans beaucoup de pays, des directives fondées sur le principe de
précaution ont conduit les autorités sanitaire à mettre en place cette interdiction.
Si il est hors de question de mettre en danger la population française, il convient néanmoins
de se poser quelques questions à ce sujet.
L'homosexualité masculine est considérée comme un comportement à risque, mais les
comportement sexuels à risque de l'ensemble des candidats au don ne sont pas ou peu
explorés. C'est en s'appuyant sur ce constat que deux ministres de la santé successifs ont
déclaré vouloir lever cette interdiction.
Par ailleurs, nous constatons un différence de traitement qui semble discriminatoire aux
personnes qui nous contactent. Une personne hétérosexuelle qui signale un comportement à
risque (contact avec des prostituées, rapports non protégés, notamment) est ajournée à un an.
Si un homosexuel qui vit en couple, qui n’a aucune pratique à risque, souhaite donner son
sang, il est ajourné à vie.
Et, de plus on inscrit son nom dans un fichier. Même avec les garanties de confidentialité
qu'énoncent l'Établissement Français du Sang, ce fichier d'homosexuels rappelle de bien
mauvais souvenirs à nombre d'entre nous.
Enfin, nous contestons l'outil statistique sur lequel se fonde l'étude du risque réel. Cette étude,
le baromètre Gay 2004, avait pour objectif d'étudier les comportements et les pratiques
sanitaires et sexuelles des homosexuels. Les questionnaires a été diffusé essentiellement dans
des établissements, sur des sites Internet ou des magazines dédiés aux rencontres. L'étude
porte donc sur les homosexuels qui fréquentent ou lisent cette presse mais sommes nous
vraiment sûrs qu'elle est représentative des homosexuels dans leur ensemble ?
Par ailleurs, on a beau nous assurer que cette interdiction n'a rien de discriminatoire, nous
remarquons tout de même certaines pratiques des centres de prélèvements tendrait à prouver
le contraire: régulièrement des lesbiennes, qui ne sont pas concernées par cette mesure, se
voient refuser le don, ainsi que des jeunes n'ayant pas encore eu de relation sexuelles, mais
ayant déclaré être homosexuels.
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