A l aube de la renaissance médicale des XIe-XIIe siècles : l  « Isagoge Johannitii » et son traducteur - article ; n°2 ; vol.144, pg 209-240
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A l'aube de la renaissance médicale des XIe-XIIe siècles : l' « Isagoge Johannitii » et son traducteur - article ; n°2 ; vol.144, pg 209-240

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1986 - Volume 144 - Numéro 2 - Pages 209-240
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Danielle Jacquart
A l'aube de la renaissance médicale des XIe-XIIe siècles : l' «
Isagoge Johannitii » et son traducteur
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 2. pp. 209-240.
Résumé
Danielle Jacquart, A l'aube de la renaissance médicale des XIe-XIIe siècles : l' « Isagoge Johannitii » et son traducteur. —
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 144, 1986, p. 209-240.
Transcrite dès le XIIe siècle en tête de la collection dite Articella, l'Isagoge Johannitii connut une large diffusion au Moyen Age et
forma la première initiation à la médecine que les étudiants apprenaient par cœur. Les plus anciens manuscrits, en écriture
bénéventaine, datent de la fin du XIe siècle.
L'origine de ce texte a suscité nombre d'hypothèses. Le présent article propose une comparaison entre l'Isagoge et l'œuvre
arabe correspondante, les Masā'il fi ṭ-ṭibb de Ḥunain ibn-Isḥaq (IXe siècle) dont il existe deux autres versions latines médiévales.
Cette comparaison met en évidence l'étroite dépendance de l'Isagoge envers les Masā'il. Le texte latin, beaucoup plus court, ne
peut être considéré comme un véritable résumé : il s'agit plutôt d'une juxtaposition de fragments traduits littéralement.
L'étude du vocabulaire confirme cette dépendance envers l'arabe. Le choix des termes techniques situe le texte en une phase
intermédiaire de l'histoire des traductions médicales, entre l'héritage gréco-latin du haut Moyen Age et les innovations de
Constantin l'Africain. L'attribution de l'Isagoge à ce dernier n'est cependant pas exclue ; il faudrait alors admettre que la
traduction ait été élaborée par l'énigmatique moine du Mont-Cassin au début de son activité.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquart Danielle. A l'aube de la renaissance médicale des XIe-XIIe siècles : l' « Isagoge Johannitii » et son traducteur. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 2. pp. 209-240.
doi : 10.3406/bec.1986.450416
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1986_num_144_2_450416À L'AUBE DE LA RENAISSANCE MÉDICALE
DES XP-XIP SIÈCLES :
L' « ISAGOGE JOHANNITH » ET SON TRADUCTEUR
par
Danielle JAGQUART
Au nombre des textes le plus souvent copiés au Moyen Age et im
primés à la Renaissance 1, VIsagoge de Johannitius constitue l'une des
sources principales de la médecine médiévale. Sa préservation dans
deux manuscrits en écriture bénéventaine de la fin du xie siècle2,
dont l'un se trouve toujours au Mont-Cassin, suggère qu'elle vit son
origine en Italie du Sud. Bien qu'elle ne soit pas incluse dans la liste
des œuvres que l'historiographe du Pierre Diacre3, at
tribue à Constantin l'Africain, son destin est intimement lié à l'acti
vité du célèbre moine. Ulsagoge fut en effet transcrite dès le xne siècle
en tête de la collection qui, dite Articella41, rassemblait certaines des
traductions mises sous le nom de Constantin. Cette place privilégiée
lui valut d'être commentée à maintes reprises. Citée par Guillaume de
Conches dans sa Philosophia mundi, elle fit l'objet à Chartres même
de gloses5. Mais c'est aux prestigieux maîtres de l'École de Salerne
1. \Seditio princeps fut faite à Padoue en 1476 par un imprimeur anonyme, cf. Arnold
C. Klebs, Incunabula scientifica et medica, Bruges, 1938 (reprod. Hildesheim, 1963), p. 62.
2. Mss Mont-Cassin, Archivio délia Badia, cod. 225, p. 129-146, et Paris, Bibl. nat.,
nouv. acq. lat. 1628, fol. 19-26v. Aucun des deux ne livre le texte en entier. Description de
ces manuscrits : Elias A. Lowe, The Beneventan script, 2d edition prepared and enlarged by
Virginia Brown, Rome, 1980 {Sussidi eruditi, 33 et 34), t. II, p. 77 et 116 ; Augusto Beccaria,
/ codici di medicina del periodo presalernitano (secoli IX, X e XI), Rome, 1956, p. 303-305
et p. 181 ; Ernest Wickersheimer, Manuscrits latins de médecine du Haut Moyen Age dans
les bibliothèques de France, Paris, 1966, p. 145-146.
3. Chronica monasterii Casinensis, PL 173, col. 767-768 ; Continuatio Pétri Diaconi,
MGH, SS, t. VII, p. 728-729 ; De viris illustribus Casinensis coenobii, PL 173, col. 1034-1035.
Je reviendrai sur la personnalité de Constantin l'Africain à la fin de cet article.
4. Le noyau primitif de cette collection était constitué par cinq œuvres : Isagoge de
Johannitius, Aphorismes et Pronostics d'Hippocrate, De urinis de Théophile, De pulsibus
de Philaret. Au cours du xne siècle le Tegni de Galien lui fut également annexé. La collection
s'agrandit quelque peu pendant le xme siècle. Cf. Paul Oskar Kristeller, Bartholomaeus,
Musandinus and Maurus of Salerno and other early commentators of the « Articella », with
a tentative list of texts and manuscripts, dans Italia medioevale e umanislica, t. 19, 1976,
p. 57-87.
5. Charles Burnett, The contents and affiliation of the scientific manuscripts written at,
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 144, 1986. 210 DANIELLE JACQUART
qu'elle dut le succès durable qu'on lui connaît : Barthélémy, Petrus
Musandinus, Maurus en composèrent au xne siècle des commentaires
qui, outre qu'ils fournissaient l'occasion de mentionner, sans doute
pour la première fois, les versions gréco-latines de quelques œuvres du
corpus aristotélicien dans le domaine de la philosophie naturelle 1, ser
virent de modèles aux glossateurs postérieurs. Son insertion dans le
programme des universités à partir du xine siècle fit qu'il est peu de
maîtres célèbres qui ne s'essayèrent au difficile art de la commenter.
Le destin de Ylsagoge est indissociable d'une autre œuvre, citée
elle aussi par Guillaume de Conches, le Pantegni de Constantin l'Afri
cain, traduction du Kunnäsh al-maliki de cAlï ibn al-'Abbâs al-Majusï
(xe siècle)2. Ulsagoge et le Pantegni offrent tous deux un plan bi
partite reposant sur la division de la médecine en théorie et pratique ;
les mêmes sujets y sont abordés, mais sous une forme elliptique et
synthétique dans Ylsagoge qui constituait dans l'esprit des médecins
des xne et xnie siècles une sorte d'introduction au Pantegni. Les
commentateurs salernitains expliquaient certaines des obscurités de
Ylsagoge à l'aide du Pantegni. Néanmoins, le succès du traité de Johan-
nitius fut plus durable ; il persista même lorsque le Pantegni subit la
concurrence de sommes médicales d'ambition similaire, telles que le
Canon d'Avicenne.
Opuscule couvrant seulement quelques feuillets de manuscrits,
Ylsagoge se trouve au centre de difficultés de tous ordres et continue
à faire l'objet de multiples interprétations. Malgré la mise au point
de Marie-Thérèse d'Alverny et de Georges Vaj da parue en 1951, l'a
ttribution de la traduction à Marc de Tolède est encore parfois avancée3.
En outre, alors que l'ensemble des érudits s'accordaient pour consi
dérer qu'il s'agissait d'une version abrégée d'un texte arabe, les
cr brought to, Chartres in the time of John of Salisbury, dans The World of John of Salisbury,
Oxford, 1985 (Studies in Church history, Subsidia 3), p. 127-160 ; Edouard Jeauneau, Guil
laume de Conches : « Glosae super Platonem », Paris, 1965 (Textes philosophiques du Moyen
Age, 13).
1. Aleksander Birkenmajer, Le rôle joué par les médecins et les naturalistes dans la ré
ception d'Aristole au XIIe et au XIIIe siècle, dans La Pologne au VIe Congrès international
des sciences historiques, Varsovie, 1930, p. 1-15 (réimpr. dans A. Birkenmajer, Études d'his
toire des sciences et de la philosophie du Moyen Age, Wroclaw-Varsovie-Cracovie, 1970,
[Studia Copernicana, I], p. 73-87) ; Danielle Jacquart, Aristotelian thought in Salerno, dans
Peter Dronke (dir.), A History of Twelfth Century Philosophy, Cambridge, sous presse.
2. Fuat Sezgin, Geschichte des Arabischen Schrifttums, t. Ill, Leyde, 1970, p. 321-322 ;
Manfred Ulimann, Die Medizin im Islam, Leyde-Cologne, 1970, p. 140-147.
3. Cette attribution était mentionnée par Moritz Steinschneider : Die lateinische Über
setzungen des Mittelalters und die Juden als Dolmetscher, Berlin, 1893 (reprod. Graz, 1956),
p. 710. Le fait que VIsagoge soit conservée dans deux manuscrits de la fin du xie siècle
exclut la possibilité que Marc de Tolède en soit le traducteur : Marie-Thérèse d'Alverny et
Georges Vajda, Marc de Tolède, traducteur d'Ibn Tumart

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