A propos de Raoul de Presles. Documents sur l homme - article ; n°2 ; vol.139, pg 191-207
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1981 - Volume 139 - Numéro 2 - Pages 191-207
En dépit de l'excellente étude de Robert Bossuat, parue dans l'~~Histoire littéraire de la France~~ en 1974, Raoul de Presles (1316-10 novembre 1382) reste encore mal connu ; ses oeuvres, littéraires et polémiques, et ses traductions sont pour la plupart inédites ; sa personnalité - d' une originalité certaine - demeure insuffisamment cernée. L' article précise quelques points de l'existence d'un homme, qui ,seul laïc au sein d'une cohorte savante ecclésiastiques, travailla pour Charles V et jouit de sa confiance et de son amitié; il étudie ainsi tour à tour son aspect physique, ses qualités intellectuelles et son caractère, puis les lettres royaux qui effacèrent la tache de sa bâtardise, enfin la seule quittance qui ait été conservée parmi toutes celles délivrées à l'occasion du paiement de sa pension viagère; cet unique reçu est signé de sa main et scellé de son sceau, fait d'une belle intaille antique.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
A propos de Raoul de Presles. Documents sur l'homme
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1981, tome 139, livraison 2. pp. 191-207.
Résumé
En dépit de l'excellente étude de Robert Bossuat, parue dans l'Histoire littéraire de la France en 1974, Raoul de Presles (1316-10
novembre 1382) reste encore mal connu ; ses oeuvres, littéraires et polémiques, et ses traductions sont pour la plupart inédites ;
sa personnalité - d' une originalité certaine - demeure insuffisamment cernée. L' article précise quelques points de l'existence
d'un homme, qui ,seul laïc au sein d'une cohorte savante ecclésiastiques, travailla pour Charles V et jouit de sa confiance et de
son amitié; il étudie ainsi tour à tour son aspect physique, ses qualités intellectuelles et son caractère, puis les lettres royaux qui
effacèrent la tache de sa bâtardise, enfin la seule quittance qui ait été conservée parmi toutes celles délivrées à l'occasion du
paiement de sa pension viagère; cet unique reçu est signé de sa main et scellé de son sceau, fait d'une belle intaille antique.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne. A propos de Raoul de Presles. Documents sur l'homme. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1981,
tome 139, livraison 2. pp. 191-207.
doi : 10.3406/bec.1981.450230
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1981_num_139_2_450230■■y.:.
A PROPOS DE RAOUL DE PRESLES
DOCUMENTS SUR L'HOMME
par
Anne LOMRARD-JOURDAN
Le bilan des connaissances sur la vie et l'œuvre de Raoul de Presles
(1316-10 novembre 1382) a été dressé récemment par Robert Bos-
suat1. Nous nous attacherons seulement ici à quelques particularités
concernant l'auteur, dont la personnalité et les ouvrages offrent en
core à la curiosité historique un large champ d'étude. Nous essaie
rons d'abord de préciser son aspect physique et son caractère ; nous
publierons ensuite deux documents : les lettres de légitimation qui
lui furent accordées par Charles V en 4373 et une quittance signée
de sa main et scellée de l'intaille antique qui lui servit de sceau.
Cette modeste contribution aidera à cerner un personnage qui ne
manque pas d'originalité.
* * *
Tout ce que nous savons de l'aspect physique de Raoul de Presles,
c'est lui qui nous l'apprend. En 1365, dans l'épître dédicatoire de
sa Musa, offerte à Charles V, il se dépeint comme un homme de
petite taille, déformé par l'âge et affaibli par la maladie2. En 1374,
1. Sur Raoul de Presles, on peut consulter le mémoire — ancien mais toujours valable —
de A. Lancelot, La vie et les ouvrages de Raoul de Presles, dans Mémoires de littérature tirés
des registres de V Académie royale des inscriptions et belles-lettres, t. XIII (1740), p. 604-
665 ; et surtout R. Bossuat, Raoul de Presles, dans Histoire littéraire de la France, t. XL
(1974), p. 111-186 (bibl.) ; le jugement exprimé (p. 186) sur la valeur de l'écrivain et l'in
térêt de ses ouvrages nous semble toutefois beaucoup trop sévère. On peut voir aussi :
J. Decanter, La « Muse i> de Raoul de Presles. Étude et édition, dans École nationale des chartes.
Positions des thèses, 1954, p. 37-43 ; L. Garolus-Barré, Adouart, patronyme de Raoul de
Presles : ce dernier aurait-il été de condition servile?, dans Bulletin de la Société des anti
quaires de France, 1960, p. 139-142 ; R. Bossuat, Raoul de Presles et les malheurs du temps,
dans Studi in onore di Italo Siciliano, Florence, 1966, p. 117-122.
2. « Verum cum michi staturam natura non tribuerit, faciem defformaverit etas et vires
BIBL. ÉC. CHARTES. 1981. 2 13 192 ANNE LOMBARD-JOURDAN
dans le Prologue de sa traduction de la Cité de Dieu de saint Aug
ustin, il précise qu'il a longtemps différé à entreprendre la tâche
dont l'a chargé le roi « tant, écrit-il, pour ce que je savoye et sçay
la foiblesse de mon engin, la grandeur de l'euvre et l'aage dont je
suy, qui me deusse, si comme il semble, d'ores en avant reposer w1.
Enfin, en 1377, il insiste dans la Préface de sa traduction de la Bible :
« Je consideroie derechef mon age et l'adverse fortune de ma mal
adie2. » De son aveu même, Raoul de Presles était donc peu favo
risé par la nature ; il était âgé et malade dès 1365, époque où il ap
prochait de la cinquantaine ; étant donné la moyenne de longévité
au xive siècle, il pouvait presque déjà, à ce moment de sa vie, être
considéré comme un vieillard. Mais Raoul de Presles ne mourra
qu'à soixante-six ans, le 10 novembre 1382 ; il ne souffrait donc
pas d'une maladie à évolution rapide, mais plutôt de ce que nous
appellerions « un manque de santé ». 11 était, en revanche, soutenu
par une volonté farouche, grâce à laquelle il put mener de front
ses devoirs professionnels — « la grant charge de mon advocacie
qui est office publique et qui requiert labeur continuel »3 — et les
travaux de traduction dont le chargea Charles V et qu'il accepta,
dit-il, par obéissance.
Dans les préambules de ses œuvres, Raoul s'excuse de son « feible
entendement », de son « petit engin » : fausse modestie, car il n'igno
rait pas ses dons d'écrivain et le prix des connaissances qu'il avait
peiné à acquérir4. Ce bâtard, engendré en prison, orphelin de père
à quinze ans, qui se dit lui-même vir plebeius5, réussit, par ses qual
ités intellectuelles, par son acharnement au travail, par ses vertus
valitudo detraxerit, solis sciencie scriptorisque confisus muneribus... ad tuam commen-
dacionem pervenire spero » (Musa, Bibl. nat., ms. lat. 3233, fol. 1 r°, col. 2).
1. Bibl. nat., ms. fr. 15411, fol. 3 r°.
2. British Library, Lansdowne ms. 1175. Ce manuscrit est le seul à conserver cette pré
face, qui a été publiée par H. Ellis, A Catalogue of the Lansdowne manuscripts in the Bri
tish Museum, 1819, part II, p. 284.
3. Bibl. nat., ms. fr. 15411, fol. 3 r°. — Sur la carrière de Raoul de Presles, voir J. De
canter, loc. cit., p. 38.
4. Bien que laïc, sa culture équivalait à celle des clercs de l'époque. S'il semble avoir
peu connu le grec, il avait une bonne connaissance des auteurs latins. Il déclare ne pas
vouloir s'occuper de théologie, domaine réservé aux ecclésiastiques, mais il s'intéresse à
la philosophie, à l'histoire, à la morale. La bibliothèque qu'il avait réunie était considé
rable pour l'époque et il avait accès à celle du Louvre. Au début de sa traduction de la
Cité de Dieu, il donne la liste des 125 écrivains, profanes ou sacrés, qu'il a utilisés. Il laisse
entendre ailleurs qu'il conservait par devers lui des ouvrages réprouvés par l'Église (M usa,
fol. 16 v°-17 r°).
5. Dans la dédicace de sa Musa à Charles V ; cf. L. Garolus-Barré, Adouart, patronyme
de Raoul de Presles, loc. cit. — Sur sa naissance illégitime et le nom de sa mère, voir infra,
p. 199. A PROPOS DE RAOUL DE PRESLES 193
d'honnête homme, à se faire admettre dans l'entourage de Charles V ;
ce dernier lui donna des preuves non équivoques de son estime, de
sa confiance et de son amitié1. Ses qualités de juriste averti et de
laïc lui permettaient d'être un peu plus bavard et hardi que les ec
clésiastiques, qui avaient, à l'époque, le monopole des œuvres litté
raires, et il trouva en Charles V un lecteur un peu complice. Le roi
le choisit pour établir la version française de la Cité de Dieu et de
la Bible parce qu'il appréciait son ton de plume moins doctoral et
les commentaires et digressions qu'il ajoutait aux textes. Très sen
sible à cette marque de préférence, Raoul n'oublie pas de la sou
ligner : « Mais je dois estre esmerveillé et non sans cause, écrit-il
dans le Prologue de la Cité dé Dieu, de ce que, délaissiez les souve
rains clers de vostre royaume, dont il en y a tant et de si grans que
en toute crestienté n'en a tant de telz, et ausquiex tele euvre appar-
tenoit et leur estoit deuee a translater, il peut estre cheu en vostre
pensée de le moy baillier qui, au regart de eulx, ne suis que poudre
et cendre ; et comment vous avez voulu a moy qui sui de si feible
entendement baillier si fort fessel et a si petite main si grant mole
a tourner. »
De complexion chétive, usé d&

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