A propos du centenaire d Ernest Renan (suite) - article ; n°2 ; vol.36, pg 321-335
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Annales de Bretagne - Année 1924 - Volume 36 - Numéro 2 - Pages 321-335
15 pages

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Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

René Durand
A propos du centenaire d'Ernest Renan (suite)
In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 2, 1924. pp. 321-335.
Citer ce document / Cite this document :
Durand René. A propos du centenaire d'Ernest Renan (suite). In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 2, 1924. pp. 321-335.
doi : 10.3406/abpo.1924.1586
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1924_num_36_2_1586R. DURAND
i PROPOS DD CENTENAIRE D'ERNEST RENAN
Notes critiques et bibliographiques
(Suite)
Depuis la publication de nos « Notes critiques et bibli
ographiques sur E. Renan à l'occasion de son Centenaire »,
de nouveaux livres et de nouveaux articles ont paru, rendant
nécessaire la rédaction d'une second article.
Tout d'abord quelques inédits renaniens ont vu le jour.
C'est ainsi qu'on trouvera dans le Temps du 23 juillet 1923
une très intéressante Lettre <VE. Renan à E. Havet à propos
de son édition des Pensées de Pascal, datée du 6 juillet 1852
et communiquée à M. P. Souday par Mme Noémi Renan et
M. Louis Havet. E. Renan s'y exprime sur le compte de
l'apologiste avec une sévérité hardie qui fait plaisir en un
temps où sévit l'hagiographie pascalienne :
« Votre jugement, dit-il à Havet, sur l'état moral et intel
lectuel où furent composées les Pensées me semble de la plus
parfaite vérité. On voit partout dans ces fragments un esprit
inexpérimenté dans les sciences historiques et critiques...
Je crois pour ma part que le livre de Pascal, s'il l'eût mené
à fin, eût été de tous points faux et insupportable, car il n'est
pas probable que la sagesse de Port-Royal eût laissé passer
dans cet ouvrage dogmatique les hardiesses que nous admir
ons. L'essentiel eût été cette vaine argumentation par les
prophètes et les miracles dont les matériaux informes sont
avec raison relégués dans les appendices^ de votre édition.
Les Pensées proprement dites n'eussent été, je crois, que 322 A PROPOS DU CENTENAIRE D'ERNEST RENAN.
l'occasion et comme le préambule. Or vous relevez avec rai
son tout ce que cette argumentation a de puéril et sur quelle
pauvre érudition elle repose ; c'est celle du Pungio Fidei, ni
plus ni moins. »
Puis, M. Jean Pommier, maître de conférences à l'Université
d'Amsterdam, nous a donné une magistrale biographie .:
Renan d'après des documents inédits, Paris, Perrin, 1923,
i vol. in-12, xii, 367 p., ouvrage d'une importance capitale,
qui mériterait à lui seul un long compte rendu.
Impossible désormais d'étudier Renan sans avoir sur sa
table de travail ce livre copieux, bourré de faits, qui suit avec
une patience inlassable les détours sinueux de la pensée et
de la carrière de l'historien des Origines du Christianisme.
L'auteur est nettement favorable à son héros qu'il considère,
non pas comme un dilettante, selon le préjugé courant^ mais
comme un volontaire ayant « donné à son propre destin la
forme qu'il a voulu d'une main souveraine » (p. xi). Et il
admire la «-• grandeur de courage » dont Renan fit preuve
dans les dernières années de sa vieillesse, où la souffrance
physique ne l'épargna point et vis-à-vis de la grande épreuve,
de la mort. Même la sagesse désabusée des Drames Philo
sophiques, que Séailles et Parigot eux-mêmes regrettaient
ou feignaient de regretter comme une défaillance morale,
trouve en lui un défenseur. « Qu'il nous soit permis de le
dire, cette philosophie n'est pas ce qui altère notre sympathie
et notre admiration. Etre enfin arrivé à reconnaître qu'il y a
sur le monde plusieurs hypothèses possibles et que la philo
sophie consolante n'est que l'une d'elles, mais qu'il y a tout
autant de chances pour que la vérité soit triste, c'est-à-dire
pour que lex monde n'ait aucun but, ,n'ait aucun sens que
l'esprit de l'homme puisse apprécier et que la vertu soit sans
témoin ni récompense, et pourtant agir et travailler et se
prononcer avec autant d'ardeur ou de décision que l'opt
imiste, racheter la conviction par l'ironie, allier le sérieux
du croyant au sourire du désabusé, être consciencieux avec
détachement, qui prouvera que ce n'est pas là la sagesse ? »
(p. xiii). A PROPOS DU CENTENAIRE D'ERNEST RENAN. 323
Un reproche pourtant vient tempérer cet éloge. Renan est
responsabie du « renanisme », cette sorte de critique à la
fois « corrosive et fervente, qui abuse des mots, nie et admet
en même temps, détruit les dogmes et nourrit la foi, abat
la religion et exalte le sentiment religieux ». Il en est respon
sable par sa prétention « de nier les dogmes du catholicisme
sans faire de peine au catholicisme et même en lui faisant
plaisir », par « l'équivoque qu'il a toute sa vie organisée
envers sa mère d'abord, envers le public ensuite, en sorte
qu'il disait avoir raison, sans que ses contradicteurs eussent
tort. » Après lui d'autres sont venus qui, plus habiles ou moins
scrupuleux encore, ont « considéré comme une élégance de
bon ton de se proclamer, sans examen, sympathiques à tous
lea credo. » Par là s'est accompli un véritable « énervemeni
de l'esprit » qu'il est du devoir de tout penseur honnête de
dénoncer et de combattre.
A défaut de la Revue de Métaphysique et de Morale, qui
aurait été plus qualifiée pour le faire, le Journal de Psychologie
normale et pathologique a consacré un numéro exceptionnel,
celui du 15 août 1923, à la Pensée d'Ernest Renan. En voici le
sommaire.
D'abord des Pages inédites d'Ernest Renan sur la Philo-
sojihie écossaise. Son influence sur la nôtre.
Une Correspondance avec le Père Hyacinthe Loyson,
publiée par A. Houtin (1872-1892), avec extraits du Journal du
Père relatifs àN Renan.
Puis une série d'étudesv consacrées par des spécialistes aux
divers aspects de l'activité intellectuelle du Maître.
A. Loisy, Le cours de Renan au Collège de France (texte
de l'allocution prononcée le 1er mars 1923, dans l'une des
salles où Renan a enseigné, par son successeur). — Retenons
cette précieuse confidence : « C'est l'abbé Louis Duchesne
qui, pour- la première fois, m'amena dans cette maison au
cours de M. Renan. »
- A. Meillet, Renan linguiste (communication faite à la
réunion commune des Sociétés de linguistique, de psycho- A PROPOS DU CEJNTEHAIRE D?ERNEST RENAN. 324
iogie, Ernest Renan, Asiatique, des Etudes Juives, à la Sor-
bonne, le 8 mars 1923). — Répare l'omission de la Science
française que nous avions signalée dans notre précédent
article'1). Essaye ôe faire le départ, des éléments périmés
et de ceux restés vivants dans la science de Renan « La
linguistique de Renan n'a rien à faire avec les théories
logiques et a priori qui avaient cours en France depuis le
XVIIIe siècle. Elle part des faits. Et elle est fondée sur des
données historiques. Renan s'était acquis une connaissance
étendue du domaine sémitique classique et il use avec sa
lumineuse intelligence d'une grande masse de faits exacts
bien classés. » Mais il croyait comme tous les savants de
son temps à la fixité des types linguistiques, conception
aujourd'hui abandonnée. D'autre part il n'était guère familier
qu'avec les langues sémitiques : ce sont elles qui lui ont
suggéré sa théorie de l'immutabilité des idiomes. Une étude
approfondie de langues indo-européennes l'aurait mis en
garde contre ce que cette idée a de trop absolu. »
Et M. Meillet conclut : « Le détail d'un livre de linguistique
est facilement caduc après quelques années écoulées. Mais
des principes fondés sur une vue juste des choses ont une
valeur durable. Et à ce point de vue YHistoire des langues
sémitiques, où tant de détails sont périmés, reste autre chose
qu'un monument du passé. »
L. Lévy-Brûhl, La religion de Renan appréciée du point
de vue d'un sociologue disciple de Comte et de Dûrkheim. —
« L'idéal religieux de Renan où n'intervient ni la

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