Advis et devis des lengues, traité de philologie composé par Bonivard. 1563. [Second article.] - article ; n°1 ; vol.10, pg 339-366
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Advis et devis des lengues, traité de philologie composé par Bonivard. 1563. [Second article.] - article ; n°1 ; vol.10, pg 339-366

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1849 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 339-366
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1849
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Bordier
Advis et devis des lengues, traité de philologie composé par
Bonivard. 1563. [Second article.]
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1849, tome 10. pp. 339-366.
Citer ce document / Cite this document :
Bordier Henri. Advis et devis des lengues, traité de philologie composé par Bonivard. 1563. [Second article.]. In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1849, tome 10. pp. 339-366.
doi : 10.3406/bec.1849.461767
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1849_num_10_1_46176717-
ADVÏS
DEVIS DES LENGUES,
TRAITÉ DE PHILOLOGIE
COMPOSÉ PAR BOMVARD.
1563.
(Suite et fin) (1).
Premièrement, par ce nom miles les Latins signiffient tout genre
de soldat, soit à pied, soit à. cheval; et quant l'on nomoit chacun à
part, on appelloit les ehevallierz, équestres, les piétons, pédestres;
copiœ équestres, copiœ pédestres, bendes de ehevallierz ou de gentz
de cheval, bendes de gens de pied ou de piétons. Mais despuis, ce vo
cable miles , qui estoit général , ha esté faict spécial aux seulles gentz
de cheval, et encor non pas à touz, mais à une espèce d'iceux que les
princes veullent honorer d'un tel tiltre non pas de service précaire, mais
de perpétuelle dignité , avec certaines cérémonies , corne les frappantz
sus l'espaule du plat de leur espée, avec ces parolles : «Chevallier de par
«S. George,« puis luy rebaillant l'espée, luy font chausser des espe-
ronz dorez qu'ilz portent toutte leur vie; mais ces ehevallierz sont ap
peliez par gentz entendant bien la propriété de lengue latine, équités
aurati, ehevallierz à esperon doré, mais les ignorantz cella, les hont
appeliez de nom commun à touz soldatz , milites , et quant l'on ha
quelcun d'iceux enseveli, l'on escrit dessus son tumbeau : Hicjacet gc-
nerosus Dominus miles.
Je voudroie que tous les prebstres et moynes, qui preschantz la
Passion, quant vient sus ce passage : Sed unus militum lancea latu.s
ejus aperuit , etc., interprètent ce mot miles, en Gauloys , chevallier,
m'eussent doné chascun un escu; j'en hauroie assés pour m 'enchaîner
en chevallier. J'hai veu jouer l'histoire de la .Passion sur un schaffaiU
(I) Voy. d-dessus page 290 340
plusieurz foiz; mais y failloit que là fust un chevallier, monté sus un
cheval pour ce que un naïf n'i eust peu monter , et estoit le chevallier
armé de touttes pièces , haiant la chaine au col , qui alloit percer avec
sa lance le costé du crucifix, par l'ordonnance du père réverendt qui
preschoit. En mon enfance je fus enroullé avec un autre enfant pour
jouer en une tragédie de la passion et martire de S. Biaise, où failloit
havoir II enfantz avec leur mère, par sa parolle convertiz à Jésus Christ,
et aussy des soldatz qui le menoient au martyre ; mais pour ce que l'hi
stoire latine disoit milites, les dictz soldatz qui ne servoient illec que de
borreaux y estoient accoustrez en chevallierz, que me faisoit alors penser
que les empereurs ne se servoient d'autres borreaux que de chevallierz.
Une autre erreur est sus ce vocable Dominus, qui est plus amplié en
lengues communément modernes , que le latin d'où il est sorti , car naifz
latins ne signiffioient par ce mot Dominus, fors le jouissant en propriété
de touttes autres choses que d'homes, ou d'homes de condition servile ;
nous l'appelions seigneur, qu'est un vocable de souverein honeur main
tenant; mais anciennement, quant Dominus se nommoit pour home
haiant puissance sus autres homes, c'estoit autant que l'appeller tyran,
et pour tant l'on appelloit les tyrannies de Sylla, de Ginna, de Caesar et
autres, Dominatus Syllœ , Cinnœ , etc. Mais sus homes francz n'i
havoit si grandt personage, en quelque estât , dignité ou magistrat qu'il
fust, que l'on nomast Dominus, id est seigneur ou monsieur. Le sénat
Romain qui gouvernoit presque toutte la terre, n'estoit pas honoré de
tel tiltre de Seigneurie , avec d'autres epithètes adjectifz , desquelz nous
usons de présent, appellant Excellentz, Magniffiques, Puissantz, Très
redoubtez Seigneurz etc. jusques presques à un sénat de village; non
pas estoient simplement appeliez messieurz, mais tant seullement Pères
conscrit z .
Et quant on parloit à quelque particulier, de quelque estât qu'il fust,
voire en souverain magistrat, on le nomoit de son nom simplement ,
come Cathon , Ciceron , Crassus , Cœsar, Pompée , et non pas monsieur
Cathon, monsieur Ciceron, monsieur Crassus etc. ; voire es royz mes-
mes et encores à ceux que l'on ornoit d'honeurz divins, come Alexandre
le Grandt, Hérode et d'autres. Et entre les Romains et touttes autres
nations ces II motz de roy et de seigneur estoient non seullement odieux,
mais exécrables, come sentantz leur tyrannie de cent pas à la ronde, et
marcquoient l'effaict d'un qui exerçoit de ces III nomz : Tyran,
Roy et Seigneur, si que l'on nomoit les cruelz excèz que Sylla havoit
perpétrez en la guerre contre Marius, dominatum Syllœ, la seigneurie
de Sylla, qui vaut autant à dire come la tyrannie de Sylla; pourquoy 341
Lucan raconte que Caesar s'excusa envers ses gentz d'armes , du crime
que on luy imposoit de se vouloir faire seigneur de Rome , disant :
Detrahimus Dominos Urbi sei vire párati.
Nostre dessain, disoit-il, n'est pas de nous emparer de la seigneurie de
Rome , mais garder ceux qui hont entrepris de le faire.
Mais c'est l'ordinaire que quant les choses se corrompent , aussy font
les marques d'icelles, que sont les nomz , de quoy cecy est un exemple,
car ce pendant que Rome fut en liberté, ce nom de monsieur et estât de
monsieur y estoit incognu, sinon à respect des patronz à leurz esclaves,
mais despuis qu'elle fut par Cœsar asservie, si ne print-elle pas encor sa
possession du premier coup; car luymesme, combien qu'il eust conquiz
les corpz des Romains par force , n'en voulut user, ains par clémence
et douceur attirer leurz cueurz à soy. Et pour tant combien qu'il usast
d'effaict de roy et seigneur, se desporta du tiltre et se contenta de celluy
de dictateur perpétuel , lequel office estoit bien une royauté et seigneur
ie , car il havoit bien autant de puissance; mais il se monstroit le plus
doux et clément qu'il luy estoit possible sans débiliter son authorité et
laissoit encor au sénat d'authorité beaucoup, en quoy le suivit Auguste,
son nepveu. Mais après ces deux , tyrannie print le frain aux dentz , ne
voulut plus estre enmasquée de tiltre de douce principauté , mais à face
descouverte estre nomée telle qu'elle estoit; si que Domitien Caesar faisoit
escrire au pied des lettres patentes qu'il concédoit : Dominus et Deus
noster sic fieri jussit; nostre Seigneur et nostre Dieu veut que ainsy soit
faict. Despuis ce nom fut attribué aux empereurz et par succession de
temps parvint peu à peu à touttes gentz d'estouffe, jusques à estre faict
à chascun ; ainsy come nous l'havons déclairé en nostre Advis et devis
de noblesse (1).
L'on donne aussy coustumièrement des souffletz au lenguage Latin
l'interprétant en Gauloys , sus ce pournom de segonde persone, tuy tui
vel tibi etc.; car l'on ne luy laisse point de singulier, ains le prononce on
tousjours en plurier, quant l'on parle à quelque personage de quelque
estouffe; car ni en Latin ni en vulgar de lengue europienne
que ce soit, l'on le vousie, ce que jadis ne se faisoit es lengues ancien
nes, à quelque grandt personage que ce fust, non pas à Dieu mesme, ce
que encores on ne luy faict, mais parlant à Dieu ou à Roy ou autre
prince qui après Dieu sont le plus grandtz dessus la terre , l'on ne disoit
pas, come maintenant « Syre, ou Mons.r, vous plaira-il » etc., mais le
(1) Autre ouvrage de Bonivanl dont nous avons parlé ci-dessus, 2e série, t. il, p. 394. 342
tuttioit-on et le nomoit-on par son propre nom, luy disant : <> te plait il » etc,7
ou quelque foys l'appelloit-on par le nom de son office : Roy, Capitaine ,
Consul et autres, luy disant, « Roy, feras-tu cela » etc.; ce que aussy
l'on diet que ce faict à l'Empereur de Thurchie, jaçoit qu'il soit le plus
redoubté tyran du monde. Seulement en la première persone, abusoient
touz magistratz, qui jaçoit que l'un de eux soit singulier, escrivantz letres
patentes, ne s'appellent pas en nom singulier, «Moi tel, gouverneur» etc.,
mais : « Nous tel, gouverneur » etc. Et n'est pas provenu ce erreur dès
maintenant, car desjà du temps de l'empereur Trajan, quant Pline se-

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