« Affaires de Koné ». Rapport du Brigadier Faure sur les débuts de l insurrection de 1917 en Nouvelle-Calédonie. - article ; n°76 ; vol.39, pg 69-88
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« Affaires de Koné ». Rapport du Brigadier Faure sur les débuts de l'insurrection de 1917 en Nouvelle-Calédonie. - article ; n°76 ; vol.39, pg 69-88

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1983 - Volume 39 - Numéro 76 - Pages 69-88
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Brigadier Faure
Alain Saussol
« Affaires de Koné ». Rapport du Brigadier Faure sur les débuts
de l'insurrection de 1917 en Nouvelle-Calédonie.
In: Journal de la Société des océanistes. N°76, Tome 39, 1983. pp. 69-88.
Citer ce document / Cite this document :
Faure , Saussol Alain. « Affaires de Koné ». Rapport du Brigadier Faure sur les débuts de l'insurrection de 1917 en Nouvelle-
Calédonie. In: Journal de la Société des océanistes. N°76, Tome 39, 1983. pp. 69-88.
doi : 10.3406/jso.1983.2775
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1983_num_39_76_2775MISCELLANÉES
« Affaires de Koné »
Rapport du Brigadier Faure sur les débuts de l'insurrection
de 1917 en Nouvelle-Calédonie.
Le rapport que publie aujourd'hui la Société des dra tout particulièrement l'explication que Faure
Océanistes est un document fondamental sur les donne du comportement étrange du chef Noël à
Tiamou : le soit-disant pilou de réconciliation audébuts de l'insurrection de 1917 en Nouvelle-Calé
rait été en fait un traquenard ourdi par le Chef des donie *. // est l'œuvre du chef de brigade de gen
Affaires Indigènes Fourcade, dont Noël aurait eu darmerie Faure, en poste à Koné lors de ces évé
nements. vent. Faure, page après page, détaille la responsab
ilité de Fourcade dans ces diverses affaires ainsi Tenu en suspicion par l'Administration qui a
que celle du Gouverneur Repiquet. Au-delà des manifestement cherché à en faire un bouc émiss
maladresses d'un style plus oral qu'écrit, ce récit aire, sanctionné par une mutation à Ouégoa et
tenu à l'écart du procès d'assises où il aurait dû garde la force et l'authenticité du vécu.
être un témoin essentiel, le brigadier Faure, se sen
Alain Saussol. tant victime d'une injustice témoigne ici pour l'His
toire.
Ce long rapport écrit à l'époque du procès d'ass
ises, était destiné au capitaine de gendarmerie Le recrutement des tirailleurs.
Lamotte, supérieur hiérarchique de Faure, auprès
Lorsque Monsieur l'Administrateur adjoint Four" duquel celui-ci voulait se justifier, pour l'honneur.
cade, chef du Service des Affaires indigènes est Lamotte n'a même pas voulu l'écouter. En déses
venu à Koné pour tâcher de trouver des volontpoir de cause, avant de rentrer définitivement en
France, Faure a remis son rapport à un notable aires indigènes, il est allé à Naparouen, tribu du
calédonien de ses amis pour que quelqu'un sache. grand-chef Téin Antoine qui se nomme également
C'est la bouteille à la mer d'un homme qui crie Gattélia. Les chefs des tribus faisant partie du dis
trict commandé par Téin-Antoine étaient tous rassa vérité, ce qui donne à ce document une force
exceptionnelle. semblés, ainsi qu'un certain nombre d'indigènes.
Monsieur Fourcade leur a alors parlé petit-nègre, Conservé pendant deux générations dans cette
vieille famille calédonienne soucieuse de laisser leur disant que la France avait beaucoup de sol
dats, qu'elle n'avait pas besoin d'eux pour sa dés'écouler un laps de temps suffisant pour ne pas
porter préjudice à des personnes nominalement fense mais qu'elle voulait que tous ses sujets assis
tent à la Victoire et qu'alors en France on avait citées dans ce texte, le temps de la prescription
pensé aux canaques parce que ce sont de beaux étant venu, ce rapport a été confié à la Société des
Océanistes en vue de sa publication. hommes, forts, adroits etc., meilleurs que les
Le brigadier Faure est mort sans connaître les Soudanais et supérieurs aux autres races noires ;
que l'on ne voulait plus de Tahitiens parce qu'ils raisons de sa disgrâce. Du moins son témoignage
a-t-il survécu. Il éclaire d'un jour nouveau des épi n'étaient bons à rien et que c'était pourquoi l'on
redemandait des canaques volontaires. Monsieur sodes mal connus tels que la pseudo-attaque de la
Fourcade a discrédité les Tahitiens à un tel point gendarmerie de Koné, le recrutement des tirailleurs
qu'il ne serait pas étonnant que, lorsqu'on a voulu et surtout l'incident de Tiamou qui marque le véri
se servir d'eux contre les canaques, ces derniers table début des « événements de 1917 ». On
• Sur l'insurrection de 1917 en Nouvelle-Calédonie, voir :
J. Guiart, Les événements de 1917 en Nouvelle-Calédonie. Journal de la Société des Océanistes n° 26 ; Dec. 1970.
A. Saussol, L'Héritage. Publication de la Société des Océanistes n° 40, Paris. Musée de l'Homme 1979. (p. 308 à
322). SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 70
devaient se croire bien supérieurs aux Tahitiens, alors que Monsieur Fourcade et les gendarmes
Dubos et Rubod à côté de Poindet1. puisque le Chef des Affaires Indigènes le leur avait
assuré. Le lendemain de sa visite à Naparouen, Mons
ieur Fourcade est allé à Bopope, mais je ne sais Ce discours, sauf ce qui concerne les Tahitiens,
pas ce qu'il s'y est dit, car je n'ai pu y aller. Il a été reproduit en substance dans le Bulletin du
Commerce qui relatait la tournée de M. Fourcade. fallait aller trop vite ; Monsieur Fqurcade voulait
Finalement M. le Chef de Service des Affaires aller de Poindah, station Caujolle, à Bopope et en
Indigènes a dit à haute et intelligible voix qu'il revenir dans la même journée. Avec toute la meil
était venu chercher des volontaires et qu'il lui en leure volonté possible je n'aurais pas pu le faire,
ni mon cheval non plus. Ceux qui y sont allés, fallait. Il a ajouté que les chefs qui lui amèneraient
des volontaires seraient ses amis tandis que ceux M. Fourcade et les gendarmes Dubos et Rubod,
ont changé de chevaux mais moi je n'aurais pas pu qui ne lui en fourniraient pas seraient « binglés »
(sic). en trouver pour me porter facilement.
À la tribu de Koniambo, le Grand-chef Mango Monsieur Fourcade a alors fait distribution de
tabac croyant peut-être lui amener quelques indi et tous ses petits chefs ont été rassemblés. Même
discours petit-nègre et distribution de tabac qu'à gènes de bonne volonté, mais il en a été pour ses
frais. Quand il eut fini son discours, une partie des Naparouen. Monsieur Fourcade est revenu sur le
sujet qu'il était venu chercher des volontaires et indigènes avait disparu comme par enchantement.
qu'il lui en fallait. Puis il est tombé sur le petit- M. Fourcade a pris ensuite à partie le petit-
chef Noël de Tiamou et paraît-il grand chef de chef Poindet de Paola-Netchaote ; le gendarme
Dubos s'en est mêlé. Ils en ont raconté à Poindet guerre de la région, qui avait soi-disant mis des
à un tel point que celui-ci leur a dit : «' Mais lai entraves lors de l'enrôlement des volontaires pour
le premier contingent, avant mon arrivée à Koné. ssez-nous tranquilles nous ne sommes pas des co
chons ! ». Par la suite Poindet m'a dit : « C'est Monsieur Fourcade a attrapé Noël d'une belle
façon et l'a menacé de le faire enlever de Tiamou vrai, on nous pousse comme du bétail » (il voul
ait, je crois, parler des chefs). « On demande des pour le faire déporter. Enfin il en a raconté à
volontaires et il faudrait en trouver de suite. Il faut Noël à un tel point que l'impression de ceux qui
étaient présents, mais ne parlons que de moi, c'est le temps de parler. Les indigènes ne veulent pas
s'engager. Le voyage leur fait peur. Je ne puis que Monsieur Fourcade ne venait pas de se faire
un ami. Noël a tout encaissé sans dire un mot, pourtant pas les forcer. Je voudrais bien en trouver
et ce n'est pas de ma faute si pas un ne veut part mais il fallait voir sa figure. J'en étais outré et
ir. Si j'avais pouvoir de le faire, il y en a quelques Rubod aussi de voir cette façon d'opérer.
uns que j'enverrais pour débarrasser la tribu, mais À Koniambo également Monsieur Fourcade a
dit qu'il binglerait les chefs qui ne lui fourniraient je ne le puis pas.
Monsieur le Chef des Affaires Indigènes pous pas de volontaires (bingler est le mot favori de
sant toujours Poindet qu'il aurait bien voulu voir Monsieur Fourcade et ce disant, il est heureux de
tourner le poing comme pour serrer quelque s'engager, pensant que d'autres suivraient le mou
vement, voyant qu'il n'arrivait à aucun résultat et cho

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