Analyse du discours - article ; n°13 ; vol.4, pg 8-45
40 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Analyse du discours - article ; n°13 ; vol.4, pg 8-45

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
40 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langages - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 13 - Pages 8-45
L'analyse du discours effectue les opérations suivantes sur tout texte suivi, considéré individuellement. Elle rassemble les éléments (ou séquences d'éléments) dont les environnements à l'intérieur d'une phrase sont identiques ou équivalents, et les considère comme équivalents entre eux (c'est-à-dire, membres de la même classe d'équivalence). Le matériau qui n'appartient à aucune classe d'équivalence est associé au membre (d'une classe) avec lequel son rapport grammatical est le plus étroit. On divise les phrases du texte en segments, constitués chacun d'une succession de classes d'équivalence, de façon à ce que chaque segment obtenu soit aussi semblable que possible, par des classes qui le composent, aux autres segments du texte. On examine alors la succession des segments pour repérer la distribution des classes qu'elle offre et, en particulier, pour repérer des schémas d'occurrence de classes.
Ces opérations ne font appel à aucune connaissance concernant le sens des morphèmes, l'intention de l'auteur, ou sa situation. Elles n'exigent que la connaissance de la limite des morphèmes, y compris les junctures de phrase et autres intonations morphologiques (ou ponctuation). L'application de ces opérations peut être renforcée par l'utilisation des équivalences grammaticales (ou rapports d'occurrence de morphèmes individuels), tirées de toute la langue ou du corps linguistique dont le texte en question fait partie. Dans ce cas, il est nécessaire de connaître les classes grammaticales des différents morphèmes du texte.
L'analyse du discours donne une foule de renseignements sur la structure d'un texte ou d'un type de texte, ou sur le rôle de chaque élément dans cette structure. La linguistique descriptive, elle, ne décrit que le rôle de chaque élément dans la structure de la phrase qui le contient. L'analyse du discours nous apprend, de plus, comment un discours peut être bâti pour satisfaire à diverses spécifications, exactement comme la linguistique descriptive construit des raisonnements raffinés sur les façons dont les systèmes linguistiques peuvent être bâtis pour satisfaire à diverses spécifications. L'analyse du discours donne aussi des renseignements sur des fragments de discours plus longs que la phrase; ainsi, il se révèle qu'il y a des rapports entre les phrases successives, mais que ces rapports ne sont pas visibles dans la structure de phrase (en termes de ce qui est sujet et ce qui est prédicat, etc.), mais le sont dans le scheme d'occurrence des classes d'équivalence dans les phrases successives.
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Zellig S. Harris
Mme Françoise Dubois-Charlier
Analyse du discours
In: Langages, 4e année, n°13, 1969. pp. 8-45.
Citer ce document / Cite this document :
Harris Zellig S., Dubois-Charlier Françoise. Analyse du discours. In: Langages, 4e année, n°13, 1969. pp. 8-45.
doi : 10.3406/lgge.1969.2507
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1969_num_4_13_2507Résumé
L'analyse du discours effectue les opérations suivantes sur tout texte suivi, considéré individuellement.
Elle rassemble les éléments (ou séquences d'éléments) dont les environnements à l'intérieur d'une
phrase sont identiques ou équivalents, et les considère comme équivalents entre eux (c'est-à-dire,
membres de la même classe d'équivalence). Le matériau qui n'appartient à aucune classe
d'équivalence est associé au membre (d'une classe) avec lequel son rapport grammatical est le plus
étroit. On divise les phrases du texte en segments, constitués chacun d'une succession de classes
d'équivalence, de façon à ce que chaque segment obtenu soit aussi semblable que possible, par des
classes qui le composent, aux autres segments du texte. On examine alors la succession des segments
pour repérer la distribution des classes qu'elle offre et, en particulier, pour repérer des schémas
d'occurrence de classes.
Ces opérations ne font appel à aucune connaissance concernant le sens des morphèmes, l'intention de
l'auteur, ou sa situation. Elles n'exigent que la connaissance de la limite des y compris les
junctures de phrase et autres intonations morphologiques (ou ponctuation). L'application de ces
opérations peut être renforcée par l'utilisation des équivalences grammaticales (ou rapports
d'occurrence de morphèmes individuels), tirées de toute la langue ou du corps linguistique dont le texte
en question fait partie. Dans ce cas, il est nécessaire de connaître les classes grammaticales des
différents morphèmes du texte.
L'analyse du discours donne une foule de renseignements sur la structure d'un texte ou d'un type de
texte, ou sur le rôle de chaque élément dans cette structure. La linguistique descriptive, elle, ne décrit
que le rôle de chaque élément dans la structure de la phrase qui le contient. L'analyse du discours nous
apprend, de plus, comment un discours peut être bâti pour satisfaire à diverses spécifications,
exactement comme la linguistique descriptive construit des raisonnements raffinés sur les façons dont
les systèmes linguistiques peuvent être bâtis pour satisfaire à diverses spécifications. L'analyse du
discours donne aussi des renseignements sur des fragments de discours plus longs que la phrase;
ainsi, il se révèle qu'il y a des rapports entre les phrases successives, mais que ces rapports ne sont
pas visibles dans la structure de phrase (en termes de ce qui est sujet et ce qui est prédicat, etc.), mais
le sont dans le scheme d'occurrence des classes d'équivalence dans les phrases successives.ZELLIG S. HARRIS
Université de Pennsylvanie
ANALYSE DU DISCOURS *
Cet article présente une méthode d'analyse de l'énoncé suivi (écrit
ou oral) que nous appellerons discours 1. C'est une méthode formelle qui
ne se fonde que sur l'occurrence des morphèmes en tant qu'éléments iso-
lables; elle ne dépend pas de la connaissance que le linguiste qui analyse
peut avoir du sens spécifique de chaque morphème, et elle ne nous apprend
rien de nouveau sur le sens particulier de chacun des morphèmes qui
figurent dans le discours en question. Mais ceci ne signifie nullement que
nous ne puissions pas découvrir autre chose que la manière dont la gram
maire de la langue s'illustre dans ce discours. Car, bien que nous usions de
procédures formelles, proches de celles de la linguistique descriptive,
nous pouvons obtenir sur le texte étudié des renseignements que cette
dernière ne fournissait pas.
Cette information supplémentaire provient d'un fait fondamental :
l'analyse de l'occurrence des éléments dans le texte n'est faite qu'en
fonction de ce texte particulier; c'est-à-dire en fonction des autres éléments
de ce même texte et non en fonction de ce qui existe ailleurs dans la langue.
En conséquence, nous repérons les corrélations spécifiques des morphèmes
du texte tels qu'ils se présentent dans ce texte et, ce faisant, nous décou
vrons quelque chose de sa structure, de ce qui s'y passe. Il se peut que
nous ne sachions pas exactement ce que le texte dit, mais nous pouvons
déterminer comment il le dit — ce que sont les schemes de récurrence des
principaux morphèmes qui le forment.
* Cet article est paru en anglais dans Language, vol. 28, 1952, pp. 1-30. Nous remer
cions M. Z. Harris et la Société de Linguistique d'Amérique qui nous ont autorisés à le
publier en français.
1. J'ai le plaisir de remercier ici de leur collaboration trois hommes qui m'ont aidé
dans la mise au point de la méthode et dans l'analyse de divers textes : Fred Lukoff,
Noam Chomsky et A. F. Brown. Les recherches antérieures dans la perspective de cette
méthode avaient été présentées par Lukoff dans Preliminary analysis of the linguistic
structure of extented discourse (University of Pennsylvania Library [1948]). Une analyse
détaillée d'un texte-échantillon a paru dans « Discourse analysis : a sample text » de
Z. Harris, Language, vol. 28, n° 4, 1952, p. 474. 9
On peut déterminer des schemes définis pour des textes donnés, pour
des individus, des styles ou des thèmes donnés. Dans certains cas on peut
tirer des conclusions formelles du scheme spécifique de distribution des
morphèmes dans un texte. Et il est souvent possible de mettre en évidence
des différences de structure régulières entre les discours tenus par des
personnes différentes, ou dans des styles ou sur des thèmes différents.
Préliminaires
1. — Le problème.
On peut envisager l'analyse du discours à partir de deux types de
problèmes qui, en fait, sont liés. Le premier concerne le prolongement de
la linguistique descriptive au-delà des limites d'une seule phrase à la fois.
Le second concerne les rapports entre la « culture » et la langue (c'est-à-dire
entre le comportement non-verbal et le comportement verbal).
Le premier problème se pose parce que la linguistique descriptive
s'arrête généralement aux limites de la phrase. Ceci ne résulte pas d'une
décision a priori, car les techniques linguistiques ont été élaborées pour
permettre d'étudier tout énoncé, quelle qu'en soit la longueur; mais il se
trouve que, dans toutes les langues, presque tous les résultats obtenus
concernent un type d'énoncé relativement court qu'on peut appeler phrase.
Autrement dit, quand on établit une interdépendance dans l'occurrence
de deux éléments A et B, il se trouve presque toujours que ces deux él
éments sont considérés comme se présentant dans une même phrase. On
peut dire, par exemple, que les adjectifs anglais se trouvent avant le nom
ou après certains verbes (dans la même phrase) : the dark clouds, the future
seems bright, mais il est rare que nous puissions établir des interdépen
dances qui dépassent les limites de la phrase, par exemple si le verbe
principal d'une phrase a tel suffixe de temps, le verbe principal de la
phrase suivante aura tel autre de temps. Nous ne pouvons pas dire
que, si une phrase est; de la forme NV, la suivante sera de la forme N.
Tout ce que nous pouvons dire, c'est que la plupart des phrases sont de
la forme NV, que quelques-unes sont de la forme N, etc., et que ces
structures figurent dans diverses séquences.
C'est ainsi que la linguistique descriptive, partie pour décrire les
occurrences d'éléments dans tout énoncé quelle qu'en soit la longueur,
les décrit finalement surtout en fonction des autres éléments de la même
phrase. On ne s'est pas trop inquiété de cette limitation, parce qu'elle
n'a pas empêché l'élaboration de grammaires adéquates : la grammaire
expose la structure des phrases; le locuteur construit chaque phrase par
ticulière conformément à cette structure et produit sa propre séquence
de phrases.
L'autre problème, celui des rapports entre le comportement (ou 10
situation sociale) et la langue, a toujours été considér&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents