Anapua : Abri sous roche de pêcheurs ; étude des hameçons (lère partie) - article ; n°1 ; vol.94, pg 57-79

Pierre Ottino

Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1992 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 57-79
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: JOURNAL_DE_LA_SOCIETE_DES_OCEANISTES
• Publié le: 01 janvier 1992
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Pierre Ottino
Anapua : Abri sous roche de pêcheurs ; étude des hameçons
(lère partie)
In: Journal de la Société des océanistes. 94, 1992-1. pp. 57-79.
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Ottino Pierre. Anapua : Abri sous roche de pêcheurs ; étude des hameçons (lère partie). In: Journal de la Société des
océanistes. 94, 1992-1. pp. 57-79.
doi : 10.3406/jso.1992.2607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1992_num_94_1_2607Anapua : Abri-sous-roche de pêcheurs
Étude des hameçons (lre partie)
par
Pierre OTTINO *
I. — Introduction turel, donna cependant une date fort dif
férente : 770 ± 50 BP 2, soit une différence de
Anapua est un abri-sous-roche situé au sud- plus de 1300 ans !
ouest de l'île de Ua Pou, une des îles du Anapua livra un riche matériel archéolo
groupe nord de l'archipel des Marquises, en gique parmi lequel les restes fauniques sont
Polynésie Orientale. Cet abri s'ouvre sur la numériquement importants et essentiellement
baie rocheuse d'Hakapota, en direction de constitués d'os de poissons (Thonnidés ou
l'ouest. Sa formation résulte d'une érosion Katsuwonidés, Épinéphélidés, Holocentridés)
marine qui a entaillé la base haute fa et de morceaux de coquillage (turbos et por
laise ; laquelle surplombe aujourd'hui cette celaines) ; viennent ensuite, loin derrière, les
« grotte des pêcheurs », comme l'appelle les os d'oiseaux (avifaune marine), de tortues et
de mammifères tels que le rat (Rattus exu- Marquisiens actuels de Ua Pou. L'accès par
terre en est particulièrement malaisé ; l'abri lans), le cochon et le chien dont la présence est
était par contre accessible par voie maritime attestée dans les niveaux anciens du site, et
à partir des vallées voisines, dont la plus enfin le phoque 3.
proche, au nord-ouest, est à une demi-heure Situé au pied d'une falaise, entouré d'un
littoral rocheux, cet abri, d'environ 90 m2 et de pirogue conduite par un seul pagayeur.
La sédimentation, alimentée par des éboulis sans eau douce, est bien protégé des pluies et
en provenance de la falaise et par l'accumul des alizés en provenance de l'est, il offrait une
ation de matériaux d'origine anthropique, y a halte à la visite temporaire de pêcheurs.
superposé ses couches sur près de quatre La pêche, aux temps des niveaux anciens,
mètres d'épaisseur. était axée sur le littoral et sur le large. Un trait
Un prélèvement de charbon de bois, dans caractéristique du matériel de Anapua tient à
une structure de combustion, en vue d'analyse sa forte proportion en Scombridés, représent
14C donna la date de 2100 ± 95 BP '. Une és par des espèces de petite taille dont, sans
datation plus récente effectuée en Nouvelle- doute, la bonite. Ces prises atteignent 34 %
Zélande sur un morceau de coquille — Turbo du matériel ichtyologique dans les niveaux
setosus — provenant du même niveau inférieurs et décroissent jusqu'à 13 % dans les
* Chargé de recherche à l'ORSTOM.
1. N° d'analyse : C2530. Le traitement fut effectué à Orsay, Université de Paris-Sud, dans le Laboratoire d'Hy
drologie et de Géochimie Isotopique. L'âge de l'échantillon n'est pas corrigé pour les variations séculmaires de teneur
en Carbone 14 de l'atmosphère.
2. N° d'analyse : RI 1579/2 NZ7527. Le traitement fut effectué à l'Institut des Sciences Nucléaires à Auckland. L'âge
14C conventionnel est 1180 ± 50 BP, la date de 770 ± 50 est une date Libby.
3. L'analyse du matériel faunique fut effectuée en Nouvelle-Zélande et notamment dans le Département d'Anth
ropologie de l'Université d'Otago, dirigé par le Docteur Foss Leach. Les résultats de ce travail sont présentés dans un
rapport dactylographié du National Museum of Wellington, de janvier 1990 : «Analysis of faunal material from Te
Ana Pua, Ua Pou, Marquesas Islands », F. Leach, M. Horwood, R. McGovern-Wilson, I. W. G. Smith, P. Ottino et
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niveaux supérieurs. Les poissons péchés au 3,70 mètres de profondeur. En ce qui
proche littoral suivent par contre un mouve concerne ce sondage, le matériel fut recueilli
ment opposé avec, pour les Épinéphélidés essentiellement par tamisage9.
notamment, une augmentation à partir de Les pages qui vont suivre, contrairement
12 %, dans les niveaux anciens, jusqu'à 23 % aux études concernant ce type de matériel, ne
dans les niveaux récents. proposeront pas, dans l'immédiat, une étude
Les hameçons semblent suivre la même ten typologique visant à définir des classes ou des
dance que celle de la faune marine. Dans les types de formers d'hameçons. Nous commenc
périodes anciennes, les hameçons à bonite erons simplement par ce que notre échantil
sont bien représentés ainsi qu'une grande lon nous permet de faire, à savoir des compar
variété, en forme et dimension, d'hameçons aisons basées sur des mensurations. La forme élémentaires simples. Dans les niveaux de l'hameçon, lorsqu'il sera possible de la récents, au contraire, les hameçons à bonite et déterminer, ne sera donc ainsi qu'un élément les grands hameçons sont pratiquement parmi d'autres, qui viendra en complément absents, les élémentaires simples, d'une série de mesures. orientés sur une pêche de rivage, sont domi Au fur et à mesure de cette étude, nous nants et de forme stéréotypée. C'est ce type verrons ainsi que la pauvreté des observations particulier d'instrument de pêche : les hameç possibles amène à prendre en compte des crions, qui fournira la matière à cette étude. tères quelque peu délaissés habituellement par Parmi les matériaux recueillis dans l'abri de des études typologiques, orientées essentiellAnapua les hameçons ou morceaux d'hame ement sur la datation relative des niveaux çons en constituent sans doute un des en archéologiques et sur le développement des sembles les plus caractéristiques4. Exception stratégies de pêches dont l'évolution des faite de quelques pointes de pièces composées, formes des hameçons, avec le matériel ich- la plupart sont en nacre 5 (Pinctada margari-
thyologique, serait le critère le plus pertinent. tifera Linné, 1758). La grande majorité est L'orientation de ce travail reste néanmoins le constituée de fragments de hampe, parfois de même, mais il ne pourra aboutir que jumelé tête, plus rarement de pointe, partie la plus avec l'analyse complète du matériel archéolofragile. Quelques ébauches et formes6 sont gique de l'abri ainsi étudié qu'avec les données également présentes. Les pièces entières quant écologiques du site, ce qui dépasse, pour le à elles sont très rares. moment, la portée de cette étude. Pour une comparaison plus aisée, nous
n'envisagerons d'abord que les hameçons él
émentaires ou morceaux d'hameçons élément II. — Hameçons élémentaires simples. aires ; ils représentent 1 39 individus 7. Les
éléments d'hameçons spéciaux (à cuillers)
II- 1. Mensurations. n'étant eux que de 14 unités 8.
En ce qui concerne la nomenclature et la H-l-a. Largeurs des hampes. typologie, le lecteur pourra se reporter à l'ar
Ces trois ensembles : Surface (S) — Fouille ticle du Pr. Garanger, de 1965, et aux extraits
(F) — Sondage (S) permirent de récolter 182 inreproduits à la fin de cette étude.
Ces hameçons et fragments proviennent soit dividus. La rareté des pièces intactes ne per
d'une prospection effectuée à la surface du site met pas d'établir une typologie. La seule
m2 sur 85 m2 mesure comparable qui a pu être générale(S) soit de la zone fouillée sur 4
et 45/50 cm de profondeur (F), les autres pro ment prise sur toutes les pièces est celle de la
viennent tous du sondage (S) effectué perpen largeur de la hampe. C'est cette dernière que
diculairement au talus sur 1 ou 2 m2 et nous envisagerons d'abord.
4. Pour les illustrations d'hameçons et les tableaux généraux : Répartition des hameçons, pourcentage selon les
niveaux, parties conservées, poids... se reporter à la fin de cette étude et aux annexes.
5. « L'usage de matière première autre que la nacre est rare. Sinoto (1967, p. 348) note la pr&