Aspects de la vie religieuse des femmes dans l Orient paléochrétien : ascétisme et monachisme - article ; n°1 ; vol.10, pg 165-183
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Aspects de la vie religieuse des femmes dans l'Orient paléochrétien : ascétisme et monachisme - article ; n°1 ; vol.10, pg 165-183

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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1985 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 165-183
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre-Louis Gatier
Aspects de la vie religieuse des femmes dans l'Orient
paléochrétien : ascétisme et monachisme
In: La femme dans le monde méditerranéen. I. Antiquité. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean
Pouilloux, 1985. pp. 165-183. (Travaux de la Maison de l'Orient)
Citer ce document / Cite this document :
Gatier Pierre-Louis. Aspects de la vie religieuse des femmes dans l'Orient paléochrétien : ascétisme et monachisme. In: La
femme dans le monde méditerranéen. I. Antiquité. Lyon : Maison de et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1985. pp.
165-183. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1985_sem_10_1_2036ASPECTS DE LA VIE RELIGIEUSE DES FEMMES DANS L'ORIENT
PALÉOCHRÉTIEN: ASCÉTISME ET MONACHISME
Pierre-Louis GATIER
Rares sont les articles consacrés aux «religieuses» (1) de l'Antiquité tardive
(2). Les ouvrages généraux sur le monachisme ne font guère cas des femmes et ne
les mentionnent qu'incidemment (3). Ce sujet pourrait n'être qu'anecdotique,
tant les sources anciennes se prêtent à l'enchaînement d'historiettes pittoresques;
il nécessite cependant d'être traité avec sérieux. En effet, la vie monastique
féminine reflète, partiellement, la place de la femme dans la société civile, mais
également le rôle du christianisme dans la formation des mentalités de l'Antiquité
tardive, vastes questions d'histoire sociale que nous ne prétendons pas résoudre
mais qui peuvent ainsi recevoir un éclairage nouveau.
Nous nous contenterons d'étudier l'ascétisme et le monachisme féminin dans
une partie de l'Orient, c'est-à-dire dans la zone des patriarcats d'Antioche, de Jé
rusalem et d'Alexandrie, en faisant de rapides incursions dans les régions proches
de Cappadoce, d'Arménie et de Mésopotamie. Il était en effet nécessaire, devant
l'immensité de la tâche, de se limiter dans l'espace et dans le temps; pour cette
zone, la conquête musulmane nous permet de ne pas poursuivre cette recherche
au-delà du Vllème siècle. D'autre part, la prépondérance du monachisme égyptien
donne une unité, réelle ou fictive, à ces régions disparates (4). Enfin le monde la
tin, l'Occident, que nous éliminons, en même temps que les Balkans et une bonne
partie de l'Asie Mineure, paraît posséder dans ce domaine comme dans beaucoup
d'autres ses caractéristiques propres, et les témoignages y révèlent une vie monas-
1. Nous utiliserons ce terme dans son sens le plus large, pour désigner les cénobites, dites moniales ou non
nes, mais aussi les femmes qui vivent d'autres existences ascétiques, anachorètes et recluses, qu'elles
aient ou non prononcé des vœux. Nous nous expliquerons au cours de cet article sur ces importantes
questions de vocabulaire. Monachisme et vie monastique doivent également être compris comme des for
mules vagues et étendues.
2. En particulier DS, s.v. «monachisme; le monachisme féminin», col. 1603-1609 (A. Solignac). On consul
tera le DACL, s.v. «Ancilla Dei», col. 1973-1993 (H. Leclercq); «Cénobitisme», col. 3047-3248 (id.),
surtout 3085-3086 et 3159-3162; «Monachisme», col. 1774-1847 (id.); «Nonne», col. 1557-1615
(id.); «Reclus», col. 2149-2159 (id.); «Stylites», col. 1697-1718, dont 1714 (id.); «Vierge, virginité»,
col. 3094-3108 (id.). Les articles DTC, s.v. «Anachorètes», col. 1134-1141 (J. Besse), et DS, s.v. «Erémi-
tisme; en Orient», col. 936-953 (C. Lialine), négligent les femmes.
3. Ainsi, J.M. Besse, Les moines d'Orient, Paris, 1900 (p. 57-65); A. Vööbus, History of Ascetism in the
Syrian Orient, CSCO 184 et 197, Louvain, 1958-1960; DJ. Chitty, Et le désert devint une cité, trad,
française, abbaye de Bellefontaine, 1980, d'après la 2ème éd., Oxford, 1977.
4. Comme le montrent les traditions, fausses, qui attribuent à l'Egypte l'origine du monachisme syrien; cf.
J. Labourt, Le christianisme dans l'empire perse sous la dynastie sassanide, Paris, 1904, p. 302-315;
S. Schiwietz, Das morgenländische Mönchtum, t. 3, Wien, 1938, p. 400-407.
La femme dans le monde méditerranéen
TMO 10, Lyon, 1985. 166 P.-L. GATIER
tique beaucoup plus accueillante aux femmes que dans les régions sémitiq lues et
égyptiennes (5).
On sait que les écrits d'auteurs masculins sont, dans l'Antiquité, les plus
nombreux. A l'époque paléochrétienne il en va de même et les textes rédigés par
des femmes sont rarissimes (6). On en connaît deux qui concernent notre propos;
il est révélateur de constater que leurs auteurs sont des aristocrates occidentales,
qui les ont écrits en latin, et que leurs sujets sont les mêmes. En effet la lettre des
amies de Jérôme, Paula et Eustochium à Marcella, autre grande dame de Rome,
pour l'inviter à les rejoindre en Palestine (7), se présente comme une description
des Lieux Saints appuyée sur l'Ecriture, ce qu'est aussi le récit de voyage en Orient
écrit par Egérie, voyageuse occidentale de la fin du IVème siècle (8). A vrai dire
si ces deux textes n'éclairent pas considérablement nos recherches, ils révèlent l'in
térêt de riches et nobles occidentales engagées dans la vie monastique pour un O-
rient qu'elles visitent en touristes et en pèlerines à la recherche des Lieux Saints et
des hommes de Dieu.
Les témoignages littéraires qui décrivent la vie monastique féminine sont
donc essentiellement des «ouvrages d'hommes». On peut classer les sources hagio
graphiques, en suivant Evelyne Patlagean dans son résumé des travaux des bollan-
distes, en deux catégories (9). La Vie de saint proprement dite, à laquelle peuvent
se rattacher des récits de miracles, forme un premier genre; destinée à un public
socialement large mais géographiquement restreint, elle sert, entre autres, à forti
fier l'influence du sanctuaire où la mémoire du saint est vénérée. La prépondé
rance en nombre et en réputation des saints masculins n'a pas permis aux Vies de
saintes femmes de se multiplier; parmi celles-ci, les «religieuses» ne sont pas nomb
reuses; enfin, les récits semblent encore plus fortement marqués de caractères lé-
5. Sont particulièrement remarquables les groupes constitués à Rome autour de Marcella et Paula, grandes
dames que le témoignage de Jérôme privilégie. Les aristocrates d'Occident semblent dans ce domaine a-
voir joué un rôle plus important que celui de leurs soeurs d'Orient. Macrine la Cappadocienne n'est pas
de la même trempe que Melanie, par exemple; cf. Vie de Sainte Melanie, éd. trad. D. Gorce, SC 90, Paris,
1962. Il n'est pas impossible que les Occidentales aient été tenues pour des débauchées par les Orientaux
dont les femmes auraient été maintenues plus étroitement sous la surveillance familiale ; Synésios, De
Providentia, 1, 13, PG, 66, col. 1240-1241, cf. G. Dagron, Revue Historique, 241, fasc. 489, 1969,
p. 32. Naturellement nous ne négligerons pas la partie orientale de la «carrière» monastique de ces gran
des dames. L'étude des cas de Macrine ou d'Olympias ne modifierait pas beaucoup nos conclusions.
6. Nous ne partageons pas l'indignation d'Aline Rousselle, Porneia, De la maîtrise du corps à la privation
sensorielle Hème-IVème siècles de l'ère chrétienne, Paris, 1983, p. 231-233, faisant la différence entre la
négligence des hommes qui jettent les lettres de leurs correspondants et surtout leurs correspondantes, et
le souci amical qu'ont les femmes de conserver les écrits qu'elles reçoivent: «Donc lorsque les hommes
n'ont pas conservé copie de leurs propres lettres, les femmes les ont conservées et les ont transmises...
Les lettres de femmes ne sont ni conservées par leurs correspondants ni annexées aux lettres qu'elles ont
reçues et qu'elles livrent pour la publication». C'est beaucoup réduire la difficile question de la transmis
sion des recueils épistolaires.
7. La lettre est mêlée à la correspondance de Jérôme, Êp, 46. On l'attribue parfois à Jérôme lui-même.
«Chauvinisme masculin» ou philologie ? Ainsi G. Morin, Revue Bénédictine, 40, 1928, p. 289-310, attr
ibue à l'obscur Bachiarius deux lettres mystiques inédites «d&

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