Ateliers publics et filatures privées à Pondichéry après 1816 - article ; n°1 ; vol.59, pg 3-100
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1972 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 3-100
98 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Mireille Lobligeois
II. Ateliers publics et filatures privées à Pondichéry après 1816
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 59, 1972. pp. 3-100.
Citer ce document / Cite this document :
Lobligeois Mireille. II. Ateliers publics et filatures privées à Pondichéry après 1816. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-
Orient. Tome 59, 1972. pp. 3-100.
doi : 10.3406/befeo.1972.5118
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1972_num_59_1_5118ATELIERS PUBLICS ET FILATURES PRIVÉES
A PONDICHÉRY APRÈS 1816
PAR
Mireille LOBLIGEOIS
Cette étude s'appuie essentiellement sur les documents manuscrits
relatifs à l'Inde, aux Archives Nationales, Section Outre-Mer (Paris,
27 rue Oudinot). On verra qu'ils sont suffisamment riches pour éclairer
certains aspects de l'histoire des Établissements français de l'Inde,
alors qu'ils sont apparemment peu consultés. Quelques lacunes seront
comblées à l'aide des documents imprimés du même fonds : c'est dire
que l'on ne prétend pas avoir épuisé le sujet en se basant sur une source
limitée, mais très révélatrice, car il semble évident que la personnalité
du Gouverneur Desbassayns, le détail des travaux de Gonfreville, la
destinée des Ateliers Publics, la réussite de Charlemagne Poulain seraient
peu ou mal connus sans la conservation de ces manuscrits.
C'est pourquoi on laissera « parler ь le plus possible les textes eux-
mêmes — qui peuvent d'ailleurs ouvrir la voie à d'autres recherches.
Nous verrons ici l'importance considérable des Ordonnances locales
de 1826 et 1827 pour l'avenir de nos Établissements, avec leurs répercus
sions proches ou lointaines sur l'Inde anglaise, et sur le commerce français
au Sénégal : car ces mesures ont déterminé l'implantation des filatures
à l'européenne en Inde, c'est-à-dire l'introduction du machinisme et
de l'industrie moderne.
Ces documents témoignent aussi, indirectement et d'une manière
très vivante, de la mentalité occidentale de l'époque : l'utilisation des
machines à vapeur fait naître l'espérance de possibilités illimitées ; et
de la mentalité politique : la longue rivalité France-Angleterre ne se joue
plus sur les champs de bataille, mais dans l'industrie et le commerce, et
la haine des Anglais persiste encore chez les Français, parallèlement à
des relations cordiales au niveau des Administrateurs locaux des deux
Gouvernements, qui, sur place, comprennent bien que leurs intérêts
se rejoignent au lieu de s'opposer. 4 MIREILLE LOBLIGEOIS
Accessoirement, il est émouvant de vivre les difficultés de transport
pour ces pays lointains. Nous sommes au temps de la marine à voiles :
dates de départ incertaines (on attend le vent favorable), accidents
plus rares aujourd'hui (échouage à la sortie du port), escales laissées
à la décision du capitaine, selon les circonstances, selon les imprévus
de ce long trajet (le Canal de Suez n'est pas percé), et itinéraires assez...
indirects (de Pondichéry à Bordeaux par la Martinique). Mais au fur et
à mesure que l'on avance dans le temps, on avance aussi plus vite dans
l'espace, la correspondance entre la France et l'Inde est de plus en plus
rapide, l'étau administratif se resserre davantage, les initiatives du
Gouvernement local sont plus étroitement soumises au Gouvernement
de la Métropole.
Pour la période qui nous occupe, les figures de trois personnalités
marquantes, et bien différentes, émergent de ces dossiers :
Le Gouverneur Desbassayns de Richemont, dont l'ardent désir
de rendre vie aux Établissements français a provoqué l'intuition des
mesures à prendre ;
Gonfreville, teinturier-chimiste de Rouen, envoyé en mission aux
Indes passionné pour son métier, mais moins réaliste sur le plan matériel ;
Charlemagne Poulain, filateur, le seul qui ait réussi à implanter une
industrie durable à Pondichéry, grâce à ses qualités exceptionnelles :
intelligence, compétence professionnelle doublée du sens des affaires,
avec une persévérance aussi grande dans son travail que dans la défense
de ses intérêts..
Certaines Ordonnances locales de 1826 et 1827 sont déterminantes
pour la réorganisation des Établissements français, qui sont dans un
état assez lamentable à la reprise de possession en 1816. Les témoi
gnages concordent : bâtiments détruits ou délabrés, routes en mauvais
état, irrigations défectueuses, donc culture médiocre, pauvreté des
habitants, par suite du manque de travail.
Le Gouverneur Comte Du Puy, en envoyant à Paris les pièces
relatives à la réparation des bâtiments civils, mentionne qu'ils sont peu
nombreux, à cause de la destruction par les Anglais de tous les « bâtimens
qui par leur destination pouvaient être considérés comme militaires »
(Pondichéry, le 13 septembre 1818. Carton Inde 355)1.
Le 25 juillet 1820, l'Ingénieur chargé du Service des Ponts et Chauss
ées, Spinasse (arrivé dans l'Inde en 1819) précise qu'il a visité les
divers Établissements français et a partout constaté l'abandon où les
ont laissés les Anglais pendant les 25 ans d'occupation, dans le but de
les anéantir. Ceci malgré les efforts faits jusque-là, mais trop sporadi
quement, par les Agents Voyers en place (I. 355).
Les Anglais ont détruit les bâtiments ; on les accuse aussi d'avoir
détruit le moral des habitants. La population blanche, composée d'an-
(1) Les cotes seront indiquées ainsi : I. 355 = Carton Inde 355, Archives Nationales,
Section Outre-Mer (pour les manuscrits). Les quelques références aux sources imprimées
se rapportent aux « Archives administratives » et au « Bulletin des Actes administratifs
des Établissements français de l'Inde. » ATELIERS PUBLICS ET FILATURES PRIVÉES À PONDICHERY APRÈS 1816 5
ciennes familles de la Compagnie des Indes, ou des Troupes Royales,
est dans la détresse : elle a été ruinée du fait de la Compagnie, ou de la
Révolution, et ne trouve pas de ressources
t dans ces contrées où le travail manuel est considéré comme avilissant pour la
Classe blanche et où il n'existe pour ainsi dire ni industrie, ni agriculture, ni
commerce.
Quant à la population des Métis ou Topaz, elle se compose du mélange de sang
Européen et Indien ; cette population joint à la vanité de la Classe blanche
l'indolence des races indiennes et rien n'égale sa paresse, si ce n'est son immoralité.
Les Anglais, pendant qu'ils occupaient nos possessions de l'Inde y ont répandu
des secours fort abondants, qui étaient devenus en quelque sorte des primes
d'encouragement pour l'oisiveté »
(Rapport au Roi, 25 juillet 1827. 1.382)
L'Administration française n'ayant pas les mêmes moyens, se trouve
amenée à remédier à cette situation et à rendre vie et prospérité aux
Territoires. Eugène Panon Vicomte Desbassayns de Richemont, crée
d'abord les Ateliers d'arts et métiers pour venir directement en aide
aux indigents, sous la direction du Comité de Bienfaisance, entièrement
réorganisé, par les Ordonnances du 24 juillet 1826.
Pour diriger et améliorer les travaux, il demande l'envoi de teinturiers
et tisserands français, avec des métiers à tisser. C'est la Mission Gonfre-
ville.
De ce début modeste, où le Gouvernement est l'employeur, Des
bassayns passe à une phase plus décisive : non plus faire travailler les
ouvriers directement, mais susciter des entreprises privées qui créeront
des emplois. Ici se place la charnière de l'Ordonnance du 18 février 1827,
relative aux avances de fonds proposées aux industriels.
Entre temps, voici l'arrivée (septembre 1827) de Gonfreville,
teinturier-chimiste, et de Flament, tisserand, demandés l'année précé
dente. Leur présence provoque l'idée de fabriquer sur place, à l'euro
péenne, les tissus teints à Pondichéry. D'où l'Ordonnnance du 30 jan
vier 1828, puis celle du 25 février 1828 qui modifie celle du 18 février 1827.
Elles sont promulguées à la suite de la proposition de deux industriels
privés, Blin et Delbruck, de cré

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