Auto-image et hétéro-image : représentations du Français et du Japonais chez les migrants nippons en France - article ; n°1 ; vol.41, pg 129-152
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Auto-image et hétéro-image : représentations du Français et du Japonais chez les migrants nippons en France - article ; n°1 ; vol.41, pg 129-152

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Mots - Année 1994 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 129-152
AUTO-IMAGE ET HÉTÉRO-IMAGE : REPRÉSENTATIONS DU FRANÇAIS ET DU JAPONAIS CHEZ LES MIGRANTS NIPPONS EN FRANCE Comment les Japonais en France réagissent-ils à la contradiction inhérente à toute situation migratoire où deux cultures s'affrontent? L'analyse de leurs représentations du Japonais et du Français montre qu'il n'y a ni retranchement dans leur identité d'origine, ni mimétisme ; s'ils font appel à des stéréotypes, ceux-ci ne sont jamais l'instrument d'une apologie, d'un dénigrement. Cette prise de distance peut être considérée comme une conséquence de l'inscription de la société japonaise, sinon dans le monde occidental, du moins dans la modernité.
SELF-IMAGE AND IMAGE OF OTHERNESS: REPRESENTATIONS OF THE FRENCH AND THE JAPANESE BY JAPANESE IMMIGRANTS IN FRANCE How do Japanese in France react to the contradictions that inevitably arise when immigration confronts two cultures ? An analysis of their representations of both the Japanese and the French shows neither a suppression of their national identity nor a mimicry of the French; stereotypes, if used, are never the instruments of either an apologia or a denigration. This distancing can be considered as a consequence of Japanese society's inscription of itself, if not within the western world, at least within modernity.
AUTO-IMAGEN Y HETERO-IMAGEN : REPRESENTACIONES DEL FRANCES Y DEL JAPONÉS ENTRE LOS LOS MIGRANTES NIPONES EN FANCIA ¿Cómo reaccionan los japoneses que viven en Francia frente a la contadicción inhérente a toda situación migratoria en la cual dos culturas se afrontan ? El analisis de las representaciones del japonés y del froncés muestra que no existe ni reducción de su identidad de origen ni mimetismo ; si recurren a estereotipos, éstos nunca son el instrumento de una apologia, de una denigración. Esta distanciación puede considerarse como una consecuencia de la inscripción de la sociedad japonesa sino en el mundo occidental por lo menos en la modernidad.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Kazuhiko Yatabe
Auto-image et hétéro-image : représentations du Français et du
Japonais chez les migrants nippons en France
In: Mots, décembre 1994, N°41. pp. 129-152.
Citer ce document / Cite this document :
Yatabe Kazuhiko. Auto-image et hétéro-image : représentations du Français et du Japonais chez les migrants nippons en
France. In: Mots, décembre 1994, N°41. pp. 129-152.
doi : 10.3406/mots.1994.1928
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1994_num_41_1_1928Resumen
AUTO-IMAGEN Y HETERO-IMAGEN : REPRESENTACIONES DEL FRANCES Y DEL JAPONÉS
ENTRE LOS LOS MIGRANTES NIPONES EN FANCIA ¿Cómo reaccionan los japoneses que viven en
Francia frente a la contadicción inhérente a toda situación migratoria en la cual dos culturas se afrontan
? El analisis de las representaciones del japonés y del froncés muestra que no existe ni reducción de
su identidad de origen ni mimetismo ; si recurren a estereotipos, éstos nunca son el instrumento de una
apologia, de una denigración. Esta distanciación puede considerarse como una consecuencia de la
inscripción de la sociedad japonesa sino en el mundo occidental por lo menos en la modernidad.
Abstract
SELF-IMAGE AND IMAGE OF OTHERNESS: REPRESENTATIONS OF THE FRENCH AND THE
JAPANESE BY JAPANESE IMMIGRANTS IN FRANCE How do Japanese in France react to the
contradictions that inevitably arise when immigration confronts two cultures ? An analysis of their
representations of both the Japanese and the French shows neither a suppression of their national
identity nor a mimicry of the French; stereotypes, if used, are never the instruments of either an apologia
or a denigration. This distancing can be considered as a consequence of Japanese society's inscription
of itself, if not within the western world, at least within modernity.
Résumé
AUTO-IMAGE ET HÉTÉRO-IMAGE : REPRÉSENTATIONS DU FRANÇAIS ET DU JAPONAIS CHEZ
LES MIGRANTS NIPPONS EN FRANCE Comment les Japonais en France réagissent-ils à la
contradiction inhérente à toute situation migratoire où deux cultures s'affrontent? L'analyse de leurs
représentations du Japonais et du Français montre qu'il n'y a ni retranchement dans leur identité
d'origine, ni mimétisme ; s'ils font appel à des stéréotypes, ceux-ci ne sont jamais l'instrument d'une
apologie, d'un dénigrement. Cette prise de distance peut être considérée comme une conséquence de
l'inscription de la société japonaise, sinon dans le monde occidental, du moins dans la modernité.Kazuhiko YATABE
Université Lyon 2
Auto-image et hétéro-image :
représentations du Français
et du Japonais
chez les migrants nippons en France
« Les Français ne sont pas très grands, parlent à voix haute, possèdent
un tempérament actif et sont dotés d'une forte volonté /.../ Pour ce qui
est de leurs défauts, citons les points suivants : ils se laissent entrainer
par le superficiel, ont du mal à travailler de façon soutenue, essaient
d'obtenir ce qu'ils convoitent au moyen d'artifices. En cela, ils sont
proches des Japonais /.../ Lorsqu'un personnage exceptionnel surgit pour
les rassembler, personne ne peut leur résister. Ils deviennent alors le
phare de l'Europe. Mais si le contrôle se relâche un tant soit peu, les
conflits affleurent de toutes parts et la situation devient chaotique»1.
Cette vision du Français, extraite d'un célèbre rapport rédigé il
y a plus d'un siècle par la mission Iwakura, correspond-elle encore
à l'image qu'en ont actuellement les Japonais2? Répondre en détail
à cette question exigerait de longs développements. Au regard de
la relation plus que séculaire qui lie la France et le Japon —
rappelons que le Traité de paix, d'amitié et de commerce a été
conclu en 1858 à Edo (l'ancienne désignation de Tokyo) sous le
Second Empire — , les schemes de perception qui structurent l'image
de la France et donnent naissance aux stéréotypes ne sauraient être
dûment analysés que si l'on s'attachait à examiner les dimensions
suivantes.
1. Le rôle joué par les «intermédiaires» dans la transmission
1. Beiô kairanjikki (Rapport de la visite en Europe et en Amérique), Tokyo,
Iwanami shoten, vol.3, 1979, p. 35.
2. La mission s'est rendue en France en 1872.
129 des schemes (entre autres, les voyageurs, les médias, le système
éducatif) et leur production : pensons notamment à l'immense corpus
que constituent les rapports officiels, les récits de voyage, les
romans, les journaux et cahiers écrits par les Japonais, connus ou
inconnus, qui se sont rendus en France. Jusqu'à la démocratisation
du voyage de ces dernières décennies, la diffusion des connaissances
sur ce pays reposait nécessairement sur ces intermédiaires. Il est
certainement possible d'affirmer que, dans la mesure où l'expérience
directe de la vie dans l'Hexagone a été longtemps réservée à une
poignée de privilégiés, la représentation de la France et des Français
s'est constituée à travers des filtres. Un premier filtre est la
production culturelle française (littérature, musique, art plastique,
cinéma), le second étant ceux qui assurent la médiation et, par là
même, procèdent à des choix. Sur ce dernier point, il faudrait bien
entendu accorder une attention particulière aux revues et magasines,
notamment féminins, qui entretiennent une certaine image de la
France, ainsi qu'à la télévision.
2. Le contexte socio-historique dans lequel ces textes ont été
rédigés et diffusés. L'histoire des relations franco-japonaises ne peut
être ignorée : il suffit, pour s'en convaincre, de penser à la désormais
fameuse « fourmi menteuse » d'Edith Cresson et à la publicité qui
en a été faite dans l'archipel. Manifestement, en cette fin de 20e
siècle, l'image de l'autre ne peut être réellement saisie sans tenir
compte de l'interdépendance croissante des Etats entre eux et de
l'intégration de plus en plus élevée des fonctions économiques et
culturelles. Il faut noter également que l'image du Français n'existe
pas en soi : elle s'est constituée en même temps que se sont
forgées, entre autres, les images de l'Anglais, de l'Allemand, de
l'Américain. Réfléchir sur la production des représentations sociales
que sont les stéréotypes, c'est inévitablement se pencher sur l'histoire
de la modernisation de l'archipel et l'influence des divers pays
occidentaux.
3. Enfin, l'image de l'autre, que ce soit au niveau des relations
entre individus ou entre sociétés, ne se construit qu'en interaction
avec l'image de soi. La psychologie sociale a montré que l'identité,
qu'elle soit personnelle ou collective, est une relation, un processus
dialectique : elle se définit comme l'unique, mais contient simulta
nément l'idée de l'écart, de la différence qui permet au moi (au
nous) de se constituer par identification ou par opposition à l'autre1.
1. Voir notamment La recherche interculturelle, Paris, L'Harmattan, 1989 ; P. Tap
(dir.), Identités collectives et changements sociaux, Toulouse, Privât, 1986.
130 dit, la représentation que se font les Japonais du Français Autrement
(Г hétéro-image) ne prend tout son sens qu'à l'aune de l'image
qu'ils ont d'eux-mêmes (Г auto-image)1. Cela suppose pour le moins
que l'on se pose la question de la production de l'identité japonaise.
Sans donc prétendre répondre à la question initiale, nous nous
proposons, dans les lignes qui suivent, de présenter brièvement
quelques traits qui composent les images du Français — et du
Japonais, car, on vient de le voir, l'une ne va pas sans l'autre —
telles qu'elles sont produites par une population particulière, celle
qui regroupe les résidents japonais en France2.
Des représentations cohérentes
Mais, avant toute chose, peut-on parler, à partir des données
recueillies auprès des migrants temporaires japonais, de représenta
tions collectives structurées ? Il faut se demander, en effet, si l'on
n'est pas en présence d'associations aléatoires dans l'imagination
des ressortissants, auquel cas leurs significations seraient à chercher
entièrement dans l'histoire personnelle d

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