La presse française des sans-domicile-fixe - article ; n°1 ; vol.46, pg 55-81

Christine Barats

Description

Mots - Année 1996 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 55-81
LA PRESSE FRANÇAISE DES SANS-DOMICILE FIXE Apparue en France en mai 1993, la presse vendue à la criée par des SDF se révèle hétérogène et ambiguë : multiplication des titres (cinq au niveau national), problème du statut des vendeurs, différences dans les contenus développés (accordant rarement la parole aux SDF), inscription de ce handicap social lié à l'exclusion dans un environnement économique, incertitudes quant aux moyens et aux fins poursuivis par ces publications.
THE FRENCH HOMELESS' PRESS ' Appearing in May 1993, the publications sold on the street by the homeless proved to be diverse and to have ambiguous agendas : a multiplication of titles (five national papers), the problem of the vendors' status, differences in content (which rarely represented the vendors' voice), an attempt to place the issue of social disadvantage and exclusion in an economic environment, and uncertainties concerning these publications' means and purposes.
LA PRENSA DE LOS SIN DOMICILIO F1JO Aparecida en Francia en mayo 1993, la venta ambulante de periódicos рог los Sin Domicilio Fijo se revela heterogénea у ambigua : multiplicación de los titulos (o sea cinco al nivel nacionál), problema por un estatuto legal a los vendedores, inscripción de este handicap social que résulta de la exclusion en un ambiente económico, ambiguidad de los fines perseguidos por esas publicaciones, que raramente concede la palabra a los vendedores.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MOTS
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 238
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Christine Barats
La presse française des sans-domicile-fixe
In: Mots, mars 1996, N°46. pp. 55-81.
Resumen
LA PRENSA DE LOS SIN DOMICILIO F1JO Aparecida en Francia en mayo 1993, la venta ambulante de periódicos рог los Sin
Domicilio Fijo se revela heterogénea у ambigua : multiplicación de los titulos (o sea cinco al nivel nacionál), problema por un
estatuto legal a los vendedores, inscripción de este handicap social que résulta de la exclusion en un ambiente económico,
ambiguidad de los fines perseguidos por esas publicaciones, que raramente concede la palabra a los vendedores.
Abstract
THE FRENCH HOMELESS' PRESS ' Appearing in May 1993, the publications sold on the street by the homeless proved to be
diverse and to have ambiguous agendas : a multiplication of titles (five national papers), the problem of the vendors' status,
differences in content (which rarely represented the vendors' voice), an attempt to place the issue of social disadvantage and
exclusion in an economic environment, and uncertainties concerning these publications' means and purposes.
Résumé
LA PRESSE FRANÇAISE DES SANS-DOMICILE FIXE Apparue en France en mai 1993, la presse vendue à la criée par des
SDF se révèle hétérogène et ambiguë : multiplication des titres (cinq au niveau national), problème du statut des vendeurs,
différences dans les contenus développés (accordant rarement la parole aux SDF), inscription de ce handicap social lié à
l'exclusion dans un environnement économique, incertitudes quant aux moyens et aux fins poursuivis par ces publications.
Citer ce document / Cite this document :
Barats Christine. La presse française des sans-domicile-fixe. In: Mots, mars 1996, N°46. pp. 55-81.
doi : 10.3406/mots.1996.2064
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1996_num_46_1_2064BARATS0 Christine
La presse française des sans-domicile-fixe
La « presse de rue » ou presse à la criée, appelée aussi presse
des SDF parce qu'elle est vendue par des personnes dites sans-
domicile-fixe, est apparue en France en mai 1993. D'envergure
nationale ou locale, elle se présente comme une réponse aux
phénomènes d'exclusion en proposant une forme de revenu aux
personnes sans domicile, le gain d'argent étant directement lié à la
vente des journaux.
A la frontière de la presse classique et d'une initiative de type
caritatif, faisant appel à la solidarité et à la générosité des acheteurs,
cette presse s'est mise en place dans un contexte d'urgence, justifiant
l'illégalité du statut des vendeurs, aménagé a posteriori par le statut
de vendeur-colporteur.
Le Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE)
estime que 98 000 personnes sont à la rue en France1, susceptibles
donc, de proposer leurs services à ces différents journaux.
En d'autres termes, le développement de cette presse tend à
confirmer l'apparition d'un « marché », fruit de la crise économique,
reposant sur la raréfaction des offres d'emploi, la croissance d'une
population à la recherche de moyens de survie (logement, revenus)
et l'émergence d'une sensibilité aux drames humains engendrés par
la crise.
Pour mener à bien notre recherche sur ce nouveau type de presse,
nous avons retenu l'ensemble des titres qui bénéficient d'une
diffusion nationale. Si des expériences similaires s'observent loca
lement, elles sont souvent éphémères et ne permettent pas de
procéder à une analyse rigoureuse qui puisse s'inscrire dans la
° ATER, Université Paris 1, 17 rue de la Sorbonně, 75005 Paris
1. Selon une estimation de décembre 1992. En octobre 1993, l'abbé Pierre
déclarait dans le journal La Rue que 400 000 personnes étaient sans domicile en
France. De nombreuses associations font état de ce même chiffre.
Mots, 46, mars 96, p. 55 à 81 55 durée. C'est pourquoi notre corpus est constitué des cinq titres qui
bénéficient d'une diffusion nationale : Macadam, Le Réverbère, La
Rue, Faim de siècle et Le Lampadaire1.
L'analyse de cette presse pose plusieurs problèmes, en particulier
d'ordre méthodologique, compte tenu des différentes durées d'exis
tence de ces journaux mais aussi du peu d'information disponible
sur cette presse. La nouveauté du phénomène, la multiplication des
titres depuis 1993 mais aussi l'évolution de leurs périodicités limitent
la dimension comparatiste de l'analyse.
Citons, pour exemple, Faim de siècle (4e titre diffusé en France)
qui était mensuel à sa sortie, en novembre 1993, puis bimensuel à
partir du 1er mai 1994 et à nouveau mensuel après la liquidation
judiciaire du 26 juillet 1994 (cessation des paiements au 11 juillet
1994). Faim de siècle a cessé de paraitre après le n°9 de juin
1. Notre corpus est constitué des principaux exemplaires diffusés nationalement
par ces journaux. Il ne comprend cependant pas l'ensemble de leurs publications.
Macadam: mensuel, depuis le 11 mai 1993. №1 (mai 1993), n°2 (juin 1993),
n°4 (septembre 1993), n°7 (décembre 1993), n°9 (février 1994), n° 10 (mars 1994),
n°ll (avril 1994), n° 12 (mai 1994), n° 13 (juin 1994), n° 15 (août 1994), n° 16
(septembre Macadam Journal, n° 19 (décembre 1994), Macadam Plus, n° 19
(décembre 1994), Info, n°20 (janvier 1995), Macadam Info, n°26 (juillet
1995).
Le Réverbère: bimensuel, depuis le 31 juillet 1993, puis périodique en février
1995 (nouvelle parution tous les 10 jours environ). №001 (août 1993), n°01 (août
1993), n°4 (octobre 1993), n°7 (20 novembre 1993), n° 10 (10 janvier 1994 —
bimensuel français), n° 13 (21 février 1994 — bimensuel français de la précarité),
n° 14 (7 mars 1994 — bimensuel non subventionné de la précarité), n° 15 (21 mars
1994), n° 16 (4 avril 1994), n° 17 (18 avril 1994), n° 18 (1er mai 1994), n° 19 (16
mai 1994), n°20 (6 juin 1994), n° 24-25 (1er août 1994), n°28 (10 octobre 1994),
n°30 (7 novembre 1994), n°32 (5 décembre 1994), n°33 (21 décembre 1994), n°34
(16 janvier 1995), n°36 (10 février 1995), n°40 (non daté).
La Rue: mensuel, depuis le 21 octobre 1993. №1 (21 octobre 1993), n°2
(décembre 1993), n°3 (janvier 1994), n°4 (février 1994), n°5 (mars 1994), n°6
(avril 1994), n°7 (mai 1994), n°9 (juillet 1994), n° 10 (septembre n° 12
(novembre 1994), n° 13 (décembre 1994), n° 16 (mars 1995), n° 17 (avril 1995), n° 18
(mai 1995), n° 19 (juin 1995).
Faim de siècle : mensuel, puis bimensuel, puis mensuel. Parait depuis novembre
1993. Cessation de parution fin juin 1994, changement d'équipe et nouvelle parution
15 octobre 1994. №3 (janvier 1994), n°4 (février 1994), n°5 (mars 1994), n°6
(avril 1994), n°7 (1er au 15 mai 1994), n° 8 (17 au 31 mai 1994), n°9 (8 juin
1994), n° 10 (15 octobre 1994), n° 11 (novembre 1994), n° 12 (décembre 1994), n° 13
(janvier 1995), n° 15 (avril 1995), n° 16 (mai 1995), n° 18 (juillet 1995).
Le Lampadaire: bimensuel à sa sortie en octobre 1994, puis hebdomadaire. №4
(1er novembre 1994), n° 12 (hebdomadaire, non daté), n° 14 (hebdomadaire, non daté),
n° 16 (hebdomadaire, non daté), n° 19 (hebdomadaire, non daté), n° 20 (hebdomadaire,
non daté), n°26 (hebdomadaire, non daté).
56 et a repris sa parution le 15 octobre 1994 К C'est le même 1994
directeur de publication qui a relancé le titre mais il s'est entouré
d'une nouvelle équipe2. Le prix a changé ainsi que la périodicité
du journal, devenue mensuelle. Les structures de ces journaux ont
donc évolué et évoluent encore.
Comme le notait un article paru dans L'Evénement du jeudi3,
«cette presse n'échappe pas aux problèmes de pouvoir et d'argent
des autres journaux ». Ainsi, la surenchère quant à l'offre témoigne
de l'importance des problèmes de rentabilité et d'argent. La mult
iplication des titres et l'acuité de la concurrence ont engendré des
rapports de rivalité qui peuvent paraître choquants pour une presse
dont l'objectif affiché est la lutte contre l'exclusion.
Des vols auraient été commis dans les locaux de certains journaux,
ceux de Macadam4 et du Réverbère5, et des différends au sein
des équipes à l