Banten en 1678 - article ; n°1 ; vol.37, pg 119-151
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Description

Archipel - Année 1989 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 119-151
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Guillot
Banten en 1678
In: Archipel. Volume 37, 1989. pp. 119-151.
Citer ce document / Cite this document :
Guillot Claude. Banten en 1678. In: Archipel. Volume 37, 1989. pp. 119-151.
doi : 10.3406/arch.1989.2566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1989_num_37_1_2566GUILLOT Claude
Banten en 1678
Sans cesse les villes se transforment au gré des hommes qui les habi
tent; à plus forte raison quand elles parviennent à se placer au centre même
des échanges, quand les idées nouvelles affluent en même temps que l'or
et l'argent. Et l'éloignement dans le temps n'y peut rien. Ceci pour expli
quer l'insertion d'une date si précise dans le titre. Le Banten de 1678 n'est
en effet plus celui que virent et décrouvrirent les compagnons de Cornelis
de Houtman quatre-vingts ans auparavant, tout comme le Jakarta
d'aujourd'hui diffère de ce qu'il était au début du siècle. Le choix de l'année
1678, assez arbitraire en soi, répond tout de même a quatre exigences. Ban
ten connaît encore une indépendance totale; les années 1670 représentent
certainement la période la plus faste de l'histoire de ce royaume qui a su
s'adapter à la nouvelle situation politique et économique avec la participa
tion grandissante des Occidentaux au commerce maritime asiatique; Sul
tan Ageng, le vieux sultan, pour reprendre la bonne traduction des con
temporains, n'a pas encore remis la totalité du pouvoir à son fils aîné, déjà
prince héritier et vice-roi, connu plus tard sous le nom de Sultan Haji mais
qu'on appelle encore simplement, le jeune sultan , sultan anom ; or cette
passation de pouvoir entraînera des changements jusque dans l'aspect de
la ville; enfin en 1678 commence tout juste, au sujet de Cirebon, une partie
de bras de fer avec Batavia qui se terminera par la chute du royaume
javanais.
A regarder Banten sur une carte, on croirait voir l'illustration d'un
manuel de géographie pour le port idéal. La ville se trouve en effet au débou
ché des deux grandes voies maritimes internationales que sont les détroits
de Malacca et de la Sonde, qu'elle contrôle plus ou moins avec ses posses
sions du sud de Sumatra; elle possède une rade importante - 18 kilomètres 120
de large sur 10 de profondeur - aux eaux toujours calmes grâce aux îles
et îlots qui la protègent du large; enfin la rivière qui la baigne, non seul
ement lui fournit un port naturel mais encore lui sert de voie de communicat
ion avec la plaine vivrière qui forme l'arrière-pays.
La rivière, le Cibanten, qui prend sa source dans le Gunung Karang à
une trentaine de kilomètres au sud, se divise en deux pour atteindre la mer.
Les deux embouchures forment des ports, le port «international» à l'ouest
et à l'est le port local, appelé Karangantu. La ville installée de part et d'autre
de ces embouchures, se trouve ainsi divisée en trois grandes parties: à l'inté
rieur même du delta, la ville proprement-dite; à l'ouest, le quartier chinois,
d'une telle importance qu'on le qualifie souvent de ville chinoise et à l'est,
le grand marché et les faubourgs. A cela il faut ajouter pour être complet
les faubourgs agricoles du sud qui remontent la rivière sur environ dix kil
omètres jusqu'au complexe mi-rural, mi-urbain que constituent les environs
de l'ancienne capitale, Banten Girang (Banten de l'amont).
Les ports sont des villes ambiguës dont on ne sait s'ils appartiennent
davantage au large qui les fait vivre ou à la terre qui les porte. Ainsi Ban
ten apparaît dans les témoignages étrangers comme un comptoir fonda
mentalement cosmopolite quand les chroniques bantenoises le présentent
comme la capitale d'un royaume javanais où les étrangers n'ont qu'un rôle
accessoire. La description de la ville, quartier par quartier, devrait permett
re de mieux saisir, peut-être, la réalité que cachent ces deux visions con
tradictoires et de mettre en lumière d'une part la structure d'une ville por
tuaire javanaise du 17e s. mais aussi les structures mentales qui la régissent.
La ville intra-muros
On peut hésiter sur les qualificatifs à donner à la partie principale de
la ville. Ville royale? mais le roi n'y réside plus; ville javanaise? mais quoi
d'étonnant pour une ville de Java; ville proprement-dite? mais peut-on sépa
rer une ville portuaire de ses ports? Toutes ces dénominations cernent bien
une part de vérité, pourtant, devant leur insuffisance et pour souligner mal
gré tout l'identité propre de ce grand quartier, il paraît plus prudent de
s'en tenir à la constatation d'une réalité physique, les murailles. Cette part
ie de la ville se situe donc entre les deux bras de la rivière qui forment
le delta, traversé en diagonale par un troisième bras qui fait ainsi commun
iquer entre eux les deux premiers. Contrairement aux autres quartiers,
elle est entièrement entourée de murailles sur l'importance desquelles on
reviendra plus loin.
On sait bien que les structures urbaines sont autant le résultat de nécess
ités géographiques et économiques que le reflet de conceptions religieu
ses et sociales. Sur ce dernier point, il semble qu'à l'origine pour le moins,
Banten ait repris à son compte les concepts de royauté et d'espace à partir 121
desquels s'est élaboré l'urbanisme javanais ancien sans que les pensers nou
veaux de l'islam, pourtant tout juste vainqueur, n'apportent de changement
fondamental. A cet égard deux éléments semblent significatifs: le centre
et l'orientation.
Le centre
Les voyageurs occidentaux du 17e s. s'accordent tous pour estimer que
le centre de la ville est constitué par la place royale qu'ils nomment pase-
ban alors qu'elle porte dans la Sajarah Banten (S.B.) le nom curieux de dar-
paragi. Elle correspond à Yalun-alun bien connu des villes javanaises
d'aujourd'hui. Ils ne faisaient là qu'une constatation géographique, sans
en saisir la signification dans la culture javanaise. Lors de la fondation de
la ville, telle que la rapporte la S. B., on n'assiste pas, comme dans la tradi
tion occidentale, à la délimitation d'un espace - on se rappelle le fameux
sillon de Romulus ou même, plus près de Banten dans l'espace et dans le
temps, la lanière de cuir des Portugais à Malacca - mais à la détermination
d'un centre avant tout sacré où se concentrent en quelque sorte les forces
surnaturelles dont s'investit le souverain. La chronique bantenoise (pupuh
18 et 19) raconte comment Hasanudin s'empara de la vieille capitale, Ban
ten Girang, au nom de la nouvelle foi, l'islam, et comment son père, Sunan
Gunung Jati, lui enjoignit de construire la ville nouvelle en bord de mer.
A cet endroit méditait Betara Guru Jampang sur une pierre rectangulaire
et plane, appelée watu gigilang (la pierre lumineuse). Il demeurait dans un
tel immobilisme que des oiseaux venaient nicher dans son ketu (la coiffure
des hommes de religion à l'époque pré-musulmane). Après la victoire de
Hasanudin sur les infidèles, Betara Guru Jampang disparut, après s'être
converti à l'islam. Sunan Gunung Jati avertit son fils qu'en aucun cas la
pierre ne devait être déplacée sous peine d'entraîner la chute du royaume.
Cette watu gigilang devint le trône de Hasanudin et de ses successeurs.
L'ancienneté de telles pierres est attestée. On y fait référence dans le
cadre d'un mandala, dans le Rajapatigundala, un texte javanais qui remont
erait à la deuxième moitié du 13e s. (Pigeaud, III, 132). Beaucoup plus tard,
on rencontre ces mêmes pierres servant de trônes aux souverains respect
ifs de Surakarta et de Yogyakarta, sous le nom de sela gilang, sela étant
le kromo de watu. Dans ces palais tardifs, elles se trouvent incorporées aux
kraton, dans la partie appelée pagelaran. Deux éléments aident à compren
dre l'importance et la nature de cette pierre. La sela gilang de Surakarta
passe pour être l'ancien trône du dernier roi de Majapahit; or on sait que
les chroniques des cours de Java central se sont efforcées, non sans mal,
de présenter les souverains de Mataram comme les héritiers légitimes du
royaume de Majapahit. Et il semble bien que la possession de cette pierre
suffisait à justifier cette légitimité. En effet, lors du transfert officiel de ,
MER DE JAVA
Illustration non autorisée à la diffusion
Banten lama
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