Barbaros ou Amazigh. Ethnonymes et histoire politique en Afrique du Nord - article ; n°1 ; vol.15, pg 7-22
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Mots - Année 1987 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 7-22
BARBAROS OR AMAZIGH : ETHNONYMS AND POLITICAL HISTORY IN NORTH AFRICA The political history of a country can be read in its ethnonyms. Such is the case for North Africa and particularly for Algeria. To the ancient denominations like Amazigh, which designs the Berber taken as a whole, have been added imported terms : thus Berbères, stemming from Greek and/or Arabic and conveyed by French. The Phenician, Roman, Arab and French conquerors have made their mark on the conquered people by amalgamating them into anonymous designations (« les tribus ») or by dividing them into specific ones (Kabyles, Chaoui, Touareg, Mozabites...). There is a silent struggle between occupation through foreign designations and a resistance through original or berberized names (such as Kabyle). Any ethnical naming, wether it is imposed, rejected or assimilated, must be considered as a political act.
BARBAROS OU AMAZIGH : ETHNONYMES ET HISTOIRE POLITIQUE EN AFRIQUE DU NORD On peut lire dans les ethnonymes les grands moments de l'histoire politique d'une contrée. C'est le cas pour l'Afrique du Nord et en particulier pour l'Algérie. Aux dénominations les plus anciennes, telle Amazigh, qui désigne globalement les Berbères, sont venus se joindre des termes importés : ainsi Berbère lui-même, issu du grec et/ou de l'arabe et véhiculé par le français. Les diverses conquêtes se sont marquées dans l'acte de désigner les peuplades conquises (par les Phéniciens, les Romains, les Arabes, les Français), en les amalgamant (« les tribus ») ou en les divisant (Kabyles, Chaoui, Touareg, Mozabites...). On assiste à une lutte non dite entre une occupation par les dénominations étrangères et une résistance par les noms originels ou berbérisés (cas de Kabyle). Tout acte langagier de nomination ethnique, imposée, refusée ou assimilée, est un acte politique.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 105
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Foudil Cheriguen
Barbaros ou Amazigh. Ethnonymes et histoire politique en
Afrique du Nord
In: Mots, octobre 1987, N°15. pp. 7-22.
Abstract
BARBAROS OR AMAZIGH : ETHNONYMS AND POLITICAL HISTORY IN NORTH AFRICA The political history of a country can
be read in its ethnonyms. Such is the case for North Africa and particularly for Algeria. To the ancient denominations like
Amazigh, which designs the Berber taken as a whole, have been added imported terms : thus Berbères, stemming from Greek
and/or Arabic and conveyed by French. The Phenician, Roman, Arab and French conquerors have made their mark on the
conquered people by amalgamating them into anonymous designations (« les tribus ») or by dividing them into specific ones
(Kabyles, Chaoui, Touareg, Mozabites...). There is a silent struggle between occupation through foreign designations and a
resistance through original or berberized names (such as Kabyle). Any ethnical naming, wether it is imposed, rejected or
assimilated, must be considered as a political act.
Résumé
BARBAROS OU AMAZIGH : ETHNONYMES ET HISTOIRE POLITIQUE EN AFRIQUE DU NORD On peut lire dans les
ethnonymes les grands moments de l'histoire politique d'une contrée. C'est le cas pour l'Afrique du Nord et en particulier pour
l'Algérie. Aux dénominations les plus anciennes, telle Amazigh, qui désigne globalement les Berbères, sont venus se joindre des
termes importés : ainsi Berbère lui-même, issu du grec et/ou de l'arabe et véhiculé par le français. Les diverses conquêtes se
sont marquées dans l'acte de désigner les peuplades conquises (par les Phéniciens, les Romains, les Arabes, les Français), en
les amalgamant (« les tribus ») ou en les divisant (Kabyles, Chaoui, Touareg, Mozabites...). On assiste à une lutte non dite entre
une occupation par les dénominations étrangères et une résistance par les noms originels ou berbérisés (cas de Kabyle). Tout
acte langagier de nomination ethnique, imposée, refusée ou assimilée, est un acte politique.
Citer ce document / Cite this document :
Cheriguen Foudil. Barbaros ou Amazigh. Ethnonymes et histoire politique en Afrique du Nord. In: Mots, octobre 1987, N°15. pp.
7-22.
doi : 10.3406/mots.1987.1349
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1987_num_15_1_1349FOUDIL CHERIGUEN
UNIVERSITÉ D'ALGER AÍOtS, 15, 1987, p. 7-22.
Barbaros ou Amazigh
Ethnonymes et histoire politique
en Afrique du Nord
qui «r Réduit m'essayait et consentant, de nouveaux je patientais noms. sous Tahar » les Djaout, mains de L'exproprié, l'autre occupant 1981
De nombreux chercheurs se sont, depuis 1821 environ et du moins pour l'époque
moderne, intéressés aux populations du Nord de l'Afrique. Des travaux de chercheurs
étrangers mais aujourd'hui de plus en plus maghrébins se sont interrogés sur les désignations
de ces populations et ont constaté que la plupart des ethnonymes connus étaient en usage
depuis les temps les plus reculés de l'histoire. Ces auteurs ont souvent évoqué, à tort ou
à raison, des etymologies diverses, dont nous citerons certaines, celles qui semblent les
plus significatives, avant d'émettre quelques réserves concernant l'ethnonymie de l'Afrique
du Nord et plus particulièrement de l'Algérie.
Dans la première partie de cette étude, il s'agit d'examiner les noms donnés par les
étrangers et, par conséquent, remontant à des étymons étrangers, dont Berbère est l'exemple
le plus patent ; dans une deuxième partie, les formations à partir du vocable Amazigh,
l'un des rares termes locaux à avoir été objet d'emprunt. Les deux types de dénomination
se sont fait concurrence. Les voici, par exemple, mis face à face par le géographe
A. Bernard : « Les populations indigènes de l'Afrique du Nord en général et celles de FOUDIL CHERIGUEN 8
l'Algérie en particulier sont ordinairement désignées sous le nom de Berbères ... Ces
populations se donnent à elle-mêmes le nom d'Imaziren et leur langue s'appelle le tamazirt ;
ceux de la Kabylie du Djurjura se disent Zouaoua. Les Egyptiens et les Grecs les
appelaient Libyens » \ Que penser de cette concurrence, vue de l'histoire ? Quels en sont
les aboutissements ? Nous serons amené en conclusion à poser la question du rapport
existant entre les pouvoirs politiques et l'attribution des désignations socio-ethniques.
L'OCCUPATION PAR LA DENOMINATION
L'un des auteurs à s'être intéressé aux populations de l'Afrique du Nord, et donc aux
ethnonymes qui leur correspondent, est E. Mercier2, qui fait la remarque suivante à leur
propos : « Parmi les noms qu'on trouve dans les ouvrages anciens, les uns appartiennent
aux langues grecque ou latine et s'appliquent à une circonstance physique de la peuplade ».
On voit poindre ici l'idée que des déterminants (qualifiants) se transforment assez
souvent en ethnonymes ou en anthroponymes (pour preuve, l'établissement de l'état civil
français en Algérie pour les « Indigènes »). Mercier poursuit : «... Les autres ont tellement
été défigurés, en prenant une nouvelle forme3, qu'il serait téméraire de prétendre les
ramener à leur véritable origine »4.
Pour les premiers, citons avec Mercier : « Numides, du grec Nomades (pasteurs,
nomades) ; Ethiopiens, de Aithos (brûlé)5 ; Leucoethiopiens, Mélano-Gétules (Ethiopiens
blancs, Gétules noirs) ; Liby-Oegipti, Liby-phoenices (Liby-Egyptiens, Liby-Phéniciens) ;
Gymnètes (nus) ; Lotophages (mangeurs de lotus) ; Troglodites (vivant dans les cavernes) ;
Métagonites ; Atlantes ou Atarantes (habitants de l'Atlas) ; Garamantes (habitants de
1. In L'Algérie, 1929, p. 81-82 (les références bibliographiques sont données en fin d'article).
2. In Revue africaine, 1871.
3. Le plus souvent par emprunt et adaptation phono-graphique à la langue qui les reçoit.
4. On ne peut donc au mieux que formuler des hypothèses sur certaines dénominations. Il peut arriver
qu'un ethnonyme soit le résultat d'une traduction-calque dans une langue donnée. Mais, dans les cas que nous
citons ici, il y a plutôt reprise du terme tel quel, c'est-à-dire emprunt formel.
5. « Les Hébreux avaient déjà nommé l'Ethiopie Kousch, qui signifie noir, brûlé » (note de Mercier). BARBAROS OU AMAZIGH 9
Garama) ; Daradoe (habitant les bords du fleuve Daradus ou Darath - le Drâa ou Dra
actuel) ; Lyxites (habitant les bords du Lyxus), etc. ». Trois remarques peuvent être faites
au sujet de cette enumeration :
- des motivations à partir de déterminants-adjectifs (brûlé, blanc, noir, nu, mangeur
de lotus, habitant, etc.) ont été à l'origine de ces ethnonymes ;
- de tels noms sont tous étrangers ; ils « n'étaient évidemment pas usités par les
Indigènes », reconnaît Mercier ;
- concernant le terme « troglodites (vivant dans les cavernes) », l'auteur complète par
une note : « II est à remarquer que les Berbères Ifren sont placés par les premiers auteurs
arabes dans les mêmes localités que les Troglodites. Or Ifren nous semble être le pluriel
de Ifri qui, en berbère, signifie caverne ». Il est bien certain qu'//n, de la racine berbère
FR qui veut dire « cacher », « se cacher », a le sens de « caverne ». Le terme existe en
Algérie en tant que toponyme1. On pourrait même, sous toute réserve, formuler une
hypothèse selon laquelle le vocable latin Africa contiendrait Ifri sous la forme Afri (Ifriqia,
en arabe)... Mais d'autres versions privilégient une origine étrangère. Pour le Dr Bertholon2,
par exemple, « la presqu'île du Cap Bon et les territoires adjacents sont encore appelés
par les musulmans Friguia, la Phrygie. Ce nom était celui du territoire conquis par les
Romains sur Carthage. Il s'est prononcé Africa par soudure de l'article au substantif. Il
est devenu le nom de tout un continent ».
Dans ses Voyages des cinq Nasamons d'Hérodote3, le général Faidherbe écrit à propos
de Libyens et Maures : « On pourrait dès lors faire remonter à ce voyage la découverte
du Soudan Central et de ses races noires par les habitants indigènes du Nord de l'Afrique,
que les Grecs du temps d'Hérodote appelaient Numides4, Maures et Gétules et que nous
désignons aujourd'hui sous le nom de Berbères... ».
1. A 8,5 km au Nord-Est d'Ighzer Amokrane, dans la wilaya de Béjaïa.
2. In Comptes rend

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