Beaubourg, an VIII - article ; n°1 ; vol.6, pg 53-66

Gérard Vincent

Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1985 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 53-66
Beaubourg, Year VIII, Gérard Vincent
Beyond aesthetic quarrels and unjustified accusations, the historian can, after eight years of the existence of the National Center for Art and Culture at Beaubourg, ask the real question : have the missions assigned to the Center been accomplished ? In other words, has the access of the masses to culture been facilitated ? Have the barriers between the various activities been broken down by the coexistence of a museum and other forms of culture ? Has Beaubourg become not only the cultural brain of France, but also its heart, irrigating the Hexagon with the flow of culture produced by such a pump ? Lastly, how has the surrounding neighborhood been renovated and with what results ?
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: VINGTIEME_SIECLE-_REVUE_D-HISTOIRE
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 63
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Gérard Vincent
Beaubourg, an VIII
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°6, avril-juin 1985. pp. 53-66.
Abstract
Beaubourg, Year VIII, Gérard Vincent
Beyond aesthetic quarrels and unjustified accusations, the historian can, after eight years of the existence of the National Center
for Art and Culture at Beaubourg, ask the real question : have the missions assigned to the Center been accomplished ? In other
words, has the access of the masses to culture been facilitated ? Have the barriers between the various activities been broken
down by the coexistence of a museum and other forms of culture ? Has Beaubourg become not only the cultural brain of France,
but also its heart, irrigating the Hexagon with the flow of produced by such a pump ? Lastly, how has the surrounding
neighborhood been renovated and with what results ?
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Vincent Gérard. Beaubourg, an VIII. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°6, avril-juin 1985. pp. 53-66.
doi : 10.3406/xxs.1985.1233
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1985_num_6_1_1233AN VIII BEAUBOURG
Gérard Vincent
aujourd'hui, a-t-il répondu aux intentions Prendre Beaubourg comme on a pris
de ses promoteurs ? A-t-il atteint ses la Bastille ? Couler ce « bateau-lavoir » ?
objectifs ? Une prise de décision qui se Fermer cette « raffinerie pétrolière » ?
voulait « rationnelle », effectuée en Les critiques n'ont guère manqué à la
connaissance de cause, des causes et des naissance en 1977 du Centre national
attentes, a-t-elle satisfait ces dernières, d'art et de culture. Mais si la vraie
qu'il s'agisse de celles des décideurs et/ question était ailleurs ? En d'autres
ou des destinataires ? Ou au contraire - termes, les missions assignées au « vais
sinon « au contraire », du moins avec seau » Beaubourg ont-elles été remplies ?
nuances, dérives et réfractions -, le « vaisAprès un périple de huit ans, le bâtiment
seau » Beaubourg fonctionne-t-il (car il a-t-il divagué par rapport au plan de
fonctionne) en dehors du champ intenroute fixé par les armateurs ? Gérard
tionnel de ses instigateurs ? En d'autres Vincent ouvre le dossier.
termes, et en simplifiant, c'est à partir
d'une problématique de la décision (celle-
Que le lecteur ne s'attende pas à ci étant imputée au président Georges
trouver ici une histoire chrono
Pompidou), de possibles improvisations, logique du Centre national d'art de probables rectifications, qu'ont été et de culture ' : liste des expos écrites les lignes qu'on va lire.
itions et des autres activités, courbes de
fréquentation, évolution des jugements
O PRÉHISTOIRE DE BEAUBOURG portés sur le Centre, etc. Un article ne
suffirait pas pour répondre à ce ques
Dans les années 1960, Le Corbusier tionnaire. Ce serait l'objet d'une thèse.
avait été chargé de concevoir un musée Notre intention est tout autre et peut
du 20e siècle dans le quartier de la se résumer ainsi. Dans les années 1960,
Défense. Peu avant de mourir, il fit au on parle d'un musée du 20e siècle. En
Figaro littéraire une déclaration publiée 1969, la décision est prise. Un projet est
à titre posthume dans le numéro du 28 élaboré. Ses finalités sont précisées. Le
septembre 1965, déclaration dont nous bâtiment est construit. Il est inauguré le
relèverons deux passages révélateurs de 31 janvier 1977. Tel qu'il fonctionne
son génie et de sa mégalomanie presque
fascisante. « Je ne veux pas construire le 1. Le Centre Georges-Pompidou comprend deux ét
ablissements publics administrativement distincts. Le CNAC- Musée du 20e siècle à la Défense, comme
GP qui gère le MNAM, le CCI, l'IRCAM (dont le statut on l'a écrit. C'est trop loin. On peut y est légèrement différent puisqu'il s'agit d'une association selon
la loi de 1901 mais rattachée au CNAC-GP), les services aller en métro : mais personne n'a envie
communs. La BPI qui est un autre établissement public. La de faire le voyage en métro pour se coordination est assurée par le Conseil de direction du
CNAC-GP où siègent le président de la BPI et les responsables rendre à l'autre bout de la ville. En du MNAM, du CCI et de l'IRCAM, appelés familièrement
voiture, ce n'est guère commode avec les dans la maison « les barons ».
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ARTICLES
des Affaires culturelles, est investi d'une
mission précise : définir le programme et
vraiment au embouteillages. choisir cœur ? La ouvert de réponse la Un cité à tous, est ». musée, Alors, la doit suivante pour être quel édifié : être « site II organiser le concours d'un Centre qui
doit être « un ensemble architectural et
y a un emplacement idéal au bord de urbain marquant notre époque ». Le Cons
la Seine. Où cela ? A l'emplacement où eil de Paris donne son accord. Le site
subsistent encore le Petit et le Grand de Beaubourg est retenu pour une raison
Palais. Ce sont des baraquements pro pragmatique que Georges Pompidou
visoires. On veut nous faire croire qu'ils expliquera à un journaliste du Monde, le
sont beaux parce qu'on a oublié de les 17 octobre 1972 : « Le plateau Beaubourg
a été choisi parce que c'est le seul terrain démolir. Ils sont laids. En outre, ils sont
incommodes et coûteux ... C'est bien disponible dans l'immédiat et que je
cet emplacement et nul autre qui convient voulais aller vite, sûr que si j'attendais,
au Musée du 20e siècle » K rien ne se ferait jamais ».
« Je voudrais passionnément que Paris Parmi les 681 projets présentés au jury
international présidé par Jean Prouvé, possède un centre culturel qui soit à la
celui de R. Piano et R. Rogers fut retenu fois un musée et un centre de création
à la quasi-unanimité par 8 voix sur 9. où les arts plastiques voisineraient avec
la musique, le cinéma, les livres, la « Si le projet lauréat frappe par sa simplicité recherche audiovisuelle. » Nous sommes
qui contraste avec d'autres recherches bien en 1969, et Georges Pompidou, élu plus complexes, cette simplicité n'est pas
président de la République, décide de simplisme, écrit le jury pour justifier son
lancer le programme du Centre. Depuis choix. Elle n'est qu'apparente. On méconn
le référendum de 1962, la France vit sous aîtrait donc les intentions du jury si l'on
un régime de monarchie républicaine. Un pensait que son choix, obtenu dès le premier
tour de scrutin, s'explique non par la force monarque se doit de laisser des traces
d'une conviction, mais par une préférence dans la pierre. Versailles, l'Arc de tr
accordée, en désespoir de cause, à une simiomphe restent des modèles. Aussitôt le
plicité rassurante, choisie par résignation. » pouvoir repris, le général de Gaulle avait
fondé l'EPAD (Etablissement public
Ces propos sont parfaitement justifiés d'aménagement de la Défense) et lorsqu'il
par la grande complexité du cahier des se retirera en 1969, la zone A sera
charges dont les détails seront épargnés construite. Georges Pompidou laissera le
au lecteur. En fait, si le projet Piano- CNAC. Valéry Giscard d'Estaing entre
Rogers a immédiatement séduit le jury, prendra le Musée d'Orsay que François
c'est parce que, n'occupant que la moitié Mitterrand poursuivra ajoutant d'autres
de la surface disponible, il dégageait une entreprises parisiennes et spectaculaires,
piazza permettant de voir le bâtiment ce qui n'ira pas sans contradiction avec
d'assez loin et susceptible de devenir, l'option décentralisatrice. La décision de
selon un autre extrait du justificatif du principe est prise en décembre 1969.
jury, « non point une morne esplanade, Edmond Michelet, ministre d'Etat chargé
mais un lieu de rencontres, de rassem
blements, de distractions, un foyer
1. Cité par C. Mollard, L'enjeu du Centre Georges- constant d'animation et de mouvement ». Pompidou, Paris, C. Bourgeois, 1976, p. 108-109 (coll. « 10/
18 »). Pour insérer dans le bâtiment tous les
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puisqu'on est dans le Temple de la culture.
des services et descendre charges, et activités il plus fallut prévus bas monter (trois dans plus étages le cahier haut de Pas seulement des plantes, mais des
statues, des tableaux, des œuvres. Il
sous-sol). Quand on