Cailloutis quaternaires et pierres taillées du Chaco (Paraguay) - article ; n°3 ; vol.64, pg 865-884

R. Karpoff, H. Alimen

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1967 - Volume 64 - Numéro 3 - Pages 865-884
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mademoiselle Henriette Alimen
R. Karpoff
Cailloutis quaternaires et pierres taillées du Chaco (Paraguay)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1967, tome 64, N. 3. pp. 865-884.
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Alimen Henriette, Karpoff R. Cailloutis quaternaires et pierres taillées du Chaco (Paraguay). In: Bulletin de la Société
préhistorique française. 1967, tome 64, N. 3. pp. 865-884.
doi : 10.3406/bspf.1967.4147
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1967_hos_64_3_4147Bulletin de la Société préhistorique française, Tome KXÏV, 1967.
Cailloutis quaternaires et pierres taillées
du Chaco (Paraguay)
PAR
H. ALIMEN et R. KARPOFF
Introduction. — Aperçu géologique du Chaco :
Les deux gisements décrits ci-dessous (Ingavi et Cerro Leon)
ont été découverts dans le Nord du Chaco paraguayen durant une
mission d'études hydrogéologiques effectuées par R. K. en octobre
1965, au titre de la Coopération Technique (A. S.M.I.C.) (1).
Situé entre le 19° et le 28" de latitude Sud, le Paraguay pos
sède aujourd'hui un climat marqué par une saison sèche de mai à
septembre et une saison humide pendant le reste de l'année. Des
variations considérables dans les précipitations se manifestent d'Est
en Ouest. A l'Est du fleuve Paraguay, les précipitations sont fortes,
on est en pays tropical, très boisé, humide et chaud : 95 % de la
population y est concentrée. Le Chaco s'étend à l'Ouest du fleuve,
à peu près vide actuellement sur le plan humain. La pluviosité
baisse en effet rapidement d'Est en Ouest, une fois franchi le Rio
Paraguay, pour atteindre ses valeurs minima dans une zone située
au voisinage d'Ingavi (moins de 500 m de pluies par an). Juste à
l'Est de cette zone se dresse le seul relief du Chaco, le Cerro Leon,
dont le sommet domine la plaine de près de 350 m.
Il est inutile de souligner que le climat actuel est un chapitre
très bref dans l'histoire quaternaire du Chaco, qui a connu des
épisodes désertiques et des périodes à forte pluviométrie. Toute une
région couverte de dunes mortes témoigne de la sévérité d'un climat
aride assez récent ; ces dunes apparaissent le long de la piste Trans-
Chaco, à 34 km au Sud-Est de Nueva Asuncion, et se prolongent
en Bolivie. Elles forment de longs cordons parallèles, généralement
orientés NE-S'W, hauts de 20 à 30 m, qui dépassent Ingavi à ГЕ.
et au S.E. Le sable, de couleur orangée, est fixé par une végétation
assez clairsemée d'arbres, de rares buissons épineux et de Gramin
ées. Entre les dunes, les dépressions sont comblées par une argile
grise à Gastéropodes, épaisse de 0,50 m à 1 m, d'aspect récent, qui
repose sur des argiles pures ou sableuses, rouges ou couleur brique.
Les coupes des forages montrent que ces argiles recouvrent des
(1) Association pour l'Organisation des Missions de Coopération Technique. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
BRESIL
Fig. 1. — Carte générale du Paraguay avec les lignes d'égale pluviométrie. Les nombres
inscrits représentent la pluviométrie moyenne annuelle en millimètres.
alternances de sables et d'argiles à rares niveaux conglomératiques
d'origine continentale, parfois très épais (600 m à Nueva Asuncion,
Santa Roza et La Paz), d'âge quaternaire et tertiaire, aux limites
imprécises (Série du Cnaco) ; cet ensemble se superpose aux cou
ches du Gondwana ou « Red Beds », d'origine également continent
ale, d'âge secondaire et primaire supérieur. Le substratum, profond
au Sud, affleure au Nord près d'Ingavi ; on y observe un Dévonien
inférieur schisto-quartzitique et un Silurien quartzitique formant
le cœur du Cerro Leon, vaste dôme allongé du Nord-Ouest au
Sud-Est.
Le Chaco occidental est pratiquement dépourvu de réseau
hydrographique. Les seules rivières importantes sont le Rio Timané, SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 867
aux alluvions argileuses grises, issu du Cerro Leon, qui passe à
Ingavi et se perd dans le Chaco, et le Rio Pilcamayo, issu des Andes
et marquant la frontière avec l'Argentine, au Sud-Ouest. Rappelons
que c'est sur les rives de ce dernier cours d'eau que furent trouvés,
dans des conditions imprécises, quatre gisements à ossements de
Mammifères : Glyptodon clavipes, Mastodon andium et Machran-
chenia boliviensis, déterminés par A. de W. Bertoni (in M. J. Vellard,
1934).
I. — Observations géologiques liées aux récoltes préhistoriques.
Les conditions dans lesquelles ont été récoltées les pièces du
Chaco paraguayen sont indiquées dans la figure 2 a et b. Si nous
mettons tout à fait à part la pièce préhistorique recueillie en couche,
dans le niveau de cailloutis inclus vers la base des argiles rouges
de la terrasse d'Ingavi, qui atteint 15 m d'épaisseur, les autres piè
ces ont été récoltées éparses dans les cailloutis jonchant les affle
urements du substratum primaire, en général dévonien. A Ingavi ce
cailloutis est très évidemment un résidu, après érosion, du niveau
de inclus dans la terrasse (fig. 2 a). Au Cerro Leon, où il
n'y a pas de terrasse conservée comme à Ingavi, la nature alluviale
du cailloutis est cependant certaine, attestée notamment par la
différence de nature pétrographique entre les galets et le substra
tum. Notons encore qu'en ce point, le cailloutis est nettement anté-
WNW ESE
NW SE
Fortin (ruines) Arona CERRO-LEON
Fig. 2 a. — Coupe aux environs d'Ingavi. — A : grès et psammites plissés de substra
tum. — 1 : galets situés à la base de la terrasse — 2 : argile rouge et sable
orangé, avec un peu de gypse — 3 : argile grise. — С : cailloutis résiduel sur
les grès et psammites. La croix indique le point où une pièce a été trouvée in situ
dans le cailloutis des alluvions d'Ingavi. — En С ont été récoltées les autres pièces.
Fig. 2 b. — Coupe au voisinage de Cerro Leon. — Q : quartzite gris du Cerro Leon. — A : grès et psammites plissés. — С : cailloutis résiduel. Д- T : terrasse argilo-
sableuse rougeâtre. — Z : zone d'épandage (argile grise craquelée). — R : argile
grise récente. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 868
rieur à une nappe de sédiments fins, de couleur grise, contenant
des Mollusques, qu'on ne peut guère attribuer qu'au Quaternaire
récent (fig. 2 b). Aucune étude géologique sur le Quaternaire de ces
régions n'ayant, à notre connaissance, été publiée, nous en sommes
réduits à ces observations et aux enseignements que nous pouvons
tirer de l'étude des galets.
1) Nature pétrographique des galets dans les deux nappes du
Cerro Leon et d'Ingavi — Dimensions — Emoussé.
Les galets que nous avons pu étudier sont des quartzites. Mal
gré de légères variantes, ils sont pétrographiquement étroitement
apparentés. De grain fin ou grossier, de couleur généralement grise,
claire ou foncée, ou jaune-rosée, rosée ou même brun-rouge, ils
évoquent presque tous les roches de la série silurienne, quelques-
uns les quartzites dévoniens.
Des différences se manifestent entre les deux stations quant
aux dimensions des galets et à leur émoussé. Assez grands au Cerro
Leon, de formes arrondies et portant des marques de chocs violents,
ils évoquent des conditions humides. Plus petits à Ingavi, de formes
polyédriques à arêtes émoussées, sans de chocs, ils évo
quent des conditions semi-arides. Dans les deux stations les galets
portent un cortex, en général inférieur à 0,5 mm à Ingavi, pouvant
atteindre 2 mm au Cerro Leon.
2) Patine des galets.
Les galets pris en couche à Ingavi sont dépourvus de cortex et
n'ont qu'une patine insignifiante (2). Les choses en vont autrement
dans la nappe très mince du cailloutis résiduel d'Ingavi où les galets
sont dispersés à la surface du Dévonien pénéplané, ce qui a eu pour
effet de placer les galets dans des conditions analogues vis-à-vis
des éléments générateurs de patine, ainsi d'ailleurs que les pièces
préhistoriques éparses au milieu d'eux. Cette heureuse circonstance
permet de prendre en considération