Chasseurs et marchands de fourrure en Russie au début du XXe siècle - article ; n°4 ; vol.19, pg 339-370
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Chasseurs et marchands de fourrure en Russie au début du XXe siècle - article ; n°4 ; vol.19, pg 339-370

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 339-370
Basile Kerblay, Hunters and fur traders in Russia at the beginning of the XXth century.
The first part of this article examines economic contacts and cultural exchanges at the beginning of the present century between Russian populations and the aborigines (Toungouses) who subsisted by hunting fur-bearing animals. Ecological conditions, social structures, everyday habits and hunting rites of the latter are examined from the anthropological point of view, as also their economic relations (profits and losses) with fur collectors. The second part describes the circuit followed by furs from the local to the international fairs. The study, as a whole, is based on the analysis of reports on the activity of Nizhni-Novgorod and Irbit fairs. This material provides an illustration of the exchange conditions between trappers and merchants, and of the penetration of foreign firms into the Russian market, in particular after the completion of the Trans-Siberian railroad. On the other hand, Foreign Commerce statistics show that on the eve of the First World War, Russia was definitely an importer of furs: the most precious raw skins were sent to Leipzig or London, where they underwent appropriate treatment. They were then returned to the privileged customers of the two capitals.
Basile Kerblay, Chasseurs et marchands de fourrures en Russie au début du XXe siècle.
Dans une première partie sont analysés les contacts économiques et les emprunts culturels, au début de ce siècle, entre les populations russes et les aborigènes (Toungouzes) vivant de la chasse aux animaux à fourrure. Les conditions écologiques, les structures sociales, les habitudes quotidiennes et les rites accompagnant la chasse de ces populations sont examinés d'un point de vue anthropologique, ainsi que leurs relations économiques — profits et pertes — avec les marchands ramasseurs. La seconde partie décrit les filières suivies par les fourrures depuis les foires locales jusqu'aux foires internationales. L'analyse des comptes rendus de l'activité des foires de Nižnij -Novgorod et d'Irbit, base de cette étude, permet d'illustrer l'échange inégal entre trappeurs et marchands ainsi que la pénétration des firmes étrangères sur le marché russe, notamment depuis l'achèvement du transsibérien. Les statistiques du commerce extérieur montrent par ailleurs que la Russie était, à la veille de la Première Guerre mondiale, une importatrice nette de fourrures : les peaux brutes les plus précieuses gagnant Leipzig ou Londres pour y être traitées avant de revenir à la clientèle privilégiée des deux capitales.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Basile Kerblay
Chasseurs et marchands de fourrure en Russie au début du
XXe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 19 N°4. Octobre-Décembre 1978. pp. 339-370.
Citer ce document / Cite this document :
Kerblay Basile. Chasseurs et marchands de fourrure en Russie au début du XXe siècle. In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 19 N°4. Octobre-Décembre 1978. pp. 339-370.
doi : 10.3406/cmr.1978.1334
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1978_num_19_4_1334Abstract
Basile Kerblay, Hunters and fur traders in Russia at the beginning of the XXth century.
The first part of this article examines economic contacts and cultural exchanges at the beginning of the
present century between Russian populations and the aborigines (Toungouses) who subsisted by
hunting fur-bearing animals. Ecological conditions, social structures, everyday habits and hunting rites
of the latter are examined from the anthropological point of view, as also their economic relations
(profits and losses) with fur collectors. The second part describes the circuit followed by furs from the
local to the international fairs. The study, as a whole, is based on the analysis of reports on the activity
of Nizhni-Novgorod and Irbit fairs. This material provides an illustration of the exchange conditions
between trappers and merchants, and of the penetration of foreign firms into the Russian market, in
particular after the completion of the Trans-Siberian railroad. On the other hand, Foreign Commerce
statistics show that on the eve of the First World War, Russia was definitely an importer of furs: the most
precious raw skins were sent to Leipzig or London, where they underwent appropriate treatment. They
were then returned to the privileged customers of the two capitals.
Résumé
Basile Kerblay, Chasseurs et marchands de fourrures en Russie au début du XXe siècle.
Dans une première partie sont analysés les contacts économiques et les emprunts culturels, au début
de ce siècle, entre les populations russes et les aborigènes (Toungouzes) vivant de la chasse aux
animaux à fourrure. Les conditions écologiques, les structures sociales, les habitudes quotidiennes et
les rites accompagnant la chasse de ces populations sont examinés d'un point de vue anthropologique,
ainsi que leurs relations économiques — profits et pertes — avec les marchands ramasseurs. La
seconde partie décrit les filières suivies par les fourrures depuis les foires locales jusqu'aux foires
internationales. L'analyse des comptes rendus de l'activité des foires de Nižnij -Novgorod et d'Irbit, base
de cette étude, permet d'illustrer l'échange inégal entre trappeurs et marchands ainsi que la pénétration
des firmes étrangères sur le marché russe, notamment depuis l'achèvement du transsibérien. Les
statistiques du commerce extérieur montrent par ailleurs que la Russie était, à la veille de la Première
Guerre mondiale, une importatrice nette de fourrures : les peaux brutes les plus précieuses gagnant
Leipzig ou Londres pour y être traitées avant de revenir à la clientèle privilégiée des deux capitales.ÉTUDES
BASILE KERBLAY
CHASSEURS ET MARCHANDS DE FOURRURES
EN RUSSIE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE
Peut-on oublier ce petit homme ridé, Derzou Ouzala, qui tel un gnome
de la taïga surgit au milieu d'une escouade de soldats russes au bivouac,
puis devient le guide et l'ami de son hôte1 ? Émouvante confrontation
de deux sociétés, la colonisation russe pénétrant toujours plus à l'est à la
poursuite des précieuses fourrures qui, pendant des siècles, avaient
assuré la richesse des princes et monarques russes. D'importantes études
ont été consacrées au commerce des fourrures en Russie du xve au
xvine siècle, elles se font plus rares sur le xixe et a fortiori pour les débuts
du xxe siècle2.
La présente étude vise moins à combler cette lacune qu'à explorer,
à travers une activité traditionnelle, un assez vaste domaine situé à la
frontière de l'anthropologie culturelle et de l'histoire économique. Nous
nous attacherons plus spécialement à examiner : i° les contacts entre
deux sociétés — russe et aborigène — qui vivent toutes deux de la chasse
aux animaux à fourrure ; 2° les mécanismes d'intégration économiques
qui, à travers une hiérarchie de marchés régionaux, de foires nationales
ou internationales, assurent la domination de l'une sur l'autre dans la
décennie qui précède la Première Guerre mondiale.
Pour analyser ces articulations entre les écosystèmes de la chasse
(c'est-à-dire les interdépendances entre une société donnée et le miUeu
naturel) et le système économique (c'est-à-dire les relations de dépendance
entre les agents qui participent au commerce des fourrures), nous avons
fait appel à des sources variées — statistiques, géographiques, historiques,
ethnographiques — et plus particulièrement aux comptes rendus annuels
d'activité des deux grandes foires russes de la fourrure : celle de Nižnij-
Novgorod et d'Irbit3.
I. — Ethnologie de la chasse aux animaux a fourrure en Russie
La chasse aux animaux à fourrure est liée, en Russie comme ailleurs,
quant à sa localisation, sa périodicité et ses procédés, aux habitudes des
mammifères. Elle est donc beaucoup plus stable que les besoins des
groupes humains qui la font naître.
Cahiers du Monde russe et soviétique, XIX (4), oct.-déc. 1978, pp. ЗЗ9-370. 340 BASILE KERBLAY
L'animal impose d'abord ses préférences d'habitat. La toundra est
trop pauvre en ressources pour attirer d'autres animaux que les rennes
sauvages capables avec leurs imposants sabots de découvrir les lichens
sous la neige ou que les lièvres qui s'enterrent sous la neige. Ils sont les
seuls à hiverner. Le renard polaire, qui ne peut accumuler suffisamment
de graisse en été, émigré à l'automne vers la taïga pour toute la durée
de l'hiver. La taïga offre en revanche une gamme variée de nourriture
et d'espèces animales : la précieuse zibeline, la martre, l'écureuil, la loutre,
l'ours brun, l'élan. Les marais, cervidés d'Extrême-Orient et de l'Altaj,
fréquentent les terrains montagneux tandis que blaireaux et putois
affectionnent la steppe boisée. Maître renard aime un paysage varié de
bois, de vallées, de rivières et de prairies où vivent les petits rongeurs.
La pomme de pin et les noix de cèdre sont la nourriture préférée de l'écu
reuil ; mais, en cas de besoin, il se contente de baies ou de champignons
séchés. Cette faculté d'adaptation en fait l'animal à fourrure le plus
répandu en Russie en dessous du 65e parallèle4 ; c'est lui qui assure la
base des revenus des populations vivant de la chasse car la capture des
autres espèces est beaucoup plus aléatoire5.
La chasse est également liée à des rythmes saisonniers qui découlent
de la physiologie végétale ou animale. On évite de chasser au printemps,
époque à laquelle les mammifères se reproduisent ; on attend l'hiver
pour dépister plus facilement les passées de l'animal sur la neige. Sa
fourrure atteint alors sa plus grande finesse, son plus beau lustre, elle
est « mûre ». Les chasses d'été se limitent au gros gibier — ours, sangliers,
marais — qui exigent le concours de nombreux chasseurs6. On les guette
plus rarement à l'abri d'un arbre, à proximité d'un point d'eau ou d'une
saline, véritables clubs d'animaux, car les moustiques rendent cette
attente immobile pendant des heures fort éprouvante.
La faune et la flore enregistrent des fluctuations cycliques qui affectent
les arrivages d'une année à l'autre. Ainsi il a été vendu à la foire d'Irbit
en 1908 2,6 millions de peaux d'écureuil, mais quatre fois plus en 1911.
La récolte des pommes de pin passe par un maximum tous les dix ans
environ, entraînant une plus forte densité de l'écureuil. L'équilibre est
rétabli par les renards qui s'attaquent aux écureuils. Dans la toundra,
on enregistre tous les trois-quatre ans de « mauvaises » années à lemmings
lorsque le verglas recouvre les lichens trop longtemps, ce qui affecte le
nombre de leurs prédateurs : en l'occurrence le renard polaire (pesée).
Certaines espèces, comme l'écureuil, émigrent lorsque leur densité n'est
plus en rapport avec les po

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