Choiseul-Gouffier; la France en Orient sous Louis XVI

Léonce Pingaud

Sujets

• Famille de Choiseul
• France
• Turkey

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Extrait

136
.6
P5CHOISEUL-GOUFFIER
I LA FRANCE EN ORIENT
SOUS LOUIS XV
LÉONCE PINGAUD
PROFESSEUR d'histoire MODERNl. A L.\ FACULTÉ DES LETTRES DE BESANÇON
PARIS
PICARD, EDITEURALPHONSE
CHARTESARCHIVES NATIONALES ET VE LA SOCIÉTÉ DE L'KCOLE DESLIBKAIRE r.ES
Rue Bonapaile , 82
1887CHOISEUL-GOUFFIERDU MÊME AUTEUR :
librairie Thorin,de saint Grégoire le Grand, i vol. in-8° ;La Politique
à Paris.
vol. in-S"Etudes sur l'ancienne société française, iLes Saulx-Tavanes ,
française) -, Firniin Didot, à Paris.(second prix Gobert à l'Académie
en France, i vol. in-S"; librairieLes Français en Russie et les Russes
académique Perrin, à Paris.CHOISEUL-GOUFFIER
FRANCE ENLA ORIENT
SOUS LOUIS XVI
LÉONCE PINGAUD
DES LETTRES DE BESANÇONPROfESSEUR d'histoire MODERNE A LA FACULTÉ
PARIS
ALPHONSE PICARD, LIBRAIRE
838:3, rue Bonaparte,DC
A.PREFACE
L'éternelle question d'Orient suit son cours, et nous
pas au bout des surprises qu'elle nousne sommes
Hier, les Russes se montraient aux portes deréserve.
Constantinople aujourd'hui, les Anglais sont à Chypre;
et au Caire qui sait si l'aigle autrichienne n'appa-
;
raîtra pas demain sur l'Archipel ? Et malgré tout,
» l'empereurr « homme malade, dont Nicolas, il y
plus de trente ans, déclarait la succession ouverte,a
respire encore. Les plus fins politiques se sont trompés
mystiquesà son sujet; bien déçus ont été aussi certains
son destin dans l'Ancien Tes-qui lisaient couramment
la foi d'une interprétation trop subtile detament, et, sur
annonçaient sa fin pour 1882. Du moins peut-Daniel,
prophète que cet empire est la statueon dire avec le
aux pieds moitié de fer et moitié d'argile une pierre;
se détachera soudain de la montagne, qui frappera le
poussière.colosse afîaibli à sa base et le réduira enVI PRÉFACE.
Il centa ans, amis et ennemis de l'empire ottomany
sentaient déjà levée la main invisible d'où ce grand coup
devait partir. Catherine II, passant sous les arcs de
triomphe de la Crimée, croyait «ouvert le chemin de
Byzance; » l'empereur Joseph II cherchait sur le Da-
nube une compensation à la suprématie perdue en
Allemagne; la Prusse trouvait auprès du Divan un
point d'appui dans ses intrigues contre la France
;
l'Angleterre, sous le couvert d'une sympathie hypo-
crite pour les sultans, songeait à se tailler la part du
lion dans leurs dépouilles la; France enfin, tout en se
persuadant qu'il ne devait ni se tirer un coup de canon,
ni se partager un coin de terre en Orient sans sa per-
mission, voyait contester ses prérogatives séculairesy
et succomber son influence. Qui oserait dire qu'il n'y
a plus rien de vrai dans cette attitude des puissances
européennes, présentes par leurs consuls, leurs soldats
ou leurs vaisseaux, sur toutes les frontières du monde
musulman ?
D'autres hommes, au service d'autres intérêts, se
sont aussi montrés de ce côté depuis un siècle. L'Orient
n'est pas seulement un champ livré à la politique; c'est
le pays des grandes ruines et des lointains souvenirs.
Les peuples qui ont joué, sur théâtre incomparable,ce
les premiers actes de la tragédie humaine, ont reparuy
peu peu, derrièreà les barbares modernes, par leurs