Choix de pièces du théâtre lyrique japonais, transcrites, traduites et annotées - article ; n°1 ; vol.29, pg 107-259
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1929 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 107-259
153 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

G. Renondeau
Choix de pièces du théâtre lyrique japonais, transcrites,
traduites et annotées
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 29, 1929. pp. 107-259.
Citer ce document / Cite this document :
Renondeau G. Choix de pièces du théâtre lyrique japonais, transcrites, traduites et annotées. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 29, 1929. pp. 107-259.
doi : 10.3406/befeo.1929.3239
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1929_num_29_1_3239CHOIX DE PIÈCES
DU
JAPONAIS^ THÉÂTRE LYRIQUE
transcrites, traduites et annotées
par le Colonel G. RENONDEAU
Ancien attaché militaire à l'Ambassade de France au Japon.
IX. - YASHIMA.
Le nô de Yashima est un des plus connus parmi les nô de mânes de
guerriers. Ce genre de pièces est pius spécialement appelé: pièces d'asura
(shura-mono). Les asura (ashura Щ Ш M Qn japonais) sont, dans le boud
dhisme japonais, ce que deviennent les guerriers qui meurent dans les combats.
Ils vont dans une sorte d'enfer (la voie des asura, shuradô) où ils sont con
damnés à batailler sans trêve. Cette définition suffit pour comprendre le rôle
des asura dans la littérature japonaise du moyen âge. Ceux dont la curiosité
serait plus exigeante et désireraient savoir ce que furent les asura à une
époque plus lointaine pourront consulter l'article correspondant du Hôbôgi-
rin f£ Ц Ц ;$, le dictionnaire de bouddhisme en cours de publication. Ils y
verront que « les asura remontent au passé le plus ancien des religions indo
iraniennes » et qu'«à travers les temps ils ont conservé une physionomie
énigmatique et ambiguë». En effet, ils ont été classés tantôt parmi les ennemis
des dieux, tantôt parmi les dieux, d'autres fois entre les hommes et les dieux.
Rien n'est moins précis, mais encore une fois il nous suffit de savoir ce qu'en
tendaient par asura les Japonais de l'époque à laquelle les nô ont été composés.
Dans les nô, les asura reviennent sur terre pour dire aux âmes pieuses
quels tourments ils endurent dans leur enfer, et les prières des vivants hâtent
la délivrance de ces damnés.
(1) Cf. BEFEO., XXVI, 257-358; XXVII, 1-147. - - 108
Celui qui apparaît dans Yashima est le célèbre Yoshitsune. Sous l'aspect
d'un vieux pêcheur, il se montre à un moine voyageur qui arrive un soir à
Yashima, là où Yoshitsune vint relancer les Taira et les obliger à la fuite pour
les anéantir peu après à la bataille de Dan-no-ura. Le bonze a demandé
l'hospitalité au vieillard et ce dernier lui fait un récit de la bataille de Ya
shima, si détaillé vraiment que le moine est très intrigué. Les quelques paroles
énigmatiques que le vieux pêcheur fait entendre avant de disparaître donnent
au bonze le soupçon qu'il a eu affaire à l'esprit de Yoshitsune. Une conver
sation qu'il a avec un homme de la côte pendant l'entr'acte le confirme dans
cette opinion. 11 va donc prier pourl'àme de Yoshitsune.
Fatigué, il s'endort et il a un rêve que nous voyons se dérouler sous nos
yeux. Yoshitsune reparaît, et, cette fois, dans son costume brillant de jadis.
11 se trouve maintenant parmi les asura, soumis aux tortures auxquelles les
asura sont condamnés. 11 raconte, et mime, en dansant, d'autres épisodes de
la bataille de Yashima. Il se voit obligé de livrer des combats incessants.
Puis le jour se lève, le rêve s'évanouit ; sous les yeux du bonze qui se réveil
le, il n'y a qu'une plage où des mouettes tourbillonnent dans un vent d'orage.
Nombre de vieilles relations racontent, chacune avec ses variantes, la
bataille de Yashima. Il semble que l'auteur du nô ait suivi le Heike mono-
gatari pour le choix des épisodes à porter à la scène. Il existe de cet
ouvrage une traduction anglaise par M. Sadler, qui a paru dans les Transactions
of the Asiatic Society of Japan (vol. XLVI, part n, et vol. XLIX, part i) ;
mais le récit de la bataille étant très long, je crois utile de le résumer en le
réduisant à ce qui est essentiel pour comprendre le nô de Yashima.
Auparavant, je dirai un mot de la date de la bataille. L'auteur du nô la
place au 18 du за mois de la ière année de Genryaku Je Щ (i 184). Or le Heike
monogatari la fixe au 18 du 2e mois de la 2e année (1 185) et dit que la
bataille de Dan-no-ura eut lieu dans le 3e mois. Les autres relations ne sont
généralement d'accord ni avec le Heike monogatari, ni entre elles, quant au
jour et au mois: le Seisuiki ^^ ffi dit le 18 du 3e mois, le Nagato-bon
Л P^ $ et le Morinaga shiki ^ Ц f£ §g disent le 24 du 3e mois. Mais toutes
placent le fait dans la 2e année, soit en 1 185.
Ceci dit, voici, d'après le Heike monogatari, le récit succinct des événe
ments qui servirent de base au nô de Yashima.
Le 10 du Ier mois de l'an 2 de Genryaku (1 185), le hôgwan (d) Yoshitsune
se rendit au palais du Hô-ô, autrement dît de l'empereur Go-Shirokawa, qui
avait abdiqué, mais gouvernait encore en fait, et lui exposa son intention
d'aller exterminer les Taira, où qu'ils fussent. Le Hô-ô l'approuva. Le 3 du
mois suivant, Yoshitsune quitta la capitale avec ses compagnons pour aller
s'embarquer à Watanabe et Fukushima (aujourd'hui englobés dans la ville
!) Hôgwan ou hangwan Щ *§£ ; ce titre désignait une haute fonction judiciaire. — - 109
etprendre la direction de Yashima sur la côte de Shikoku. C'est là d'Qsaka)
que les Taira s'étaient fortifiés, ayant à leur tête Munpmori qui avait emmené
avec lui le jeune empereur Antoku, sa mère Kenrei-mon-in, sa grand'mère
Nii dono. ;
Le 16, les Minamoto venus à l'appel de Yoshitsune devaient prendre la mer,
mais le temps était très mauvais et un grand nombre de guerriers ne se
souciaient pas d'affronter la tempête. L'un d'eux, Kajiwara Kagetoki, se que
rella à ce sujet avec Yoshitsune qui voulait partir à tout prix. Les deux guer
riers faillirent se battre ; finalement Yoshitsune s'embarqua, mais il n'emmen
ait que cinq barques sur deux cents, et encore avait-il dû menacer de mort
leurs équipages.
Ayant quitté Watanabe le 17, à deux heures du matin, Yoshitsune, poussé
par un vent arrière, arriva six heures après en vue de Katsuura, sur la côte
d'Awa (non loin de Tokushima). Une centaine de cavaliers Taira se trouvaient
là; mais Yoshitsune, qui disposait de cinquante chevaux, les défit aisément.
Un prisonnier lui apprit que les Taira n'avaient que 1 .000 cavaliers à Yashima,
tout le reste de leurs forces se trouvant égrené sur le pourtour de Shikoku
par petits groupes, ou occupé à guerroyer en lyo. Il y avait deux journées de
marche jusqu'à Yashima. Yoshitsune partit aussitôt. Le soir, il arrivait au col
d'Ôsaka à la limite des provinces d'Awa et de Sanuki ; le lendemain 18, à
quatre heures, il traversait Hikida et dans la journée il apparaissait au bord
du bras de mer qui sépare Yashima de la terre.
Les Taira, saisis de peur, sautèrent dans leurs barques et s'éloignèrent à
quelques dizaines de brasses. La mer était basse. Les Minamoto poussèrent
leurs chevaux dans l'eau, et, après s'être nommés à leurs ennemis suivant
l'usage, le combat s'engagea à coups de flèches entre les Minamoto à cheval
et les Taira dans leurs barques.
Pendant ce temps, Gotobyôe Sanemoto, Tun des compagnons de Yoshitsune,
s'en alla mettre le feu au palais de l'Empereur. A la vue des flammes,
Munemori dépêcha environ 500 des siens qui arrivèrent en petites barques
devant la porte brûlée du palais, Noritsune (le Noto no kami) etJirôbyôe
Moritsugu à leur tète. Les guerriers Taira descendirent sur le rivage et se
rangèrent devant les Minamoto. Les chefs échangèrent d'abord force paroles
de défi et de mépris auxquelles mit fin une flèche de Minamoto qui transperça
Moritsugu. Alors le combat commença ; Noritsune, qui était un archer fameux,
visait obstinément Yoshitsune, mais en vain, car les compagnons de ce dernier
lui faisaient un rempart de leurs corps. Ce dévouement coûta la vie à Sato
Saburôbyôe Tsuginobu, qui reçut une des flèches que Noto dono, autrement
dit Noritsune, destinait à Yoshitsune. En revanche, Kikuô maru, un jeune
guerri

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