Chronique d élections annoncées - article ; n°1 ; vol.46, pg 25-40
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Chronique d'élections annoncées - article ; n°1 ; vol.46, pg 25-40

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Archipel - Année 1993 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 25-40
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Labrousse
Chronique d'élections annoncées
In: Archipel. Volume 46, 1993. pp. 25-40.
Citer ce document / Cite this document :
Labrousse Pierre. Chronique d'élections annoncées. In: Archipel. Volume 46, 1993. pp. 25-40.
doi : 10.3406/arch.1993.2934
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1993_num_46_1_2934Pierre LABROUSSE
Chronique d'élections annoncées
aller-retour l'espace Ces drapeaux Le images matin de nationaux quelques ne entre du sont jour le sont pas heures, Monument anniversaire sans présentés avant inspirer national au de président, le quelque la rapporter proclamation et le analogie Palais, l'un, dans l'original, l'autre, la de avec résidence l'indépendance, les que qui élections ne du l'on président. fait déploie qu'un générdeux
ales: la défunte idée d'une démocratie n'y fait qu'une furtive apparition de faire-
valoir, au profit d'une Pancasila, dont le caractère paraît moins être
d'inspirer le trouble d'un improbable changement politique, que de célébrer la
pérennité d'un pouvoir qui, grand ordonnateur de sa propre continuité, a su faire
de sa reconduction certaine une divine manifestation de la providence. C'est en
ce sens qu'il est permis de parler de rituel. La minutie des préparatifs, la récur
rence quinquennale de la célébration, l'ordonance des cérémonies déterminée par
l'autorité politique, la liturgie de l'unité nationale, la réactivation du spectre du
complot, la mobilisation de la défense nationale aux frontières imaginaires de la
subversion et la mise en scène des chœurs qui appellent de leurs vœux la recon
duction du Père du développement, font de ce non-événement le temps fort par
excellence des grands psychodrames du calendrier national, puisque tout a été
conçu — et ce sera là le sens de notre analyse — pour qu'il ne se passe rien.
Tenues pour la première fois en 1955, avec quelques surprises de taille quant
aux résultats, et rétablies en 1971 seulement, les élections portent dans leur
conception la marque de chocs politiques: échec de la démocratie parlementaire
en 1958 et conséquences du coup de 1965, avec l'épuration successive des comm
unistes, puis des sukarnoïstes. De cette expérience subsiste visiblement la hant
ise du désordre et de l'incertitude d'un suffrage populaire versatile, livré aux
aléas des rumeurs incontrôlées et des affrontements sociaux. Il fallait libérer
aussi la population de l'emprise des partis politiques, voués aux gémonies et
accusés de tous les maux, et imaginer, à l'usage du monde extérieur, derrière un 26 Pierre Labrousse
assujettissement de forme au principe de la démocratie, une pratique autoritaire,
pour laquelle il n'y avait pas à remonter bien loin dans l'histoire de Java. Le
remodelage interne de tout le système de la représentation parlementaire fut donc
conçu pour que le corps des élus soit sélectionné et contrôlé, comme les pegawai
«fonctionnaires» de n'importe quel autre corps de l'Etat, par un exécutif fort et
permanent recevant formellement son mandat de l'Assemblée de délibération du
peuple (MPR), mais n'ayant jamais véritablement à rendre compte de son action.
C'est à cet effet que furent mises au point les règles draconiennes qui président
au jeu électoral, ainsi qu'un discours idéologique, bien rôdé aujourd'hui, dans
lequel la recherche d'un consensus formel n'est persuasive que par les menaces à
peine voilées qui dissuadent par avance toute velléité de changement. A quoi il
faut ajouter qu'un député peut toujours être relevé de ses fonctions (recall) (*).
Le problème est qu'après une trentaine d'années d'existence et une situation
de politique intérieure relativement stable, qui devrait autoriser quelques signes
plus évidents de détente, le bilan penche vers une certaine libéralisation pour les
électeurs certes, mais pas du tout pour les représentants élus et nommés dans les
assemblées, autour desquels l'étau continue de se resserrer, tant au niveau de leur
contrôle que de leur recrutement, de plus en plus refermé sur des noyaux de
clientèle. A tel point qu'il est permis de se demander si le système politique
n'évolue pas à rencontre du développement économique, et serait peut-être en
risque de sclérose, tant la notion de stabilité politique tend à se confondre avec le
statu quo et la sauvegarde des avantages acquis de la classe dirigeante.
Tous ces faits, chacun les connaît et s'en accommode, en se contentant des
résultats, qui remplissent de satisfaction les zélateurs du régime. C'est pourquoi
cette chronique s'intéressera plus aux pratiques pré-électorales dont on parle peu,
qu'à leur finalité évidente. C'est un domaine dans lequel l'Ordre nouveau a
beaucoup innové, en revenant paradoxalement aux sources et à des modes de
fonctionnement du pouvoir avec lesquels la société javanaise est familière.
L'observation en est pleine d'enseignements, quand bien même elle ne concerne
que la partie la moins occultée de l'astre présidentiel.
Le compte à rebours
Le calendrier des élections fait l'objet d'un compte à rebours découpé en
phases précises, qui sont exécutées d'autant plus méthodiquement que les
bureaux des élections générales sont déjà placés sous surveillance militaire.
Le premier signal avertisseur, qui est aussi un signal d'avertissement, est
déclenché un peu moins de deux ans avant l'échéance, par le commandant en
chef de l'armée de terre, Edi Sudradjat en l'occurrence, qui déclare en 1990:
«L'armée doit toujours anticiper et veiller à la possibilité d'aspects négatifs, sus
ceptibles de mettre en danger le système de l'Etat, fondé sur le Pancasila et la
Constitution de 1945. Les élections générales de 1992 et la séance plénière du
MPR de 1993 sont des procédures qui ont un lien direct et déterminant pour la
continuité des mécanismes de direction, pour les cinq années à venir, et qui
concernent fondamentalement la continuité du développement national» (2\
II convient de rappeler que, pour l'élection au Parlement (DPR), dont il sera
surtout question ici, le mode d'élection en vigueur est le scrutin de liste, qui d'élections annoncées 27 Chronique
comme on le sait, a l'inconvénient de ne pas responsabiliser les députés devant
les électeurs d'une circonscription, et leur éviter une sanction électorale. Ce
mode de scrutin, qui risquait de faire resurgir des particularismes provinciaux,
facteurs de division, a été exclu d'emblée, à plus forte raison avec l'existence
d'une catégorie de représentants des régions au sein du MPR (voir tableau 1), qui
a l'avantage d'être directement nommée par l'exécutif.
Il faut savoir en effet que, d'année en année, la référence aux partis politiques
au sein des assemblées (MPR, DPR) a été progressivement dissoute dans les
notions de «fraction», ou de «formation participant aux élections», ce qui a pour
effet de gommer les différences idéologiques dans l'organisation d'un peloton de
candidats de plus en plus indifférenciés et quasiment interchangeables, qui subis
sent tous ensemble une série d'examens de passage qui ne sont pas sans rappeler
le recrutement des fonctionnaires, et dont le déroulement a été le suivant, pour
les élections de 1987:
I mai 1986. Révision des listes électorales.
Juillet - septembre. Envoi des listes de candidats.
Septembre - octobre. Examen des candidatures. - Possibilité de faire appel.
Novembre - décembre. Etablissement de la liste des candidats provisoires.
Janvier - février 1987. Publication de la liste des provisoires et réactions du
public.
Février. Etablissement de la liste des candidats définitifs.
Février - mars. Publication de la liste des
24 mars - 17 avril. Campagne officielle.
17 avril - 22 Cinq jours de calme.
23 avril. Elections.
Les moments les plus instructifs de ce calendrier ne sont pas ceux de la cam
pagne électorale, mais ce qui se passe avant, de septembre à février. Ils sont aussi
pleins de mystères, car les dossiers

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents