Chronique sur l'énergie : prix du pétrole et approvisionnement énergétique mondial - article ; n°1 ; vol.11, pg 117-130

Jean-Marie Martin

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1980 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 117-130
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 25
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Martin
Chronique sur l'énergie : prix du pétrole et approvisionnement
énergétique mondial
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 11. 1er trimestre 1980. pp. 117-130.
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Martin Jean-Marie. Chronique sur l'énergie : prix du pétrole et approvisionnement énergétique mondial. In: Revue d'économie
industrielle. Vol. 11. 1er trimestre 1980. pp. 117-130.
doi : 10.3406/rei.1980.1962
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1980_num_11_1_1962Chronique sur l'Energie :
Prix du pétrole et approvisionnement
énergétique mondial (1)
par Jean-Marie MARTIN
Institut économique et juridique de l'Energie
Au moment où nous préparions notre dernière chronique consacrée aux pers
pectives énergétiques mondiales (2), les prix de vente officiel du pétrole brut des
pays membres de l'OPEP s'étaient stabilisés depuis une année tandis que leur
valeur CIF en monnaies nationales courantes diminuait sensiblement. Cepend
ant, après avoir noté que les réajustements énergétiques en cours dans les pays
industrialisés nous paraissaient plus lents que la prise de conscience par les
de l'OPEP du caractère épuisable de leurs ressources, nous terminions cette chro
nique dans les termes suivants :
« S'ils (les pays de l'OPEP) décident, comme certains d'entre eux l'envisagent
déjà, de conserver leurs ressources, les économies industrialisées pourraient se
trouver devant une crise énergétique d'une toute autre ampleur que celle du
passé. Peut-être reconnaîtraient-elles alors que les prix actuels du pétrole importé
ne sont pas encore des prix d'équilibre ».
Depuis cette époque, le prix de vente OPEP du brut léger d'Arabie Saoudite a
exactement doublé en dollars courants, tout en demeurant l'un des moins chers à
l'intérieur d'un éventail qui s'étend de 24 à 35 $ le baril au lendemain de la der
nière conférence de l'OPEP à Caracas, en décembre 1979 (3).
Quelles ont été, au cours de ces deux dernières années, les principales tendanc
es de l'évolution énergétique mondiale ? En quoi et comment modifient-elles les
perspectives de demande et d'offre à long terme (1985, 1990 et de plus en plus
2 000) dont nous avions discuté le contenu et les chances de réalisation ? Pour y
parvenir (§ 4), nous allons repartir de l'étude des prix pétroliers (§ 1) en nous
attachant aux conséquences de leur évolution (y compris les effets en retour), sur
les politiques et les anticipations des pays exportateurs (§ 2) et importateurs (§ 3)
de pétrole.
(1) Je souhaite remercier tous ceux qui m'ont fourni des informations pour préparer cette chronique,
en particulier J.P. Cleron de l'A. I.E.. Les erreurs d'observations ou d'interprétations qu'elle peut
contenir ne sauraient évidemment leur être imputées.
(2) Soit en mai 1977. Cf. Chronique sur l'énergie, Rev. d'Econ. Ind. n° 1 , 3e trimestre 1977, pp. 120-
133. L'an passé, cette même chronique avait été limitée à la situation française.
(3) Sans parler des prix Spot sur le marché libre de Rotterdam qui représente aujourd'hui environ
5 % du commerce mondial. Ces prix ont parfois dépassé 45 $ au cours du premier semestre 1979.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 11, Vtrimestre 1980 117 — LES EVOLUTIONS DES PRIX DU PÉTROLE DEPUIS 1974 1.
De combien ont augmenté les prix du pétrole brut depuis fin 1973 — début
1974 ? La réponse n'est pas aussi simple qu'il y paraît, d'un côté parce que les
prix de vente du brut se sont multipliés, de l'autre parce que les prix des produits
vendus dans les pays importateurs doivent être appréciés en monnaies nationales
dont le pouvoir d'achat a changé.
On peut prendre, comme point de départ, les prix de vente officiels fixés péri
odiquement par l'OPEP pour chaque variété de pétrole, au port d'embarquement
de l'un des pays membres. Mais ces prix ne correspondent pas exactement à ceux
qui sont pratiqués, parce que le recours à des différentiels de prix et à des primes
de marché s'est généralisé depuis 1975 jusqu'à devenir officiel en 1979 (4). Si l'on
ajoute que les dates de paiements ne correspondent pas aux dates de chargement,
on comprend qu'il soit utile de corriger les prix officiels comme le fait l'Agence
internationale de l'Energie qui publie, trimestriellement, pour chaque variété de
pétrole, des prix moyens pondérés sur une base F.O.B. (5). Si l'on prend, à titre
d'exemple, le brut léger d'Arabie, on observe, sur le tableau ci-après, que son
prix FOB moyen pondéré, exprimé en dollars courants, est resté inférieur à son officiel depuis 1974 et ne s'est pas élevé entre le second trimestre 1977 et le
premier trimestre de 1979 (6).
Cette évolution n'est cependant pas significative pour les pays importateurs de
pétrole qui supportent aussi les frets et les assurances (d'où les prix CIF) mais
surtout qui constituent leur approvisionnement pétrolier en combinant plusieurs
variétés de brut payées en dollars, dont la contre partie en monnaie nationale a
fortement fluctuée depuis 1974. Si l'on s'attache alors à l'évolution des prix CIF
en monnaies nationales courantes, on observe que de mi-77 à début 79 ces prix
ont diminué dans tous les pays importateurs (sauf aux Etats-Unis) et que ces bais
ses ont été d'autant plus importantes que la monnaie des pays concernés a pris de
la valeur par rapport au dollar. Calculés sur la base 100 en 1974, les « Internatio
nals Crude Oil and Product Prices » (7) faisaient déjà apparaître qu'à la fin de
1977 et par rapport à 1973, les coûts supportés par les importateurs avaient été
multipliés par 5,6 au Portugal ; 5,4 en Italie ; 4,9 en Espagne ; 4,6 en France...
alors qu'ils ne l'avaient été que par 2,9 en Allemagne et 2,3 en Suisse. Au cours
de l'année 1978, la baisse des prix en monnaies nationales courantes s'est pour
suivie et les écarts entre pays se sont creusés. Comme on peut le voir sur le pre-
(4) Ces différentiels expriment les différences de valeur (y compris à l'intérieur d'une même variété de
brut) qui tiennent à la densité et à la teneur en soufre. Par ailleurs, la proximité d'un marché
donne un supplément de valeur à un brut puisqu'elle économise du fret. L'évolution des différent
iels de tous les bruts entre 1975 et 1979 est retracée sur un graphique très clair publié dans Petro
leum Economist de février 1979, p. 56.
(5) Et ce depuis le second semestre 1973. Cf. AIE, Évolution des prix à l'importation du pétrole brut
entre 1973 et 1979 (non paginé).
(6) Au cours de cette dernière période, certains prix (Koweit, Libye, Nigeria) ont même baissé.
(7) Publiés tous les 6 mois par les Middle East Petroleum Economie Publications et repris par Petro
leum and Econosmist de janvier 1979. p. 1 1 .
118 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE —n°11,1" trimestre 1980 mier des deux graphiques ci-dessous (8), les prix du pétrole au Japon, en Allema
gne et en Suisse sont tombés très au-dessous du niveau atteint au 1.01.1975.
TABLEAU I. — Evolution de quelques prix du pétrole depuis ¡973
Prix de vente offi- Prix moyen trimes- Prix moyen annuel C1F du brut —
ciel de l'OPEP de triel pondéré FOB toutes provenances rendu France (2)
FArabian light 34° de FArabian light
API(l) (1)
Courant/b $ Courant/b Frs courants/tonne Frs constants
1970/tonne
1973 115,5 96,3
2,48
3.34
1974 7,97
9,61 372,5 280,0
9,80
10,21 10,463
1975 10,45 378,8 252,5
10,44
11,510 10,97
1976 12,090 11,51
11,49 450,5 274,0
11,50
1977 12,700 11,89
12,07 493,4 277,0
12,61
12,64
12,61 1978 12,704
12,65 465,7 238,4
12,67
12,63
13,33 1979 13,340
14,546 16,62 568,0 (3) 262,0 (3)
20,84 18,000
21,92
1980 26,000
(1) Les sources sont données dans le texte.
(2) Valeurs calculées à partir des statistiques douanières et déflattées par l'indice du prix de la PIB, sur
la base 100 en 1970 pour permettre l'ajustement avec la série longue représentée sur le graphique
n° 1.
(3) Calculé sur les 1 1 premiers mois de l'anné