Cohabitation à la française, cohabitation à l'israélienne - article ; n°1 ; vol.39, pg 5-20

Ilan Greilsammer

Description

Revue française de science politique - Année 1989 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 5-20
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

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• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
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Extrait

Monsieur Ilan Greilsammer
Cohabitation à la française, cohabitation à l'israélienne
In: Revue française de science politique, 39e année, n°1, 1989. pp. 5-20.
Abstract
How are we to define « cohabitation » ? What are its characteristics and how does it differ from other modes of shared
government ? What are during the behaviors and strategies of the partners/adversaries ? Two recent typical cases
are compared : the cohabitation between a socialist president and a conservative government in France, 1986-1988, and the
cohabitation between the Labor Party and the Likud in the Israeli National Union government, 1984-1988. Whereas these two
examples present many common features at the theoretical level, the behavior of the actors seems to have been substantially
divergent. An analysis of the governmental cultures of the two countries makes it possible to explain these different practices
under circumstances of «forced sharing ».
Résumé
Comment définir le phénomène de la « cohabitation » ? Quelles en sont les caractéristiques et en quoi se distingue-t-il d'autres
modes de gouvernement partagé ? Quels sont, en période de cohabitation, les comportements et les stratégies des
partenaires/adversaires ? Deux cas types très récents — la cohabitation entre un président socialiste et un gouvernement de
droite dans la France des années 1986-1988 et la cohabitation entre le Parti travailliste et le Likoud dans le
d'union nationale israélien en 1984-1988 — présentent, sur le plan théorique, bien des traits communs, alors que les conduites
des acteurs semblent avoir été considérablement divergentes. L'analyse des cultures de gouvernement des deux pays permet
d'expliquer ces pratiques différentes en période de « partage forcé ».
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Greilsammer Ilan. Cohabitation à la française, cohabitation à l'israélienne. In: Revue française de science politique, 39e année,
n°1, 1989. pp. 5-20.
doi : 10.3406/rfsp.1989.394404
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1989_num_39_1_394404COHABITATION LA FRAN AISE ISRA LIENNE*
LAN GREILSAMMER
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ment volontaires si une de ces forces avait voulu elle aurait pu
constituer une coalition restreinte est le cas des coalitions union
sacrée en temps de guerre le fait que de telles ont existé
dans certains pays et pas dans autres Tel est aussi le cas contemporain
le plus connu celui de la grande coalition de Bonn entre 1966 et
1969 alors que la CDU de ïCiesinger aurait pu ne pas décider de allier
au SPD de Willy Brandt
Ayant passé en revue les cas de coalition dans les pays européens
depuis la seconde guerre mondiale force est de constater que le seul cas
pertinent pour une comparaison avec Israël reste celui dit de coha
bitation dans la France des années 1986-19881 Par une coïncidence
curieuse la cohabitation entre un président de la République socia
liste Fran ois Mitterrand et une majorité parlementaire et un gouver
nement de droite est produite exactement en même temps que se
déroulait expérience israélienne Ce que nous souhaitons montrer ici
est que la nature et les caractéristiques de la cohabitation ont été dans
les deux cas sensiblement les mêmes mais que le style de la cohabitation
été largement différent en raison de écart entre les contextes histo
rique politique et culturel
CARACT RISTIQUES COMMUNES
DES DEUX COHABITATIONS
Pour chacune des deux cohabitations il agit une situation où le
pouvoir est forcément partagé entre les deux plus grandes forces
politiques du pays qui ensemble représentent écrasante majorité sont
de force électorale sensiblement égale ont des inspirations idéologiques
différentes et sont en désaccord sur plusieurs aspects fondamentaux de
la politique gouvernementale
Dans les deux cas le pouvoir pas été volontairement partagé
Ce partage forcé peut avoir deux types de causes Dans le cas israélien
la nécessité de partager le pouvoir eu des causes électorales les
résultats des élections la Knesset de 1984 combinés bien sûr avec
attitude adoptée par les petits partis ont rendu quasiment impossible
la constitution une coalition restreinte sous la direction de un des
deux grands partis2 Cette situation est restée telle quelle durant les
Nous nous sommes notamment référé Maurice Duverger La cohabitation des
Fran ais Paris PUF 1987
Le phénomène le plus spectaculaire et le plus connu de la politique israélienne est
la transformation au cours des quinze dernières années du système de partis le passage
un système caractérisé par un parti dominant plusieurs partis de taille moyenne et
quelques petits partis un système caractérisé par deux grands de sensiblement
égale écrasement des partis de taille moyenne et la prolifération des factions minuscules
La 11e Knesset élue en 1984 comprenait 15 factions parlementaires soit de plus que la
10e 1981 émiettement se manifestait par la présence de trois factions un
député trois de deux députés trois de trois trois de quatre et une de cinq députés La
12e Knesset élue en novembre 1988 comprend elle aussi 15 factions dont deux un
député quatre de deux deux de trois une de quatre trois de cinq et une de six Cohabitations la fran aise et israélienne
quatre années de la législature aucun petit parti ne changeant de camp
et aucune majorité en faveur élections anticipées ne pouvant être
dégagée Dans le cas fran ais le partage eu des causes ordre
constitutionnel La Constitution de 1958 même si elle est trouvée
infléchie par la pratique gaulliste fixe une division des compétences entre
le président de la République une part le gouvernement basé sur la
majorité parlementaire autre part Or le Président est élu pour une
durée de sept ans alors que la majorité parlementaire ne dure que le
temps de la législature soit cinq ans où le hiatus de deux années au
cours desquelles la majorité appartenant un camp peut avoir coha
biter avec un Président autre camp ce fut pour la
première fois le cas en France après les élections Assemblée nationale
de mars 19861
Une telle éve