Comptes d ouvriers d une entreprise funéraire juive - article ; n°3 ; vol.4, pg 241-249
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Comptes d'ouvriers d'une entreprise funéraire juive - article ; n°3 ; vol.4, pg 241-249

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Syria - Année 1923 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 241-249
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

René Dussaud
Comptes d'ouvriers d'une entreprise funéraire juive
In: Syria. Tome 4 fascicule 3, 1923. pp. 241-249.
Citer ce document / Cite this document :
Dussaud René. Comptes d'ouvriers d'une entreprise funéraire juive. In: Syria. Tome 4 fascicule 3, 1923. pp. 241-249.
doi : 10.3406/syria.1923.2996
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1923_num_4_3_2996COMPTES D'OUVRIERS D'UNE ENTREFRISE
FUNÉRAIRE JUIVE
PAR
RENÉ DUSSAUD
On connaît ces petits ossuaires ou ostothèques taillés dans un joli calcaire au
grain fin et ornés d'un décor géométrique, qui sont tous sortis des hypogées
creusés autour de Jérusalem vers le début de notre ère. On recueillait, dans ces
petites caisses en pierre, les ossements qu'on avait laissé se dessécher dans les
tombes en forme de fours ou qoqim et, parfois, on inscrivait, mais toujours
sur une des parois extérieures, le nom du défunt. On procédait ainsi à une
inhumation secondaire, et la place, dans la tombe, était alors disponible pour
un autre cadavre (1).
Ces ossuaires portatifs ont certainement pénétré en Occident dès les pre
chrétiens'
en Terre Sainte puisqu'ils ont servi de modèles à miers pèlerinages
certains reliquaires. Le grand nombre qui en a été découvert de nos jours
suffirait, d'ailleurs, à attester la vogue dont ils ont joui pendant un siècle
avant et un siècle après notre ère. Leur fabrication combinée avec le creuse
ment des hypogées, constituait donc une véritable industrie sur laquelle les
textes que nous allons examiner nous paraissent apporter quelques rense
ignements.
Jusqu'ici les épigraphes qu'on lisait sur les ossuaires juifs étaient de sim
ples généalogies n'ayant pas d'autre objet que d'authentiquer les restes qu'on
y conservait. Aussi, mis en présence d'un texte plus long où apparaissent de
nombreux noms propres, le P. Gaudence Orfali, assisté dans sa lecture par le
P. H. Vincent, a-t-il pensé qu'il s'agissait d'une liste de défunts. Ne relevait-il
pas onze généalogies, alors que onze ossuaires avaient été découverts dans le
(*) Clermont-Gannemj a élucidé ce procès- p. 458. Voir nos Monuments palestiniens et
sus; cf. les références dans Syria, 1923, judaïques (Musée du Louvre), p. 33 et suiv.
. 242 SYRIA
même hypogée de Bethphagé? « Tout d'abord, il semble que nous avons, dans la
série des noms gravés sur le couvercle du n° 9, les noms des personnes dont les
ossements avaient été déposés dans ces ossuaires. Les noms sont, en effet,
onze, autant que les ossuaires (1) .»
D'après ce que nous avons dit plus haut, il serait surprenant qu'on ait inscrit
tous les noms des défunts sur le même ossuaire, plutôt que chaque nom sur l'o
ssuaire correspondant. D'ailleurs, la correspondance, que le P. Orfali a cru
établir entre le nombre des individus mentionnés et le nombre des ossuaires,
n'existe pas. Sur la planche publiée par la Revue Biblique nous comptons treize
lignes d'écriture dont douze commencent par des noms propres ; mais nous
verrons dans un instant que les noms mentionnés sont beaucoup plus nombreux,
car ils sont inscrits en deux colonnes que le P. Orfali a bloquées en une seule.
Pour le démontrer, il suffira d'étudier un document similaire.
Le musée du Louvre a acquis récemment un couvercle d'ossuaire juif
(n°d'inv. : AO. 7487) qui porte, gravé sur sa face interne, des graffiti dont la
disposition est toute semblable. Ce couvercle provient aussi d'une trouvaille faite
à Bethphagé en 1910. 11 se pourrait donc qu'il appartienne à un des onze
ossuaires décrits par le P. Orfali comme sortis d'un même hypogée, à moins
qu'il ne représente un douzième ossuaire.
Un simple coup d'œil sur notre copie montre que le texte est disposé en
deux colonnes ; il en est de môme pour le texte Orfali et, dès lors, celui-ci
compte dix-neuf noms propres dont deux sont répétés. Les signes que le
P. Orfali a lus ben, « fils », terme par lequel il a uni les noms des deux
colonnes, ne sont pas des lettres, mais des chiffres qui apparaissent ainsi,
pour la première fois, dans un texte hébraïque.
Nous voici donc en présence de comptes et cela explique le trait initial qui
n'a été que rarement négligé par le scribe, malgré ce que sa répétition avait de
fastidieux ; c'est évidemment un lamed, c'est-à-dire la préposition « à, pour » &,
indiquant que la somme notée revient à l'individu dont le nom est inscrit en
face, ou plus exactement, croyons-nous, qu'elle lui a été versée.
En effet, dans le texte Orfali, la sixième ligne est constituée par un long
i1) Gaude^e Orfai.i, Un hypogée juif à composé de chambres taillées dans le roc.
Bethphagé, dans Revue Biblique, 1923, p. 253- l2) Comparer les comptes de Gitium, dans cet'
260. Découvert en 1910, hypogée est Ci. S., I, nO88*> A et B. COMPTES D'OUVRIERS D'UNE ENTREPRISE FUNÉRAIRE 243
trait (la même disposition se retrouve dans le texte du Louvre, mais sans le
terme explicatif ci-après) au bout duquel, et à droite, on lit nVt» que le P. Or-
fali, explique comme « un souhait de paix aux habitants de l'hypogée {i) »,
mais qui représente plutôt tel terme de compte comme shilloum « paiement (2) ».
Cela posé, voici comment nous expliquons la rédaction de nos textes. Le
jour de paie arrivé, le chef de l'entreprise funéraire — ayant pour objet le
creusement des hypogées et aussi, avec le calcaire ainsi retiré du sol, là fabri
cation des ossuaires, — ou son comptable, vient au chantier, le sac d'argent
d'une main, ses tablettes de l'autre. Il paie chaque ouvrier selon les journées effec
tuées et d'après le compte établi sur les tablettes ; mais l'équipe est nombreuse
et, pour le bon ordre, ayant avisé le couvercle d'un ossuaire neuf, il y inscrit
comme sur une ardoise, chaque somme, avec le nom du bénéficiaire, au fur
et à mesure du versement. Sa paie terminée, il trace un grand trait indiquant
que le paiement a été effectué (3>. Le môme couvercle d'ossuaire a servi une
seconde fois — il peut s'agir, pour le couvercle du Louvre, d'une paie en re
tard, — si bien que jusqu'ici nous connaissons le montant de quatre paies.
Dans le texte Orfali, le mot shilloum, « paiement », a certainement été inscrit
avec le trait horizontal correspondant; il coupe donc la première colonne. La
première paie comprend les noms Orfali 1-5 et 14-18, la seconde les noms
Orfali 7-13 et 19-20 (4>. On conçoit dès lors que les noms de deux ouvriers
(Ha-Gelili et Lévi) se retrouvent dans l'une et l'autre liste.
Nous ne voyons pas d'autre explication à proposer pour rendre compte de
ces graffiti. Si l'on était frappé, notamment dans le texte du Louvre, du grand
nombre de noms propres commençant par le terme ben, c'est-à-dire du nom
bre d'individus désignés par leur patronymique au lieu de leur nom propre
véritable, on pourrait se demander si le compte en question ne récapitulait pas
la valeur des travaux et fournitures commandés par le fils de tel ou tel défunt.
(*) Loc. cit., p. 258. au fur et à mesure du versement par le compt
(•) Ce terme figure avec ce sens dans Michée, able.
VII, 3, où il faut, avec Kittel, supprimer la (*) Ces chiffres correspondent au texte tel
mention du shop he t et lire : « le chef demande que nous l'établissons ci-après. En ce qui
paiement ». concerne le texte du Louvre, si l'inscription
(3) On peut encore imaginer que l'inscription de la seconde paie n'est pas incomplète, elle
sur le couvercle d'ossuaire est faite en guise de témoigne pour le mois en question d'un grand
memento ou de vérification par le chef d'équipe ralentissement dans les travaux. 244 SYRIA
Mais* dans ce cas, le nom propre ne serait pas précédé par le lamed, particule
d'appartenance, mais plutôt par lal. Le grand nombre de noms formés sur le
thème « fils d'un tel » , indique peut-être que ces ouvriers sont en majorité des
pip-
.,,
\"D y i
Fig. d'un 1. — ossuaire Graffiti juif au ; revers 3/4 de du l'original. couvercle
jeunes gens. La comparaison des deux textes nous confirmera dans cette
nion.
Nous constaterons que le chiffre le plus élevé figurant dans le texte an
Louvre — nous ne pouvons nous prononcer en ce qui concerne le texte Orfoli
sans avoir vu l'original -~ est 24. Quelle était la valeur de l'unité? N* serait*
. COMPTES D'OUVRIE

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents