Contrôle social et arts du spectacle en Province pendant le Consulat et l Empire - article ; n°1 ; vol.333, pg 45-66
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 2003 - Volume 333 - Numéro 1 - Pages 45-66
Cyril Triolaire, Policing Entertainment in the Provinces during the Consulate and Empire : the Example of Puy-de-Dôme.
The theatre was soon harnessed by the Napoleonic government to serve as an instrument of power in fashioning public opinion. Acting on behalf of the Consular then Imperial power, the local authorities in many ways exercised a tight social control. Bound by the rigid drama provisions of 8 June 1806, plays and pantomime were expected to tow the government line ; the provincial stage such as that of Puy-de-Dôme thus became the venue for official performances aimed at relaying the government version of events and standardizing the behaviour of audiences. A comparison between administrative correspondence and professional accounts reveals the close links between official guidelines and the staging of shows by directors, both in terms of supervision/censorship of repertory and policing the audience. Some cases of relative « liberty » can be seen through the chinks of light entertainment or in specific contexts such as that of the first Restoration.
Les arts du spectacle sont perçus très tôt par le gouvernement napoléonien comme de véritables instruments de pouvoir destinés à façonner l'esprit public. Agissant au nom du pouvoir consulaire puis impérial, les autorités départementales opèrent sous bien des aspects un véritable contrôle social. Étroitement encadrés par le rigide dispositif dramatique du 8 juin 1806, le théâtre et les spectacles de curiosité se doivent de seconder les desseins gouvernementaux ; les scènes provinciales comme celles du Puy-de-Dôme deviennent alors des espaces de divertissement officiels voués à relayer la vulgate gouvernementale et à normaliser les comportements des spectateurs. La confrontation des correspondances administratives et des témoignages des professionnels traduisent les liens évidemment étroits entre les directives officielles et les pratiques des directeurs de spectacles, tant pour la surveillance et la censure des répertoires que pour la police des spectateurs. Certains espaces de relative « liberté » peuvent cependant percer, dans les interstices des spectacles de curiosité ou lors de contextes particuliers comme la Première Restauration.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cyril Triolaire
Contrôle social et arts du spectacle en Province pendant le
Consulat et l'Empire
In: Annales historiques de la Révolution française. N°333, 2003. pp. 45-66.
Citer ce document / Cite this document :
Triolaire Cyril. Contrôle social et arts du spectacle en Province pendant le Consulat et l'Empire. In: Annales historiques de la
Révolution française. N°333, 2003. pp. 45-66.
doi : 10.3406/ahrf.2003.2674
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_2003_num_333_1_2674Abstract
Cyril Triolaire, Policing Entertainment in the Provinces during the Consulate and Empire : the Example
of Puy-de-Dôme.
The theatre was soon harnessed by the Napoleonic government to serve as an instrument of power in
fashioning public opinion. Acting on behalf of the Consular then Imperial power, the local authorities in
many ways exercised a tight social control. Bound by the rigid drama provisions of 8 June 1806, plays
and pantomime were expected to tow the government line ; the provincial stage such as that of Puy-de-
Dôme thus became the venue for official performances aimed at relaying the government version of
events and standardizing the behaviour of audiences. A comparison between administrative
correspondence and professional accounts reveals the close links between official guidelines and the
staging of shows by directors, both in terms of supervision/censorship of repertory and policing the
audience. Some cases of relative « liberty » can be seen through the chinks of light entertainment or in
specific contexts such as that of the first Restoration.
Résumé
Les arts du spectacle sont perçus très tôt par le gouvernement napoléonien comme de véritables
instruments de pouvoir destinés à façonner l'esprit public. Agissant au nom du pouvoir consulaire puis
impérial, les autorités départementales opèrent sous bien des aspects un véritable contrôle social.
Étroitement encadrés par le rigide dispositif dramatique du 8 juin 1806, le théâtre et les spectacles de
curiosité se doivent de seconder les desseins gouvernementaux ; les scènes provinciales comme celles
du Puy-de-Dôme deviennent alors des espaces de divertissement officiels voués à relayer la vulgate
gouvernementale et à normaliser les comportements des spectateurs. La confrontation des
correspondances administratives et des témoignages des professionnels traduisent les liens
évidemment étroits entre les directives officielles et les pratiques des directeurs de spectacles, tant pour
la surveillance et la censure des répertoires que pour la police des spectateurs. Certains espaces de
relative « liberté » peuvent cependant percer, dans les interstices des spectacles de curiosité ou lors de
contextes particuliers comme la Première Restauration.;
CONTROLE SOCIAL ET ARTS DU SPECTACLE EN
PROVINCE PENDANT LE CONSULAT ET L'EMPIRE.
L'EXEMPLE DU PUY-DE-DÔME
CYRIL TRIOLAIRE
Les arts du spectacle sont perçus très tôt par le gouvernement napoléonien
comme de véritables instruments de pouvoir destinés à façonner l'esprit
public. Agissant au nom du pouvoir consulaire puis impérial, les autorités
départementales opèrent sous bien des aspects un véritable contrôle social.
Étroitement encadrés par le rigide dispositif dramatique du 8 juin 1806, le
théâtre et les spectacles de curiosité se doivent de seconder les desseins
gouvernementaux les scènes provinciales comme celles du Puy-de-Dôme
deviennent alors des espaces de divertissement officiels voués à relayer la
vulgate gouvernementale et à normaliser les comportements des spectateurs.
La confrontation des correspondances administratives et des témoignages
des professionnels traduisent les liens évidemment étroits entre les directives
officielles et les pratiques des directeurs de spectacles, tant pour la
surveillance et la censure des répertoires que pour la police des spectateurs.
Certains espaces de relative « liberté » peuvent cependant percer, dans les
interstices des spectacles de curiosité ou lors de contextes particuliers
comme la Première Restauration.
Mots clés : Arts du spectacle ; Premier Empire ; contrôle social ; censure.
La carrière militaire républicaine du général Bonaparte traduit bien
avant l'heure la future gloire artistique de l'empereur. Les derniers mois de
l'expérience directoriale offrent déjà librement les scènes théâtrales provinc
iales aux succès du héros. Les auteurs saluent les exploits égyptiens, les
directeurs multiplient les dédicaces (1) et le public entonne allègrement les
airs partisans (2). Parce qu'ils sont acteurs aussi bien que spectateurs, parce
(1) Marvin CARLSON, Le théâtre de la Révolution française, Paris, Gallimard, 1970, p. 327.
(2) A.N., F? 36855, lettre du secrétaire de l'administration centrale du Puy-de-Dôme au ministre de
l'Intérieur, le 17 frimaire an VIII (8 décembre 1799).
Annales historiques de la Révolution française - 2003 -N° 3 [45 à 66] CYRIL TRIOLAIRE 46
qu'ils alimentent l'opinion publique, les femmes et les hommes qui prennent
place au théâtre ou qui achètent un billet pour les spectacles de passage
intéressent le premier consul autant que l'empereur. Le Bureau des mœurs
et bientôt la Direction de l'esprit public se voient chargés de les contrôler.
Rappelant en 1804 au conseil d'État que l'opinion publique doit être dirigée
et non discutée (3), Napoléon Bonaparte place très tôt sa politique sous le
signe du contrôle. L'obéissance, le calme, l'enthousiasme et le fervent
soutien sont autant de vertus dont il souhaite voir son peuple empreint afin
d'asseoir plus sereinement son pouvoir. En tant qu'incarnation de l'État, il
est seul maître de ses projets. « Comme grand contrôleur en titre de la vie
sociale », l'État se singularise par « sa mission générale unique. Il est le seul
à affirmer et à pouvoir faire respecter sa propre justification par l'idée
directrice d'un ordre social fondamental, présenté comme indispensable et
imposé comme obligatoire » (4). Cette possible direction maîtrisée de
l'esprit public emprunte alors diverses voies. Perçu comme un réel instr
ument de puissance par Napoléon (5), l'art apparaît l'une d'elles.
Les arts du spectacle deviennent dès lors des acteurs privilégiés de sa
politique (6). Les sociétés dramatiques officielles et les entrepreneurs de
spectacles de curiosité (7) se doivent de seconder activement les desseins
gouvernementaux. Se consacrant initialement aux salles parisiennes,
Napoléon Bonaparte accélère sa restructuration des divertissements
scéniques une fois installé sur le trône impérial. Dès 1806, l'ordre et le
discours napoléoniens sont censés gagner chaque espace artistique. Dans les
salles provinciales comme celles du Puy-de-Dôme (8), cette mise en
conformité conditionne l'émergence d'un véritable contrôle social. Quel
dispositif d'encadrement l'empereur impose-t-il à l'art dramatique et à ses
serviteurs ? Les structures officielles sont-elles parfaitement relayées par le
personnel théâtral? De quelle manière les administrateurs veillent-ils au
respect de l'autorité gouvernementale et au maintien de la tranquillité
(3) Napoléon Bonaparte, Pensées politiques et sociales, rassemblées et présentées par Adrien
Dansette de l'Institut, Paris, Flammarion, 1969, p. 73.
(4) Gérard BERGERON, L'État en fonctionnement, Paris, l'Harmattan, 1993, p. 85.
(5) Annie JOURDAN, Napoléon, héros, imperator, mécène, Paris, Aubier, 1998.
(6) Riidiger HlLLMER, Die napoleonische theaterpolitik : Geschàftstheater in Paris, 1799-1815, Wien,
Bôlhau, 1999.
(7) Ces spectacles de curiosité se divisent en plusieurs catégories : les numéros animaliers - exer
cices équestres, démonstrations de la ménagerie -, les acrobaties humaines - funambules et voltigeurs -,
les présentations de phénomènes - l'enfant homme - et enfin les amusements mécaniques et physiques -
les automates, panoramas mondiaux et expériences scientifiques.
(8) Fondement de notre enquête, le corpus documentaire établi sur Puy-de-Dôme rassemble des
sources issues des archives nationales, départementales et municipales (Clermont-Ferrand et Riom). Les
archives de police (F?, 4M), de censure dramatique (Fis), les correspondances ministérielles et préfecto
rales (Fia, M), les correspondances et les actes des s

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