Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin) - article ; n°1 ; vol.1, pg 183-207
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Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin) - article ; n°1 ; vol.1, pg 183-207

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1901 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 183-207
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. P. Cadière
Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 1, 1901. pp. 183-207.
Citer ce document / Cite this document :
Cadière R. P. Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin). In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-
Orient. Tome 1, 1901. pp. 183-207.
doi : 10.3406/befeo.1901.1017
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1901_num_1_1_1017(!ROYA.NCEfi ET DICTONS POPULAIKES
I)K LA VALLÉE DU Ô
Par le F!.. P. СЛ01ЕИЕ, missionnaire-apostolique
(S ni le И lin»
La baleine (con <:á voi)
C'est la pear qui est cause de l'espèce de culte que l'on rend au tigre. La
baleine reçoit, de la pari, des Annamites un culle réel, mais c'est à cause de ses
bienfaits. 11 n'esl pas de village de pêcheurs, sur le rivage de la mer, qui n'ait
sa petite pagode, contenant les ossements plus ou moins authentiques d'une
baleine. L'animal n'est presque jamais désigné sous le nom de câ voi ce pois
son gros comme un éléphant », que l'on trouve dans les dictionnaires ; on dit
câ ông, « le poisson monsieur, le poisson esprit », ou, si c'est une femelle,
bà ngw, (( la dame poisson ».
Vers le milieu du mois déniais 1898, un pêcheur du village de Thanh-
hà, à l'embouchure du Sông-gianh, vit un énorme cachalot mort flottant
au large. C'était une heureuse trouvaille pour lui et pour son village. Il
s'empres&a d'en faire part aux autorités communales qui réquisitionnèrent de
suite un grand nombre de barques pour aller remorquer le poisson divin. Mais
la marée descendait, le courant était d'une violence extrême, on ne pouvait
espérer faire franchir. la barre à cette énorme épave. On l'amarra donc avec de
forts câbles en dehors de l'embouchure du fleuve. Un incident merveilleux de
vait signaler l'atterrissement du poisson au rivage. Pendant que l'eau descendait
encore, les cordes se dénouèrent d'elles-mêmes, dit-on, et le eu ông fut porté
dans le fleuve, malgré la violence du courant contraire, et aborda non loin de
l'ancien poste de Quâng-khê. Une autre circonstance fut regardée comme mira
culeuse : sous la tête, à hauteur des nageoires latérales, il y avait un gros madrier
en bois jadis verni, mais rongé par l'eau de mer, et couvert de coquillages mar
ins; la tête de la baleine semblait y reposer, et l'on disait que c'était son oreiller.
Il fallait ensevelir l'animal : on avertit les autorités provinciales qui envoyèrent
un délégué et fournirent au compte du trésor quelques dizaines de ligatures et
quelques pièces de colonnades; d'après les rites, la baleine doit être, lors de
l'ensevelissement, complètement enveloppée de soie ou de cotonnade. Celui qui
l'avait aperçue le premier prit le titre et exerça les fonctions de trwbmg-nam. Le
tru'o-ng-nam, suivant les coutumes annamites, est le fils aine, ou à son défaut
le parent mâle chef de lignée, qui, lorsque quelqu'un meurt, dirigcei préside les
cérémonies des funérailles et du culte rendu aux mânes du défunt. Lg trwàng-
nam de ia baleine fait pour celle-ci ce que dans une famille le trwo-ng-nam
H. K. I''. F..-O. T. ]. — -[•> — — 184
fait pour le défunt. Il revêt les habits de grand deuil, le chapeau de paille ef
frangé, l'habit blanc à grandes manches, sans ourlets, avec les coulures en dehors
et une petite pièce rapportée suspendue par derrière; enfin il se considère
comme le plus proche parent de la divinité qui vient d'expirer. C'est lui qui
présidera aux cérémonies de l'ensevelissement et aura le plus de part aux béné
dictions de la baleine.
Dès que le corps fut amarré au rivage, on apporta un banc sur lequel on installa
des brûle-parfums. Le village de ïhanh-hà, les villages voisins, les passants
très nombreux à cet endroit à cause du bac de la route mandarine., y apport
aient leurs offrandes : les uns jetaient quelques feuilles de papier d'or ou d'ar
gent, les autres allumaient un bâton d'encens, déposaient quelques ligatures,
faisaient trois prostrations et se retiraient. On apportait aussi des pièces de soie
et de cotonnade, on brûlait des pétards.
La peau, les chairs s'en allaient en lambeaux, l'huile coulait de tous côtés,
se coagulant au con tact de l'eau ; une odeur insupportable se répandait au loin.
Un chrétien là présent crachait, écœuré : ce Ne crache donc pas, lui dirent les
payens ; tu fais injure à Monsieur. — Mais ça pue ! — Allons donc, c'est un
parfum délicieux qui s'échappe (Mwm). »
On creusa un canal dans le sable, de la dimension du corps ; l'eau à marée
haute porta le corps en avant, et, en se retirant, le laissa à sec dans le canal. Il
ne restait plus qu'à le recouvrir de sable. On construisil par après une misé
rable paillotte où l'on offre des sacrifices.
Ordinairement, lorsqu'on a enseveli un cá voi, quelque temps après, il y a
une manifestation surnaturelle dans le village. L'esprit du poisson s'empare
d'un individu et déclare par sa bouche si c'est une divinité mâle, ông, ou une
divinité femelle, bà. La pagode actuelle porte le nom de Mieu bàngiv « pagode
de madame poisson ».
Dans ce même village de Thanh-hà, il y avait déjà une pagode, élevée en
l'honneur d'une baleine échouée précédemment. Un jour, lors de l'occupation
du poste de Quâng-khê par les soldats français, après la révolte de 1885, une
bande de cachalots pénétra dans le fleuve. Les soldats ne trouvèrent rien de
mieux, comme agréable passe-temps, que de faire de ces animaux une cible
vivante. On ne sait s'il y eut des morts, mais quelques jours après l'esprit de
la baleine se manifesta dans un homme du village, et fit des reproches aux
habitants : « Gomment ! jadis vous avez reçu la mère et lui avez élevé un temple ;
ces jours-ci ses fils sont venus la visiter, et vous avez permis qu'on leur tirât
des coups de fusil ! »
Un certain nombre de poissons font escorte à la baleine dans ses voyages
à travers l'océan. Il y a d'abord les cá co\ poissons dont la nageoire dorsale
s'élève en forme de drapeau (со-). Ce sont les porte-drapeaux de la baleine,
ils la précèdent un de chaque côté. Les cá him, espadons, la précèdent aussi
au nombre decent, ce sont les rabatteurs; ils chassent les bancs de sardines
ou d'autres petits poissons dans la bouche de la baleine. Enfin les seiches, — — 185
cá mar, la suivent on voltigeurs : lorsque les circonstances l'exigent, soit
pour effrayer un ennemi, soit pour épouvanter une victime, ou pour tout
autre motif, ils compriment leur poche à encre, et répandent une longue
traînée noirâtre autour de l'animal. Les Annamites les comparent aux soldats
tirant des coups de fusil autour de leur chef.
Quant au secours extraordinaire que la baleine porte aux malheureux nau
fragés, c'est de l'histoire, et mille faits plus véridiques les uns que les
autres l'attestent : celui-ci ballotté par les flots, au large de toute terre, et sur
le point de sombrer, a senti lout à coup sous ses pieds comme un banc de sable
ou de roc, sur lequel il a pu se reposer et reprendre des forces. Cet autre,
après avoir nagé plusieurs jours, à demi privé de connaissance, a senti tout à
coup la baleine se glisser sous lui, et le porter jusqu'au rivage sur son dos.
Telles et telles jonques, sur le point de sombrer, se sont vues tout à coup sou
levées légèrement par deux baleines qui les ont portées dans un endroit sûr.
Il ne faudrait pas s'aviser de discuter ces faits dans les villages de pêcheurs,
tellement la croyance à la protection de la baleine est ancrée dans l'esprit de
leurs habitants.
L'éléphant (con vni)
Voi ti'èn rung к hon g bành không troc.
« L'éléphant dans la foret, n'a ni bât ni collier ».
Le chien (con chô)
fífm minh kè mô ;
Cuoi minh ccrn cô- ;
M5 dálili tù-ng mô,
(1(V phàt Iťrng náy.
(( Par devant une crécelle, par derrière un drapeau; plus la crécelle résonne,
plus le drapeau s'agite ». C'est le chien qui jappe en remuant la queue.

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