De l archéologie à la sociologie historique. Notes méthodologiques sur le dernier ouvrage de G. Tchalenko - article ; n°1 ; vol.38, pg 170-200
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De l'archéologie à la sociologie historique. Notes méthodologiques sur le dernier ouvrage de G. Tchalenko - article ; n°1 ; vol.38, pg 170-200

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Description

Syria - Année 1961 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 170-200
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Maxime Rodinson
De l'archéologie à la sociologie historique. Notes
méthodologiques sur le dernier ouvrage de G. Tchalenko
In: Syria. Tome 38 fascicule 1-2, 1961. pp. 170-200.
Citer ce document / Cite this document :
Rodinson Maxime. De l'archéologie à la sociologie historique. Notes méthodologiques sur le dernier ouvrage de G. Tchalenko.
In: Syria. Tome 38 fascicule 1-2, 1961. pp. 170-200.
doi : 10.3406/syria.1961.5511
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1961_num_38_1_5511DE L'ARCHÉOLOGIE A LA SOCIOLOGIE HISTORIQUE
NOTES MÉTHODOLOGIQUES
SUR LE DERNIER OUVRAGE
DE G. TCHALENKO
PAR
Maxime Rodinson
De temps à autre surgit dans la littérature scientifique un ouvrage
d'une classe supérieure, un de ces ouvrages dont on dit qu'ils font époque.
Une condition indispensable de leur accès à cette catégorie est qu'ils reposent
sur une documentation considérable et à peu près exhaustive de façon à
dominer un domaine entier de la recherche. Les érudits ont tendance à
penser que cette condition nécessaire est aussi suffisante. Il n'en est rien
et on le constate aisément quand on s'aperçoit — à la lecture d'un livre
— qu'il a, en outre, une certaine valeur que j'appellerai structurale.
Cela signifie qu'il édifie, qu'il élabore une nouvelle construction, tenant
compte de tous les faits connus antérieurement, mais leur donnant un rôle,
une fonction, une place qui ne leur avaient pas été reconnus jusqu'alors.
Il joue dès lors lui-même un rôle tel qu'aucune recherche postérieure, fût-
elle de détail, ne peut se dispenser de prendre en considération ses thèses
quand ce ne serait que pour les discuter et pour essayer de les réfuter.
Ce devient alors une pierre angulaire, XtGoç àxpoy<ovtatoç, de la science.
Un tel ouvrage est toujours dans une large mesure original, mais il peut
l'être plus ou moins. Au surplus, quand il aborde de façon originale un pro
blème jusque-là peu traité et mal traité, lorsque sa démarche est conduite
avec une méthode ferme, jamais encore utilisée dans son domaine, lorsque
cette méthode est suivie sans défaillances, avec une rigueur soutenue,
sans qu'elle soit jamais conçue comme devant suppléer aux lacunes de la DE L'ARCHÉOLOGIE A LA SOCIOLOGIE HISTORIQUE 171
documentation autrement qu'en fournissant des hypothèses plausibles,
alors on a affaire à une œuvre à proprement parler admirable. Je crois
que, sans hyperbole, on peut qualifier ainsi l'ouvrage de Georges Tcha-
lenko sur le massif calcaire de la Syrie du Nord à l'époque romaine et
byzantine (1).
Rappelons brièvement de quoi il s'agit. On connaît depuis les années
1860 l'existence au N. de la Syrie, entre Alep et Antioche, d'une région
archéologique particulièrement riche en monuments d'époque romaine et
byzantine. Il s'y est conservé des villages entiers de cette période, désertés
maintenant, avec des maisons privées et des édifices publics en grande
partie conservés. Melchior de Vogué en 1861, H. C. Butler avec les deux
fameuses expéditions américaines de 1899-1900, puis de 1905, avaient
décrit les sites et les monuments. A l'occasion des explorations épigra-
phiques du R. P. René Mouterde, le R. P. A. Mattern qui l'avait accompagné
avait vulgarisé les résultats de l'enquête archéologique antérieure en y
ajoutant la présentation de nouveaux sites importants et en donnant à
l'ensemble un titre « percutant » : A travers les cilles mortes de Haute Syrie.
Il ne faut pas sous-estimer l'effet de cette trouvaille stylistique sur l'atten
tion accordée à cette région.
C'est dans le cadre du Service des Antiquités du Haut Commissariat,
puis de la Délégation Générale de la France libre, qui administraient alors
la Syrie et le Liban, enfin dans celui de l'Institut français d'archéologie de
antiques de la région par A. Caquot et G. Tcha(*) G. Tchalenko, Villages antiques de la
Syrie du Nord, le Massif du Bélus à l'époque lenko, inscriptions syriaques par E. Littmann,
liste des monuments médiévaux par G. Tcharomaine, Paris, P. Geuthner, 1953-1958, 3 vol.,
lenko, inscriptions arabes par Mme Janine Sour- xvm-445 p.; 19 p., CCXII pi.; xvi-195 p.,
4 cartes (= Institut français d'Archéologie de del-Thomine), un index toponymique général
Beyrouth, Bibliothèque archéologique et histori très précis se référant aux cartes, enfin un index
que, t. L). L'achevé d'imprimer du t. I est daté général très intelligemment agencé par les soins
de 1955, celui du t. III de novembre 1958. Le d'Henri Seyrig. Je dois remercier vivement
t. II contient surtout les planches. Le t. III, M. Roger Paret d'avoir bien voulu relire cet
outre des cartes très soigneusement dressées, article en manuscrit et discuter très fructueuse
contient des appendices (inscriptions grecques ment avec moi des problèmes qui y étaient
par H. Seyrig, informations sur les couvents soulevés. 172 SYRIA
Beyrouth que s'accomplirent depuis 1935 les travaux de Georges Tchalenko.
Architecte d'origine russe, il fut chargé de la restauration de certains
monuments, en particulier du sanctuaire fameux de Saint Siméon le Stylite
à Qal'at Sim'ân et de la magnifique basilique de Qalb Lôze. Il eût pu
se contenter de mener à bien consciencieusement ses tâches officielles.
Mais Georges Tchalenko est un de ces esprits curieux, dont le nombre
n'est pas si grand, qui ne peuvent s'empêcher de dépasser à tout
moment les travaux qui leur sont confiés, de se poser à leur propos des
problèmes toujours nouveaux et de chercher à résoudre ceux-ci par des
enquêtes de la façon la plus poussée qu'il leur est possible. Ajoutez-y une
tendance innée au scrupule scientifique, une conscience très nette du fait
que les généralisations ne sont permises qu'après des études systématiques,
des plus précises, des plus détaillées, tendant autant que possible à l'exhaus-
tivité. Cette conscience est encore aiguisée par le fait que G. Tchalenko,
architecte, ne se sentait pas assez archéologue et historien pour traiter les
problèmes qu'il se posait. Heureuse inquiétude qui le poussa précisément
à étudier de très près les facteurs archéologiques et historiques de ces pro
blèmes, de plus près que ne l'eussent fait bien des archéologues et bien des
historiens rassurés sur leur science, et qui nous vaut la magnifique synthèse
actuellement sous nos yeux.
On excusera ces considérations personnelles. Si je m'y attarde, c'est
qu'elles ont leur poids pour expliquer la réussite de l'œuvre. Il faut avoir
passé comme je l'ai fait des heures dans le cabinet de travail de G. Tchal
enko, admiré le nombre énorme de photographies de détails archéolo
giques des monuments du Massif calcaire, les relevés, les plans, les dessins
consignant l'état actuel de ces monuments et des sites, leur état restitué
en tenant compte des pierres éboulées et proches de leur place ancienne
avec un minimum d'hypothèse, leur reconstitution suivant diverses pers
pectives, le tout soigneusement classé, pour bien comprendre l'impres
sionnante infrastructure de l'ouvrage qu'il nous présente et en estimer à
sa valeur la précision scientifique. Autour des quelques grands sites où il
travaillait, G. Tchalenko a parcouru les djebel du Nord syrien, photogra
phiant, mesurant, dessinant, observant au surplus d'un œil attentif les
conditions géographiques, l'état social et le peuplement actuels. De retour DE L'ARCHÉOLOGIE A LA SOCIOLOGIE HISTORIQUE 173
à Beyrouth, il classait, dessinait, réfléchissait, lisait, se faisait archéologue,
historien, géographe, sociologue. Vingt années de travail acharné ont ainsi
passé. Mais G. Tchalenko ne s'estimait jamais au bout de ses peines. Son
acuité de vue scientifique lui faisait toujours craindre de ne pas avoir
assez poursuivi son étude, mené assez loin son analyse. Il fallait, en mettant
en relief l'importance de ses conclusions, même hypothétiques et provisoires,
faire pression sur lui pour qu'il consente à les publier. Plusieurs ont ainsi
aidé à l'élaboration de ce livre en discutant avec lui des problèmes qu'il
soulevait et en insistant pour que l&

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