De l’usage des images en sciences sociales - article ; n°1 ; vol.80, pg 41-51

Bruno Pequignot

Description

Communications - Année 2006 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 41-51
La question de l’image en sciences sociales est récurrente, elle se pose à différents niveaux, allant de la production à la diffusion, et jusqu’à l’évaluation scientifique de sa pertinence. Il n’y a pas d’image signifiante sans un texte qui en donne les clés d’intelligibilité et donc d’interprétation. Ce n’est pas vrai seulement de l’image, mais de tout «fait» rapporté, voire de toute «donnée» brute, recueillie.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COMMUNICATIONS
• Publié le: 01 janvier 2006
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français

Extrait

Bruno Péquignot

De l’usage des images

en sciences sociales

Aussi bien, le parler humain se déploie dépendant de

cette étrangeté :

le corps ne peut être dit que parce

qu’il est pris dans la fiction

(au sens du verbe latin

fingere

:

façonner pour représenter

). Il ne peut décol-

ler de l’indicible qu’à condition qu’il soit fait image.

Cela veut dire : le rapport de signification – le lien

du mot et de la chose – est inséparable du montage de

la

représentation pour le sujet

. Étant sous l’emprise

de l’image, le corps peut être pris dans le langage

1

.

La question des images ou des usages de l’image en sciences sociales

est récurrente dans nos débats depuis les premières tentatives photogra-

phiques du

XIX

e

siècle, ou les premiers films ethnographiques. Elle a par

la suite été déclinée dans de nombreux secteurs de la recherche, notam-

ment en sociologie des arts et de la culture à propos du statut de l’analyse

des oeuvres (en l’occurrence plastiques ou visuelles) dans la démarche du

sociologue. En général, le problème est traité plus de façon technique que

de façon épistémologique : comment analyser, ou présenter une image

dans une recherche, ou une recherche en images. C’est ce détour que je

voudrais faire avant d’aborder d’autres questions plus pratiques sur cet

usage.

Comme le souligne un article un peu ancien de Gérard Simon (1980),

les sciences de la nature se sont constituées au

XVII

e

siècle, au moment de

la première grande révolution scientifique (de Galilée à Newton, en gros),

autour du refus de l’interprétation comme méthode, ou plutôt du refus

d’un mode particulier d’interprétation, celle qui prévalait alors dans

l’analyse des phénomènes naturels et qui consistait à chercher dans la

nature sa propre connaissance, censée y être inscrite sous forme de

« signature » par son créateur. Michel Foucault a bien montré (1966)

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