De la confusion entre morphologie et géométrie dans les figurations féminines gravettiennes et du supposé style gravettien - article ; n°3 ; vol.92, pg 302-312
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De la confusion entre morphologie et géométrie dans les figurations féminines gravettiennes et du supposé style gravettien - article ; n°3 ; vol.92, pg 302-312

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Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1995 - Volume 92 - Numéro 3 - Pages 302-312
RÉSUMÉ J.-P. Duhard discute le bien-fondé des critères de style exposés notamment par Leroi-Gourhan et Gvozdo- ver pour les figurations féminines gravettiennes et basés sur de supposées lois de construction. Selon lui, s'il y a convention, elle serait plutôt dans la nudité des corps et dans le choix des postures, des formes ou des états physiologiques représentés.
ABSTRACT J.-P. Duhard discusses the validity of the criteria of style defined in particular by Leroi-Gourhan and Gvozdover for Gravettian female figures and based on alleged laws of construction. According to him, if there is a conventional standard it lies more in the nudity of the bodies and the choice of the attitudes, shapes and physiological states depicted.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dr Jean-Pierre Duhard
De la confusion entre morphologie et géométrie dans les
figurations féminines gravettiennes et du supposé style
gravettien
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1995, tome 92, N. 3. pp. 302-312.
Résumé
RÉSUMÉ J.-P. Duhard discute le bien-fondé des critères de style exposés notamment par Leroi-Gourhan et Gvozdo- ver pour les
figurations féminines gravettiennes et basés sur de supposées lois de construction. Selon lui, s'il y a convention, elle serait plutôt
dans la nudité des corps et dans le choix des postures, des formes ou des états physiologiques représentés.
Abstract
ABSTRACT J.-P. Duhard discusses the validity of the criteria of style defined in particular by Leroi-Gourhan and Gvozdover for
Gravettian female figures and based on alleged laws of construction. According to him, if there is a conventional standard it lies
more in the nudity of the bodies and the choice of the attitudes, shapes and physiological states depicted.
Citer ce document / Cite this document :
Duhard Jean-Pierre. De la confusion entre morphologie et géométrie dans les figurations féminines gravettiennes et du supposé
style gravettien. In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1995, tome 92, N. 3. pp. 302-312.
doi : 10.3406/bspf.1995.10031
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1995_num_92_3_10031Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1995 /TOME 92, n° 3 302
DE LA CONFUSION ENTRE MORPHOLOGIE ET
GÉOMÉTRIE DANS LES FIGURATIONS FÉMININES
GRAVETTIENNES ET DU SUPPOSÉ STYLE GRAVETTIEN
Jean-Pierre DUHARD
"La femme préhistorique vue à travers de l'Art n'a rien de très différent de ce que nous savons de nos contemporaines".
L Pales
'Tour périmés qu'ils soient, les lieux communs sont ceux qui mettent le plus de temps à se dévaluer".
R. Chauvin
reproduisant 7 figures en ronde- trisation et pas assez à la conformatRÉSUMÉ
ion du corps féminin. Cette obser bosse et 1 en bas-relief (pi. I, 1).
J.-P. Duhard discute le bien-fondé vation vaut pour les auteurs qui l'ont Avant de poursuivre, il faut précides critères de style exposés notam suivi dans cette voie (Gvozdover, ser que l'idée du losange n'était pas ment par Leroi-Gourhan et Gvozdo- 1989), y compris dans les publica tout à fait neuve : en 1922, R. de ver pour les figurations féminines gra- tions les plus récentes (Kozlowski, Saint-Périer parlait de "la forme vettiennes et basés sur de supposées 1992; Delporte, 1993). presque régulièrement losangique" lois de construction. Selon lui, s'il y a Aussi ne croyons-nous pas inutile de sa statuette trouvée à Lespugue convention, elle serait plutôt dans la de revenir sur cet aspect du style, en et, en 1934, G. -H. Luquet surnommnudité des corps et dans le choix des l'envisageant d'un point de vue ana- ait "Losange" une des figurines de postures, des formes ou des états tomo-physiologique, et en démontrant Grimaldi (pi. I, 1 f). physiologiques représentés. qu'en général ont été confondues Leroi-Gourhan va reprendre et dégéométrie et morphologie. Après avoir velopper sa théorie six ans plus tard ABSTRACT rappelé les principales théories soute dans ses "Observations technolonues, nous en ferons la critique en J.-P. Duhard discusses the validity giques (...)" (1971), en décrivant établissant que les règles supposées of the criteria of style defined in parti quatre éléments principaux dans le ne sont que le reflet de variations so- cular by Leroi-Gourhan and Gvozdo- style, dont le cadrage et le rythme. matiques constitutionnelles. ver for Gravettian female figures and Pour le cadrage, il réaffirmera ses
based on alleged laws of construct idées d'inscription du corps dans un
ion. According to him, if there is a losange et de la région pelvienne ■ RAPPEL DES THEORIES conventional standard it lies more in "CLASSIQUES" dans un cercle englobant les seins.
the nudity of the bodies and the Pour le rythme, il défendra l'idée
choice of the attitudes, shapes and d'une seconde convention, celle • Les lois de construction physiological states depicted. répétition rythmique d'écarts de Leroi-Gourhan
d'égale valeur, "le plus souvent vert
Dans "Le geste et la parole" icaux", et qu'il dénommera la const
(1965 a) il parlait déjà de "canons f ruction isométrique (pi. I, 2). Ш INTRODUCTION iguratifs", identiques pour l'ensemble Ces théories avaient un côté sédes statuettes gravettiennes, "de A. Leroi-Gourhan (1965 b) fut un duisant pour des esprits rationalRussie en Dordogne", en ajoutant des premiers à défendre l'idée d'une istes, en permettant à la fois d'expliqu'il était difficile "de trouver un art unité stylistique dans les figurines f quer les déformations présentées par plus conventionnel, plus stéréotypé". éminines gravettiennes euro-asiat les corps féminins figurés et d'engloMais c'est dans "Préhistoire" iques et un des partisans d'une pa ber dans une même culture des pr(1965 b), qu'il précisera en quoi renté culturelle entre les occidentales oductions extrêmement éloignées consistait ce caractère conventet les orientales. Selon lui, la mise en géographiquement. Pour argumenter ionnel : "La convention (...) est de place des volumes de ces statuettes, cette idée unitaire, cet auteur faisait grouper approximativement dans un notamment mammaires et pelviens, même dériver la forme des fesses de cercle, les seins, l'abdomen et le obéirait à de strictes règles de const la statuette de Willendorf de celle de pubis. Aux deux pôles de ce cercle, ruction. Cette théorie géométrique, Lespugue, elle-même procédant des le torse et la tête d'une part, les défendue également par H. Delporte figurines n° 3 et n° 1 de Kostienki jambes et les pieds d'autre vont (1979), présente bien des points (pi. Il, 1). Il affirmait aussi : les figuen s' amenuisant à mesure qu'on faibles. rines de "Brassempouy, Lespugue, s'éloigne du centre, de sorte que, l'Abri Pataud, Willendorf, Dolni VěsLe Dr L. Pales fut celui qui l'a le pour la plupart, les figurines peuvent tonice, Kostienki, sont pratiquement plus vigoureusement combattue s'inscrire dans un losange dont le interchangeables, aux proportions sommet est à peine débordé par une (1972, 1976), et nous-mêmes avons près" (1965 b). exprimé notre désaccord dans une tête réduite le plus souvent à un bout
thèse (1989 a). Leroi-Gourhan nous on, sans détails". Et il illustrait cette L'hypothèse d'une construction
semble avoir été dans l'erreur en fa double convention géométrique géométrique n'est pas à rejeter a
(cercle et losange) par une planche priori. Elle offre même quelques at- isant une part trop belle à la :
;
;
:
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1995 / TOME 92, n° 3 303
traits, les humains paléolithiques
ayant manifesté une conscience
structurée, à même d'appréhender
les rythmes, qu'ils soient chronolo
giques (calendriers lunaires : Mar-
shack, 1972), biologiques (calendrier
obstétrical : Duhard, 1988), ou musi
caux (flûtes gravettiennes en os) et
capable, semble-t-il d'organiser l'e
space (répartition des figures ani
males dans les grottes).
Il n'est donc pas surprenant que
les idées de Leroi-Gourhan aient été
adoptées ou reproduites par nombre
d'auteurs. Ainsi H. Delporte écrivait
dans son ouvrage sur "L'image de la
femme" (1979 et 1993) qu'il parta
geait globalement cette vision des
choses, ces règles de construction
s'appliquant "plus ou moins systé
matiquement, à un nombre important
de figurations féminines". Et il propos
ait une inscription géométrique et
un découpage isométrique pour sa
statuette découverte à Tursac. Il fa
Illustration non autorisée à la diffusion isait cependant observer que bon
nombre de figures n'obéissaient pas
à ces règles, notamment les formes
sveltes, les ébauches et les figura
tions très stylisées.
De son côté, à propos des "repré
sentations préhistoriques (...)" D. Via-
lou assurait : "/es venus gravettiennes
k-,— „ (...) répondent aux mêmes convent
ions figuratives, construisant et emb
oîtant des volumes au détriment des
proportions anatomiques" (1985).
• Les règles de construction
de Gvozdover
Pour l

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