De la double « extensité » du partitif - article ; n°1 ; vol.57, pg 34-42
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Description

Langue française - Année 1983 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 34-42
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Robert Martin
De la double « extensité » du partitif
In: Langue française. N°57, 1983. pp. 34-42.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Robert. De la double « extensité » du partitif. In: Langue française. N°57, 1983. pp. 34-42.
doi : 10.3406/lfr.1983.5155
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1983_num_57_1_5155Robert Martin
Paris IV — Sorbonně
DE LA DOUBLE « EXTENSITE » DU PARTITIF
On a mainte fois montré l'affinité du partitif avec l'indéfini l. Dans
la majorité de leurs occurrences, ces deux articles ont en commun de
signifier Y indétermination.. Un SN est « indéterminé » quand le locuteur
présume que le contenu qu'il véhicule (son « signifié ») n'est pas suffisant
pour permettre à l'interlocuteur d'identifier l'objet dont il s'agit :
(1) J'ai rapporté un disque.
(2)du papier.
L'interlocuteur peut à bon droit me demander :
(3) Quel disque?
(4) Qu'est-ce que tu as rapporté comme papier? ou Quel genre de papier?
Les énoncés (1) et (2) ne lui permettent en aucun cas de dire lui-
même (à moins que de la part du locuteur l'indétermination ne soit
feinte 2) de quel objet précis il est question. En cela indéfini et partitif
s'opposent globalement au défini. Dans des contextes similaires, en effet,
le défini signifie détermination. On entend par là que le locuteur présume
que le contenu véhiculé par le SN doit suffire à l'interlocuteur pour
l'identification de l'objet :
(6) J'ai rapporté le disque (= « le disque que tu sais, que tu m'as demandé,
dont tu m'as parlé... »).
(7) J'ai le papier (= « le papier que tu sais... »).
La proximité avec l'indéfini paraît donc incontestable. Mais n'est-ce
pas bizarre étant donné que le partitif est morphologiquement formé sur
un article défini? Gustave Guillaume a concilié morphologie et sens par
1. P. ex. G. Guillaume [1919 : 60] (« par leur action [les articles du, de la] se situent sur le même
plan que Particle un »), Grevisse (§ 307 : « L'article partitif peut se rattacher, par la forme, à l'article
défini, et par le sens à l'article indéfini. Nous le considérons comme une variété de l'article indéfini. »)
M. Wilmet [1974 : 319] (« Les affinités des articles un et du sont évidentes •)...
2. Auquel cas le phénomène est à prendre en compte dans la composante pragmatique.
34 biais de Г« inversion », idée reprise et approfondie par Marc Wilmet 3 : le
le « cinétisme » du défini, qui va du « singulier » à Г« universel » 4, se
trouve inversé par l'élément de, et l'article partitif s'apparente ainsi
secondairement au contenu de l'indéfini un, dont le propre est de conduire
de l'« universel » au « singulier ». Ainsi naît l'intuition de la double nature
du partitif : le partitif tient à la fois du défini et de l'indéfini.
C'est cette idée que l'on reprendra ici, même si la différence consi
dérable de métalangage risque de voiler la filiation. L'hypothèse sera que
le partitif est le lieu di1 opérations qui supposent un objet de départ et un
objet ď arrivée et qu'ainsi se justifie l'intuition de sa double nature. Pour
cela, on fera appel à la notion guillaumienne tfextensité 5. Cette notion
se différencie nettement de Yextension. L'extension d'un concept (ou d'un
signifié) est l'ensemble des objets auxquels ce concept s'applique : ainsi
l'extension de disque est la classe des objets dont on peut dire qu'ils sont
des « disques ». L'extension s'oppose à Yintension (ou compréhension).
L'intension de disque se définit comme l'ensemble des propriétés qui font
qu'on peut dire d'un objet qu'il est ou non un disque.
\lextensité désigne non pas l'ensemble maximal des objets auxquels
le mot convient, mais l'ensemble des objets auxquels momentanément
le discours réfère. Dans Le disque que j'ai acheté, le mot disque vaut
pour un objet unique. Dans Le se vend moins bien que la cassette,
le mot disque vaut, dans la situation où l'on est, pour tout objet appelé
« disque ». De l'une à l'autre phrase l'intension de disque n'a pas varié,
et du fait même est restée invariante l'extension. Mais la différence
d'extensité est considérable.
Si je désigne par F le prédicat verbal, par P le prédicat du substantif,
alors l'extensité du substantif, dans une phrase p telle que p = F (Pj,
est donnée par l'ensemble des objets pour lesquels vaut, non pas le
prédicat P (= extension), mais le prédicat complexe F (Px).
On essaiera de montrer que le partitif se caractérise par une « double
extensité » : celle de l'objet de départ sur lequel la « partition » opère et
celle de l'objet d'arrivée qui est le résultat de la opérée. La
première est de la nature du défini; la seconde de Vindéjini.
1. L'objet de départ ou le lieu de la partition
L'indéfini un présuppose l'existence d'un ensemble d'objets (X) sur
lequel a lieu l'extraction d'un élément. Ainsi J'ai acheté un disque suppose
l'existence de l'ensemble d'objets « disques ». Ces objets sont des objets
discrets ou, si l'on préfère, comptables.
Le partitif du présuppose 1 existence d'un objet massif (concret ou
abstrait) sur lequel peut s'opérer le prélèvement d'une partie. J'ai acheté
du vin suppose l'existence de l'objet continu, massif, non comptable appelé
3. Wilmet, 1974.
4. On suppose connu l'essentiel de la conception guillaumienne de l'article. Pour un résumé clair,
voir Wilmet (M.), Gustave Guillaume et son école linguistique, pp. 29-44.
5. Cf. Guillaume, 1973 : 260.
35 « vin ». Le caractère non comptable explique l'inexistence du pluriel pour
le partitif 6. Un objet massif est tel que ses parties ne sont pas de nature
différente de la nature du tout (critère de sous-ensemble) : une partie du
sable est encore du sable (alors qu'une partie du disque n'est plus le
disque). Par ailleurs (critère de réunion), du sable ajouté à du sable
donne du sable (alors qu'un disque ajouté à un autre disque donne
inévitablement deux disques). Beaucoup de grammairiens font observer
que le caractère discret (comptable) ou massif (non comptable) n'est pas
— en dépit de prédispositions possibles — inhérent aux choses, mais que
l'indéfini traite les choses comme des objets discrets et que le partitif les
traite comme des objets massifs. L'indéfini envisage le réel sous l'aspect
du comptable, le partitif sous l'aspect du continu. D'où des exemples
comme Vendre du disque ou Çà, c'est de la voiture!. Même les êtres
animés n'en sont pas exclus (lyncher du gréviste 1), mais leur assimilation
aux choses ne va pas sans une connotation fortement dépréciative.
L'objet massif de départ est susceptible de varier en extensité : le
propos va être de montrer que cette variation est celle du défini, dont
on retrouvera l'usage intensionnel, l'usage référentiel générique et l'usage
référentiel non générique (ou usage déterminé).
A. Usage intensionnel
Une première opposition, typique du défini, est celle des emplois
intensionnels et des emplois extensionnels 8. Pour le faire apparaître, il
faut en appeler à la notion élémentaire d'argument (ou « sujet logique »).
Un langage — tout langage — sert à parler de quelque chose. Pour qu'il
y ait langage, quelque chose doit pouvoir être dit de quelque chose. Qu'il
soit artificiel ou naturel, le langage retient en lui des éléments qui en
permettent l'articulation sur autre chose que lui-même. Ces éléments ce
sont les arguments, signes de l'antagonisme du langage et du monde.
Dans la forme F (Px), x représente l'argument, l'objet du monde auquel
le discours s'applique.
Le substantif a pour particularité de porter en lui l'argument que
toute proposition requiert. Les substantifs saturent les places vides du
prédicat verbal.
Or, employé avec le défini, le substantif n'est pas nécessairement
réf&

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