De la manière dont la nature imite le travail humain dans l'éclatement du silex - article ; n°1 ; vol.36, pg 74-89

A. S.Barnes

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1939 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 74-89
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1939
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Alfred S. Barnes
De la manière dont la nature imite le travail humain dans
l'éclatement du silex
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1939, tome 36, N. 1. pp. 74-89.
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Barnes Alfred S. De la manière dont la nature imite le travail humain dans l'éclatement du silex. In: Bulletin de la Société
préhistorique française. 1939, tome 36, N. 1. pp. 74-89.
doi : 10.3406/bspf.1939.12330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1939_num_36_1_12330SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 74
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AlfredS; BARNES.
Les forces naturelles qui font éclater le Silex.
Les forces naturelles qui fracturent le silex peuvent agir soit de
l'intérieur, dans la substance même du rognon, soit de l'extérieur,
к sa surface.
I. — Les forces internes. — Les changements de température
peuvent produire, dans un bloc, des forces internes d'une puissance
considérable- Dans l'état actuel de nos connaissances nous ne pou
vons pas nier que des fractures internes ne puissent être I effet de
la dessiccation ou des changements de volume des géodes et des
inclusions. Il vaut donc mieux décrire de telles fractures comme
provenant toutes de causes internes.
Si les forces internes agissent près de la surface d'un bloc, elles
produisent les enlèvements connus, circulaires ou elliptiques à sur
faces convexes et à cupules correspondantes. La figure 1 montre que
ces mêmes forces peuvent tout aussi bien briser le bloc tout
entier en petits fragments à arêtes vives.
Les forces internes peuvent produire des formes géométriques
en séries, telles que les lames à arête dorsale simple (fréquentes)
et des pyramides à quatre pans, que l'on prend parfois pour du
travail humain. Les surfaces des fractures provenant des forces in
ternes peuvent être planes, ondulées, concaves ou convexes, avec ou
sans ondes. Il n'est pas rare de trouver des enlèvements dont le point
de départ sur le rognon est situé de telle façon qu'il soit impossible
à réaliser par la main de l'homme. Souvent les enlèvements, bien que
de forme conchoïde, ne montrent pas de bulbe net. Quelquefois une
petite fêlure, produite par un choc se propage sous l'action de ht
chaleur jusqu'à produire un vaste enlèvement. Des coups-de-poing et
d'autres outils faits par l'homme sont parfois craquelés et peuvent
porter une ou plusieurs traces d'éclatement à leur surface ; ils sont
même quelquefois complètement brisés par l'action des forces in
ternes.
Les phénomènes mentionnés ci-dessus se présentent sous les mêmes
formes dans toutes les variétés de silex, jaspre, on calcédoine, mais
quand il s'agit d'autres roches dures il arrive que les formes sont
susceptibles d'être modifiées selon la nature de la matière. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 75
En outre des forces externes, telles que la solifluxion et la gelée,
peuvent se superposer des retouches sur des fragments provenant
primitivement de l'action des forces internes.
II. Les forces externes. — Les forces naturelles qui agissent de
l'extérieur sur le silex sont les chocs ou coups fortuits et la pression
appliquée de plusieurs façons.
Fig. 1. — Rognon d« silex brisé par des forces internes. (Récolte de SirTaiNC»
Knowlbs).
Sauf mention contraire, les phénomènes de la fracture conchoîde
décrits ci-dessous se présentent dans toutes les variétés de silex,
jaspre, ou calcédoine. Les effets produits par les chocs ou la pression
sur les autres roches dures sont susceptibles d'être modifiés par la
nature de la matière dont il s'agit, mais on peut généralement recon- .
7B SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
naître les caractéristique principales, telles que le cône» le bulbe ou
le négatif conchoïde sur les matières cristalline» ou laminés et
cassantes.
1. Enlèvements par choc. — Quand un fragment de silex est enlisé
à la surface d'une falaise ou dans le lit d'un torrent avec une arête
exposée au choc répété par d'autres pierres, une série d'enlèvements
parallèles peut se produire. De tels cas, cependant, doivent être
rares et ne peuvent pas suffire à expliquer le grand nombre de silex
à enlèvements parallèles que l'on trouve dansle Tertiaire (voir Fi#. 2)
Dans des circonstances exceptionnelles la force d'un cours d'eau
peut amener des chocs qui font sauter des éclats conchoïdaux de
grande taille. — C'est le cas d'un petit torrent de montagne près
d'Ascain (Basses- Pyrénées) ayant une chute d'eau sur son cours,
qui, pendant les inondations de 1932, roula sur plusieurs kil
omètres un bon nombre de blocs de grès dur, de chacun plusieurs
tonnes et les entassa les uns contre les autres. L'action des va
gues au bord de l'océan peut aussi produire par percussion des enlè
vements de dix à quinze centimètres de longueur.
2. Enlèvements par pression. — Quand une pression suffisante est
concentrée sur une petite surface il en résulte une fracture. Lors
qu'une même pression est répartie sur une grande surface la con
centration des forces est faible et il ne se produit aucune fracture.
Lorsqu'une pression suffisante est appliquée au centre d'un rognon
ou d'une plaquette de silex, un cône de pression peut se former ou
le rognon se divise en deux ou plusieurs fragments, les surfaces de
fractures étant à peu près perpendiculaires à la surface du rognon.
Lorsqu'une pression suffisante est appliquée non loin de l'arête
d'un bloc de silex, il se produira un enlèvement avec bulbe. Les
bulbes par pression sont ordinairement moins saillants que ceux
produits par un percuteur dur, mais plus saillants que les bulbes
diffus des industries du Paléolithique Supérieur (1).
La pression accompagnée de mouvement.
La pression peut s'accompagner de déplacements des pierres en
question. Le résultat de ce mouvement peut être faible ou fort et de
directions variables. Une pression sur l'arête d'un rognon, dirigée
vers l'intérieur de sa masse, produira un écrasement et des enlève
ments irréguliers, avec un angle fréquemment obtus entre la surface
comprimée et la face d'éclatement du rognon. Une pression dirigée
vers l'extérieur donnera une série d'éclats réguliers et plus ou moins
parallèles. La Fig. 3, n" 1 à 8» montre des exemples de fragments
(1) Barnes (A. S.) et Kidder (H. H.) Différentes techniques de débitage à l'a
Ferra »sie {Bull. Sue. PrèhUl, Française*** 41, Ig36. ' : ' . 2. — Silex tertiaire* montrant des séries d'enlèvements parallèles. Fig.
1. Plateau du Comté de Kent.
2 et 3. Pré-Crag (Comtés de Norfolk et de Suffolk ; Angleterre).
4. Saint-Prest (Eure-et-Loir).
5. Hackpen Hill (Comté de Wilts, Angleterre).
6. Puy-Courny (Cantal), Miocène.
7. Puy-Boudieu
8. Boncelles (Belgique). Oligocène. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE VKANÇAISB 78
de silex provenant de compression directe, tandis que la fig. 3 n°* 9
et 10, présente des exemples de séries réguliers d'enlèvements par
pression sur une arête qui a tourné en même temps contre une
H$. 3. — Fractures fortuites dans le silex, produites artificiellement.
I à 8. Frugments sur lesquels se voient des caractères coneboïde» produits par
compression directe sur un rognon enfoncé dans du ciment.
9 et 10. Exemples d'enlèvements parallèles produits parla pression appliquée à
un bord tournant en même temps, contre une surface dure.
II et 12. Eclats produits par une pointe en acier agitée sous pression ear une
surface plane d'un silex.
surface dure. Une pierre animée d'une pression suffisante et qui se
déplace à la surface d'une autre produira une « striation » et, si elle
atteint une arête, enlèvera un éclat (voir Gg. 3, n,Oi 11 et 12). PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 79 SOCIÉTÉ
La Pression combinée au Mouvement se rencontre dans la nature
dans deux conditions : dans l'action mécanique du gel et de la soliflu-
xion, et dans le tassement produit par la dissolution d'un lit sous-
jacent.
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