De la nation armée au service militaire obligatoire : la conscription au XIXe siècle. Perspectives et méthodologie d un champ historiographique - article ; n°1 ; vol.316, pg 373-381
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De la nation armée au service militaire obligatoire : la conscription au XIXe siècle. Perspectives et méthodologie d'un champ historiographique - article ; n°1 ; vol.316, pg 373-381

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1999 - Volume 316 - Numéro 1 - Pages 373-381
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Annie Crépin
De la nation armée au service militaire obligatoire : la
conscription au XIXe siècle. Perspectives et méthodologie d'un
champ historiographique
In: Annales historiques de la Révolution française. N°316, 1999. pp. 373-381.
Citer ce document / Cite this document :
Crépin Annie. De la nation armée au service militaire obligatoire : la conscription au XIXe siècle. Perspectives et méthodologie
d'un champ historiographique. In: Annales historiques de la Révolution française. N°316, 1999. pp. 373-381.
doi : 10.3406/ahrf.1999.2251
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1999_num_316_1_2251DE LA NATION ARMEE AU
SERVICE MILITAIRE OBLIGATOIRE :
LA CONSCRIPTION AU XIXe SIÈCLE
Perspectives et méthodologie d'un champ historiographique
L'origine des travaux que je présente aujourd'hui fut une thèse intitu
lée : Levées d'hommes et esprit public en Seine-et-Marne, de la Révolution à la
fin de l'Empire (1). Je m'étais inscrite dans une histoire politique de l'armée
nationale définie par l'historiographie classique de la Révolution, dont
Albert Mathiez, Georges Lefebvre et Albert Soboul mais aussi bien Marcel
Reinhard furent les représentants, et qui avait été renouvelée par Jean-Paul
Bertaud (2), dans la lignée de la nouvelle histoire des années 1960 et 1970.
L'histoire devenant celle des combattants et non plus seulement celle des
combats, le fait militaire devenait fait d'histoire sociale et culturelle et des
mentalités.
En prenant pour mon analyse, l'échelle d'un département dont on
redécouvrit l'intérêt dans les années 1970, je fus amenée à esquisser une
histoire globale en même temps qu'une approche comparative. Histoire
globale car, en rendant compte du comportement d'un département d'Île-
de-France face à la création d'une armée nouvelle, qui était une armée de
citoyens, je mis en lumière une multiplicité de facteurs, en interaction les
uns avec les autres, parmi lesquels je dus minorer, du moins relativiser, le
facteur politique, c'est-à-dire l'attitude face au régime du moment. Ce
faisant, j'entrevis le lien entre le court terme de l'événement - le recrute-
(1) A. CRÉPIN, Levées d'hommes et esprit public en Seine-et-Marne de la Révolution à la fin de l'Empire
(1791-1815), thèse nouveau régime sous la direction du professeur M. Vovelle, université de Paris-1, 1990.
(2) J.-P. BERTAUD, La révolution-armée. Les soldats-citoyens et la Révolution française, Laffont, Paris,
1979.
Annales Historiques de la Révolution française - 1999 -N°2 [373 à 381] thèses 374
ment, révolutionnaire à tous les sens du terme -, et le moyen terme de l'e
nracinement d'une institution, quand la loi sur la conscription donna forme
aux intuitions des assemblées révolutionnaires et en fit un nouvel instrument
de l'État nation centralisateur.
Histoire ou plutôt essai d'histoire comparative, prolongé par des
articles consacrés aux départements septentrionaux (3), dans lesquels je
tentai d'étudier la diversité des « France » conscriptionnelles, pour ne pas
dire les immenses décalages de comportement en la matière. Je fus ainsi
confrontée de plus en plus à l'histoire de l'acculturation des Français à l'État
nation voire à celle de la construction de l'unité nationale.
Je constatai, malgré les obstacles rencontrés par application de la loi,
que la conscription n'avait pas disparu avec la chute du régime napoléonien
ni même avec la Restauration qui avait pourtant promis de l'abolir. Bien
mieux, chaque régime, par le vote d'une loi militaire, avait voulu la marquer
de son empreinte. C'est donc que les résultats, pour l'État centralisateur,
contrebalançaient les déboires qu'il pouvait essuyer. C'est donc aussi que
chaque régime avait perçu de quel ressort il pouvait disposer en maintenant,
pour fondement de son instrument de guerre, le lien entre citoyenneté et
défense nationale, fût-il, dans la réalité, fort distendu.
Mes perspectives de recherches se trouvaient donc élargies, tant au
point de vue spatial que temporel, à la nation tout entière d'une part,
d'autre part, à un large xixe siècle embrassant la loi de 1889, étape fonda
mentale certes, mais dont il m'est apparu qu'elle ne pouvait être que le
terme provisoire de mon étude. Trois axes se dégageaient que j'ai définis
dans un ouvrage : La conscription en débat ou le triple apprentissage de la
nation, de la citoyenneté, de la République (4).
Débat politique et idéologique, et non pas seulement militaire au sens
technique du terme, entre les représentants de la nation ; débat quelque peu
conflictuel entre les Français et l'État au cours d'un processus d'enracine
ment de la conscription qui ne parvint à terme qu'au bout d'un siècle, débat
ou « dialogue » conditionné par un certain nombre de réalités économiques
et sociales que la conscription, devenue elle-même fait économique et fait
de société, contribua à modifier. Ces trois chantiers, je les évoquerai en
rappelant que je ne prétends ni à l'exhaustivité ni à l'exclusivité sur eux et
que j'ai préféré ouvrir des pistes en vue de recherches ultérieures.
(3) A. CRÉPIN, « La guerre et le Nord de la France sous la Révolution et l'Empire : levées
d'hommes et conscription dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais », colloque de Calais 1993,
Les champs relationnels en Europe du nord et du nord-ouest des origines à la fin du Premier Empire,
Balinghem, Calais, 1995, pp. 285-309 ; « L'apprentissage de la défense nationale dans les départements
"picards" au cours du premier tiers du Xixe siècle », Actes du 119e congrès national des Sociétés savantes,
Amiens, 1994, (à paraître).
(4) Id., La conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté, de la
République (1 798-1889) , Artois Presses Université, Arras, 1998. thèses 375
Le premier chantier (sans qu'il faille voir une hiérarchie dans cette
présentation) est politique. Les lois - militaires - du XIXe siècle ont aussi
une dimension et une charge idéologiques. Pour l'étude de celles de 1872 et
de 1889, la voie a été ouverte par Jean-Charles Jauffret (5) et pour la loi
Niel par Jean Casevitz (6) dont la mort prématurée a mis un terme à une
œuvre qui s'annonçait pionnière. Il me semble que les lois Gouvion Saint-
Cyr de 1818 et Soult de 1832 méritent pareille attention.
Le débat qui s'est poursuivi après la loi de 1889 et n'a pas cessé jusqu'à
la suspension récente du service militaire obligatoire, met aux prises tout
autant des civils que des militaires (puisque ceux-ci pouvaient être aussi des
parlementaires). Les antagonismes sont à ce point politiques qu'ils n'oppo
sent pas les seconds aux premiers, les militaires se montrant tout aussi parta
gés que les civils. Par ailleurs, les clivages ne recouvrent pas toujours, ou pas
de façon nettement tranchée, la classique opposition entre la droite et la
gauche ou plutôt ils confirment l'existence de plusieurs droites et de
plusieurs gauches dans la vie politique française.
Les deux grandes lignes de force du débat, qui me semblent avoir
encore une résonance actuelle sous une formulation différente, sont, d'une
part, les rapports entre la conscription et la citoyenneté, d'autre part, entre
la conscription et la démocratie.
Au xixe siècle, la controverse ne porte plus sur le fait que la défense de
la nation doive être aux mains de citoyens dont c'est le devoir le plus essent
iel mais aussi le droit le plus eminent, ni sur le fait que ceux qui sont appel
és à constituer l'armée et parfois à y demeurer, le sont à titre de citoyens. Le
principe d'une armée nationale et citoyenne, puisque les deux termes sont
volontairement considérés comme synonymes par ses partisans, les monarc
histes constitutionnels, appuyés par les libéraux, l'ont fait triompher contre
les ultras en 1818. Mais c'est la traduction de ce principe dans les faits qui
conduit à ce qu'un des enjeux essentiels du débat devienne le nombre des
conscrits appelés sous les drapeaux.
Pour que l'armée soit pleineme

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