De la poésie provençale en Italie. - article ; n°1 ; vol.4, pg 23-41
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De la poésie provençale en Italie. - article ; n°1 ; vol.4, pg 23-41

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1843 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 23-41
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1843
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Fauriel
De la poésie provençale en Italie.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1843, tome 4. pp. 23-41.
Citer ce document / Cite this document :
Fauriel Claude. De la poésie provençale en Italie. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1843, tome 4. pp. 23-41.
doi : 10.3406/bec.1843.451701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1843_num_4_1_451701Ti- C02i
DE
LA POESIE PROVENÇALE
EN ITALIE".
Le tableau de l'histoire et des influences de la littéral tue pro
vençale en Italie tient de près à celui de la civilisation italienne
au moyen âge. 11 forme, d'un autre côté, l'un des plus brillants
épisodes de l'histoire delà littérature provençale elle-même. Il
mérite donc de la part des historiens des deux pays plus d'atten
tion qu'il n'en a obtenu jusqu'à présent.
Les communications qui avaient existé, sous la domination ro
maine et bien auparavant , entre le midi de la Gaule et l'Italie ,
ne cessèrent jamais complètement à aucune époque du moyen
âge ; mais elles redevinrent de plus en plus avantageuses et fr
équentes , à mesure que les deux contrées se dégagèrent davantage
des liens de la féodalité. Dès les commencements du xne siècle,
ces communications avaient pris beaucoup d'extension et d'acti
vité. Dans le cours de ce siècle et du suivant , de nombreux trai
tés de commerce et d'amitié eurent lieu entre les villes libres du
midi de la France et celles de l'Italie. Tels furent ceux conclus
par Marseille, en 1108 avec Gaète, en 1110 avec Pise. Nice,
Arles, Montpellier, Narbonne, eurent constamment de pareilles
alliances avec Gènes ou avec Pise, et parfois avec l'une et l'autre.
Sauf quelques brouilleries accidentelles et passagères , les rela-
(1)M. Fauriel a bien voulu, sur nos instances, détacher de ses travaux manuscrits
sur la littérature italienne l'article que nous publions ici, et qui n'intéresse pas moins
notre histoire littéraire que celle de l'Italie. Nous croyons être agréables à nos lecteurs
en leur annonçant que cet article sera suivi de plusieurs autres sur ie môme sujet, et
nous n'hésitons pas à croire qu'ils se féliciteront avec nous du sacrifice que nous avons
obtenu d'un écrivain qui semble fuir la publicité presqne autant que d'autres la r
echerchent. 24
tions amicales et spontanées de Ja plupart de ces villes se main
tinrent durant plus de 200 ans.
Et ces relations ne furent pas toujours de simples relations de
commerce et d'amitié : il arriva plus d'une fois, dans le cours des
xne et xnic siècles , à ces petits États affranchis de la dominat
ion féodale , de se liguer pour des expéditions de guerre et de
conquête , conçues dans un intérêt et dans un but communs. J'ai
eu ailleurs l'occasion de mentionner une expédition préparée en
1117 par les Pisans contre les Arabes andalousiens , et durant
laquelle ils laissèrent la garde de leur ville aux Florentins. Je
puis ajouter ici que cette expédition était concertée avec tous les
petits Etats maritimes du midi de la France, avec Arles, Montp
ellier et Narbonne , et qu'elle eut des résultats glorieux. L'île
de Majorque, la puissante ville d'Almérie , sur les côtes méridion
ales de l'Espagne , celle de Tortose , à l'embouchure de l'Èbre ,
furent conquises sur les Arabes.
Des relations si intimes , si fréquentes et si prolongées entre
les villes libres de l'Italie et celles du midi delà France, ne pou
vaient pas être sans influence sur la civilisation des deux pays -
et cette influence se manifeste dans des faits jusqu'ici mal déme
par l'histoire , et qui n'en sont pas moins certains et d'un granu
intérêt.
Il se fit , dans le midi de la France, vers la fin du xie et dans
les commencements du. xnc siècle , une révolution parfaitement
analogue à celle qui eut lieu à peu près dans le même temps en
Italie. Par suite de cette révolution , toutes les grandes villes du
Midi, qui avaient conservé jusque-là des restes plus ou moins \
prononcés des institutions municipales des Romains , se donnè
rent des constitutions de tout point semblables à celles des répu
bliques d'Italie , bien que la démocratie n'y fût pas , en général ,
poussée aussi loin que dans ces dernières. Dans les deux con
trées, ces constitutions eurent le même principe, les mêmes ten
dances et les mêmes développements. Dans l'une comme dans
l'autre, elles commencèrent par le consulat et finirent par ie
podestariat. En un mot , il y a entre les deux systèmes d'institu
tion des rapports si intimes et si nombreux , et ces rapports do
minent tellement les différences locales , les diversités accident
elles , qu'il n'y a pas moyen de méconnaître l'influence de l'un
de ces deux systèmes sur l'autre. Or, comme les institutions
communes aux deux pays se montrent toujours un peu plus tôt 25
et toujours un peu plus développées en Italie qu'en France, il
faut en conclure que c'est en Italie qu elles furent créées , et dans
la France méridionale qu'elles passèrent par adoption et par imi
tation.
Ce que le midi de la France avait à donner à l'Italie, en échange
des institutions politiques qu'il en avait prises , c'était une litt
érature plus raffinée , plus systématique , plus civilisée , peut-on
dire , que ne l'était alors la littérature italienne : c'était cette li
ttérature poétique des troubadours , expression des sentiments et
des idées chevaleresques qui, dès les commencements du xnc siè
cle, régnait dans toutes les cours féodales du midi de la France.
Il n'est pas impossible que quelque bruit , quelque souffle de
cette poésie eût passé en Italie , dès la première moitié du xne
siècle, par la voie ordinaire des relations commerciales, qui étaient
celles par lesquelles se connaissaient et se touchaient les peuples
des deux pays. Toutefois, la poésie dont il s'agit, la poésie pro
vençale, en ce qu'elle avait d'original et de caractéristique , n'était
point populaire dans le midi de la France : elle y était la littér
ature des courr» et des châteaux ; et il n'y avait point de chances
pour qu'il en fût autrement en Italie : il était évident que , si la
poésie des troubadours pouvait faire fortune au delà des Alpes ,
ce n'était point parmi les masses , с était parmi les classes féo
dales. Dès lors , ce n'était guère que par suite de communicat
ions immédiates entre les seigneurs féodaux des deux contrées
que la littérature provençale pouvait être transportée en Italie.
Or, ces communications furent plus tardives que celles du com
merce, et ne furent jamais , à beaucoup près , aussi fréquentes ni
aussi régulières.
Les empereurs d'Allemagne furent , pour ainsi dire , les inte
rmédiaires des relations qui s établirent , au xne siècle , entre la
noblesse féodale du midi de la France et celle de l'Italie. Ces
mêmes empereurs , qui se disaient rois des Romains , avaient
aussi des prétentions sur ce que l'on appelait le royaume d'Arles,
formant alors une portion considérable des pays de langue pro
vençale. Ils ne venaient guère en Italie prendre la couronne ou
revendiquer leur autorité, sans essayer en même temps de relever
de quelque manière leur titre de rois d'Arles ; et les deux d'entre
eux qui firent le plus d'efforts pour commander aux Italiens, je
veux dire, les deux Frédéric, sont précisément aussi les deux qui
tentèrent le plus sérieusement de léguer en Provence. 26
li y a lieu de présumer que, dès 1 154 , époque de sa première
descente eu Italie , Frédéric Barberousse entama des relations
avec quelques seigneurs provençaux. Mais ce fut surtout huit
ans après, en 1 162 , immédiatement à la suite de la destruction
de Milan, que cet empereur se crut en mesure de faire respecter
ses volontés par les Provençaux. Il tint à Turin une cour solenn
elle, où il prétendit disposer en suzerain du comté de Provence
et des grands fiefs de ce comté. A cette cour assistèrent, à ce
qu'il paraît , beaucoup de seigneurs des pays de langue provenç
ale , intére

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents