De la terminologie grammaticale : quelques problèmes théoriques et pratiques - article ; n°1 ; vol.47, pg 6-24
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Description

Langue française - Année 1980 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 6-24
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Leduc-Adine
De la terminologie grammaticale : quelques problèmes
théoriques et pratiques
In: Langue française. N°47, 1980. pp. 6-24.
Citer ce document / Cite this document :
Leduc-Adine Jean-Pierre. De la terminologie grammaticale : quelques problèmes théoriques et pratiques. In: Langue française.
N°47, 1980. pp. 6-24.
doi : 10.3406/lfr.1980.5058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1980_num_47_1_5058Jean-Pierre Leduc-Adine, Université de Limoges.
DE LA TERMINOLOGIE GRAMMATICALE
QUELQUES PROBLÈMES THÉORIQUES
ET PRATIQUES
Tous les ouvrages de grammaire ou de linguistique posent explicitement
ou non le problème de la terminologie nécessaire à une réflexion organisée
sur la langue, de son utilité ou de sa nocivité; en d'autres termes, un lexique
technique est-il indispensable, ou bien le lexique général, censé connu de
presque tous les lecteurs, peut-il suffire pour définir les notions ou les concepts
qui constituent le fondement de toute démarche scientifique et pédagogique
sur la langue? Cette tension entre ces deux types de lexique est ressentie
depuis bien longtemps; ainsi M. Morand, auteur d'une Nouvelle Grammaire
française1, parue en 1851, posait le dilemme en ces termes : « Faire un
livre élémentaire n'est pas chose aisée, car il est bien difficile de résister à
la tentation de mettre en usage les ressources sonores de la phraséologie
scientifique, et alors le but est manqué, car plus que jamais les livres élément
aires semblent faits plutôt pour servir de memento aux savants que pour
instruire les commençants. » Bien plus récemment, R. Eluerd2 considère
comme un avantage de la grammaire implicite et des exercices structuraux
« l'élimination du fatras terminologique »; la grammaire explicite étant liée
à la terminologie3 (et à de mauvaises définitions).
L'opposition entre une terminologie technique et le lexique général nous
paraît, dans une certaine mesure, un faux problème : toute conceptualisat
ion est liée à l'activité de nomination, c'est-à-dire à l'attribution d'un terme
à une classe de realia constituée en concept. La terminologie grammaticale
est liée à l'activité métalinguistique, elle y est incluse, mais il conviendra de
voir qu'elle s'en distingue fondamentalement quand même.
La terminologie grammaticale est une terminologie comme d'autres,
comme celle de sciences mathématiques, physiques ou naturelles. Elle peut
et doit être définie dans cette optique, malgré certains traits spécifiques dus
au fait qu'elle prend en charge la description de la langue, c'est-à-dire, que le
1. Morand (M.), Nouvelle Grammaire française, Paris, Librairie Bahu, 1851, Avant-Propos.
2. Eluerd (R.) et alii, L'usage de la linguistique en classe de Français, Paris, E.S.F., 1979, p. 22.
3. Nous renvoyons ici à l'introduction de l'article d'Henri Besse, dans ce numéro, qui montre bien com
ment la dichotomie grammaire implicite vs grammaire explicite est peu pertinente; la grammaire implicite
suppose, elle aussi, une théorie de la langue, le choix d'un modèle conceptuel... et donc, au moins pour le
maître, une terminologie. langage apte à décrire tous les systèmes non langagiers est capable de par
ler de lui-même et que les signes linguistiques, renvoyant habituellement à
des « choses », vont, dans la terminologie grammaticale, renvoyer à des
signes, à des concepts linguistiques. Cette propriété entraîne des contraintes
précises qu'il nous semhle nécessaire d'analyser.
La contribution que nous apportons ici ne ressortit pas du tout à un genre
qui a été déjà largement pratiqué, et fort bien : l'étude idéologique, notion-
nelle et pédagogique de la terminologie grammaticale officielle4, ou de cer
taines terminologies linguistiques. L'incohérence de l'une, l'inadaptation des
autres ont souvent été critiquées. Nous ne refusons bien entendu pas du tout
de prendre position sur ces questions, mais nous voudrions poser la spéci
ficité de la terminologie grammaticale quelle qu'elle soit, en tant qu'activité
métalinguistique, en tant qu'activité terminologique, en
sociale. Avant d'analyser les éléments mêmes de la terminologie grammatic
ale, d'en construire une typologie, il convient, à notre sens, d'en étudier les
fondements théoriques et pratiques, d'en décrire systématiquement et d'en
expliquer toutes les opérations.
1. Terminologie grammaticale
vs nomenclature
Le groupe nominal « terminologie grammaticale » est un exemple même
de terme ambigu. La polysémie en est probablement due à l'évolution de la
grammaire, et de la linguistique en tant que science (raison théorique), à
l'importance prise par l'enseignement de la langue française, devenu véri
table affaire d'État depuis le dernier tiers du xixe siècle5.
Il convient donc d'en donner d'abord les différentes acceptions et défini
tions. La « terminologie grammaticale » désigne :
1. l'ensemble des termes à valeur théorique et technique, dont le
contenu est structuré en système ou présenté comme tel.
2. la description systématique de cet ensemble fortement structuré à la
fois dans ses rapports syntagmatiques et dans ses rapports paradigmatiques.
3. la théorisation de cet ensemble, pour laquelle Alain Rey propose le
terme de « métaterminologie », d'où la possibilité du titre de ce numéro de
Langue française : la terminologie grammaticale.
Beaucoup, en effet, pourraient dire qu'il n'y a pas une terminologie, mais
des terminologies. Les rédacteurs de la Nomenclature ministérielle de
1975 justifient précisément leur intervention par l'abondance des termes :
« ...notions et dénominations de la terminologie traditionnelle ont été crit
iquées par des grammairiens et des linguistes qui ont multiplié, pour les
remplacer, interprétations et formulations. » Depuis l'Antiquité, grammatici
certant! « Terminologie grammaticale » a ici le sens 1 d'« ensemble de
termes », sens dans lequel il nous arrivera de l'employer.
Mais nous pensons, dans la plupart des cas, l'utiliser dans le sens 3,
puisque les réflexions que nous présentons ici se veulent un exercice de méta
terminologie. Il nous semble toutefois important de revenir sur un point du
4. Nous renvoyons ici à l'article de Jean Peytard sur la composition d'un manuel scolaire, à la biblio
graphie des études de ce type qu'il a donnée et à l'article d'Henri Mitterand.
5. Cf. à cet égard, l'irremplaçable ouvrage de Рковт (Antoine), L'enseignement en France : 1800-1967,
Paris, Armand Colin, 1968, et dans ce numéro, l'article de Maryvonne Masselot-Girard : « Un siècle de légis
lation scolaire préélémentaire », et celui de Jean Vergnaud, sur la genèse de la nomenclature de 1910. 1 . La définition de terminologie grammaticale repose sur un classement sens
hiérarchique de traits qui permettent de situer ce terme dans un ensemble,
d'où la constitution de séries (ex : sujet vs objet vs complément circonstanc
iel / attribut vs épithète vs apposition, etc.). Nous pouvons considérer
que, dans la définition terminologique, priorité est accordée à la visée
pragmatique; la terminologique a valeur classificatoire, mais il est
bien évident que ces classifications ont une rigueur plus ou moins grande selon
le type de système notionnel sur lequel elles portent et que la « modélisation
d'un objet empirique » 6, comme la langue, ne peut fonder une terminologie
aussi systématique et réglée que des constructions formelles comme les
mathématiques par exemple.
Il nous a semblé intéressant d'étudier le fonctionnement lexicosémantique
des deux groupes « terminologie grammaticale » et « nomenclature grammat
icale », car ils sont considérés par certains comme strictement synony-
miques, par d'autres comme essentiellement différents.
Si l'on en croit la plupart des grands dictionnaires du xixe, « terminolog
ie » est donné comme synonyme (savant) de nomenclature; Bouillet7, qui
donne une définition à peu près identique à celle de Bescherelle8 (« science
des termes techniques ou des idées qu'ils représentent »), indiqu

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