Démocratie classique ou Démocratie vivante - article ; n°4 ; vol.2, pg 653-675
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Description

Revue française de science politique - Année 1952 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 653-675
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Georges Burdeau
Démocratie classique ou Démocratie vivante
In: Revue française de science politique, 2e année, n°4, 1952. pp. 653-675.
Citer ce document / Cite this document :
Burdeau Georges. Démocratie classique ou Démocratie vivante. In: Revue française de science politique, 2e année, n°4, 1952.
pp. 653-675.
doi : 10.3406/rfsp.1952.392165
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1952_num_2_4_392165Démocratie Classique
ou Vivante
GEORGES BURDEAU
sagesse antique exigeait de homme il se connaisse lui-
même avant que entreprendre Transposée de individuel
au collectif cette maxime dont une expérience séculaire
établi le bien-fondé ne perd rien de son exactitude Etat
aussi il est utile de se connaître il entend que ses actes soient
échelle de ses prétentions Or essence de Etat est son
régime politique car est là que résident avec ses croyances et
sa force ses buts et ses possibilités
Sommes-nous bien sûrs lorsque pour définir notre démocratie
fran aise actuelle nous apparenrons la tradition classique de
ne pas trahir la réalité en lui donnant la figure de nos préférences
Ne cherchons-nous pas voiler par une auguste généalogie les
incertitudes de son origine la doter de caractères empruntés pour
pallier les déficiences de ses vertus propres Et croit-on vraiment
instruits du vrai sens de la démocratie classique les Fran ais
aujourdhui accepteraient en perpétuer le règne dans les insti
tutions politiques actuelles* Le moins on puisse dire est que
ces questions suscitent un doute et mon propos est de montrer que
ce doute est fondé Non pas certes pour affaiblir le régime en
minant les assises dont il se réclame mais pour le forcer prendre
conscience de lui-même pour prouver que ces fondements dont il
croit tenir sa solidité ne sont un tuff rapporté où il ne peut
puiser sa sève car il ne enracine point pour inciter par là
même fonder sa robustesse sur sa nouveauté au lieu de at
tendre un héritage On sait ce il advient un individu un
défaut introspection amène se croire autre il est épreuve
653 Burdeau Georges
de la vie en fait un raté Une même éventualité attend les régimes
politiques Une image trop flatteuse eux-mêmes les faits user
contre-temps audace et de modération une aboutit un échec
autre laisse passer occasion Et dans les deux cas les gouvernés
ne pardonnent pas aux institutions une impuissance qui est en
dernière analyse un témoignage de leur ambiguïté
Entre les deux grandes catégories de régimes politiques qui se
partagent hui le monde les frontières paraissent bien
fixées Pour les établir on eu comme toujours recours aux
sources Une fois résolu le problème de leur origine tout semble
aller de soi un côté la démocratie soviétique et les démocraties
populaires qui procèdent de Marx de autre les des
pays occidentaux en qui exprime la pensée politique tradition
nelle et qui ce titre se voient attribuer la qualification de démo
cratie classique
Nous laisserons de côté les démocraties de Est Leur origi
nalité est tellement évidente que personne ne songe sérieu
sement contester la nouveauté de la formule politico-sociale
elles réalisent Assurément on ne se prive pas de discuter leur
prétention se dire démocratiques mais est là se référer une
définition objective de la démocratie et on ne voit pas quel concile
aurait autorité suffisante pour en arrêter les termes et en proscrire
usage inconsidéré Ce que entends analyser est la croyance
très générale recommandée ailleurs par les propagandes offi
cielles selon laquelle nos démocraties occidentales et particu
lièrement la démocratie fran aise actuelle ne sont que la figure
moderne une pensée politique séculaire que la Révolution abord
puis les mouvements libéraux du xixe siècle ont élevée au rang de
philosophie des régimes de liberté Je conteste assimilation que
on tend établir entre les démocraties occidentales contempo
raines et la démocratie laquelle histoire confère le titre de
classique Sans doute je comprends et en un sens je respecte
la pieuse pensée qui inspire ce rapprochement discerne parfai
tement intention assigner aux techniques actuelles exercice du
Pouvoir la tâche de poursuivre oeuvre des régimes dont on la
prétend héritière de servir les mêmes valeurs de garantir les
mêmes libertés de conserver aux hommes les profits un ordre
politique qui permis la consécration de leurs droits civiques en
même temps que épanouissement de leur autonomie personnelle
65 Classique ou Démocratie Vivante Démocratie
Mais ces louables propos ne me paraissent pas de nature définir
essence véritable un régime Celle-ci ne dépend pas en effet
seulement une profession de foi quant aux nns générales de ac
tivité politique mais aussi de la structure des organes de leur
composition de leur compétence bref de organisation constitu
tionnelle au sens le plus large du terme impliquant les principes et
les formules application Une philosophie politique proposée de
extérieur ne sera jamais que expression une préférence Pour
quelle soit effectivement vécue est-à-dire respectée par appareil
étatique il faut elle se dégage de la nature et de agencement
des mécanismes dont dépend action gouvernementale Elle est
incluse dans idée que on se fait de la souveraineté dans la
détermination de son titulaire dans le mode de recrutement des
assemblées dans la définition de leurs prérogatives et jusque dans
les procédures apparemment les plus formelles de leurs délibéra
tions Elle est impliquée par identification des forces habilitées
animer les institutions aussi bien que par les conditions inscrip
tion sur les listes électorales Il en est ainsi parce un régime
politique est pas la juxtaposition une fin et de moyens il réside
dans leur inéluctable interdépendance Les moyens sont solidaires
de la fin mais la fin est son tour tributaire des moyens La ruche
produit du miel il serait vain quel que soit le désir on en ait
en attendre du lait Le régime est le miel et la ruche et ex
cellence intrinsèque du miel est impuissante cacher inconsé
quence une pensée qui associerait étable ou la fourmi
lière
La démocratie classique respecte cette exigence du bon sens
la nôtre point La démocratie classique su modeler ses moyens
constitutionnels sur ses fins philosophiques et sociales la nôtre
exprime par des moyens qui contredisent la fin elle prétend
servir La démocratie classique est libérale et exercice du Pouvoir
est aménagé en fonction du libéralisme la nôtre non sans
réserves ni réticences ailleurs se dit également libérale mais
organisation et la pratique -politiques rendent le libéralisme
possible que sous forme accident Il en résulte un décalage entre
les possibilités du régime et atmosphère où on cherche main
tenir le déroulement de la vie politique tantôt les gouvernements
sont conduits sauver les principes contre la volonté du peuple
qui constitutionnellement est cependant seule souveraine et tantôt
la volonté du peuple dérogeant aux principes se voit inculpée
attenter au régime Notre démocratie se veut libérale pour ce
655 Burdeau Georges
il de noble dans la liberté elle se veut populaire pour ce de force dans le peuple La démocratie classique discipline
la force pour la subordonner idée nous cherchons hui
conserver idée en respectant la force Pour que entreprise fût
réalisable il faudrait exclure de la puissance populaire le dyna
misme qui affranchit des principes traditionnels fussent-ils comme
le veut le Préambule de notre Constitution en une formule qui est
un chef-d uvre ingénuité ou un aveu inconséquence assortis
des correctifs particulièrement adaptés aux conditions de notre
temps
Mais où situer ce régime tellement avide de patrons de garants
de cautions il en invoque dans toutes les églises en découvre
dans toutes les philosophies associant Rousseau Montesquieu
Saint-Just Benjamin Constant Léon XIII Goblet de Mun
Blum Il dans le terme de classique une harmonie
qui répugne cet éclectisme désordonné Démocratie pluraliste
dira-t-on Mais il un pluralisme qui est une volonté de tolé
rance et un pluralisme qui déguise la

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