Des relations politiques et commerciales de l Asie Mineure avec l île de Chypre, sous le règne des princes de la maison de Lusignan (troisième et dernier article). - article ; n°1 ; vol.7, pg 121-142
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Des relations politiques et commerciales de l'Asie Mineure avec l'île de Chypre, sous le règne des princes de la maison de Lusignan (troisième et dernier article). - article ; n°1 ; vol.7, pg 121-142

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1846 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 121-142
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1846
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis de Mas-Latrie
Des relations politiques et commerciales de l'Asie Mineure avec
l'île de Chypre, sous le règne des princes de la maison de
Lusignan (troisième et dernier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 121-142.
Citer ce document / Cite this document :
de Mas-Latrie Louis. Des relations politiques et commerciales de l'Asie Mineure avec l'île de Chypre, sous le règne des princes
de la maison de Lusignan (troisième et dernier article). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 121-142.
doi : 10.3406/bec.1846.451981
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1846_num_7_1_451981i
DES RELATIONS
POLITIQUES ET COMMERCIALES
DE L'ASIE MINEURE
AVEC L'ILE DE CHYPRE,
SOUS LE RÉGNE DES PRINCES DE LA. MAISON DE LUSIGNAN.
(Troisième et dernier article.)
Le meurtre du roi Pierre Ier vint placer tout à coup le royaume
de Chypre dans les conjonctures les plus critiques, et marquer le
terme de sa prospérité. La famille royale se divisa aussitôt ; les
oncles du nouveau roi se trouvèrent dans l'anxiété la plus pres
sante, et lors même qu'ils eussent approuvé le projet de la guerre
d'Arménie, la situation du royaume ne leur eût pas permis d'y
songer : dans l'île, ils avaient à calmer l'émotion et les troubles oc
casionnés par lamortduroi ; au dehors, ils ne voyaientque sujets
de crainte et de méfiance. Les musulmans avaient repris courage
et menaçaient de recommencer la guerre ; les princes chrétiens,
les chevaliers de Rhodes, le roi de France et le pape surtout,
avaient témoigné la plus vive indignation contre les auteurs
du crime; ils craignaient qu'après s'être défaits de leur frère,
les princes du sang n'enlevassent la couronne à son jeune héri
tier. Pour surcroît d'inquiétude, les Génois, qui cherchaient de
puis quelque temps à occuper une place de commerce dans les
mers de Syrie, d'où, ils pussent neutraliser l'importance du
comptoir vénitien de Beyrouth, avaient provoqué dans la ville
de Famagouste une collision qui entretenait des hostilités aussi
funestes qu'un état de guerre déclaré (1). Les Égyptiens voulurent
(1) Strarnbaldi , ann. 1369-1370. — Traité de paix de 1374, dans Sperone , Real
Grandezza délia rep. di Genová, Gen. 1669 , p. 100, et doc. inédits extraits des ar
chives de la banque de S. Georges. 122
profiter de ces circonstances pour reculer indéfiniment la con
clusion du traité ; mais les oncles du roi envoyèrent de nouveaux
ambassadeurs au Caire : les Hospitaliers, les Catalans, les Véni
tiens (1), les uns dans la crainte de voir l'île de Chypre envahie
par les musulmans au milieu de cette crise, lès autres dans l'in
térêt de leur commerce, aidèrent aux arrangements, et les négo
ciations, secondées par quelques démonstrations sur les côtes de
Syrie, amenèrent le divan à conclure un traité qui rouvrit les
portes de Jérusalem aux pèlerins et rétablit les consuls chypriot
es dans les États du sultan, au mois de djoumada 1er, novembre-
décembre (le l'an 1370(2). L'Arménie fut abandonnée, et on
laissa le roi Léon V, nouvellement élu, défendre ses dernières
forteresses avec la seule assistance des chevaliers de Rhodes.
L'effet salutaire que la défaite de l'armée karamane devant
Gorhigos avait produit sur la côte d'Asie Mineure s'était dissipé,
à la mort du roi Pierre. Les Turcs, instruits des divisions qui ré
gnaient parmi les Chypriotes, revinrent sous les murs de Satalie
et tentèrent quelques courses dans le canal de Cérines. Les in
telligences secrètes des musulmans restés à Satalie avec Tacca,
qui reparaît à cette époque comme maître de Candelore ou Alaia,
faillirent un moment faire perdre la ville aux chrétiens. Unhomme
dévoué à l'émir, accueilli par le capitaine de Satalie comme un
transfuge et admis dans les rangs de la milice, en demandant le
baptême, convint avec quelques Turcs de livrer une porte à
Tacca, qui, survenant au jour fixé, se vit bientôt maître de qua
torze tours. Il fut cependant repoussé (3) ; mais son armée, restée
maîtresse de la campagne , intercepta les communications avec
le pays, et força la garnison à demander de nouveau ses approvi
sionnements à l'île de Chypre. Les corsaires génois épiant les ga
lères de transportées enlevaient souvent au passage ou les tenaient
bloquées dans les ports de l'île. Une pareille situation ne pouvait
se prolonger sans danger. Il fallait rétablir la sécurité des com
munications avec Satalie, comme elles continuaient avec Gorhi
gos, grâce à la proximité de la côte en ce point, ou renoncer à
une occupation onéreuse. C'était la pensée de la cour de Nicosie ;
c'était aussi l'espérance de la république ligurienne, car toutes
(1) Strambaldi, ann. 1369-1370.
(2) Djoumada 1er de l'an 772 de l'hégire. Makrizi, trad, dans la Chrestom. arabe,
de M. de Sacy, 2e édit. tom. II, p. 50. Strambaldi dit exactement à la fin de 1370.
(3) Strambaldi, ann. 1370. 123
les manœuvres des Génois tendaient, en excitant les Turcs à la
guerre et en aggravant la position de Satalie, à amener l'abandon
delà colonie; tant il est vrai que la politique des peuples com
merçants a usé toujours des mêmes artifices ! Satisfaits des pre
miers résultats qu'ils avaient amenés, et croyant leurs desseins
assez avancés, les Génois n'hésitèrent pas à demander au roi
Pierre, pour prix d'un accommodement, la cession de Satalie (1).
Mais leurs calculs furent déjoués; car le roi, plutôt que d'ouvrir
à leur insatiable ambition une place forte si rapprochée de ses
États, préféra la rendre aux Turcs. La sûreté de la ville était cha
que jour compromise davantage ; les approvisionnements deve
naient plus difficiles ; d'autre part, la paye de la garnison grevait
le trésor royal d'une dépense inutile, et le danger d'une invasion
des Génois obligeait à réunir toutes les forces du royaume pour
protéger Famagouste, qu'ils convoitaient. Ces motifs faisaient
incliner déjà le roi et son conseil pour la cession à Tacca, quand
la crainte de voir les Génois s'emparer d'un moment à l'autre de
Satalie, en combinant une attaque avec l'émir de Candelore (2),
et de perdre ainsi tous les avantages d'une évacuation paisible,
pressa leur détermination. La haute cour consultée, le roi, par
venu alors à sa majorité, remit à Baptiste Mistachel, bourgeois
de Famagouste, et à Georges Pissologo, citoyen de Nicosie, en
voyés en son nom à Alaïa, une lettre renfermant les conditions
auxquelles il offrait de rendre la ville de Satalie à Tacca. L'émir
les accepta sans difficultés, et le 14 mai 1373 (3), il arborait ses
bannières sur la place que, douze années auparavant, le roi
Pierre Ier avait cru donner pour toujours à son royaume et à la
chrétienté. Douze années avaient bien changé l'état de l'île de
Chypre. En 1361, le royaume était au comble de la prospérité
et de la force : il tenait en respect l'Egypte et la Syrie, il secourait
l'Arménie, il imposait des tributs aux émirs de l'Asie Mineure,
il n'avait en Occident que des alliés ou des amis; en 1373, de
tous les ports musulmans qui l'entouraient il pouvait craindre
une attaque, et, du côté de l'Italie, la guerre était imminente.
Après avoir ouvert les portes de Satalie à l'émir, qui adressa
de riches présents au roi de Chypre , les envoyés , de concert
avec le capitaine de la garnison, présidèrent au départ. On réunit
(1) Strambaldi, aim. 1372, 1373.
(?) C'était la crainte de Pierre II. Strambaldi, aim. 1373.
(3) ann. 1373. 124
par leurs soins les armes, les effets, les marchandises, les vases,
les ornements et les reliques des églises à bord des galères , et ,
quelques jours après, la colonie rentrait à Cérines, heureuse
d'avoir échappé à la poursuite de deux corsaires génois(l).
Parmi les dépouilles des églises, les Chypriotes emportaient,
comme le souvenir le plus précieux de leur domination dans la
riche cité byzantine , l'image de la Panagia que l'on venait
visiter de tout l'Orient (2). C'

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